Page images
PDF
EPUB

feu Roi de Pruffe, étoit un Arrêt de mort irrévocable. La vente des biens de Ferdinand et une cireonftance qui femble le convaincre; auffi l'Officier - Major qui fe trouve au lieu où eft arrivé Ferdinand reçoit l'ordre de l'arrêter, & il eft forcé de le mettre à exécution,

Sur ces entrefaites, un oncle de Ferdinand, ancien Militaire injuftement difcié par le Roi, vient d'obtenir fon rappel, fe met en marche pour remercier Frédéric; il est attaqué en route par des déferteurs, & fauvé par un inconnu dont il ne peut 1 apprendre le nom. Cet inconnu est justement fon neveu avec qui il eft brouillé; mais on fent que cette reconnoiffance doit amener une réconciliation.

Ferdinand eft conduit devant Frédéric qui demeure long-temps infc.ible par principe & par caractère. La jeune perfonne & fa mère, ainsi que l'Officier- Major, & l'oncle à qui le Roi a cru devoir une réparation authentique, ont peine à obtenir la grace de Ferdinand, quand les déferteurs qu'il a vaincus par fon courage, & qu'il a forcés par fon éloquence à rentrer dans le devoir, viennent, rendre au Roi un témoignage, qui, joint aux preuves de fon innocence, ou du moins de la pureté de fes intentions, achève de défarmer l'auftère équité du Monarque.

Nous n'avons point fait entrer dans

cette analyfe l'amour de Théodore', jeune étourdi, mais fenfible ami, dont le carac tère eft fort bien tracé par l'Auteur, n plufieurs Anecdotes, telles que celle du Grenadier, qui porte pour montre une balle de fufil; & celle du Mcûnier, qui refufe obfinément au Roi de lui vendre fon moulin.

A la première repréfentation, quelques longueurs, dans des détails qui ne pouvoient être regardés que comme épifodi ques, avoient un peu nui au fuccès de la Ire. partie de l'Ouvrage; mais aux repréfentations fuivantes, ces longueurs ayant difparu, le fuccès a été complet. Il y a de l'intérêt dans le Poëme, & une pompe de Spectacle qui convient au fujer.

La mufique a pleinement réuffi; on y a reconnu le faire original & piquant qui a déterminé & juftifié le fuccès des autres Ouvrages de ce Compofiteur. Le Public y a applaudi avec d'autant plus de fatisfaction, qu'il a cru y voir, de la part de M. Dezède, une promeffe de donner de nouvelles Compofitions à ce Théatre, dont il fembloit s'être éloigné depuis quelque

temps.

Les principaux rôles de cette Pièce ont été très-bien joués par Mlle. Carline, & MM. Michu, Philippe, & par M. Grangé, chargé du rôle de Frédéric,

THEATRE DE LA NATION

DEPUIS EPUIS long-temps on favoit que M. Lemière avoit dans for porte-feuille une Tragédie, intitulée Barnevelt, Grand Penfionnaire de Hollande. Cet Ouvrage, que l'ancien defpotifme avoit éloigné de la fcène françoife, y a parut, le 1er, de ce mois, avec un fuccès qui ne s'eft un peu rallenti qu'au cinquième Acte.

La Hollande continuera t-elle fa trève avec Espagne, ou déclarera-t-elle la guerre ?! voilà le fujet de cette Tragédie. Les per fonnages mis en action, font le Stadhouder, Maurice - Naffau, & Barnevelt. Ce der nier, vertueux Magiftrat, & bon Citoyen, opine pour la trève, & Maurice, Militaire ambitieux qui afpire à la royauté, veut faire décider la guerre, pour fe rendre plus nécellaire à la Hollande, & acquérir par-là une prépondérance utile à fes projets. Tout le premier Acte eft confaaré à développer es vûes ambitieufes de l'un, & le courageux patriotisme de l'autre.

Le Stadhouder emploie auprès de fon Rival, dont il craint l'influence, tous les moyens de féduction, les prières, les menaces; mais il perd tous les efforts. N'ayant pu ni le gagner, ni l'intimider, il fe décide

à le perdre, & le fait arrêter & emprifonner comme coupable de haute trahifon. Il a fuppofé des lettres, & il parvient à le faire condamner.

Il vient alors dans la prifon même pour renter un dernier effort. Il propofe à Barnevelt fa grace, s'il veut donner fa démiffion; celui-ci, qui ne verroit dans cette retraite qu'une lâcheté condamnable, préfere la mort à l'ignominie. Son fils, jeune homme impétueux & ardent, forme up parti pour le délivrer; mais ce vertueax vieillard condamne cette entreprife, comme une coupable rebellion, refufefes fecours, fe difpofe à marcher à l'échafaud, & le fils lui-même eft retenu en prifon, comme eriminelle envers les Loix.

La femme de Barnevette devoit naturellement figurer dans cette Tragédie'; elle vient folliciter le Stadhouder en faveur de font époux & de fon fils; & M. Lemiere nous a confervé ce mot fameux qu'elle lui adreffe: Je te demande la grace de mon fils, parce qu'il eft coupable, mais non celle de mon époux, qui eft innocent.

Enfin Barnevelt marche au fupplice; mais le projet du Stadhouder échoue; car trève eft confirmée,& la femme & le fils de Barnevelt, par de juftes imprécations contre le Stadhouder, viennent lui reprocher fon crime inutile.

La vertu républicaine de Barnevel eft

[ocr errors]
[ocr errors]

trade dans cet Ouvrage avec autant de force qué de vérité, il y a dans le ftyle de beaux mouvemens, & de très beaux vers qui ont été vivement applaudis. Nous croyons que le caractère du Stadhouder auroit pu être un peu plus foignés qu'il pouvoit défendre un peu mieux fa mauvaife caufe. Le' cinquième Acte a paru foible; & ce qui a pu nuire à fon effet, c'eft le voisinage du quatrième qui eft véritablement beau, & du plus grand intérêt.

[ocr errors]

Madame Veftris, & M. Vanhove ont très-bien joué, l'un le rôle de Barnevelt l'autre celui de la femine, conime M. StFal celui du jeune homme.

THEATRE DE MONSIEUR.

E

Le même jour on a donné fur ce Théatre la première repréfentation de Iviaggiatori' Felici Les heureux Voyageurs), Opéra qui a complètement réuffi. La mufique, pour la plus grande partic, eft d'Amfoffi; mais on ya mêlé des morceaux de plufieurs autres Compofiteurs, parmi lefquels on a diftingué ceux del Signor Cherubini. Son Quatuor, qui termine le deuxième Acte, a été applaudi avec transport; le Public a demandé à voir fur le champ ce jeune Compofiteur, qui a

i

« PreviousContinue »