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rêts si nombreux et si divers, avec ses habitudes et ses mœurs, avec sa place dans le monde, ne pouvait s'accommoder des agitations, des incertitudes et des dangers du gouvernement républicain; c'est pour cela qu'elle a décidé, sans colère et sans récrimination, mais avec un calme imposant et un admirable ensemble, qu'elle voulait être gouvernée par le pouvoir d'un seul, et que ce pouvoir, pour être à l'abri des orages, serait héréditaire.

Ainsi la France veut la monarchie; et pour quiconque interroge sans prévention son histoire, même la plus récente, il est hors de doute qu'elle n'a jamais cessé de la vouloir, parce qu'elle n'a jamais cessé de comprendre les conditions nécessaires de son organisation et de sa vie.

Mais pourquoi choisir la monarchie impériale? pourquoi la France veut-elle rétablir la dynastie de Napoléon? Cette nation, qu'on dit si légère, a plus de suite dans ses idées et de constance dans ses volontés que ne le pensent ceux qui la jugent superficiellement. La France veut la dynastie de l'Empereur, parce qu'elle l'a déjà voulue au commencement du siècle, et qu'elle l'a ainsi marquée d'un caractère national; parce qu'après l'avoir vuc à l'œuvre, elle a pu se convaincre que cette dynastie est la seule qui réponde sans exclusion à ses intérêts, à ses instincts, comme aux légitimes conquêtes de la civilisation moderne; parce qu'enfin, comme l'a dit le nouvel Empereur, il y a entre la dynastie impériale et la nation une indissoluble communauté de sentiments et de gloire.

Depuis la chute de l'Empire, la France a essayé de deux monarchies; malgré les avantages de la paix dont elles l'ont fait jouir, toutes deux sont tombées devant les souvenirs du Peuple. C'est en vain que des hommes politiques, des écrivains considérables se sont efforcés d'établir une différence profonde entre la branche aînée et la branche cadette, et de présenter cette dernière comme la consécration des principes de 89: le Peuple, qui

n'entend rien aux subtilités politiques, n'a pas compris ces distinctions; il a persisté à confondre les deux branches d'une même famille dans une commune origine, qui lui rappelait à la fois ses malheurs et un régime dont il ne veut plus.

Dans sa pensée, l'Empire est le règne de l'égalité et la protection de tous les intérêts; c'est la démocratie avec la force et la hiérarchie du pouvoir, avec l'ordre dans le travail, la sécurité des épargnes, le respect de la religion, la gloire du passé, la prospérité à l'intérieur et la dignité au dehors. Aujourd'hui l'Empire c'est la paix: la paix active, féconde, aspirant aussi à de glorieuses conquêtes, mais dans la noble carrière des sciences et des arts, où chaque victoire est un bienfait pour l'humanité.

Le Peuple a pu, malgré son bon sens, se laisser un instant éblouir par de séduisantes utopies: grâce à la sagesse de celui qu'il avait pris pour son chef, il n'a pas tardé à revenir de ses erreurs. Louis-Napoléon a su détruire l'influence dangereus e du socialisme, en marchant résolùment dans la voie du progrès, et en réalisant ce qu'il y avait de généreux et d'applicable dans les vœux des véritables amis du Peuple. Avant tout, et dans l'intérêt de tous, il fallait rétablir l'ordre, ranimer le travail et la confiance, réveiller le sens moral, rappeler au respect de la religion et de la loi, relever l'autorité et la dignité du pouvoir; il fallait achever nos chemins de fer, abaisser le taux de l'intérêt, rendre l'administration plus facile en la décentralisant; il fallait réduire l'armée et assurer le sort du soldat ; il fallait que la justice fût mise à la portée du pauvre; que l'ouvrier eût la vie à bon marché, des logements salubres, des épargnes et du pain pour sa vieillesse; il fallait aux campagnes l'allégement de l'impôt foncier, des capitaux qui permissent à l'agriculture d'améliorer et d'éteindre ses dettes; il fallait enfin un ensemble d'institutions qui eussent le double avantage d'être utiles à tous, sans nuire aux intérêts de personne. Est-il un seul de ces besoins dont l'Élu de la nation ne se soit sérieusement occupé, et dont

il n'ait garanti la satisfaction avec cette sûreté de tact et cette vigueur de décision que, depuis longtemps, la France ne connaissait plus?

Voilà pour le passé. Quant à l'avenir, le programme de l'Empire, tracé d'avance dans le discours de Bordeaux, vient d'être confirmé par le message au Corps législatif. Placé par son origine et ses antécédents bien au-dessus des partis, le nouveau Gouvernement saura allier la modération à la fermeté, et sera constamment appliqué à féconder les grands intérêts que l'intelligence enfante et que la paix développe. Celui que la France vient de couronner ne voit dans sa nouvelle élévation qu'un devoir plus grand imposé par le Peuple, qu'une mission plus haute confiée par la Providence.

Ces paroles indiquent avec quel religieux recueillement LouisNapoléon se prépare à la proclamation de l'Empire. La France, qui sait tout ce qu'elle peut attendre de prospérité et de grandeur d'un Gouvernement qu'elle vient d'asseoir sur de si larges bases, serait heureuse de célébrer par des réjouissances publiques un événement qui est à la fois le triomphe de sa raison et de sa volonté. Mais le nouvel Empereur, préoccupé des graves devoirs qu'impose à son dévouement cet éclatant témoignage de l'affection du Peuple, préfère associer la nation à ses pensées généreuses. C'est par des bienfaits en faveur des classes pauvres et souffrantes, c'est par des actes de clémence que Louis-Napoléon inaugurera son règne.

48° Circulaire de M. le Ministre de l'Instruction publique et de s Cultes, aux Archevêques et Évêques.

Monseigneur,

Paris, le 1er décembre 1852.

Le Peuple français vient de poser la couronne de l'Empereur

27 DOT. 1852.

Napoléon sur la tête du Prince dont la divine Providence a fait choix pour mettre un terme aux maux de la patrie. L'Empire est rétabli. Dans le pouvoir suprême, Napoléon III trouvera une force nouvelle pour assurer à la religion, principe premier de la grandeur des peuples, le respect, qui est l'héritage de sa famille et la gloire de son gouvernement.

L'Église de France, toujours prête à s'associer aux vœux de la nation, reviendra, je n'en doute pas, avec empressement à la formule que, le 8 janvier 1804, le cardinal Caprara, au nom du saint-siége, transmit aux évêques. Je suis certain, Monseigneur, de répondre à vos propres sentiments, non moins qu'aux intentions de Sa Majesté Impériale, en vous demandant que les mots Domine, salvum fac Imperatorem nostrum Napoleonem soient substitués à ceux qui étaient chantés, dans ces derniers temps, à l'issue du service divin. Je vous prierai aussi, Monseigneur, de vouloir bien ordonner qu'après le chant de ce verset, on récite l'oraison également consacrée : Quæsumus, omnipotens Deus, ut famulus tuus Imperator noster, qui tua miseratione suscepit regni gubernacula, etc.

Je recevrai avec reconnaissance, Monseigneur, la communication que vous voudrez bien me faire des instructions que vous aurez données à cet effet au clergé de votre diocèse.

Veuillez agréer, Monseigneur, l'assurance de ma haute et respectueuse considération.

Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,

(Moniteur du 4 décembre 1852.)

H. FORTOUL.

49° Décret impérial qui règle la formule de promulgation des Sénatus-Consultes, des Lois et des Décrets.

NAPOLÉON,

Par la grâce de Dieu et la volonté nationale, Empereur des Français, à tous présents et à venir, salut :

Sur le rapport de notre garde des sceaux, ministre secrétaire d'État au département de la justice;

Vu les art. 10 et 28 de la Constitution;

Vu l'art. 1er du Code civil,

Avons décrété et décrétons ce qui suit :

ARTICLE PREMIER.

Les sénatus-consultes, les lois et les décrets seront promulgués dans la forme suivante :

1° SÉNATUS-CONSULTES.

N..... (prénom de l'Empereur), par la grâce de Dieu et la volonté nationale, Empereur des Français, à tous présents et à venir, salut :

Avons sanctionné et sanctionnons, promulgué et promulguons ce qui suit :

Sénatus-Consulte.

(Extrait du procès-verbal du Sénat.)

Mandons et ordonnons que les présentes, revêtues du sceau de l'État, et insérées au Bulletin des lois, soient adressées aux cours, aux tribunaux et aux autorités administratives, pour qu'ils les inscrivent sur leurs registres, les observent et les fassent observer; et notre ministre secrétaire d'État au dépar

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