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la séance du 25 mai 1838, prit le 6 septembre la résolution suivante :

« La Diète germanique fait connaître au magistrat et aux «< conseillers-municipaux de la ville d'Osnabruck, par le « docteur Hessenberg, leur fondé de pouvoirs, qu'elle ne << trouve pas dans le cas qui lui est soumis, qu'ils aient été << autorisés légitimement par l'acte de confédération à « adresser l'exposition ci-dessus mentionnée de leurs << griefs. >>

On voit que la jurisprudence de la Diète fut peu favorable aux principes constitutionnels, et qu'elle n'envisagea dans cette grande querelle que la cause de la royauté; cependant son rapport contenait quelques sentences sur l'obligation que la diète avait contractée de veiller elle-même à la stricte exécution de l'acte fédéral et de l'acte final de 1820, et elle demandait, comme une garantie en faveur de l'avenir, au gouvernement hanovrien un exposé complet de tout ce qui s'était pratiqué dans ce pays, relativement à la question constitutionnelle, depuis l'avènement du nouveau souverain.

Le roi de Hanovre, blessé par cette exigence inattendue, refusa d'obéir à l'injonction de la Diète germanique d'exposer à cette assemblée les motifs qui l'avaient porté à abolir la loi fondamentale de l'état, ainsi que les actes et les ordonnances relatifs à cette mesure. S, M, désavoua en outre la déclaration faite à ce sujet par M. de Stralenheim, son ministre à Francfort, et l'offre de fixer un délai fatal pour l'accomplissement de la résolution de la Diète. Ce refus donna lieu dès lors à des notes très-explicites des Cabinets de Vienne et de Berlin, dans lesquelles on rappela au roi Ernest les devoirs qui lui étaient imposés comme membre de la confédération germanique, en insistant sur la nécessité de déférer immédiatement, et d'une manière complète, aux décisions diétales, attendu que l'Autriche et la Prusse désiraient fermement voir cesser la fermentation et l'inquiétude que la question du Hanovre avait fait naître

en Allemagne, et souhaitaient qu'il ne fut donné aux sujets des divers états aucun motif de mécontentement contre leurs gouvernements. Ces notes causèrent un grand embarras au Cabinet hanovrien, et produisirent une vive irritation en haut lieu. Nous verrons plus au long le développement et la marche de cette crise à l'histoire du Ha- · novre, crise dont il était impossible alors de préciser l'issue.

AUTRICHE.

Au milieu des préoccupations de la politique, l'Autriche s'apprêtait au couronnement de l'empereur et de l'impératrice, qui devait être célébré à Milan, au mois de septembre, après la cérémonie de prestation d'hommage à Inspruck, cérémonie qui semblait rappeler à l'Europe les antiques coutumes de la féodalité. L'organisation d'une garde noble italienne, en date du 13 janvier, venait ajouter à la splendeur de la maison régnante, en donnant à l'aristocratie une base militaire et au trône un appui et un ornement de plus. Il fallait, entre autres prescriptions du décret, pour être admis dans cette garde-du-corps, composée de soixante jeunes nobles, moitié Lombards et moitié Vénitiens, compter au moins dans sa famille trois cents ans de noblesse et tenir une conduite irréprochable.

En retard pour les idées libérales, malgré l'accroissement de la presse périodique depuis 1830, mais surtout progressif quant aux idées d'utilité, le Gouvernement prit vers cette époque une mesure financière d'une grande importance.

Il venait après vingt-cinq années de paix de ramener la dette publique à son état normal; c'est ainsi que le 20 novembre dernier il avait fait brûler pour 20,888,356 florins d'obligations nouvelles et pour 5,232,602 florins d'obligations de la dette ancienne. La caisse d'amortissement de ce pays avait racheté depuis sa création pour 172 millions de florins d'obligations, et déployé la plus vaste activité. Le mouvement industriel était une conséquence de l'heureux état des finances, et plu

sieurs chemins de fer partant de Vienne, et munis de rails faits en partie en Angleterre, attestaient cette émulation de vitesse si avantageuse au commerce et aux relations des diverses nations de l'Europe.

Le 25 juin, l'empereur convoqua les États du Tyrol pour le 12 août à Inspruck, afin de lui rendre un hommage solennel à l'occasion de son couronnement, dont le brillant programme annonçait des fêtes qui devaient durer du 1er au 15 septembre. Le 12 juillet, on avait expédié à Milan les joyaux de la couronne Lombardo - Vénitienne l'épée, le sceptre, le globe, la couronne et le manteau. La couronne d'or était disposée de manière à ce que la couronne de fer qui se trouvait à Monza, pût y être adaptée.

(Voir à la Chronique pour les détails et le programme des fêtes et cérémonies.)

Après cette mémorable cérémonie, à laquelle assistaient tous les représentants des diverses puissances. LL.MM. firent un voyage à travers l'Italie qui fut signalé par une ordonnance d'amnistie politique dans le royaume LombardoVénitien; cette ordonnance, datée de Milan 6 septembre, signée par l'empereur Ferdinand (manu propria), portait grâce et remise du reste de la peine à tous les individus appartenant au royaume qui avaient encouru un procès pour crime d'État. Parmi les personnes notables qui devaient profiter de cet acte de clémence, on distinguait le comte Confalioneri, qui avait montré un si noble caractère pendant les 15 années qu'il avait passées au carcere duro; le lieutenant général Zucchi, renfermé dans les prisons d'état à Gratz pour avoir pris part à la révolution de l'Italie centrale en 1831; le lieutenant-général Demeester, déclaré coupable d'avoir coopéré à la révolution piémontaise en 1821; le prince Belgiojoso issu de l'une des premières familles de l'Italie et qui avait été contraint de fuir sa patrie en 1831, et beaucoup d'autres personnages.

Après la grande solennité de l'hommage, qui ressemblait assez à une scène de vassalité du moyen-âge, après des dis

cours d'apparat et des réponses préparées à l'avance, des revues, des évolutions militaires, divers voyages de LL. MM. à la basilique de Saint-Ambroise, à la chartreuse de Pavie, après une distribution de décorations et diverses promotions faites dans le royaume Lombardo Vénitien, des aumônes magnifiques, enfin, l'entrée du cortége impérial à Véronne et à Venise, l'empereur retourna, le 26 octobre à Vienne, où il fut reçu par toutes les autorités de la capitale.

Mais un événement qui attestait la fin des troubles politiques et des menées révolutionnaires qui avaient agité les états romains en 1831, était la retraite des troupes autrichiennes stationnées depuis cette époque dans les légations en deçà de Pésaro, et que l'empereur avait accordé à la demande du pape Grégoire XVI pour rétablir la tranquillité publique ; cette retraite s'était effectuée dans les derniers jours du mois de novembre à la sollicitude de S. Sainteté. Les officiers des troupes pontificales avaient en quelque sorte fraternisé avec les officiers Autrichiens, lors de leur départ, et tout annonçait la continuation d'une parfaite harmonie entre les deux gouvernements.

PRUSSE.

On n'a pas oublié l'espèce d'appel fait à l'opinion publique par le gouvernement prussien et par celui de Kome, au sujet de l'enlèvement de l'archevêque de Cologne ; cette affaire religieuse et politique était loin d'être terminée, et vers le mois de décembre de l'année dernière, il avait circulé dans les provinces rhénanes une prétend ue lettre pastorale attribuée à l'archevêque Clément Augus te, mais qui fut par lui déclarée fausse et apocryphe. De graves désordres éclatèrent alors de nouveau à Munster, et plusieurs étudiants de la faculté de théologie, soupçonnés d'y avoir pris part, avaient déjà été arrêtés lorsqu'on apprit que l'auteur de la lettre pastorale apocryphe, jeune homme de vingt ans, Ann. hist. pour 1838.

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s'était précipité dans le Rhin pour échapper aux investigations de la police prussienne.

Les troubles continuant à Munster et révêtant un caractère sérieux, on envoya à la cour de Rome le conseiller Bruggeman, catholique zélé, mais tolérant, afin d'aviser aux moyens de terminer ce conflit entre le gouvernement de la Prusse et le pouvoir pontifical; une souscription fut ouverte d'une autre part en faveur des sept professeurs de Gættingue que poursuivait la clameur publique, et que les catholiques enveloppaient dans la haine qu'ils avaient vouée à quiconque était protestant.

En outre, le 4 janvier, à raison d'un discours prononcé, le 10 décembre, par Sa Sainteté le Pape, dans un consistoire extraordinaire des cardinaux, relativement à la mesure adoptée à l'égard de l'archevêque de Cologne, le ministre des cultes, M. le baron d'Altenstein, adressa au président de la province rhénane, M. de BodelschwingWelmède, une lettre officielle et circonstanciée. Le ministre s'étonnait de la précipitation de la cour de Rome à juger ia conduite du gouvernement de S. M. le roi de Prusse et blâmait les termes peu modérés de l'allocution du 10 décembre. L'ambassadeur de Sa Majesté avait fait confidentiellement de vives instances auprès du gouvernement pontifical, pour qu'il suspendit momentanément son jugement sur cette affaire, en attendant qu'il reçût une communication officielle de Berlin et le rapport du chapitre métropolitain de Cologne ; mais on n'avait nullement tenu compte de sa demande et l'on avait été jusqu'à faire l'apologie la plus complète de l'archevêque, qui s'était mis en opposition avec les lois fondamentales de la monarchie, non seulement à l'occasion des mariages mixtes, mais encore dans l'affaire des 18 thèses, et dans celle relative aux professeurs de l'université de Bonn. Le ministre terminait en déclarant que le gouvernement prussien ne se laisserait pas influencer par les plaintes sur la prétendue violation de la liberté de l'église catholique, qu'il avait au contraire contribuée à

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