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nouvelles actions sans l'autorisation préalable du Gouvernement.

Enfin, dans le cas où le chemin de fer ne serait pas terminé dans le délai fixé, il serait loisible au Gouvernement de faire mettre en adjudication publique la continuation des travaux que les adjudicataires acheveraient alors pour le compte de la compagnie. Enfin aucune concession pour un autre chemin de fer rival ne pourrait avoir lieu avant 30 ans révolus depuis la mise en activité du chemin de fer primitif. Les dispositions de la nouvelle loi étaient déclarées rétroactives et devaient s'appliquer aux concessions faites et à faire.

L'agriculture était également encouragée dans le district de Magdebourg, spécialement par l'extension considérable de la fabrication du sucre de betterave, district dont le sol était en effet très-favorable à la production de cette racine, et dans lequel se trouvaient 121 fabriques de ce sucre.

Enfin en même temps le gouvernement prussien accomplissait une œuvre pleine de grandeur et d'utilité artistique, en procédant à la restauration et à l'achèvement de l'église cathédrale gothique de Cologne qui avait été commencée en 1248; il donnait une autre preuve de son zèle à calmer les ressentiments catholiques dans un ordre de Cabinet qui permettait la fréquentation libre des universités de la Confédération Germanique, avec cette condition néanmoins, que celui qui voudrait exercer la médecine pratique dans le royaume de Prusse serait tenu de suivre pendant un certain temps les cours de l'une des universités du pays.

C'est ainsi que la Prusse, malgré les discordes religieuses, qui venaient momentanément troubler sa tranquillité, opposait à ces événements la fermeté ou la bienveillance de son Gouvernement et la prospérité toujours croissante de son industrie.

L'exil des sept professeurs de Goettingue ne devait pas mettre fin au sourd mécontentement causé par le coup d'état du roi de Hanôvre; les sujets émancipés de Guillaume avaient vu avec douleur l'abolition de leur constitution de 1833 par le roi Ernest-Auguste; aussi le moindre prétexte soulevait-il les partisans de la cause libérale. L'arrestation du bourgmestre Stuve excita de graves désordres à Osnabruck, où l'opinion publique s'était particulièrement prononcée contre le manifeste royal, lequel ordonnait dans un délai fixé la prestation de foi et hommage à tous les fonctionnaires sous peine d'être destitués. La force armée était intervenue pour rétablir l'ordre troublé par l'arrestation d'un magistrat indépendant et l'un des membres les plus récalcitrants de la dernière assemblée des États. On avait voulu punir sa résistance à la déclaration du roi Ernest. La ville de Stade, dans le danger commun, protesta également contre le manifeste royal. Le bourgmestre et le conseil de cette ville disaient dans cet acte courageux et mémorable :

« Que la vie étant insupportable sans la tranquillité de «< conscience, ils n'avaient pu signer l'acte de foi et hom«<mage, sans faire des réserves expresses.»

De plus, une adresse revêtue de la signature de quaranteun habitants notables de Schleswic, avait été envoyée aux sept professeurs exilés et témoignait de l'admiration de leur courage pour leur ferme et noble conduite.

C'est dans ces circonstances critiques que le roi crut devoir adresser un rescrit au magistrat et à la bourgeoisie de Gættingue, à l'occasion du banissement des sept professeurs de son université: S. M. s'applaudissait de la mesure qu'elle avait prise, donnait des éloges à la conduite des bourgeois de Gættingue, ses bons et loyaux sujets, et annonçait qu'il serait pourvu prochainement au remplacement des professeurs exclus, de manière à ce que l'université de GeorgesAuguste ne perdit rien de son antique et légitime célébrité.

Çe rescrit, qui semblait indiquer un commencement de

conciliation et le désir de la part du roi de calmer l'irritation des esprits, fut suivi de la convocation et de l'ouverture des États-Généraux du royaume. Une proclamation du 7 janvier avait précédé cette grande mesure. Le roi de Hanovre se conformait au décret royal de 1819. Aux termes de ce décret, le roi était autorisé à conférer le droit personnel et héréditaire de voter, dans la première chambre des États, aux individus ayant érigé un majorat. Le nombre des députés à nommer par les possesseurs de biens-fonds déterminé par le décret de 1819 était maintenu provisoirement.

Ainsi non-seulement les ayant droits, mais encore les députés des propriétaires fonciers qui n'appartenaient pas à l'ordre équestre, y compris l'ordre des paysans, étaient convoqués à l'assemblée générale des États. Quant aux élections des députés des villes, elles devaient avoir lieu conformément à l'ordonnance du 22 février 1832.

Le roi manifestait enfin l'intention où il était de soumettre à l'adoption des États un nouveau projet de loi constitutionnel pour le royaume et fixait au 20 février 1838 la convocation de ces Etats. Le 20 février, en effet, le roi Ernest en fit l'ouverture solennelle. La brièveté et l'importance du discours du trône nous imposent le devoir de le reproduire. Les précautions oratoires du prince aideront à apprécier la situation.

« Nobles et excellents Seigneurs,

« Dignes et amés féaux,

Le jour est enfin venu où j'ai le bonheur, dignes états du royaume, de vous voir réunis autour de mon trône;

• Quand je me suis décidé à déclarer nulle la loi fondamentale du 26 septembre 1833, par ma patente du premier novembre 1837, plusieurs ont cherché à répandre le bruit que je voulais gouverner arbitrairement les sujets qui m'ont été confiés par la divine Providence ; j'ai toujours haï le gouvernement arbitraire ; je ne veux gouverner que d'après les lois et le droit, mon peuple bien aimé.

« Pour vous donner une preuve frappante, mes dignes états, de la sincérité de mes sentiments, je ferai soumettre à vos délibérations le projet d'une nouvelle constitution pour mon royaume, qui repose sur les principes qui ont si long-temps assuré le bonheur des peuples allemands,

Je m'abandonne à l'espoir assuré que vos vues et les miennes coincideront parfaitement sur tous les points essentiels de cette nouvelle loi fondamentale.

Outre ce projet, diverses lois importantes réclameront encore votre attention.

Je déclare ouverte l'assemblée générale des états.»

Le 27 février, le Gouvernement comuniqua aux États: le nouveau projet de constitution avec un projet de réglement; des rescrits royaux ordonnaient en outre que le réglement de 1819 devrait être observé dans les délibérations de la session. Le roi Ernest assurait aussi qu'il avait suivi en tous points les résolutions de la Confédération Germanique, qu'il appelait le bouclier des États Allemands, et que si, par impossible, les Chambres venaient à changer les dispositions essentielles du projet de constitution qu'il leur soumettait, il se verrait obligé d'user du pouvoir qu'il tenait de la divine Providence et de faire lui-même le bien de ses sujets en gouvernant conformément à la constitution de 1819. Il proposait enfin une diminution d'impôt momentanée sur les classes inférieures de la société.

Dans cette difficultueuse alternative que décidèrent les États? Ils plièrent devant la volonté inflexible du prince Ernest, mais ce ne fut qu'à la suite d'une longue protestation d'attente dans la justice du roi, et dans l'espoir qu'il ne régnerait que conformément au droit. Mais cette apparente soumission ne fut que de courte durée, la publicité accordée par le roi à leurs délibérations leur donna une grande force morale qui devait réagir sur le pays alarmé et mécontent.

La seconde Chambre avait embrassé un système d'opposition embarrassant pour le Gouvernement et le budget n'y fut voté que par une majorité très-faible. L'opinion publique avait eu le temps de se prononcer et le roi reculait devant une dissolution qui lui renverrait des députés plus hostiles ou compliquerait la situation, par le refus de certaines villes d'élire des représentants; enfin, la majorité de la seconde Chambre ayant déclaré illégale son existence ac

tuelle jusqu'à ce que le projet de constitution ait été soumis encore une fois aux États de 1833, le roi jugea convenable de la proroger par un rescrit du 27 juin. Cinq jours auparavant, dans une séance de la Chambre, le député de Hanôvre avait demandé aux commissaires du Gouvernement, si S. M. serait disposée à adhérer aux modifications introduites dans le projet de constitution qu'il avait présenté; ce qui avait encore hâté la prorogation des États devenue nécessaire. Le jour même de cette mesure gouvernementale l'opposition constitutionnelle signa une pétition à la Diète Germanique, dans laquelle les signataires protestaient énergiquement contre le reproche qu'on leur adressait, dans la réponse royale à une pétition récente des habitants d'Osnabruck, d'avoir propagé des principes dangereux ; ils avaient consenti et ils consentiraient encore à porter le fardeau des affaires publiques aussi long-temps qu'il s'agirait de maintenir l'ordre, mais ils n'avaient jamais entendu par cette conduite remettre en vigueur la constitution de 1819.

Les autres griefs des députés portaient sur le refus du commissaire du roi de répondre aux questions qui lui avaient été adressées et sur l'article outrageant de la Gazette d'Augsbourg; les pétitionnaires s'en remettaient à la décision de la Diète Germanique, pour savoir quelle était la constitution en vigueur avant l'avènement du roi ErnestAuguste. «Ils ne manqueraient jamais à la fidélité envers «<leur légitime souverain; mais leur mandat et leur serment «<les obligeaient à défendre autant qu'ils le pourraient, les « droits et le bien-être de leur pays. >>

On voit par cette résistance légale qui succédait insensiblement aux émeutes et qui grandissait chaque jour, que la politique du roi Ernest et de M. de Schèele, son ministre de cabinet, n'était pas encore sûre de triompher, et que cet état de crise pouvait durer long-temps.

Le mouvement industriel, au contraire, s'était ralenti ; un seul traité important avait été conclu avec le duché de Brunswick, pour l'établissement de chemins de fer à

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