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avait été mis sur les frontières du Grand-Duché; lé Würtemberg menaçait de suivre cet exemple; la réponse du prince de Metternich aux députés suisses, qui étaient venus à Milan pour assister au couronnement de l'empereur, dut faire sentir que la confédération n'avait à espérer aucun appui dans ses démêlés avec la France: aussi les états firent bientôt connaître que si la Suisse défendait la nationalité du prince Louis, il fallait que celui-ci renonçàt sans nulle réserve à ses prétentions à la qualité de Français.

Louis Bonaparte préféra prévenir une atternative embarrassante, et le 20 septembre il écrivit au gouvernement de Turgovie, pour le prier d'annoncer au directoire qu'il était prêt à se retirer dans tel lieu où il pourrait trouver un asile assuré. En parlant de ses droits acquis sans s'expliquer sur sa double qualité, il faisait pressentir que son absence ne serait pas éternelle.

Le directoire, en transmettant cette lettre aux cantons, répondit au Gouvernement de Turgovie, qu'elle était trop ambigue pour servir de base à une démarche officielle, et invitait le prince à désigner, avant tout, le lieu où il voulait se retirer.

Le président de la Diète mit sous les yeux des députés, dans la séanee du 1er octobre, uu rapport du vorort conte nant l'exposé des faits importants qui s'étaient accomplis depuis la dernière séance. Il en résultait qu'un mouvement de troupes de 20 à 25 mille hommes avait eu lieu sur les frontières de France; que l'artillerie de 1yon avait reçu l'ordre de se tenir prête à marcher; que le 30 septembre deux bataillons français étaient entrés à Gers; enfin, qu'un ordre du jour menaçant avait été publié par le général Aymar: ce qui mettait plusieurs cantons dans l'obligation de prendre des mesures indispensables en cas d'événements.

De plus, 'on disait dans le rapport, que pour satisfairé à la demande du vorort, le prince Louis annonçait son intention de se rendre en Angleterre, en passant par l'Allemaghe et112 Hollande. En terminant, le président avertit l'as

semblée que le vorort abandonnait, dès cet instant, toutes ses fonctions à la Diète.

Sur la proposition de l'état de Berne, la convocation immédiate d'une commission d'inspection fédérale militaire près le vorort, fut adoptée par 14 et demi États. Sur celle présentée par le canton de Zurich, on adopta à la majorité de 19 et demi États, la nomination d'une commission qui avait pour but d'examiner à fond cette affaire, avec mandat spécial de porter un soin attentif à tout ce qui pouvait embrasser la politique de la Suisse; d'exercer une active surveillance à l'exécution du départ du prince Louis, et de faire à la Diête les propositions que nécessiteraient les circonstances.

La réponse à la note du duc de Montébello qui fut votée dans la séance du 6 octobre, était conçue en ces termes :

Son Exc. M. le duc de Montebello, ambassadeur de S. M. le roi des Français, ayant, par son office du premier août, demandé aux autorités fédérales que Napoléon Louis Bonaparte soit tenu de quitter le territoire helvétique; les avoyers et conseils du canton de Lucerne, directoire fédéral, ont reçu de la haute Diète l'ordre de répondre ce qui suit :

Lorsque les grands conseils des cantons ont été appelés à répondre sur la note du duc de Montebello, leurs votes se sont partagés sur la position de Napoléon-Louis Bonaparte et sur la question de sa nationalité, mais non sur le principe que la demande d'expulsion d'un citoyen suisse serait inadmissible, comme contraire à l'indépendance d'un état souverain.

Depuis que Napoléon-Louis Bonaparte a fait, pour s'éloigner du sol de la Confédération des démarches publiques que le directoire fédéral est occupé à faciliter, une délibération de la Diète sur cette matière est devenue superflue.

• Fidéle aux sentiments qui depuis des siècles l'ont unie à la France, la Suisse ne peut toutefois s'empêcher d'exprimer avec franchise le pénible étonnement que lui ont causé les démonstrations hostiles faites contre elle, avant même que la Diète été réunie pour délibérer dé finitivement sur la réclamation qui lui adressée.

Lá Diète désiré, autant que peut le désirer le gouvernement français, que des complications de la nature de celles qui ont eu lieu' né

se renouvellent plus, et que rien ne trouble à l'avenir la bonne harmonie de ces deux pays rapprochés par leurs souvenirs comme par leurs intérêts; elle se livre à l'espérance de voir promptement rélablies et consolidées entre la France et la Suisse les précédentes relations de bon voisinage et la vieille réciprocité d'affection.»

Une lettre du canton de Turgovie annonça à la Diète que Louis Napoléon avait enfin quitté Arenenberg, le 14 octobre. Et dans la séance du 16, le président donna lecture de la dépêche du comte Molé, qui annonçait que le différent entre la France et la Suisse devait être considéré comme terminé. En conséquence, un arrêté fut pris pour licencier, les troupes fédérales que les circonstances avaient appelées sous les armes.

Ainsi finit cette session, où la Suisse faillit compromettre sa tranquillité pour défendre une cause étrangère à la sienne et à ses intérêts; c'est du moins la pensée que le président exprima en résumant des événements qui, tout en inquiétant les populations helvétiques, avaient préoccupé l'attention de toute l'Europe.

ÉTATS ROMAINS.

Après les ravages causés par le choléra, qui, dans les États romains, avaient donné lieu à des excès inouis, le gouvernement pontifical, à peine délivré de ce terrible fléau, se retrouvait en butte à des embarras d'un autre genre. Le Saint-Père s'était vu forcé de manifester hautement son improbation au sujet de l'enlèvement de l'arche-" vêque de Cologne, dont il encourageait même la manière d'agir, e bientôt des dissidents graves éclatèrent entre la cour de Prusse et celle de Rome.

Cette espèce d'anathême lancé par le pape, eut assez de retentissement pour faire craindre à la Prusse, fortement inquiétée, que le clergé et ses sujets catholiques n'entrassent en hostilité avec son Gouvernement.

Dans une lettre adressée par le ministre des cultes au président de la Prusse-rhénane, publiée le 4 janvier dans la gazette des Etats, le gouvernement prussien se plaignait vivement que l'allocution prononcée par le Souverain-Pontife, en plein consistoire, eut pour objet de blâmer sa conduite, en s'appuyant sur des motifs erronés, et au moment surtout, où des négociations étaient entamées à ce sujet.

Celte lettre dans laquelle le cabinet de Berlin cherchait à se justifier, tout en incriminant les actes du Saint-Siége, n'était pas de nature à rapprocher les partis. Aussi, M. Brunsen, ministre de Prusse, bien que recommandable par son caractère personnel, et appuyé par les ambassadeurs des autres puissances, auxquelles il s'était adressé ne put obtenir d'ètre admis auprès du cardinal Cappaccini, sécrétaire d'État, qui refusa d'entrer en rapport avec lui.

Cependant, à une communication faite par M. Brunsen, le cardinal répondit qu'il regrettait que l'allocution du pape eût été rendue publique, et qu'il était convaincu des sentiments modérés du cabinet prussien à l'égard de Rome. En outre, il exprimait le désir de faire tout ce qui dépendrait de lui pour arranger à l'amiable un différent qui éloignait de ses fidèles un des premiers pasteurs de l'Eglise, et pour rétablir la paix dans le diocèse de Cologne..

C'était donc, en résultat, remettre la question sous le coup où l'avait placée l'allocution du pape, puisque Rome considérait toujours l'archevêque de Cologne comme victime d'une injuste persécution, qui ne pouvait cesser que par son rappel.

Aussi la Prusse paraissait-elle disposée à abroger le concordat qui avait été conclu entre elle et le Saint-Siége, en menaçant, si elle y était contrainte, de produire contre l'achevêque de Cologne des preuves irréfragables de crime de

Haute-trahison. Toutefois, l'Autriche ayant offert sa médiation, on put espérer que ce différent finirait par s'applanir.

M. de Brunsen, après tant d'efforts infructueux, parvint enfin à être admis à une audience de Sa Sainteté, dont il reçut l'accueil le plus bienveillant, et qui lui donna l'assurance que le chapitre métropolitain de Cologne, auquel l'administration du diocèse était confiée en l'absence de son chef, serait confirmé dans ses pouvoirs.

Cependant, le 10 mars, le gouvernement prussien déclara que l'archevêché de Cologne ne serait pas rétabli, et, le 12, une dépêche relative à cette résolution fut transmise au gouvernement pontifical.

M. de Brunsen voyant les choses traîner ainsi en longueur, après avoir obtenu de son gouvernement l'autorisation de faire un voyage en Angleterre, quitta Rome le 28 avril sans avoir rien terminé.

A toutes ces difficultés vinrent bientôt s'en joindre de nouvelles relativement à la mesure prise par la Prusse, à l'égard des mariages mixtes dont nous avons parlé (Annuairé de 1837, page 399). Le refus de l'archevêque de Posen d'obtempérer à l'ordre du Gouvernement, et la défense faite au clergé catholique d'obéir aux prescriptions de ce prélat, jetèrent de nouveau des semences de discordes dans les esprits.

Dans un consistoire tenu le 7 septembre au sujet de lá création de l'évêché d'Alger, le pape n'oublia pas de renouveler ses griefs contre la Prusse.

« Vous souvenez-vous, disait-il, que, dans une pareille occasion, nous nous sommes plaint, en ce lieu même, de la grave injure faite à l'ordre épiscopal, à l'autorité et à la liberté de l'Église et à notre primatie de droît divin sur elle, par l'expulsion violente du vénérable frère Clément-Auguste, archevêque de Cologne, hors de son siège. Vous savez en outre que, par une réclamation pressante, comme il convenait, nous avons demandé aussitôt son retour au sérénissime roi. Il nous est bien pénible que nos plaintes m'aient pas été favorablement accueillies, et n'aient point oblenú

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