Page images
PDF
EPUB

l'effet qué nous devions cependan attendre det l'équité royale dans une cause aussi juste.

Après avoir énuméré toutes les persécutions exercées contre les catholiques, aux termes du décret du 9 avril, le Saint-Père ajoutait :

• Mais, remarquez ce qui a été fait d'injusté dans la partie occidentale de la Prusse, à la suite d'un vif débat avec notre vénérable frère Martin,' archevêque de Qnesne et de Posen.

« L'illustre prélat etait fort affligé de voir que, par l'effet des lois civiles, il se fût introduit dans ces pays, sur les mariages mixtes, une pratique tout-à-fail contraire à la doctrine et à la discipline de l'Église catholique. Pensant qu'il ne pouvait la tolérer plus long-temps sans une faute grave, il s'adressa plusieurs fois au ministre du roi, et ensuite au roi lui-même par une lettre respectueuse; et après avoir exposé ses raisons et ses angoisses, il demandait à la fin que, sur une matière qui était uniquement du ressort de l'autorité ecclésiastique, il tui fût permis ou de snivre la règle qui avait été tracée aux évêques dé Cologne, par le bref de Benoît XIV, notre prédécesseur, du 29 juin 1748, ou de consulter le Siége apostolique. Ni l'un ni l'autre, quelques justes qu'ils fussent, ne lui ont été accordés.

Combien de telles mesures sont injurieuses et funestes pour l'Église; c'est ce que nous sentons douloureusement bien plus que nous ne pouvous l'expliquer par des paroles. Mais, ce qui est ici plus grave, c'est que ces mésures tendent très-ouvertement à détruire tout-à-fait l'essence de sa constitution divine, et à séparer ces pays du centre de l'unité catholique ; car ce n'est qu'en attaquant et en troublant la forme de l'Église et la nature de son Gouvernement qu'il peut arriver qu'une puissance du siècle la domine, ou viole ses lois, ou s'oppose à une communication libre avec le premier Siege, auquel, dít Saint-Irénée, il est nécessaire, à cause de sa primauté, que recoure toute l'Église, c'est-à-dire, les fidèles de tous les pays. Celui qui voudrait introduire une autre forme de Gouvernement, s'efforcerail, comme le dit si bien Saint-Cyprien, de faire une église humaine. Aussi, dès que ces faits et ces décrets nous ont été connus par des documents authentiques, nous avons eu soin que nos réclamations et nos plaintes fussent transmises à ceux que cela concernait. Cependant nous comprenons que la charge sacrée que nous exerçons veut que, réitérant ici lés réclamations de notre précédente allocution, nous nous élevions publiquement contre les atteintes portées publiquement à l'Église, et que nous venons d'exposer.

Ainsi, vénérables frères, élevant de nouveau avec une liberté aposto. lique la voix pastorale, dans cette illustre réunion, la l'Église, pour ses lois sacrées, pour les droits et

autorite

[ocr errors]

du bienheureux saint Pierre, nous prenons aujourd'hui à témoignage le ciel el la terre, et nous nous plaignons amèrement de tout ce qui a été fait à leur détriment dans le royaume de Prusse. Une seule chose nous apporte quelque soulagement dans une si grande affliction : c'est le courage invincible que l'archevêque de Posen et de Gnesne, émule de la foi du prélat de Cologne, a montré pour défendre la doctrine et la discipline de l'Église, sur les mariages mixtes.

« Nous ne croyons point devoir douter que tous les autres évêques dans l'une et l'autre partie du royaume de Prusse, se souvenant de la place qu'ils tiennent, de la dignité dont ils sont revêtus, du serment par lequel ils se sont liés à leur inauguration solennelle, feront avec fermeté dans l'exercice de leur ministère, ce qui s'accorde avec les régles des anciens canons, et avec les décrets apostoliques. Nous avons même la confiance qu'il arrivera que le sérénissime roi, doué comme il l'est d'un esprit élevé, embrassant des conseils plus équitables, laissera l'Église catholique suivre ses lois, et ne permettra point que personne mette obstacle à sa liberté. Levant donc les yeux vers la montagne d'où nous viendra le secours, supplions humblement par nos prières communes, vénérables frères, le Dieu tout-puissant, dans la main duquel sont les cœurs des rois, d'accueillir avec bonté nos vœux, et de vouloir bien hâter une issue si désirée. »

Dans cet état de choses, l'Autriche intervint encore, et l'on put espérer que, grâce à elle, on pourrait arriver à terminer, au moins, le différent qui s'était élevé, au sujet de l'archevêque de Cologne, en obtenant la démission volontaire du prélat, tout en maintenant les droits des catholiques.

Une difficulté d'un autre genre nécessita de nouveau l'intervention de l'Autriche. Le roi de Naples avait réclamé la restitution des principautés de Bénévent et de Ponte Corvo, dont le prince del Caretto, son ministre, menaçait déjà de s'emparer par la force. Des négociations furent entamées pour arriver à une échange de ces propriétés contre un territoire dans les environs de Riotto.

11

Pendant la durée de ces pénibles démêlés, la santé du pape qui s'était altérée, avait même donné quelque inquiétude; le 26 septembre, le Saint Père rétabli, put accueillir avec distinction Reschid-Pacha, ministre des affaires étrangères de la Porte-Ottomane, lequel se rendait en ambassade

à Londres, accompagné de ses deux fils. Dans cette entrevue, le ministre ottoman avait renouvelé au souverain pontife les témoignages d'amitié que Fethi-Ahmet-Pacha lui avait donnés au nom du grand seigneur.

Ce fut à la fin de cette année, que les troupes françaises qui occupaient Ancône s'embarquèrent, et que les Autrichiens, à l'exception des garnisons de Ferrare et de Camacchio, évacuèrent le territoire papal, et se retirèrent dans les provinces vénitiennes, aux termes du traité conclu à ce sujet,la force armée dés États-Romains étant désormais suffisante pour assurer la tranquillité publique; cependant, au départ des troupes autrichiennes, quelques troubles éclatérent à Faenza, mais ils furent bientôt réprimés.

L'armée papale fut alors divisée en trois corps.

D'après cette organisation :

1° L'armée indigène ou nationale se compose de 10 bataillons d'infanterie, d'un régiment de dragons, d'un corps de chasseurs et de 8 compagnies d'artillerie ; en tout de 9,264 d'infanterie et de 944 de cavalerie;

2o L'armée étrangère est composée de deux régiments suisses et d'une compagnie d'artillerie, en tout de 4,401 d'infanterie et de 88 de cavalerie;

[ocr errors]

3o Des corps de Carabiniers et de Bersailles, dépendant de la police, forts de 3,697 d'infanterie et de 495 de cavalerie; Total 17,362 hommes d'infanterie et de 1,524 de cavalerie.

L'entretien de ces troupes coûte 12 millions de francs, c'est-à-dire le quart du revenu des états de l'Église.

Le 18 novembre, la convention conclue entre la France et le Saint-Siége, pour la transmission des correspondances par la voie de mer fut ratifiée par le roi des Français et l'on put espérer que la prospérité des États apostoliques se ressentirait de ces nouveaux moyens de communication.

:

SARDAIGNE.

La promulgation du nouveau code civil, qui fait disparaître les derniers vestiges du code Napoléon, attestait que, loin de subir des influences rétrogrades, le gouvernement sarde se voyait entraîné vers une tendance libérale imposée par l'esprit du siècle.

Ainsi l'abolition de la mort civile, la liberté du divorce accordée aux personnes dont la religion l'autorise, les droits de l'humanité respectés à l'égard des enfants naturels, placés naguères sous l'empire d'un régime cruellement exceptionnel, prouvaient, comme l'avait dit un célèbre jurisconsulte français (M. le comte Portalis), qu'une législation toute catholique et féodale dans son principe sait aussi parfois admettre dans l'application un certain libéralisme.

Les propriétaires de fiefs sardes, qui, par l'abolition de l'ancien ordre de choses, se trouvaient privés des redevances et des divers droits de prestations, furent, cette année, indemnisés par la création d'une rente royale annuelle de 250,000 livres.

On n'attendait plus pour compléter le nouveau système de législation qu'un code de procédure, qui fût en harmonie avec le code civil déjà en vigueur, et on avait l'espoir qu'il ne tarderait pas à être publié.

Non content de ces améliorations capitales, le roi avait encore institué une Cour royale, sous le nom de sénat, dans la ville de Casal-Montferrat, où existait autrefois un parlement. Enfin des conventions ayant pour objet l'extradition réciproque des malfaiteurs furent signées le 23 mai, entre la France et la Sardaigne.

Ces conventions témoignaient de l'esprit de bonne intelligence qui animait les deux pays, intelligence cimentée encore par la construction à frais communs et sans condition de péage d'un pont suspendu sur le Rhône, près de Seyssel, destiné à joindre les deux parties de la ville, l'une sarde et l'autre française.

Un chef-d'œuvre de la statuaire moderne, dû à l'habile ciseau du sculpteur Marochetti et qu'on a pu admirer à l'exposition du Louyre de 1838, à Paris, la statue en bronze du duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, un des plus grands guerriers du XVIe siècle, fut inaugurée à Turin en présence du roi et de toute la population, que transporta de joie cet hommage solennel rendu à la bravoure de ce libérateur de la Savoie.

[ocr errors]

Il était facile par ces mesures judiciaires, ces rapports industriels et artistiques de juger de la parfaite harmonie qui continuait de régner entre la Sardaigne et la France.

[ocr errors][merged small]

Les horribles excès auxquels les populations de Palerme, Syracuse, Messine et Catane s'étaient portées lors de l'apparition du choléra, et qui avaient encore surpassé ceux de Rome, avaient nécessité dans le royaume des Deux-Siciles un rigoureux système de répression.

Aussi le Gouvernement, loin de se rendre aux sommations de la violence et du meurtre, avait-il cru devoir enlever aux Siciliens l'ombre de liberté qui leur restait. Cet état de choses ayant changé, et de peur de renouveler de funestes collisions par la continuation de pareilles sévérités, on se décida à restituer aux Siciliens des droits acquis qu'ils regardaient comme inviolables.

Le roi, obéissant à des idées conciliatrices, de retour des côtes de Sicile, amnistia les accusés politiques, à l'exception des chefs de la révolte, auteurs et instigateurs des massacres de l'année précédente. Ces derniers devaient être jugés par un tribunal institué pour les criminels d'État, les commissions militaires cessant leurs fonctions.

Plus tard, afin de prévenir de semblables désordres, on remplaça par une gendarmerie à l'instar de celle de Naples

« PreviousContinue »