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le corps militaire qui existait en Sicile sous le nom de compagnie d'armes.

Divers changements administratifs, et qui n'occasionnèrent cependant aucun trouble, eurent aussi lieu dans cette partie du royaume le duc de Cumia succéda au prince de Scordia, comme prêteur, et plusieurs autres fonctions furent confiés à des Napolitains.

Ainsi, bien que le Gouvernement penchât vers la modération, il n'en persistait pas moins dans sa tendance à affaiblir l'influence sicilienne.

Par une sorte de compensation, on rendit à la ville de Syracuse son titre de chef-lieu, qui lui avait été ravi lors des derniers événements (voy. l'Annuaire 1837, p. 500) De plus, le cabinet de Naples afin de donner une preuve de son désir d'entrer dans la voie du progrès, autorisa la construction d'une chapelle protestante à Messine: c'était la première qu'on eut établie en Sicile; elle fut obtenue sur la demande de l'ambassadeur de Prusse, en faveur des Allemands et des Prussiens résidants dans cette ville, qui auparavant se trouvaient dans la nécessité de faire baptiser leurs enfants par des prêtres catholiques, sinon de les envoyer à Naples, où la chapelle de l'ambassadeur prussien était mise à leur disposition,

Deux décrets furent rendus à Naples sur des points différents. Le premier, en date du 6 décembre, interdisait l'ex portation des grains, à cause de la mauvaise récolte. Dans la circulaire ministérielle relative à cet objet, le gouvernement exposait avec les plus vives couleurs l'état déplorable de tous les établissements de bienfaisance de la Sicile, en proie aux dilapidations des fonctionnaires publics. Il était ordonné au président des commissions des hospices de faire rendre un compte exact aux administrateurs et à leurs employés, sous peine de destitution. Le second décret avait pour but de régler la législation sur le duel; la peine de mort était prononcée contre celui qui tuait son adversaire ou lui faisait des blessures qui entraînaient sa mort dans les quarante jours.

Voulant contribuer de tout son pouvoir à éteindre le honteux commerce de la traite des noirs, le roi accéda à une convention conclue à Naples, le 1er février 1838, entre la France et l'Angleterre ; et Sa Majesté s'engagea, dans les termes les plus formels, à employer à ce service des corsaires dont elle se réservait de déterminer le nombre.

L'union qui avait placé l'archi duchesse Marie-Thérèse sur le trône de Naples, avait porté ses fruits. La famille royale et le peuple furent transportés d'une vive allégresse par la naissance d'un enfant qui reçut les noms de CharlesLouis, comte de Trassi et prince de Naples ; heureux événement, qui venait ajouter une garantie à l'affermissement de la dynastie.

Ann. hist. pour 1838.

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CHAPITRE VII.

ESPAGNE. État des partis et du ministère. — État des armées.-Espartero et don Carlos. Le général Espartero refuse le portefeuille de la guerre. Passage de i'Èbre par Basilio Garcia. Nouvelle de Madrid. · Défaite de la troupe carliste de Basilio. — De la quadruple alliance. Le général Carratala, ministre de la guerre. - Passage de l'Ebre

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par Cabrera. - Affaire de Balmaceda. - Défaite des troupes carlistes. Prise et reprise de Sarragosse.

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Don Carlos à Estella.

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Défaite de

la bande de Tallada. - Le général polonais Ramorino à Madrid. — Mouvement de Basilio. — Discussion dans le sénat sur le message de l'infant don François de Paule. - Proclamation d'Espartero. - Des armées de la Nouvelle-Castille. Le général Latre, ministre de la guerre. Marche de l'armée carliste. Affaire de Valdepenas. Discussion à la Chambre des députés sur l'emprunt de cinq cent millions de réaux. - Prise de Vera par les Christinos. - Affaire de Lucena. don Carlos à Estella. - Évasion du comte d'Espagne. carliste Sagarra. - Armée du Nord. - Défaite de Negri. dans la Chambre des députés et dans le sénat du projet d'emprunt de cinq cent millions de réaux.—Insurrection de Munagorri en Navarre.

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Séjour de Mort du chef Adoption

Il n'est peut-être pas inutile de retracer succinctement les phases diverses de cette grande lutte, dont nous avons à suivre la marche et à marquer les résultats. La monarchie espagnole était vieille, et il fallait la rajeunir, Napoléon l'avait dit en 1808. Les événements se chargèrent de cette tâche difficile; le moment était en effet venu pour l'Espagne d'accomplir sur elle-même un de ces mouvements profonds et terribles que les rois absolus nomment une révolte, et que les peuples en progrès appellent une révolution. Le philosophe et l'homme d'état ont le droit d'en peser les conséquences, d'en apprécier les moyens, d'en réprouver les excès; mais le vulgaire, écrasé sous le poids de ses souffrances injustes et livré aux fascinations de ses espérances souvent héroïques, ne voit que le but de ces grandes crises qui remuent les sociétés jusque dans leurs fondements

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et au terme desquelles les masses aperçoivent toujours un avenir meilleur.

Déjà cinq années avaient passé sur cette nation malheureuse, mais cinq années d'un combat sanguinaire et stérile. Commencée dans les provinces du Nord, au nom de don Carlos, prince faible mais opiniâtre, dirigée par le génie militaire de Zumalacarraguy, cette insurrection avait eu des débuts heureux. L'esprit de liberté et de privilèges des provinces basques l'avait secondée, l'anarchie avait fait le reste, et si le gouvernement constitutionnel de la reine Christine avait été reconnu par toutes les autres portions du royaume, il est vrai de dire qu'il n'était obéi et respecté nulle part.

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A la faveur de cette confusion générale, le parti carliste avait cherché à centraliser ses forces. C'est ainsi que Gomez fit en 1836, le tour de l'Espagne, sans s'attirer néanmoins les sympathies populaires. Un an après, don Carlos luimême parcourut le royaume, à la tête de 15,000 hommes; traversa la Catalogne, l'Aragon, le royaume de Valence et s'avança presqu'aux portes de Madrid; mais il fut repoussé par les populations armées, et cette épreuve décisive de 1837, dût l'avertir que sa cause était désormais perdue. Poursuivi par le général constitutionnel Espartero, il repassa l'Ebre, et se réfugia dans son simulacre de capitale, à Estella, au pays des Basques.

C'est alors que le Gouvernement de la reine, subissant le despotisme aveugle de la multitude, essuya son 10 août, et que la mère d'Isabelle II, jura, à la Granja, sous les menaces et le glaive d'une soldatesque révoltée, la constitution de 1812, constitution qui devait toutefois être revisée par les Cortès. La loi fondamentale amendée, bientôt la majorité de la nation se rallia autour du trône d'Isabelle; le dévouement des partisans de la légitimité se refroidit et l'on ne fit plus dans le camp du prétendant, que projeter de nouvelles expéditions que l'on n'entreprit pas. Les attaques partielles, les embuscades, le pillage, la rivalité, les

plans des généraux carlistes exécutés séparément et sans concert, avaient seuls donné quelque durée à ce duel national, que d'ailleurs le désordre, l'incurie, la jactance pusillanime et les fautes nombreuses du parti constitutionnel devaient encore prolonger.

C'est dans de telles circonstances; c'est au milieu de tous ces grands événements, ou plutôt de ces grandes calamités, que les nouvelles élections s'étaient accomplies à travers des factions et des périls de tout genre. Au ministère sans signification et sans couleur du premier octobre, avait succédé le Cabinet du 16 décembre, présidé par M. le comte d'Ofalia qui avait été successivement ministre de la justice et des affaires étrangères en 1823 et 1824, puis ambassadeur à Paris et à Londres, puis encore ministre, à la mort de Ferdinand en 1833. Homme modérateur, M. d'Ofalia voulait dans cette arène brûlante des passions, apporter enfin la paix, la justice et l'ordre ; c'était à l'œuvre que l'on attendait ce nouveau chef politique; car l'œuvre ne devait pas manquer à son génie et à ses efforts (voir l'Annuaire de 1837, pages 612 et 613).

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Le Cabinet se composait donc de M. d'Ofalia ministre des affaires étrangères et président du Conseil ; du général Espartero, ministre de la guerre (l'intérim restant au baron Espinosa del Solar); du marquis de Someruelos, ministre de l'intérieur; de M. Mon, ministre des finances, et de M. Castro, ministre de la justice; enfin, du chef d'escadre donManuel Canas, ministre de la marine.

Avant même que ce Cabinet révélat son système par les actes de son administration, il était déjà en butte aux violentes attaques de la presse de l'opposition, qui incriminait les antécédents de M. le comte d'Ofalia, qu'elle appelait un absolutiste, un ancien collègue de don Victor Saez, un ennemi de la constitution, et que savons-nous encore?.....

Le parti exalté travaillait avec une égale activité à exciter quelques désordres, à la faveur desquels il pût reconquérir le pouvoir qu'il avait perdu; mais tout faisait

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