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siller, à Logrono, 45 prisonniers carlistes, pour venger le massacre de l'escorte du courrier de Viena, ordonné par le légitimiste Balmaseda, sortit de cette ville et se dirigea sur Haro, afin de protéger Alava dont les carlistes venaient de se rapprocher, sous la conduite de Maroto.

L'entreprise de Munagorri, si favorable à la cause constitutionnelle, n'était cependant point encouragée, et toutes les démarches que ce chef de partisans avait faites pour obtenir la permission d'entrer à Valcarlos, avaient été infructueuses; Espartero lui en avait interdit l'accès, ne consentant même pas à l'enrôlement de quelques-uns de ses soldats dans les rangs des christinos. On reconnaissait à cet acte d'exclusion impolitique l'ombrageux rival de l'ancienne popularité de Narvaez. Néanmoins, le 1er décembre, Munagorri passa la Bidassoa, se dirigeant vers St-Martial, où le général O'donnell avec ses soldats de l'artillerie et de la marine anglaises, fit opérer une reconnaissance de ces volontaires, d'après les ordres du général en chef qui, cédant enfin aux instructions du Gouvernement, s'était décidé à protéger le mouvement de Munagorri.

Quant à l'armée du prétendant, une de ses divisions était toujours dans le royaume de Valence, faisant des tentatives contre les points occupés par les troupes de la reine, et cherchant à s'emparer de la place de Peniscola.

Balmaseda, qui stationnait encore en Navarre, aux environs de l'Ebre, retenu par la crue des eaux, et ayant en présence, sur l'autre rive, des forces ennemies nombreuses qui surveillaient tous les gués, avait surpris le courrier de Viena et son escorte, dont le cruel massacre fut vengé par les sanglantes représailles de Logrono. Depuis que la guerre civile avait revêtu un nouveau caractère d'atrocité, la bande de Merino était presqu'entièrement détruite. Ce chef, revenu dans les montagnes de Burgos, avec 300 hommes au plus, était poursuivi par les colonnes du brigadier Hoyos et du colonel Rodriguez; Cabrera avait Ann. hist. pour 1838.

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été aussi battu à Chester, et les dispositions prises par le général Van Halen, permettaient d'espérer de nouveaux succès.

Indépendamment de ces événements défavorables aux armes de Don Carlos, la cour de ce prince était le foyer des intrigues et des rivalités de ses généraux, et présentait une triste conformité avec le gouvernement de Madrid qui s'atténuait de jour en jour par le conflit des passions politiques et des ambitions militaires. C'est ainsi qu'après tous les mémoires de Cordova relatifs à sa justification, après les démentis formels donnés par Cordova et Narvaez au général de Clonard, le comte de Luchana crut devoir intervenir directement dans cette orageuse discussion, et appeler le châtiment et la sévérité du gouvernement sur la conduite de ses anciens collègues. Insistant sur la nécessité de faire en eux un grand exemple, Espartero ne craignait pas d'écrire ces paroles:

« L'impunité des généraux Narvaez et Cordova ne pourrait être attribuée qu'à leur rang élevé, et s'ils l'obtenaient, ce serait un germe funeste qui démoraliserait et désorganiserait promptement les armées. Devant la loi tous les hommes doivent être égaux. »

Bientôt, l'esprit public fut ranimé par la nouvelle du succès du brigadier Léon sur huit escadrons carlistes, aux environs de Mendavia et Sesma, et par celle de la retraite des forces ennemies de la vallée d'Aran, après avoir, il est vrai, pillé Vieilla et emmené avec eux presque tout le bétail du pays.

Enfin, par suite de son système de sanguinaires réprésailles, le Capitaine-général baron de Meer ordonna que dans le cas où le chef carliste Vilella, coupable d'assassinats à Villa Franca del Panades, serait pris, ou quelqu'un de sa bande, ils seraient fusillés immédiatement, usant ainsi du droit de la guerre, alors que le chef ennemi refusait de réprimer l'immorale atrocité d'un de ses subordonnés.

Les carlistes victorieux d'un côté, vaincus de l'autre,

tantôt repoussant l'armée constitutionnelle, tantôt vivement repoussés par elle. Telle était l'aspect de cette guerre d'avant-postes, de ces éternels combats de partisans qui accusaient les embarras financiers et la pénurie des ressources de toute espèce, qui régnaient dans les deux camps, et que n'expliquaient que trop l'absence de toute direction intelligente, unique, puissante.

Si les résultats de cette campagne, à peu près égaux pour les deux partis, n'étaient pas de nature à décourager la liberté, ils devaient du moins apprendre au gouvernement de la reine (qui s'était montrée si héroïquement désintéressée en présence des malheurs de l'Espagne), que si la longanimité et la force d'inertie lui avaient suffi pour défendre et conserver ses positions, il fallait frapper un grand coup pour parvenir à éteindre la guerre civile par la guerre civile, et à fondre l'esprit de privilèges avec l'esprit de liberté, en ruinant à jamais dans la Péninsule le parti de don Carlos et avec lui tout espoir de contre-révolution.

CHAPITRE X.

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Dissolution et désarme

PORTUGAL. - Insurrection armée des ouvriers et de la garde nationale de Lisbonne. Elle est vaincue par la troupe de ligne. - Le ministère Sada-Bandeira est recomposé et complété. Actes de ce ministère. — Dis. solution du bataillon national, dit de l'Arsenal.-L'armée reçoit une partie de l'arriéré de sa solde. — Démission du conseil municipal de Lisbonne. - Emprunt conclu par le ministère. Mise à ferme de l'octroi de la capitale. Les Cortès signent la constitution et la présentent à la reine. Termes de leur adresse. Décision au sujet de la reconnaissance du prince héréditaire de Portugal. La reine sanctionne la constitution. Clôture de la session des Cortès constituantes. — Amnistie des délits politiques commis depuis septembre 1836. — Des troubles éclatent à Lisbonne, le jour de la fête du Corpus Christi. ment de plusieurs bataillons de la garde nationale. décret d'exil porté contre lui, demeure sans effet. grations. Décret au sujet de la propriété et du titre de Bragance. Bruits de complot, à l'occasion des élections. - Troubles à Braga, à Lisbonne par suite de taxes et de tarifs municipaux. — Révolte du 18e régiment. Le chef migueliste Remechido est battu, pris et fusillé. — La dette étrangère. Nomination d'une commission chargée d'en établir l'état et les moyens de paiement. — Naissance du duc d'Opporto. — Arrivée à cette occasion, du comte Durosnel, aide-de-camp du roi des Français. - Renonciation du mari de la reine, à un avantage stipulé dans son contrat de mariage. Ouverture des Cortès législatives. — Discours de la Couronne.

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L'œuvre des Cortès était terminée: il ne manquait plus à la constitution, que la sanction de la reine. Mais des troubles, une insurrection, allaient traverser encore la marche du gouvernement. On en comprendra la cause, si l'on réfléchit à l'infinie distance que la marche des choses avait mise entre les partis. On sait qu'à la différence de la charte de don Pedro, la constitution qui allait être promulguée, n'était pas une concession du pouvoir royal, mais qu'elle

émanait du principe de la souveraineté du peuple (1). Vainqueurs aujourd'hui des partisans de la charte, les libéraux et surtout les hommes les plus avancés de ce parti, devaient voir avec inquiétude tout ce qui, dans les actes du gouvernement, paraissait tendre à ramener au pouvoir, les hommes qui portaient écrit sur leur drapeau un principe autre que celui que la victoire avait permis de formuler dans l'acte fondamental. A tort ou à raison, ils étaient portés à croire que les chartistes avaient pour eux la secrète sympathie de la cour. Uu changement de ministère, projeté et un instant réalisé par la reine, dans les circonstances que nous allons décrire, parut justifier les craintes qu'ils avaient conçues, et il n'en fallut pas davantage, pour que la paix publique fût de nouveau compromise.

Le baron de Bomfim, l'un des membres du ministère, sorti des derniers événements et dont M. Sa-da-Bandeira était le chef, avait présenté à la signature de la reine, une liste de promotions dans l'armée, sur laquelle il s'était porté lui-même, ainsi que ses fils et ses amis. A l'appui de sa demande, il avait allégué la nécessité de ne compter dans l'armée que des hommes dont l'attachement ne fût pas suspect. La reine avait refusé et motivé ce refus sur l'exubérance actuelle de l'état-major et sur la pénurie du trésor. Soit ambition déçue, soit au contraire qu'il eût cru voir, dans le rejet de sa demande, l'intention de favoriser les chartistes, Bomfim s'était retiré et en même temps que lui, tous ses autres collègues. La reine usant de sa préro. gative avait nommé aussitôt un autre ministère. Mais la couleur indécise de ce nouveau cabinet, donna lieu de croire, ou du moins parut-on avoir cette conviction, qu'il n'était qu'un acheminement au retour des chartistes. Son renvoi fut demandé à grands cris, par les démocrates exaltés, notamment par le préfet de Lisbonne, Seoarès Caldeira, par l'Inspecteur des chantiers, Franza, et par Lipos,

(1) Voir l'Annuaire de 1837.

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