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sèrent dans le cours de la session, Le premier accordait une protection plus efficace aux esclaves, et garantissait, de la part des colons, l'exécution de l'acte d'émancipation qu'ils avaient éludé jusque-là. Le second autorisait le gouvernement de la reine à réglementer le régime des prisons dans toute les colonies des Indes-Occidentales; à nommer des inspecteurs à cet effet; à suspendre ou révoquer tous officiers chargés de ce service; à désigner lui-même les localités, etc.

CHAPITRE XIV.

Majorité du ministère dans les communes.-Résistances et rancunes de la pairie.-Politique des deux Chambres. — Discussion sur l'état de l'Irlande. -L'évêque d'Exeter et le serment des députés catholiques. — La taxe des pauvres pour l'Irlande. Les corporations municipales. — L'appropriation des dînes.-M. O'Connell. - Lord John Rusell. La Chambre des communes vote le bill sur le paupérisme irlandais. — Discussion sur le bill des dîmes et sur l'appropriation des revenus de l'Eglise d'Irlande. Services rendus par M. Peel au parti aristocratique. — Un banquet lui est offert. Motion de sir Thomas Ackland, tendant au rappel de la clause d'appropriation des revenus de l'Eglise. - Discussion à ce sujet. → Lord Russell discute longuement cette importante question. Sir Tardly, M. Welmot, M. Colqu'houn, le colonel Connelly, MM. Milnes et Lefray, soutiennent la motion de sir T. Ackland. Sir Charles Lemon, lord

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Liveson, M. Slaney et sir Sommerville, la combattent.

Lord Stanley accuse le ministère de flatter les deux partis. - Discussion de M. O'Connell. Réponse de sir Robert Peel. - Rejet de la motion. - Discussion sur les corporations municipales d'Irlande. - Sir Robert Peel. Lord John Russell. - Vote de la loi. - Le bill est porté à la Chambre des lords. →→ Opposition formidable. Echec du ministère. Le bill est

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Elles rejettent les amendements introduits par Conférence sans résultats entre les deux Chambres.

renvoyé aux communes. l'autre Chambre.

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Comme on vient de le voir dans le précédent chapitre, les partis avaient eu plusieurs occasions de mesurer leurs forces respectives. Les questions qui devaient décider tout d'abord du sort du ministère, avaient été résolues en sa faveur, et il demeurait incontestable que le Cabinet whigt conservait dans les communes une majorité de 25 à 30 voix systématiquement attachée à sa fortune.

De même que dans la dernière session, cette majorité se formait des trois grandes fractions du parti réformateur: les whigs, les radicaux et les Irlandais. Cependant,

ainsi

que nous venons de le voir, relativement à la création d'une taxe des pauvres pour l'Irlande, le parti O'Connell se séparait quelquefois du ministère; mais celui-ci le retrouvait fidèle et dévoué dans toutes ses luttes contre l'oligarchie de l'une et de l'autre Chambre.

Maître des communes, le ministère avait toujours à lutter contre l'hostilité rancuneuse de la pairie, et contre la même force d'inertie qui, depuis un an, paralysait l'action gouvernementale, et neutralisait les principales mesures de la Chambre élective. Pour bien comprendre la marche simultanée des deux branches de la législature, il faut se reporter un instant aux premiers jours de la session. Dès le 27 novembre, lord Roden, abordant le passage du discours royal, qui faisait allusion à la paix intérieure et à la tranquillité du pays, prit texte de l'état de l'Irlande, pour attaquer avec passion la politique du Cabinet à la faiblesse duquel il imputa les troubles et l'anarchie qui désolaient cette portion de l'empire. Cette attaque provoqua de la part de lord Mulgrave, une réplique dans laquelle le vice-roi d'Irlande prouva, la statistique des trois royaumes à la main, que, loin de s'accroître, les crimes dont l'orateur tory venait de faire un si lamentable tableau, allaient toujours diminuant, depuis qu'une administration libérale et ferme avait succédé à la répression aveugle, intolérante et cruelle que les tories avaient trop long-temps fait peser sur ce pays, où les condamnations, naguère si nombreuses, n'étaient plus cependant que dans la proportion de un à mille, tandis que pour l'Angleterre, où n'existait aucun des principes qui agitaient l'autre province, cette proportion était encore de un à huit cent. Lord Mulgrave soutenait, contrairement à l'opinion de ses adversaires, que les désordres qui affligeaient l'Irlande, étaient indépendants de la question religieuse, et que leur véritable cause résidait dans l'excessive dureté des grands propriétaires envers leurs fermiers, et surtout dans le despotisme qu'ils exerçaient sur la conscience des électeurs. Lord Wellington, prenant la défense des possesseurs de fiefs,

n'attribuait les excès commis en Irlande qu'à des causes politiques et à l'inertie du ministère qui n'avait pas osé prendre les mesures de répression que nécessitait la gravité des circonstances. Ce débat, incidemment entamé dans la Chambre des lords à l'occasion de l'adresse, fut repris le 1er mars par l'évêque d'Exeter, à propos du serment auquel sont astreints les membres catholiques du parlement. M. O'Connell ayant soutenu dans la Chambre des communes, que les catholiques romains investis du mandat parlementaire, n'étaient obligés de défendre l'église anglicane, qu'autant que cet établissement religieux demeurait consacré par la loi de l'État, et que, comme tous les autres représentants du pays, ils conserveraient le droit, le cas échéant, de discuter le mérite de cette loi et d'en voter le rappel. Une vive discussion s'engagea sur cette interprétation, qui fut combattue avec acharnement par le banc des évêques. Cependant ce débat n'eut d'autre résultat que de ranimer dans le royaume l'intolérance religieuse qui ne meurt jamais en Angleterre.

Trois grandes questions: la taxe des pauvres pour l'Irlande, la refonte des corporations municipales et l'appropriation des dîmes afférentes à l'église irlandaise, questions ardemment agitées mais non résolues dans les deux dernières sessions, étaient restées pendantes, et se reproduisaient avec tous les caractères d'une lutte qui devait renverser ou raffermir le Cabinet. Le bill des pauvres pour l'Irlande, ayant pour objet la création de 100 pénitencières destinés à recevoir forcément la population infirme ou sans travail, et à chacun desquels établissements était affecté un revenu annuel de 7,000 1. st. (175,000 fr.) prélevable sur les contribuables irlandais; ce bill qui, le 1er décembre 1837, avait déjà obtenu une première lecture à la Chambre des communes, lui fut représenté le 9 février 1838. Comme la première fois, il fut combattu par M. O'Connell qui ne voyait, dans l'introduction en Irlande de toute loi sur le paupérisme, qu'une prime accordée à l'oisiveté, un encourage

ment aux plus mauvaises habitudes et un million sterling de taxes supplémentaires pour une nation déjà écrasée sous le poids des impôts. Suivant l'illustre orateur, ce n'était point avec de dégradantes aumônes qu'il fallait cicatriser les plaies de son pays, mais avec une meilleure organisation du travail et une répartition plus équitable des droits politiques et religieux, dont la privation avait creusé l'abîme dans lequel il était tombé.

Lord John Russell défendit le projet de loi contre les attaques de M. O'Connell. Le ministre voyait, au contraire, dans l'établissement d'une taxe des pauvres, un moyen d'ordre qui contribuerait puissamment à rappeler en Irlande les capitaux peureux que l'anarchie empêchait d'y rentrer. Après divers amendements, successivement proposés par les membres irlandais et rejetés par la Chambre, le bill fut voté le 30 avril, par 234 voix contre 139; - majorité ministérielle 95.

Vint ensuite la grande question des dîmes et de l'appropriation des biens de l'Eglise d'Irlande. Nos lecteurs se rappellent que cette affaire capitale avait déjà occupé une grande partie de la session précédente; que la Chambre des pairs avait obstinément repoussé tous les changements votés à ce sujet par la Chambre des communes, et que ce conflit avait acquis une telle gravité, qu'une commission, composée de membres de l'une et de l'autre Chambre, avait été jugée nécessaire pour arriver à une transaction entre les deux branches de la législature. Les choses étaient en cet état, lorsque cette double question revint devant la Chambre des communes. Sir Robert Peel demanda que le ministère expli quât nettement ses intentions, sur une matière qui résumait en quelque sorte toute la politique des partis. Le ministre répondit à cette interpellation, en rappelant les nombreuses tentatives de conciliation que le Cabinet avait faites vainement, depuis quatre ans, pour arriver à une solution, et il annonça que le Gouvernement proposerait une loi assise sur

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