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l'Irlande;mais le moment opportun était passé. Aujourd'hui l'Irlande exigeait que le clergé de l'église établie, fut entretenu aux dépens du trésor, et que les fonds provenant du rachat des dimes fussent employés à maintenir la paix dans le pays. Après un discours fort sarcastique de M. Harwey, qui critiqua avec une égale ironie les radicaux et les conservateurs, la motion de M. Ward, qu'un seul membre du Cabinet avait combattue, fut mise aux voix et rejetée par 270 votes contre 46.-Majorité ministérielle 224. La Chambre passa ensuite à l'examen des articles, et, après la discussion de quelques amendements qui donnèrent lieu à de vifs débats entre les principaux orateurs des deux partis, et a deux remarquables discours de Sir Robert Peel et de M. O'Connell, l'ensemble de la loi fut voté par 148 voix contre 30.-Majorité ministérielle 118.

Telle fut l'issue de ce long et mémorable débat sur la clause d'appropriation; clause dont, par un étrange renversement d'intérêts et de principes, l'adoption avait porté les whigs au pouvoir où son abandon les maintenait aujourd'hui,

Le 3 août, lord Melbourne apporta à la Chambre des lords le bill voté par les communes, et, s'abstenant discrètement de toute allusion à la clause dont nous venons de parler, le ministre se borna à représenter la mesure comme la meilleure et la plus prudente qu'il fût possible de prendre dans les conjonctures actuelles. Mais il n'était guère probable que lord Brougham permettrait au ministère de passer impunément sous silence la fameuse clause d'appropriation.

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J'avoue, dit-il, que je ne m'attendais pas à ce qu'un jour viendrait où l'on jetterait le principe d'appropriation au vent, comme s'il n'en avait jamais été question, et comme s'il n'avait jamais servi à renverser un Ca. binet et à en élever un autre. Voilà cependant que tout est fini avee cette clause fameuse, son origine, son histoire, ses progrès, son déclin et sa chûte! Bienheureuse appropriation! Voyez comme, après avoir porté son

fruit, on la met délicatement à l'écart; et admirez avec quels égards on l'enterre, sans même chanter un seul requiem sur sa tombe!»

Quoi qu'il en soit, le 9 août, la Chambre des lords vota le bill des dîmes d'Irlande, dont la troisième lecture ne fut repoussée que par une seule voix, celle du lord Clencarty.

Il nous reste à suivre, dans la Chambre des pairs, les vicissitudes du bill sur le paupérisme irlandais; la dernière des trois grandes mesures qui occupent une si grande place dans l'histoire parlementaire de cette session..

Ce fut le 2 mai que lord Melbourne proposa à la Chambre haute, de passer à la seconde lecture de ce bill contre lequel le comte de Fitz-William se prononça avec énergie. En thèse générale, le noble lord était opposé à toutes les lois de paupérisme, et, de plus, il pensait que le bill en discussion ne pourrait jamais être appliqué, parce qu'il ne répondait point aux intérêts particuliers de l'Irlande et qu'il n'était désiré ni par la grande propriété, ni par la classe moyenne, ni par les indigents de ce pays. Le duc de Wellington appuya, au contraire, la seconde lecture du bill, pensant avec lord Melbourne, que nulle part la misère publique n'était aussi profonde qu'en Irlande. Depuis 1808, époque à laquelle Sa Grâce occupait de hautes fonctions dans ce pays, il ne s'était pas écoulé une seule année sans que le Gouvernement local eut à redouter une véritable famine. Du reste, le duc de Wellington ne se flattait point que le bill proposé ferait disparaître la détresse de sa terre natale, mais Sa Grâce espérait que cet acte donnerait quelque sécurité aux relations sociales, et c'était, par ce motif, qu'il en demandait l'adoption, après toutefois qu'il aurait subi quelques amendements nécessaires,

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Après un discours du marquis de Londonderry contre le bill, lord Lindhurst, s'appuyant sur ce que cette mesure était universellement impopulaire en Irlande, adjura la Chambre de ne point se considérer comme un juge plus compétent que l'Irlande elle-même, des yeux et des besoins de ce peuple.

Lord Radnor soutînt faiblement le bill que le marquis de Clanricarde combattit, au contraire, avec une extrême vivacité. Vint ensuite lord Brougham qui prédit au projet ministériel un insuccès complet. Ce n'était, suivant Sa Seigneurie, qu'un calque absurde des plus mauvaises dispositions du système anglais, sans égard à la différence des caractères et à l'opposition des intérêts.

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Après avoir entendu le marquis de Landsdown pour, et le marquis de Westmeath contre le projet, la Chambre des lords passa à la seconde lecture qui fut votée par 149 voix contre 20. Majorité en faveur, 129. Enfin, après une nouvelle lecture à laquelle prirent part le duc de Wellington, les lords Aberdeen, Radnor, Landsdowne, Mulgrave, Melbourne; les comtes de Chichester, Fitz William, Glengall et lord Brougham, le bill des pauvres fut définitivement adopté le 9 juillet, par 93 voix contre 31. Majorité en favour, 62.

Cette mesure fut la plus importante de la session. Peut être même le parlement anglais n'avait-il jamais hasardé de plus grave et de plus dangereuse expérience législative.

Ce débat épuisé, la Chambre des pairs s'occupa de quelques questions coloniales que nous devons mentionner dans cette esquisse historique, parce qu'elles jettent une vive lumière sur la politique britannique.

Nos lecteurs n'ont pas oublié que, depuis plusieurs années, les habitants de Malte se plaignaient amèrement du joug que le Cabinet de Londres faisait peser sur cette île, et des exactions intolérables qu'exerçaient les agents de la métropole. Les Maltais articulaient, entre autres griefs, l'abandon de leurs intérêts par le gouvernement anglais, l'absorption de tous les emplois et priviléges locaux par des sujets britanniques, au grand préjudice des indigènes, et les institutions mal assorties au caractère national, sous lesquelles l'administration les courbait sans cesse. Les Maltais ayant, en 1835, adressé à cet effet une pétition à la Chambre des communes, celle-ci crut devoir envoyer sur les lieux, une commission

chargée d'examiner le mérite de leurs plaintes. Sa mission était de déterminer jusques à quel point il convenait d'accorder des institutions plus libérales à l'ile de Malte, considérée comme station navale et position militaire. Les commissaires ayant proposé, entre autres redressements, l'abolition de la censure à laquelle était soumise la presse maltaise, le comte de Ripon crut devoir appeler sur cette énormité, l'attention de la Chambre des lords, où elle souleva un sentiment presqu'unanime d'indignation.

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Qu'est-ce que Malte, s'écria le duc de Wellington? Une forteresse, port de mer, un grand arsenal pour nos forces navales et militaires dans la Méditerranée, qui nous appartient par droit de conquête d'abord, et puis en vertu des traités. Nous l'occupons comme un poste important et rien de plus. Milords, s'il en est ainsi, et nul de vous n'en doute, autant vaudrait établir une presse libre sur le gaillard d'avant de notre vaisseau amiral dans la Méditerrranée, dans les batteries de Gibraltar, ou au milieu du camp de sir John Colborne au Canada. Accorder à Malte, la liberté de la presse.... A Malte, s'exprimant en langue italienne, c'est une véritable absurdité. Que dis-je ? sur les 100 mille habitants dont se compose cette population, les trois quarts, au moins, ne comprennent que le dialecte maltais et ne savent ni lire ni écrire. Pour qui donc la liberté de la presse? »

Le noble duc, soutenait ensuite qu'établir cette liberté à Malte, ce serait vouloir fournir aux mécontents de toute l'Italie les moyens de propager impunément leurs doctrines. révolutionnaires.

« J'espérais, ajouta Sa Grâce, que nous étions guéris aujourd'hui de notre penchant à fomenter des insurrections dans tous les pays de l'Europe; je pensais qu'en fait de révolutions, ce qui est arrivé en Espagne, en Portugal, en Italie et même au Canada, nous servirait de leçon pour le présent et pour l'avenir. »

Sa Grâce terminait en repoussant les conclusions du rapport des commissaires, dans lequel elle ne voyait qu'une œuvre de désorganisation et d'anarchie.

. Cette affaire n'eut point d'autres suites, et les plaintes des habitants de Malte furent repoussées, comme un attentat à la suprématie britannique.

CHAPITRE XVI.

Politique du Cabinet anglais à l'égard de l'Espagne.

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Débats au sujet du général Evans et de la légion britannique. Cet officier est nommé commandeur de l'ordre du Bain. — Vive discussion à cet égard dans les deux chambres.- Clameurs dans l'armée et dans la marine. — Sir Evans croit devoir justifier sa conduite. Cette justification est combattue par les membres militaires de la chambre des communes.― Discussion sur l'ensemble de la politique anglaise dans les affaires d'Espagne. Motion de lord Elliot tendante à ce qu'une adresse fût présentée à la reine, pour désapprouver l'expédition du général Evans. - Réplique de lord Palmerston. - M. Dugusson, sir A. Dalrymple, le capitaine Pochell, M. Poulter, M. Sidney Hubert, lord Mahon, M. Piberton, prennent part au débat. Discours de M. Sheill en faveur de l'intervention. Rejet de la motion de lord Elliot. - Discussion sur l'affaire du Vixen. Explications du ministère à ce suDiscussion à la chambre des pairs sur la question espagnole. Le duc de Wellington, lord Brougham, lord Melbourne, le comte de Minto, y prennent part. Le duc de Wellington demande que la chambre des lords fasse une déclaration relative à l'interprétation du traité de la quadruple alliance. Embarras du ministère. La motion de lord Brougham est rejetée à six voix de majorité. Le budget de la marine est présenté et discuté aux communes. Idem du budget de l'armée. — Débats sur la situation de l'armée. - Présentation du budget général de l'état. — Situation financière. - Débats sur les voix et moyens. Justice rendue aux négociants américains. Vive discussion sur les lois des céréales. Demande en augmentation de la pension du duc de Sussex. Elle est rejetée. - Débat relatif à l'abolition des grands jurys, aux sessions trimestrielles et à l'emprisonnement pour dettes. Débats relatifs à l'autorité paternellé.

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Idem à

la propriété littéraire. — Plusieurs orateurs y prennent part. — Ajournement. Mêmes discussions dans la chambre des pairs. Un bill est volé pour placer la propriété littéraire sous la protection du droit international. — Grande discussion sur la nomination des shérifs irlandais.Transaction.

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