le gouvernement anglais envoya une escadre sur les cotes du Mexique, à l'effet d'y protéger les intérêts britanniques. En même temps, M. Pakenham, ambassadeur d'Angleterre à Mexico, qui se trouvait alors absent par congé, çut l'ordre de retourner immédiatement à son poste, et d'employer sa médiation pour amener la France et le Mexi, que à un arrangement amiable. Telle était la situation du Mexique à la fin de l'année dont nous venons de retracer les principaux événements. La grande question de la paix ou de la guerre restait toujours pendante, et ce n'est que dans le prochain volume de l'annuaire que nous en trouverons le dénouement. Quant au Texas, naguère partie intégrante de la confédération mexicaine, cette province marchait à grands pas vers à l'accomplissement de son indépendance. Dès la fin de 1837, le président de ce nouvel État avait adressé aux deux Chambres un message fort régulier sur la situation des affaires, ainsi que divers rapports sur les relations extérieures du pays, ses ressources financières et ses forces de terre et de mer. Le comité des finances concluait à ce que le président fut autorisé à émettre des obligations de la république jusques et à concurrence de trois millions de dollars, somme jugée nécessaire pour couvrir les dettes de l'État et les dépenses de l'année courante. Ces obligations ne devaient être remboursables qu'au bout de cinq ans. COLOMBIE ET BOLIVIE. L'histoire des républiques du centre ne présente, cette année, que des mesures financières ayant pour objet de pourvoir au paiement des dettes de ces États, et de réglementer leurs divers budgets. Ces soins ont presque exclusivement occupé l'attention de leurs gouvernements respectifs. Cependant la république de Guatimala retomba, en 1828 , dans un état complet d'anarchie. Au mois de mai, une sanglante insurrection éclata, à la suite de laquelle le président fut obligé de prendre la fuite, et, pour comble de miseres, les tribus indiennes profiterent de cette désorganisation pour prendre les armes et ravager le pays. CHILI. - PÉROU. - BRÉSIL.-BUENOS-AYRES.-URAGUAY. On n'a point oublié l'état d'anarchie et de désorganisation dans lequel la mort tragique du vice-président Portales (1) et la non ratification du traité de Pancarpata, avaient précipité la république du Chili.'On se souvient que, nonobstant les pertes que son armée venait d'éprouver dans son expédition contre la fédération Pérou - Bolivienne, le gouvernement chilien ordonna, vers la fin de 1837, de nouveaux armements et la reprise des hostilités contre le général Santa-Cruz. La guerre ayant recommencé entre la république PérouBolivienne d'une part, Le Chili et la république argentine de l'autre, le général Brown , l'un des commandants des troupes péruviennes, qui avait ouvert avec quelques succès la campagne sur la frontière de Buenos-Ayres, s'avançait sur le territoire argentin, dans la direction de Tucaman, de Salta et de Juqui dont les habitants demandaient à être réunis à la confédération Pérou-Bolivienne, lorsqu'il reçut du généralissime Santa-Cruz l'ordre de rétrograder et de se borner à la défense de la frontière. Cependant, au mois de juin 1838, une expédition plus formidable que la précédente , fit voile de Valparaiso , pour aller attaquer Callao. Elle se composait de 6 à 8,000 hommes placés sous les ordres du général Manuel Balnes. Le 24 juillet, l'escadre chilienne arriva devant Coquimbo, au moment où le Pérou était le théâtre d'événements qui devaient favoriser les progrès de l'invasion étrangère. Santa (1) Voir l'Annuaire de 1837 (page 837 et suivantes.) Cruz, dont l'origine tant soit peu fabuleuse (1) et la réputation de haute capacité militaire avaient long-temps commandé le respect des masses, voyait chaque jour s'éclipser son ancienne popularité. L'acte fédératif qui réunissait en un même corps politique les trois républiques du Pérou, n'avait pas reçu l'approbation du peuple bolivien et avait exposé Santa-Cruz à des soupçons de despotisme. En outre, un parti considérable s'était formé dans le congrés de Bolivie, contre ce chef que la jalousie et la trahison environnaient de tous côtés. Tel était l'état des choses, lorsque l'armée chilienne envahit le territoire péruvien. Cet événement fut le signal d'une vaste insurrection dans les provinces du nord. Obergozo, jusque-là le plus ardent partisan du protecteur auquel il devait son élévation à la présidence, se déclara contre son bienfaiteur et partit de Lima, à la tête de quelques troupes, pour aller joindre les insurgés. Santa-Cruz se trouvait alors à Arequipa où il avait réuni des forces considérables, pour faire tête à l'armée chilienne. Le 28 juillet, Obergozo ayant opéré sa jonction avec le chef des révoltés, Nieto, rentra à Lima que les troupes restées fidèles au protecteur, avaient évacuée le 27. Mais le général Miller occupait encore les forts de Calao, au nom de Santa-Cruz. Cependant le triomphe des révolutionnaires fut de courte durée. Arrivée le 7 août devant Callao, l'escadre chilienne débarqua le lendemain 5,000 hommes à Aucon. Obergozo et ses adhérents saluèrent ces soldats comme des libérateurs et des auxiliaires; mais, sans décliner cette double qualité, les Chiliens demandèrent modestement une contribution de 20,000,000 de dollars et l'occupation de Calao, jusqu'à parfait paiement de cette somme. Les Péruviens ne pouvant nalurellement accéder à ces dures conditions, l'armée du Chili attaqua Lima et Callao dont elle s'empara (1) On le croyait descendu des Incas. Voir l'annuaire de 1837 (p. 680). après une sanglante bataille, dans laquelle les deux partis éprouvèrent de grandes pertes. Obergozo se réfugia alors dans les montagnes, et le général Gamarra fut nommé président du Pérou par l'armée victorieuse. Ces luttes intestines, sans cesse renaissantes, avaient engagé les états de l'Amérique du sud dans des querelles avec la France, l'Angleterre et les États-Unis, qui ajoutaient encore aux difficultés de leur situation. Ces ré publiques, dont les forces maritimes étaient insuflisantes pour accomplir le moindre blocus, avaient néanmoins la prétention d'interdire réciproquement l'accès de leurs ports au commerce étranger. La république Pérou-Bolivienne, par exemple, avait déclaré tous les ports du Chili en état de blocus. Le consul de France à Lima protesta contre cette mesure, comme attentatoire au droit maritime qui ne reconnait que les blocus effectifs, et le gouvernement péruvien révoqua les ordres qu'il avait donnés à cet égard, en maintenant toutefois la prohibition de tous les produits du sol etde l'industrie du Chili, quel que fût le pavillon importateur. Enfin un traité de paix fut conclu entre les deux nations; le Pérou septentrional' proclama son indépendance; l'état de Bolivie rappela les troupes qu'il avait envoyées au service de la confédération Pérou-Bolivienne, et son président, le général Santa-Cruz, parut ne plus se consacrer qu'aux affaires intérieures de son pays. Cette pacification semblait avoir mis un terme à l'anarchie qui dévorait les républiques du Sud. Mais à peine le Chili avait-il retrouvé quelque tranquillité, qu'il se créa de nouvelles difficultés avec la France. Non-seulement il exerçait d'intolérables vexations à l'égard des résidents français, au préjudice desquels il modifiait constamment les tarifs de douane , mais, imitant en cela le Mexique et BuenosAyres, il se livrait à des insultes que l'honneur et la dignité de la France ne pouvaient tolérer. Force fut donc à nos rieures, vaisseaux de bloquer Valparaiso , comme ils bloquaient déjà la Vera-Cruz et Buenos-Ayres. Du réste l'Angleterre et les États-Unis étaient réduits à recourir à la même extrémité ; de sorte qu'indépendemment de ses misères inté ; cette république était parvenue à s'aliéner les trois plus grandes puissances maritimes du monde ..... Cependant les tracasseries intérieures que cette inquiète démocratie exerçait contre les Européens, céda devant lesdemonstrations de la France. Mais de nouvelles complications faillirent bientôt amener une rupture sérieuse. Les vaisseaux chiliens entreprirent de nouveau de bloquer les ports du Pérou et d'en fermer l'entrée aux pavillons européens. La France repoussa encore cette ridicule prétention, par le motif que les forces chiliennes ne suffisaient même pas au blocus du seul port de Callao. Le 30 juin, le commodore chilien , Postigo, ayant arrêté et visité un navire français, la Silphyde , le capitaine Villeneuve, commandant la frégate l'Andromede, lui signifia d'avoir à relâcher immédiatement ce bâtiment, et à laisser aux navigateurs français qui fréquentaient ces parages, la liberté d'entrer dans tous les ports qui leur conviendraient. Cette notification eut l'effet qu'en attendait l'officier français et, dès le 4 juillet, la Silphyde fut jeter l'ancre dans le port de Callao. BRÉSIL. On se rappelle qu'à la fin de 1837, la ville de Bahia était en révolte ouverte contre le gouvernement impérial (1). Mais la faction révolutionnaire n'avait pu s'emparer que de la basse ville, et lorsque, vers les derniers jours de décembre, elle voulut se rendre maitresse de la partie supérieure et des faubourgs, elle fut repoussée par les troupes du gouvernement qui forcèrent les insurgés de regagner précipitamment leurs positions où ils tinrent jusqu'au mois de mars, époque à laquelle les impériaux commandés par (1) Voir l'Annuaire de 1837 (page 795 et suivantes). |