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servé, d'Isabelle, cette jeune fille à l'imagination vive, à l'esprit actif, naissant au plaisir ; puis, après deux jours d'expérience, dégoûtée du monde, convaincue qu'il n'existe rien de réel dans cette joie, cet amour, ce bonheur qui l'entraînaient loin de la paisible retraite de sa bienfaitrice; voyant toutes les illusions dont elle fut si avide s'évanouir une à une ; le portrait dessiné, intéressant, de Léonce; son dévouement que rien n'altère, sa résignation généreuse, sa conduite envers un rival qui lui sauva la vie; cette Mme de Courtenay si bonne; Charlotte, excusable même dans ses erreurs; enfin d'Ambleville, dont la gaieté, la franchise circulent, inépuisables, dans cette comédie d'intérieur, accusent chez Mme Ancelot un talent heureux, flexible, digne de notre première scène; elle pense avec esprit, avec âme; avec âme, avec esprit elle sait écrire. Il y a dans un pareil ouvrage un succès de bonne compagnie, chose si rare par les jours littéraires qui nous pressent.

Mile Plessis rend quelques parties du rôle d'Isabelle d'une manière remarquable, et lui imprimerait plus de force et de charme encore, si, jolie, riche de tant d'avantages, elle ne pleurait pas, même la gaieté, multipliait moins ses gestes presque toujours faux et sans grâce. Volnys, sous les traits de Léonce, déploie beaucoup de chaleur et de noblesse. Perrier dit et jette de verve les saillies, la bonne humeur de d'Ambleville; Maillard, dont nous avons annoncé le succès à l'Odéon, dissimule les difficultés, la situation embarassée d'un rôle ingrat (Albert). L'auteur a sans doute voulu faire de Mlle Monistrol la gouvernante d'Isabelle, une espèce de duègne encore alerte, gaie; avec cette indication les plaisanteries du personnage peuvent exciter le rire. Mile Dupont lui imprime un air, un accent égril lards qui jurent avec le goût si pur, de si bon ton qui domine la pièce. En général, cette actrice sort trop souvent de son emploi ainsi naguère dans Lord Novard, dans les Droits de la Femme, dans la Critique de l'Ecole des Femmes. Elle donne aux rôles nobles ou habillés une popularité tracassière. Que Mile Dupont (et cela soit dit dans l'intérêt de l'art et de l'avenir du théâtre ) retourne vite aux soubrettes hardies, à Lisette du Légataire, des Folies amoureuses, etc.,

encore en joue-t-elle quelques-unes plutôt suivant une tradition usée que d'après ses propres inspirations.

26. Paris. Election académique. → Dans la séance d'hier, l'Académie des sciences morales et politiques de l'Institut a procédé à une élection pour la place vacante par le décès de M. le comte Reinhard. Sur 47 votans, M. Michelet a obtenu 15 suffrages et M. Paganel 2. M. Michelet a été proclamé.

27. Cour d'assises. Affaire du Jour nal la Mode. - Inculpation de trois délits résultant d'un article intitulé le Couronnement de Joas. M. Voillet Saint-Philibert ayant formé hier opposition à l'arrêt par défaut rendu le 15 mars, cette opposition, aux termes de la loi du 9 septembre 1835, entraînait de droit citation à l'audience de ce jour. Le gérant de la Mode avait été déclaré coupable par la Cour sans intervention de jurés, et condamné à un an de prison et 20,000 fr. d'amende. La Cour, usant en outre d'une faculté que lui donnent les lois de 1835, avait prononcé la suspension du journal pendant deux mois.

Après l'accomplissement des formalités d'usage, M. l'avocat-général Nouguier s'exprime ainsi :

Messieurs, on l'a'dit il y a bien longtemps, le parti légitimiste n'a rien appris ni rien oublié : c'est là un axiome banal que le parti légitimiste lui-même a rajeuni et confirmé par sa conduite et ses actes dans nos cinquante dernières années. Une première révolution avait établi une scission profonde entre la nation et l'ancien régime. Vingt ans plus tard, l'ancien régime nous était imposé par l'invasion étrangère; il revenait tel qu'il était antérieurement; il était resté stationnaire, immuable; ce fut un véritable anachronisme pendant les quinze années de la Restauration et au milieu de la société dont les principes avaient reçu du temps, de l'expérience et de l'usage de ses droits, de profondes modifications.

Arrive enfin la révolution de Juillet. A ce moment le pays se sépare et pour toujours des hommes et des principes du pouvoir déchu. Le parti legitimiste, qui venait d'être détrôné, ne put se resigner à la position que le pays lui avait

faite. Il ne se borna pas aux regrets, aux vœux, aux espérances: il protesta contre le nouvel ordre de choses, et pour lui la branche aînée renversée du trône y conserva ses droits et ne cessa pas de gouverner la France. Il appela à son aide les armes étrangères, et, ce secours venant à lui manquer, il fomenta la guerre intestine, et tenta dans nos départements et à Paris d'exciter la sédition.

Le pays a témoigné son horreur contre l'invasion étrangère et contre la guerre civile, et cependant le parti lé. gitimiste ne tient aucun compte de ses défaites, de la volonté de la France si énergiquement manifestée en juillet, et depuis s'est mis en insurrection contre le vœu national.

La Mode s'est associée, par ses vœux et ces actes, à ces coupables tentatives; elle s'est mise en rébellion contre la loi, contre les décisions du jury. Condamnée, elle a recommencé ses luttes, elle a persisté dans le mal; nous, Messieurs, organes de la société et défenseurs de ses intérêts, nous avons dû persister dans le bien et demander la répression des nouveaux délits que la Mode a commis.

M. l'avocat-général rappelle et justifie par de hautes et puissantes considérations le dogme de l'inviolabilité de la personne et de l'autorité constitutionnelle du monarque; il insiste sur la nécessité de réprimer les atteintes qui peuvent y être audacieusement portées.

M. l'avocat-général rappelle que Louis XIV voulut que la peinture reproduisit la scène que Racine avait decrite en vers immortels dans le dénoue ment de sa tragédie d'Athalie. C'est la gravure de ce tableau qui est annoncée par l'article incriminé, et qui éveille l'indignation de l'écrivain contre l'usurpation. Sans doute, continue l'organe du ministère public, l'usurpation d'Athalie est odieuse. Athalie avait été femme du septième roi de la descendance de David, elle avait été reine, et, pour perpétuer son pouvoir, elle a fait assassiner tous les enfants de son fils; un seul a été sauvé à son insu, et Athalie, sur les cadavres de ses petitsenfants, est montée sur le trône.

A côté de cette usurpation, dans les temps plus récents, l'histoire d'Angleterre nous offre aussi un autre exemple

d'usurpation plus odieux encore, c'est l'usurpation de Glocester, l'homme audessus de toutes les laideurs, dont la figure était le type de toutes les difformités, et plus hideux encore par ses difformités morales. Glocester avait assassiné Henri VI et le prince de Galles, il a fait assassiner Buckingham, qui l'avait fait monter sur le trône, et la pein. ture et la poésie vous ont fait verser des larmes sur le sort des malheureux enfants d'Edouard.

:

A côté de ces usurpations, l'écrivain a voulu placer un événement de notre époque il y a huit ans, Messieurs, un oncle a remplacé son neveu sur le trône, il l'a remplacé par l'expression du vœu populaire; il n'a rien demandé, il n'a rien provoqué; il a été fait lieutenant-général du royaume après que le peuple avait prononcé la déchéance de la branche aînée, et peu de jours après, Messieurs, cet oncle a été fait, par le vœu de la nation, Roi des Français !

Quelle a été alors sa conduite? elle a été grande, noble, magnanime! Il y avait en France toute la famille déchue. Eh bien! il s'est attaché à son malheur pour la protéger, il l'a fait accompagner par les représentants du peuple, et il les a arrachés à la tempête populaire qui aurait pu les engloutir sur le sol même de la France.

Les ministres de l'ex-roi avaient attenté à la liberté, le pays en demandait le jugement; ce jugement a été prononcé, il a infligé une détention perpétuelle; et au bout de six ans un acte de grande magnanimité a ouvert les portes de leur prison. Au milieu des troubles qui désolaient l'ouest de la France, une princesse est venue se mêler à la guerre civile, est venue la réchauffer; elle a été arrêtée, emprisonnée, et la main magnanime de son parent s'est étendue vers elle et a fait cesser sa captivité.

Il était encore une famille dont l'ambition s'excitait au souvenir de la gloire impériale, à laquelle elle avait été habituée. Un jeune homme se jeta témérairement dans une tentative qui devait échouer devant l'amour du peuple et la fidélité de l'armée ; il a été détenu trois jours, et le Roi lui a dit: Jeune homme, il y a en toi du sang illustre, du sang impérial, tu n'appartiens pas à la loi générale; et le jeune homme a été rendu

à la liberté, et le pays entier a applaudi à ce nouvel acte de générosité.

Voilà, MM. les jurés, celui dont le bom a été traîtreusement rapproché d'Athalie, qui, femme, n'en avait que le nom; qui, mère, n'en avait pas le cœur; qui, reine, n'en avait pas les droits; de Glocester, dont le nom rappelle, comme nous le disions, tous les vices et tous les crimes.

Vous ne vous y tromperez pas, Messieurs, vous reconnaîtrez que sous le nom de Joas, c'est le duc de Bordeaux qu'on a voulu représenter au milieu de nous. Vous verrez comment l'écrivain a rempli sa plume du fiel qu'il se proposait de jeter à la majesté royale.

M. l'avocat-général donne ici lecture de tout l'article incriminé, et continue: Devons-nous maintenant entamer une discussion? Faut-il interpréter? Non, Messieurs; vous avez reconnu dans l'écrit que nous vous déférons l'espoir, le vœu, la menace d'une autre restauration. Louis-Philippe est accusé d'usurpation. N'est-ce pas, de la part du journaliste, nier les droits que le Roi tient des vœux de la nation? Quant à l'of fense envers la personne du monarque, nous n'avons pas envie de vous répéter toutes ces expressions odieuses devant lesquelles on a lieu de s'étonner que le cœur de l'écrivain ne se soit pas sou levé. Messieurs, l'article est lu, l'article est compris, et, nous ne craignons pas de le dire, l'article est condamné.

Quelle sera la justification du prévenu? Il n'en est pas de possible suivant nous. Peut-être cependant vous dirat-on que le délit n'existe pas dans l'article, que le nom de Louis-Philippe ne s'y trouve pas écrit. Ce serait là un jeu, une débauche d'esprit plutôt qu'un argument judiciaire. Nous ne voulons pas croire que les partis se respectent assez peu pour descendre à la déshonnêteté politique, à la dénégation de leurs paroles.

Au surplus, vous jugerez, Messieurs, d'après vos consciences, vous prononcerez d'après votre conviction, vous reconnaîtrez, nous n'en doutons pas, les délits que nous vous avons dénoncés; vous verrez que le but de l'écrivain a été de verser du fiel sur tout ce qui mérite le respect. Messieurs, nous ne voulons pas nier la conscience de nos adversaires aussi nous ne dirons plus

qu'un mot. L'article est condamné, si l'allusion existe ; eh bien ! cette allusion, elle est percée à jour, elle sort par chaque mot de l'article incriminé ; la répression ne lui manquera donc pas. Nous attendrons la défense pour réfuter les moyens qu'elle présentera.

M. Hennequin présente la défense du gérant de la Mode, il fait l'histoire de l'ancienne gravure intitulée Cou ronnement de Joas, œuvre du burin de Jean Audran; abordant la discussion, l'avocat rappelle que le projet de loi du 9 septembre 4835 panissait l'offense par allusion, mais que cette disposition a été rayée par la chambre des députés ; il conclut de là qu'il faut que les délits de la presse se révèlent ouvertement dans les œuvres de l'écrivain pour pouvoir être poursuivis et réprimés; il déclare que la loi a élevé ainsi une barrière que le ministère public ne peut franchir.

Après une courte suspension, M. l'avocat-général Nouguier réplique, et en rappelant les explications si péremptoires qu'il a données à la première audience, il justifie complètement la poursuite qui a été dirigée contre le gérant de la Mode. Après avoir restitué au jury sa véritable mission de juge du fait et des intentions, après avoir fait remarquer que le défenseur s'est bien gardé d'aborder la discussion du texte même de l'article incriminé, l'organe du ministère public répond aux arguments que la défense a tirés de la discussion qui a précédé la loi du 9 septembre 1835, en faisant remarquer que la suppression du mot allusion à eu lieu dans un article du projet différent de ceux dont l'application est requise par le ministère public.

M. l'avocat général termine en signalant l'esprit qui inspire la rédaction de la Mode et qui est révélé par ces paroles écrites par un de ses principaux rédacteurs, dans une lettre qui figure dans les pièces d'une instruction terminée par une ordonnance de non-lieu: En politique, nous pouvons mentir sur les petits fails.

M. de Walsh, rédacteur en chef de la Mode, qui est assis auprès de Me Hennequin, se lève et demande la parole pour se défendre.

M. le président. Vous n'êtes pas dans

le procès : je ne puis vous donner la damne le sieur Voillet de Saint-Philibert parole.

M. de Walsh se rasseoit en adressant un signe à M. l'avocat général.

M. le président. J'engage la personne qui est auprès du défenseur à ne pas menacer M. l'avocat-général.

M. de Walsh. J'ai voulu seulement exprimer que je désirais parler à M. l'avocat-général.

M. l'avocat-général Nouguier. Nous remercions M. le président de son in tervention; nous n'avons pas pris votre geste pour une menace.

Après la réplique de M. Hennequin, M. l'avocat-général se lève et dit: Nous avons avancé un fait qui a été nié par le défenseur; voici une pièce qui justifie l'exactitude des paroles prononcées par l'un des principaux rédacteurs de la Mode; nous allons vous en donner lecture.

Me Hennequin s'oppose à ce que cette pièce, étrangère au débat et non communiquée à la défense, soit lue au jury.

M. l'avocat général. Nous nous rendons au désir de la défense, nous ne lirons pas cette pièce. Nous ne pouvions pas laisser démentir une insertion émanée de nous, sans apporter la preuve de la vérité de nos paroles.

La cour dit qu'il n'y a lieu à statuer sur l'opposition de Me Hennequin.

M. le président résume le débat. Le jury se retire pour délibérer. Après vingt minutes de délibération, le jury déclare M. Voillet (de SaintPhilibert) coupable de tous les délits qui lui sont imputés.

M. l'avocat général requiert l'application de la peine, et ajoute. Messieurs, l'arrêt par défant prononcé contre le gérant de la Mode a suspendu pendant deux mois la publication de son journal, par application de l'art. 12 de la loi du 9 septembre 1835. Depuis, des méditations sérieuses ont fait naître des doutes dans notre esprit. La précédente condamnation, qui constituerait l'état de récidive, est frappée de pourvoi; cette peine est au surplus facultative pour la cour, et nous ne la requerrons pas.

Après quelques observations de Me Hennequin, la cour se retire pour délibérer. Au bout d'une demi-heure, elle rend un arrêt par lequel elle con

à un an de prison, 15,000 fr. d'amende et aux frais; ordonne la destruction des numéros saisis, et fixe à un an la durée de la contrainte par corps pour le recouvrement de l'amende et des frais.

AVRIL.

2. Londres. Expérience du télégra phe galvanique.--Le 17 mars a eu lieu à Londres, chez S. A. R. le duc de Sussex, la deuxième soirée de la Société Royale, dont il est le président. Parmi les personnages présents, on distinguait LL. AA. RR. les ducs de Sussex, de Cambridge, et le prince de Capoue; l'archevêque de Cantorbéry, le duc de Wellington, le comte d'Aberdeen, sir Robert Peel, les ambassadeurs étrangers, les ministres de la reine, et un nombre immense de personnages distingués dans les lettres et les sciences. On a remarqué les attentions multipliées dont S. A. R. le prince de Capoue a été constamment l'objet, tant de la part des ducs de Sussex et de Cambridge, que de celle du duc de Wellington.

Dans un des salons de la magnifique bibliothèque du due, on avait placé un télégraphe galvanique qui correspondait par des fils de fer avec une maison, au bout du jardin du palais de Kensington, à peu près à un quart de mille de distance. Le duc de Wellington, prié de faire une demande au correspondant du télégraphe, voulut savoir à quelle distance il était. Rien ne saurait rendre son étonnement en recevant cette réponse immediate à mille pieds. Du reste, il n'aurait pas fallu plus de temps pour recevoir la réponse de Calcutta ou de Pékin; car si la lumière parcourt 70,000 lieues par seconde, l'électricité surpasse de beaucoup encore énorme vitesse. M. Wheatstone, l'ingénieux inventeur du télégraphe électrique, a pu mesurer la vitesse de transmission du fluide galvanique, et l'a trouvée de 445,000 lieues par seconde.

cette

Ce qui attira encore beaucoup l'attention de la Société fut l'appareil de M. Thilorier pour la solidification de l'acide carbonique et la congélation du mercure. Ces opérations furent répétées plusieurs fois pendant la soirée par

le professeur Graham, et toujours avec un plein succès.

L'appareil de M. Cheverton, pour obtenir l'acide carbonique liquide, fut aussi généralement admiré. Entre autres choses curieuses qui se trouvaient exposées sur les tables de la grande galerie, on remarquait des ustensiles domestiques de différents genres taillés en bois, tels qu'ils sont actuellement en usage dans les tribus des Cafres.

La troisième soirée doit avoir lieu le 28 avril.

5. Londres. Détails sur le couronnement de la reine.-Le Morning Herald donne les détails suivants sur les préparatifs du couronnement de la reine d'Angleterre :

L'activité la plus grande préside aux préparatifs de l'auguste cérémonie du couronnement de S. M. la reine; l'étiquette qui doit être suivie à cette occasion (les formes pour le couronnement d'une reine n'étant pas les mêmes que celles adoptées pour le couronnement d'un roi) fait le sujet des méditations du duc de Norfolk et des autres officiers du noble college héraldique. On croit que le couronnement de S. M. surpassera en splendeur et en magnificence celui de Georges IV, si célèbre dans les fastes des cérémonies solennelles de notre pays, si l'on en juge par le grand nombre de princes et de nobles étrangers qui doivent y assister. On sait déjà que l'empereur d'Autriche doit envoyer vingt nobles hongrois appartenant aux plus anciennes familles. On donne aussi comme certain que la Russie, la Prusse et la France seront représentées par une députation de leur principale noblesse.

» Pour ajouter plus d'éclat, s'il est possible, à cette imposante solennité, le nouvel ordre que le gouvernement a depuis long-temps l'intention de créer, en remplacement de l'ordre des Guelphes dont le roi de Hanovre se trouve aujourd'hui le chef, sera établi, et la décoration en sera conférée à un certain nombre de chevaliers. La couronne qui doit ceindre le front de notre jeune reine sera entièrement neuve et faite exprés sa forme différera du diadême de couleur, qui était orné de pierres de couleur. Les seuls joyaux qui orneront la nouvelle couronne seront des dia

mants de la plus belle eau, enchâsses dans un cercle en or où seront representés les emblêmes nationaux entrelacés de feuilles de chêne : la fleur de lis sera tout-à-fait supprimée. Tous les fabricants, marchands et fournisseurs de la couronne sont occupés de la manière la plus active à cause des demandes considérables de velours, de brocard, de drap d'or, de joyaux et autres articles..

6. Paris. Théâtre de l'Opéra-Comique. Première représentation de LE PERRUQUIER DE LA RÉGENCE, opéra en trois actes; paroles de MM. Planard et Duport, musique de M. Thomas,

Fléchinel, perruquier de la place da Châtelet, vient d'être nommé syndic des barbiers de Paris; cet honneur, mérité du reste, ne contribue pas peu à attirer les chalands dans sa boutique; il y reçoit des officiers du czar Pierre, de jeunes marquis et jusqu'à de vieilles duchesses telle est la renommée du rasoir de Fléchinel. Il est vrai qu'on peut aisément supposer un autre motif à cette affluence de la gent barbue. Fléchinel a naguère recueilli sur la route de Mayence une pauvre enfant dont le père venait de mourir de misère et de faim. Bien que fort peu aisé à cette époque, le brave garçon perruquier n'a pas hésité à se charger de l'orpheline et à l'adopter. Cette bonne action lui a porté bonheur; tout, depuis lors, a prospéré dans sa maison; il a fait une petite fortune, sa réputation s'est étendue au loin après l'argent sont arrivés les honneurs; et la jeune Agathe, sa fille adoptive, d'une figure charmante, d'un cœur excellent, et douée de plusieurs talents d'agrément, le dédommage, par son affection, sa grâce et ses qualités aimables, de tous les sacrifices qu'il a dû faire pour l'élever ainsi. Cependant il n'est pas sans inquiétude sur son avenir. Un jeune clerc de procureur, locataire d'une petite chambre dans la maison de Fléchinel, est sur le point d'obtenir la main d'Agathe, quand on découvre que, loin d'être peu favorisé sous le rapport de la fortune, et d'une humble condition comme sa prétendue, M. Firmin (c'est le nom qu'il a pris) n'est autre que le marquis de Forlanges, frère de la duchesse de Grandval. Indignation de Fléchinel, désespoir d'Agathe; le marquis doit

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