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Quoiqu'il n'y eût pas de doute que le huis-clos ne fût ordonné, l'affluence des spectateurs était considérable. On comptait au barreau une centaine d'avocats stagiaires. Il y avait aussi bon nombre de dames.

L'accusé est introduit. Il est d'une grande taille, et quoiqu'il ait à peine dépassé cinquante ans, ses cheveux sont déjà blanchis; il ne paraît avoir aucune inquiétude sur son sort, promène ses regards sur la foule. Il est vêtu d'une mauvaise redingote bleue.

M. le président: Accusé vos nom, prénoms, âge, etc.

L'accusé: Je me nomme Jean-Mathias Willandt, âgé de cinquante-deux ans, né à Ratisbonne en Bavière, ouvrier peintre en porcelaine, demeurant à Paris, rue Popincourt.

Le greflier lit seulement le dispositif de l'arrêt, qui renvoie Willandt devant la Cour d'assises sous l'inculpation de plusieurs crimes dont le premier entraîne la peine capitale. Il est accusé : 1° d'avoir depuis plusieurs années, et notamment en 1835 et 1838, sans ordre des autorités constituées, et hors le cas où la loi ordonne de saisir les prévenus, déteau et séquestré Eugène-Christophe Willandt peudant plus d'un mois, en le soumettant a des tortures corporelles; 2° d'avoir aux mêmes époques commis avec violence divers attentats à la pudeur sur la personne dudit EugeneChristophe Willandt, dont il est l'ascendant, crime prévu par les articles 332, 333, 341, 342 et 344 du Code pénal.

M. Plougoulm, avocat-général, se lève au moment où le greffier se dispose à lire l'acte d'accusation, et dit : La publicité des débats de cette affaire pouvant offrir des dangers pour l'ordre public et les mœurs, nous requérons qu'ils aient lieu à huis-clos.

M. le président : Le défenseur de l'accusé a t il des observations à faire sur ces réquisitions?

Me l'erwoort: Je demande, dans l'intérêt même de l'accusé, que le huisclos soit le moins sévère qu'il sera possible.

M. le president prononce l'arrêt que les débats auront lieu à huis-clos, sans aucune exception.

M. le président donne lecture aux jurés des questions qui leur sont sou inises.

Le jury entre en délibération à dix heures et demie.

A minuit et demi, MM. les jurés rentrent, et leur président donne lecture du verdict par lequel Willaudt est reconnu coupable: 1o de séquestration de la personne de son fils, laquelle a duré plus d'un mois, mais n'a pas été accompagnée de tortures corporelles ; 2° d'attentats à la pudeur commis avec violence sur la personne de son fils.

Pendant la lecture de ce verdict, Willandt conserve l'impassibilité qu'il a montrée pendant tout le cours des débats. La Cour condamne Willandt a la peine des travaux forcés à perpétuité et a l'exposition.

Au moment où la Cour se retire, Willandt saisit son chapeau avec un léger mouvement de colère, puis il se calme tout-à-coup et dit aux personnes qui se trouvent devant lui: « Je suis » innocent; on a condamné un innocent. » Je ne puis en vouloir aux juges, c'est mon fils qui me condamne!... »

Me Werwoort est allé voir aujour d'hui Willandt à la Conciergerie. Willandt a montré à son défenseur et à d'autres personnes la même tranquillité d'esprit. & Peu m'importe, a-t-il dit, la condamnation à telle ou telle peine, j'aurais préféré la mort; mon existence était désormais flétric. »

Il a annoncé qu'il se pourvoirait en

cassation.

24. Paris. Académic Royale de Musique. Représentation au bénéfice de la veuve de Lafont. Il s'est passé hier à l'Opéra une chose inouïe: trois fleurs merveilleuses que l'on ne voit que séparées ont été offertes au public dans le même bouquet, à la représentation au bénéfice de la veuve de Lafont; mademoiselle Eissler, Duprez et Candia ensemble! Il ne fallait rien moins que le bon souvenir d'un camarade mort pour concilier des exigences si diverses de rivalité et d'amour-propre; au reste, M. Duponchel y a mis toute Ja complaisance possible, quoique la représentation ne fût pas rigoureusement due, et il ne lui a pas fallu une diplomatie médiocre pour arranger tout ecla. A ces magnificences était ajou

té, comme grain de sel Mica salis, le régal d'un vaudeville joué par mademoiselle Déjazet; un pas styrien dansé par Mazillier et mademoiselle Adèle Dumilâtre, charmante créature, d'une physionomie délicieuse et d'une grâce exquise, pêche veloutée, qui aurait dû être détachée plus tôt du maussade espalier des figurantes, rat qui depuis long-temps aurait pu être passé à l'état de tigre. Ce résultat si simple en appa. rence de faire danser un joli pas par une jolie danseuse, a donné lieu aux complications les plus embrouillées; le pas appartient à madame Alexis-Dupont; et en son absence, on l'avait confié à mademoiselle Nathalie FitzJames, qui, certes, en était bien digne. Mais voici que mademoiselle Maria, qui a aussi son mérite, a réclamé le pas embarras terrible... l'une est jolie, l'autre est jolie; l'une danse bien, Pautre danse bien! Tirez-vous de là. Le jugement de Salomon n'est rien à côté. En désespoir de cause, l'on a pris Mazillier pour arbitre, en le sommant de choisir; Mazillier, qui n'a pas tout son esprit dans ses jambes, a répondu fort ingénieusement, De mademoiselle Nathalie ou de inademoiselle Maria, je choisis mademoiselle Dumilâtre. Cette conclusion n'a pas paru trés-logique à mademoisell Nathalie Fitzjames, qui a renvoyé son engagement en demandant la rési liation, demande qui n'a pas été acceptée. Voilà bien de la diplomatie pour un pas qui dure dix minutes. Le maréchal de Saxe, qui avait une armée et une troupe de comédiens à conduire, disait familierement qu'une représentation était plus dificile .à ordonner qu'une bataille; et il s'y connaissait.

a

Duprez a chanté miraculeusement son acte de Guillaume Tell. Un repos de quelques jours avait encore ajouté à la puissance de son organe; des applaudissements reitérés lui ont prouvé toute la satisfaction du public. MarioCandia a mis beaucoup de charme et de suavité dans l'acte des nonnes de Robert-le-Diable. Madame Dorus a été charmante dans Mathilde; elle était en voix et en beauté. Le Ballet

de Gustave, où l'on avait inséré le pas de mademoiselle Elssler, a terminé la représentation d'une manière brillante vers minuit tout au plus, à la grande

satisfaction des portiers, ennemis naturels des béncfices.

Les mots manquent pour exprimer l'inimaginable perfection de cette danse : mademoiselle Fanny a fait des pointes d'une audace, d'une force et d'une pureté sans pareille. Elle a été du reste admirablement secondée par sa sœur Thérèse. — Mademoiselle Thérèse nous a paru engraissée. — Il y a surtout un moment où les deux légères créatures accourent du fond du théâtre en mordant d'une jambe sur l'autre et en s'accolant dos à dos, comme les bars ou les dauphins héraldiques, avec une précision telle, qu'on croirait que l'une est l'ombre de l'autre, car une glace ne serait pas plus exacte; mademoiselle Elssler est aussi bien une blanche déesse, qu'une brune andalouse. Elle est femme ou nymphe comme elle Double charme, double suc

veut.

cès.

La recette s'est élevée à plus de vingt mille francs.

26. Paris. Académie des Sciences. Séance annuelle. La terre dont on se sert pour fabriquer la belle porcelaine, celle de Sèvres en particulier, est une substance argileuse que l'on désigne sous le nom de kaolin ; la nature de cette substance est complexe; son origine, son gisement et sa formation ne sont pas établis d'une manière positive; ces différentes questions ont fait le sujet d'un grand mémoire, lu par M. Brongniart dans la séance de ce jour; ce savant, consommé dans la pratique de l'art qu'il dirige avec tant de lumières et d'habileté, prend comme type du kaolin la terre employée à Sèvres et dans les principales manufac tures royales de l'Europe; la partie argileuse que l'on sépare au moyen des lavages lui paraît mériter essentiellement le nom de matière kaolinique; mais les divers procédés employés pour cette séparation peuvent faire varier sa proportion et sa composition. M. Brongniart présente le tableau de toutes les analyses de cette substance faites par les chimistes les plus habiles, et particulièrement par MM. Laurent et Malagutti, dans le laboratoire de Sé

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du feldspath lamineux, se transformant par degrés en terre argileuse par la perte de sa base alcaline, de son silicate de potasse. Il cite un grand nombre d'exemples de minéraux dont l'alcali se sépare peu à peu, surtout quand il appartient à la potasse, et c'est ce que l'on voit même dans un produit de nos arts, dans les verres à vitres qui, perdant leur potasse par leur exposition à l'air, ainsi que l'a démontré M. Dumas, s'effleurissent et deviennent opaques. Il met en même temps sous les yeux de l'Académie un échantillon minéralogique où l'on aperçoit ce passage du feldspath transparent à l'état de terre kaolinique.

Enfin, relativement à l'époque de la formation géologique du kaolin, M. Brongniart la rapporte à celle des terrains de cristallisation.

M. Ardent lit un Mémoire sur la résistance des bois employés dans la construction des voûtes.

M. Dumas rend compte d'un travail de M. Masson sur l'action chimique trés-curieuse que produit le chlorure de zinc sur l'alcool. Ce corps a la propriété de transformer l'alcool en éther sulfurique et en huile douce de vin, comme le fait l'acide sulfurique luimême et précisément à la même température. Ce fait remarquable jette un nouveau jour sur la question des éthers, que l'on croyait pour ainsi dire épuisée. L'Académie vote l'insertion du Mémoire de M. Masson dans le Recueil des Savants étrangers.

M. Raoul-Rochette dépose sur le bureau des échantillons de couleur bleue et de couleur rouge que contenaient encore des vases destinés à la peinture, et découverts récemment dans une fouille faite au millieu des mines d'Athènes. M. Gay-Lussac rappelle à cette occasion que la composition de ces couleurs antiques est parfaitement connue par un travail de M. Darcel, à l'occasion de couleurs rapportées des tombeaux d'Egypte. M. Darcet a même pu reproduire l'une de ces couleurs bleues dont le cuivre fait essentiellement la base.

M. Geoffroy Saint-Hilaire lit un Mémoire sur le nouveau fait de monstruosité communiqué par M. Guyon, chirurgien en chef à Alger.

M. Kulmann, professeur de chimie

industrielle à Lille, lit une note sur l'action exercée par l'éponge de platine à l'égard de certaines substances gazeuses; en faisant arriver en même temps différents gaz, tantôt à une haute température, tantôt à une température peu élevée, sur du platine spongieux, M. Kulmann a obtenu des combinaisons de ces gaz de manière (à produire pour ainsi dire de toute pièce des substances que l'on n'obtenait jusqu'icì que de la décomposition de matières auxquelles ces substances sont combinées. C'est ainsi que tous les composés d'azote, par leur contact avec le platine, en même temps que du gaz hydrogène, donnent de l'ammoniaque, et que les mêmes composés d'azote avec du gaz oxigéne forment de l'acide nitrique.

Ces faits sont intéressants et méritent l'attention des chimistes; le platine ên éponge devient, comme on volt, une nouvelle force capable de produire des effets remarquables; toutefois M. Kulmann nous paraît s'être laissé aller à quelque exagération en ce qui concerne les applications de ce nouveau procédé dans les arts.

M. Arago annonce qu'ayant été prié par M. Darcet de prendre, pendant son séjour à Metz, des informations sur l'influence du régime alimentaire à la gélatine dans le grand hital Saint-Nicolas, il a recueilli les renseignements suivants : Les bouillons à la gélatine sont en usage dans cet établisse ment depuis plus de cinq ans, et une population de cinq cents malades est mise à ce régime. En faisant servir la gélatine des os, on n'a pas eu pour but l'économie, mais une amélioration dans la nourriture des malades et des convalescents; ainsi la gélatine n'est jamais employée seule à la confection des bouillons, et une certaine quantité de bœuf est introduite dans le pot-aufeu; de cette manière, vingt livres de viande servent pour mille rations de bouillon.

Or, les administrateurs de l'hospice Saint-Nicolas, tous gens fort éclairés, parmi lesquels on compte un juge du tribunal et un colonel, déclarent que l'introduction de la gélatine dans le régime alimentaire des malades a produit de grandes améliorations, que le nombre des malades a sensiblement

diminué, et que tous sé trouvent parfaitement bien des soupes qu'on leur donne; que non seulement il ne s'élève aucune plainte de leur part à cet égard, mais que M. Arago les ayant questionnés lui-même sur la qualité des bouillons et des potages, n'a reçu que des réponses satisfaisantes. On a eu un peu plus de peine à surmonter la répugnance des femmes de cet hôpital, qui, étant toutes vieilles d'au moins soixante-dix ans, sont remplies de préjugés; mais, quant aux enfants, la manière dont ils vident leur assiette de soupe, jusqu'à la lécher, témoigne, dit M. Arago, de leur gout pour cet aliment.

L'appareil à la gélatine, il est vrai, a cessé de fonctionner depuis quelque temps à l'hôpital militaire, mais c'est par une circonstance tout-à fait accidentelle, et les officiers supérieurs ne cessent de réclamer son rétablissement.

M. Magendie demande à présenter quelques observations sur cette communication de M. Arago; il regrette que cette communication et les opinions qui l'accompagnent soient ainsi jetées dans le public sans en avoir préalablement entretenu la commission chargée d'exa. miner cette grave question. Les rensei. gnements fournis par M. Arago sont loin en effet d'avoir toute la valeur qu'on semble vouloir leur attribuer. L'influence d'un régime alimentaire sur la santé des malades d'un hôpital, sur la durée des diverses maladies, n'est pas si facile à apprécier qu'il suffise, pour s'en rendre compte, de consulter des administrateurs même éclairés, ni même d'interroger les malades. C'est une question fort complexe qu'il faudrait étudier à fond, en la dégageant soigneusement de toutes les circonstances accessoires, pour la mettre dans tout son jour; et il faut pour cela beaucoup de temps et des données plus positives que celles que M. Arago paraît avoir recueillies pendant son séjour à Metz. La commission possède a cet égard une masse de faits considérables résultant soit des expériences directes auxquelles elle s'est livrée depuis deux ans, soit des observations suivies attentivement dans des établissements où l'on fait usa

ge de la gélatine, tel que l'hôpital Saint-Louis, par exemple. Ces faits et

ces observations seront consignés dans le rapport qu'elle prépare à ce sujet.

Pour ce qui est du goût des malades, et de la préférence que ceux de Metz sembleraient accorder au bouillon de gélatine, il serait nécessaire, suivant M. Magendie. de faire quelques essais pour savoir quel degré de confiance on doit avoir en cette opinion. Il voudrait s'assurer par lui-même, et d'une manière un peu positive, de l'impression des malades en supprimant un jour, à leur insu, la gélatine, et la restituant un autre jour, également sans les prévenir; et ainsi d'une foule d'autres épreuves qu'il faudrait tenter avant de se prononcer. Toute cette question sera au reste sion poursuit depuis deux ans; mais éclaircie par le travail que la commisdans tous les cas M. Magendie regrette que M. Darcet ne se mette pas plus volontiers en relation avec elle pour l'aider de ses lumières.

M. Dumortier a communiqué, dans la dernière séance, des observations sur les changements de forme que subit la tête chez les orangs-outans; ces observations ont été faites sur seize crânes

d'orang-outan que possède le Musée de Bruxelles, et le résultat de l'examen auquel s'est livré M. Dumortier est que les diverses espèces d'orang-outan indiqués par les naturalistes sons les noms depithecus satyrus, de pongo abeli et de pongo wurmbii, ne sont qu'une seule et même espèce observée à des âges différents, et présentant, il est vrai, des for mes de crânes extrêmement différentes.

M. N. Savart, frère de l'académicien, a envoyé un grand Mémoire intitulé: Quelques faits résultant de la réflexion

des ondes sonores.

M. Brochieri a annoncé, dans l'une des dernières séances, qu'il était parvenn à concentrer la partie colorante du bois de Campèche, à la réduire au quart de son poids et aux sept huitièmes de son volume. Le bois de Campêche sert, comme on sait, pour la teinture en noir, et entre dans la composition de beaucoup d'autres couleurs. M. Brochieri ayant refusé de faire connaître son procédé à la commission, il ne pour ra être fait de rapport sur sa communication. En outre M. Desserre réclame la priorité de cette invention qu'il exploite depuis plusieurs années.

NOTE

POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES ARTS ET DES LETTRES

EN 1838.

SALON DE 1838.

L'aspect de l'Exposition de cette année doit paraître étrange aux regards des observateurs attentifs. Dans ces ga leries plus favorablement disposées que de coutume, et où l'on circule avec plus de facilité qu'autrefois, on est tout ctonné de rester calme au milien de deux mille trente-un ouvrages dont la majorité, il faut le dire, flatte assez agréablement l'œil, est traitée avec une grande habileté de la main, et où le talent des artistes se manifeste ordinairement. Dans tous les genres la disposition matérielle des compositions est bien entendue, et l'imitation y est poussée assez loin. Ces productions se laissent regarder, mais n'attirent ni ne retiennent fortement; on les voit avec un certain plaisir, mais on les oublie sans regret; et si l'on en excepte quel ques tableaux qui paraissent étre le résultat d'un sentiment vif et d'une pensée bien déterminée, le reste ne laisse qu'une trace confuse dans la mémoire, comme le souvenir d'une conversation élégante, mais futile, à laquelle on a assisté dans une réunion nombreuse.

Ce qui manque aux ouvrages du Salon de 1858 est ce qui a toujours manque généralement aux peintres de l'iscole française, c'est du caractère. Par ce mot, nous n'entendons pas désigner

une certaine convenance, une manière

particulière à telle ou telle école célébre, dont on s'empare quelquefois à force d'études, pour se former un talent factice et qui n'impose que par sa gravité ou son éclat extéricur; mais pai caractère dans une composition,

nous voulons signaler ce résultat transmis par l'exécution, au moyen duquel l'artiste, écrivain, statuaire, peintre ou musicien, du moment qu'il a fait choix d'un sujet. manifeste avec énergie et clarté ce que son âme a senti, ce que son esprit a conçu, et de quelle maniére ses sens ont été affectés. Ce que nous appelons ainsi dans les ouvrages d'imagination, c'est ce qu'une empreinte est au cachet, c'est la contre-épreuve de l'être entier de l'artiste sur son œuvre.

Le caractère des talents et des productions est donc varie comme celui des homines, ce qui engendre des préférences. Mais tout le monde s'accorde pour reconnaître et respecter la caractere du talent d'un homme quand il est vrai, profond, énergique et bien à lui. Certes, parmi les personnes qui aiment et étudient les arts, les unes préferent Raphaël et Poussin, et d'autres Rubens et Rembrandt; mais toutes s'accorderont en ce point, que ce sont quatre artistes éminents, parce que les ouvrages de chacun d'eux portent un caractère qui est, si l'on peut s'exprimerainsi, de la couleur de leur âme et de la force de leur imagination et de leur esprit.

Notre caractère moral et la direction de notre intelligence sont des dons qui viennent du ciel; les talents au contraire s'acquièrent. D'où il résulte si souvent que certaines gens pleines d'émotions et d'idées ne sont point en état de les exprimer, tandis que d'autres parlant, versifiant on peignant avec faeilité, n'ont absolument rien à dire. Dans l'un ou l'autre cas, ces poëtes, ces

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