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fumier où serait planté, comme à la seule place qui lui convînt, le drapeau d'Austerlitz et de Wagram.

Ces ordures trouvèrent un jury complaisant. Les débats du procès furent l'occasion de douloureuses constatations plusieurs professeurs de l'Université et un maître de conférences à la Sorbonne vinrent apporter à leur collègue Hervé les témoignages de leurs sympathies, de leurs encouragements et l'affirmation de leur solidarité complète avec lui.

Le Conseil académique de Dijon prononça toutefois, à la fin de novembre, la peine du retrait d'emploi contre le professeur Hervé.

Le 3 novembre, à Ivry-sur-Seine, les principales fractions du parti socialiste antiministériel (parti ouvrier français, parti socialiste-révolutionnaire, alliance communiste) se réunirent en Congrès et votèrent un manifeste et une constitution consacrant « l'unité » des forces révolutionnaires.

Deux élections sénatoriales eurent lieu pendant le mois de novembre.

L'une eut lieu, le 3 novembre, dans le département du Pas-de-Calais.

En voici le résultat :

Inscrits: 1.847.- Votants: 1.827.

Suffrages exprimés: 1.783.- Nuls : 44.
Majorité absolue : 892.

M. Boudenoot, député républicain.........

1.683 Elu

Les autres voix se sont ainsi réparties :

MM. Jaurès, 49 voix; J. Guesde, 11; Lamendin, 7;

prince Louis-Napoléon, 13; divers, 20; bulletins. blancs, 44.

M. Jaurès n'était pas candidat, mais quelques groupes socialistes de l'arrondissement de Béthune, qui n'acceptaient pas la désignation du congrès républicain, avaient décidé de reporter leurs voix sur lui.

Il s'agissait de remplacer M. Leroy, républicain, décédé le 7 août dernier. M. Leroy avait été élu le 24 avril 1900 par 1.538 voix sur 1.907 votants, en remplacement de M. Déprez, décédé.

L'autre eut lieu, le 17 novembre, dans le département du Finistère.

En voici le résultat :

Votants: 1.280.

MM. Porquier, maire de Quimper, rép.... 764 Elu.
Danguy des Déserts, libéral...

514

Il s'agissait de remplacer M. Astor, sénateur républicain, décédé le 20 août dernier. M. Astor avait été élu la première fois à une élection partielle, le 3 avril 1890, par 654 voix contre 560 données à M. Chevillotte, candidat réactionnaire.

Au renouvellement triennal du 7 janvier 1894, il fut réélu avec toute la liste républicaine, dont il fut le second, par 603 voix sur 1.228 votants, alors que le premier de la liste réactionnaire battue obtenait 561 voix. Depuis, le département du Finistère a eu cinq autres élections sénatoriales partielles. Il ne reste plus, en effet, qu'un des membres élus au renouvellement de 1894. La dernière de ces élections a eu lieu le 31 mars dernier. A cette date, l'amiral de Cuverville, républicain catholique, fut élu par 651 voix contre 616 à M. du Rusquec, candidat républicain.

DÉCEMBRE

CHAMBRE: Suite et fin de la discussion du projet de loi sur la marine marchande. Adoption.

Discussion générale du budget de 1902.

Discussion du budget des cultes. Vote du passage à la discussion des articles.

Discussion du budget de l'intérieur. Vote des fonds secrets.
Interpellation Vaillant sur la révocation du maire de Bourges.
Discussion des propositions tendant à assurer le secret du vote.
Fins des interpellations sur la crise viticole.

Discussion et adoption d'une proposition de loi appliquant le tarif général des douanes aux mistelles étrangères.

Rejet du projet de loi tendant à autoriser des taxes de remplacement à l'octroi de Roubaix supprimé.

Interpellation Viviani sur «< la suppression des garanties de la défense dans l'affaire Hervé ».

Interpellation Colliard sur des incidents survenus aux grandes ma

nœuvres.

Discussion et vote de deux douzièmes provisoires.

SENAT: Adoption du projet de loi sur l'emprunt de Chine.

Discussion et prise en considération de la proposition de loi tendant à abroger la loi Falloux sur la liberté d'enseignement. Discussion et adoption de la proposition de loi sur l'admission temporaire.

Discussion et vote de deux douzièmes provisoires.

Inauguration à Paris du monument Baudin.

Election partielle.

La Chambre continua et acheva, en décembre, la discussion du projet de loi sur la marine marchande. Elle y consacra les séances du matin des 2, 3, 5, 9 et 10 décembre.

A cette dernière date, l'ensemble du projet, qui comprenait 15 articles, fut adopté par 434 voix contre 125.

Nous avons exposé, au compte-rendu du mois de novembre, que la disposition essentielle du projet avait trait à l'établissement de ce qu'on a appelé la compen

sation d'armement.

La discussion la plus importante du mois de décembre fut assurément celle du budget de 1902. Malgré la date tardive à laquelle elle commença (2 décembre), elle prit une ampleur inaccoutumée.

plus de rendait

L'approche des élections générales de 1902, jointe à l'importance du déficit des recettes de 1901 100 millions à la fin du mois de novembre impérieusement nécessaires des explications complètes entre les représentants des divers partis.

La commission du budget qui avait sacrifié, assez délibérement, bien qu'en grande majorité radicale, le fameux projet d'impôt sur le revenu à l'occasion de la discussion des quatre contributions en juillet 1901, avait voulu prendre sa revanche en décembre de la même année. Elle avait donc inscrit gravement la suppression du budget des cultes, malgré l'avis contraire du Gouvernement, au chapitre des économies. Ainsi elle pensait faire d'une pierre deux coups: application du programme radical, d'une part, et, par le même moyen, rétablissement de l'équilibre budgétaire.

Le budget se présentait en effet ainsi : 3.533.035.585 francs de recettes; 3.525.275.063 francs de dépenses, soit 8 millions de francs environ d'excédents de recettes. Or, comme la suppression du budget des cultes figurait aux économies pour 24 millions de francs, - (20 millions de francs étaient employés en secours viagers aux ecclésiastiques dépossédés de leur traitement) —, il

était certain que si la Chambre rétablissait le budget des cultes supprimé par la commission du budget, tout le plan financier de celle-ci s'effondrait, et un déficit de 16 millions de francs apparaissait.

La commission du budget n'avait pas la moindre illusion sur la certitude de cette éventualité, aussi avait-elle préparé à cet effet un budget suppléant ou budget de rechange, destiné à remplacer le premier budget, le budget de façade, auquel la commission ne semblait pas beaucoup tenir, puisque, dans le même temps qu'elle l'élaborait, elle lui donnait un successeur.

La discussion générale du budget de 1902, qui dura cinq séances (celles de 2, 3, 5, 9 et 10 décembre), commença le 2, par un discours de M. Arthur Legrand, député conservateur de la Manche. M. Legrand, s'attacha surtout à la critique du fonctionnarisme en France et mit en relief ceci que les fonctionnaires avaient passé, en cinquante ans, du chiffre de 188.000 au chiffre de 416.000 et coûtaient 620 millions de francs au lieu de 255 millions de francs.

M. Puech, député radical indépendant de la Seine, préconisa la nécessité de faire des économies, car << nos « dépenses augmentaient depuis 10 ans de 53 millions << de francs en moyenne, tandis que nos recettes n'aug<< mentaient que de 30 millions ».

M. Bourrat, député socialiste des Pyrénées-Orientales, commença alors un interminable discours, qu'il acheva à peine dans la séance du 3 décembre, discours presque exclusivement consacré à des critiques innombrables contre les Compagnies de chemins de fer, et où la discussion même du budget tenait fort peu de place.

Dans la séance du 5 décembre, M. Merlou, député radical-socialiste de l'Yonne et rapporteur général du

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