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naires : l'opinion protégeait tous nos ef

forts.

Le 18 fructidor vint renverser et nos espérancés et celles que pouvaient concevoir les Français. Arrêté dans cette même journée, je dus à quelques sollicitations courageuses de n'être point jeté dans les déserts de la Guyanne, quoique j'eusse été condamné à la déportation; mais il me fallut subir une prison de deux ans. Ce fut dans le cours de cette détention, que MM. TREUTTEL et WÜRTZ, libraires, m'engagèrent à con tinuer le Précis historique de la Révolution française, par M. RABAUT, ouvrage qui s'arrêtait à l'Assemblée Constituante, et qui, flattant l'esprit du jour avec quelque intention de le modérer, eut un grand succès de vogue. Malgré le péril attaché à une pareille entreprise dans une position telle que la mienne, cet emploi de ma longue solitude me flatta. Comme mes opinions n'étaient point celles de M. RABAUT, dont je paraissais

être le Continuateur, j'en marquai la diffé

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rence avec force dans tout le cours de l'ouvragc. Le Précis de la Révolution ne fut publié qu'après ma liberté récouvrée, à des époques successives, et avec des délais que nécessitaient de certaines entraves. Son succès m'encouragea, et je téntai d'écrire l'histoire dans des proportions un peu plus élevées. Mon ouvrage sur le dix-huitième siècle fut plus heureux encore. Mes amis et grand nombre des lecteurs qui avaient trouvé dans mes écrits l'expression d'une me sincère, me pressèrent d'écrire l'Histoire de France dans toute son étendue. L'entreprise était immense, et je sentais l'inconvénient d'un travail trop rapide. Je voulus me borner aux époques de notre histoire que les Mémoires particuliers ont le mieux éclaircies. J'écrivis l'Histoire de France pendant les guerres de religion, avec l'intention de donner ensuite les règnes de Louis XIII et de Louis XIV. J'ai exposé, au commencement de cette Préface, les motifs qui m'ont déterminé à interrompre ce

plan pour écrire l'HISTOIRE DE L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE. C'est après l'exécrable attentat du 13 février 1820, que je me suis livré à ce travail; je l'ai continué au bruit des quatre révolutions militaires et démagogiques qui se sont opérées dans le midi de l'Europe, et au bruit des menaces séditieuses qui retentissaient dans nos murs. Au moment où je termine mon travail, ces menaces ont été reconnues impuissantes; deux de ces révolutions sont déjà terminées et réprimées. Mais les leçons de l'histoire sont plus que jamais utiles, et surtout aux jeunes gens qui, n'ayant point participé à nos plus effroyables malheurs, pourraient être amenés des illusions fatales.

Je me propose de développer ensuite le Précis historique de la Révolution, afin qu'il serve à la continuation de l'Histoire de France pendant le dix-huitième siècle.

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HISTOIRE

DE

L'ASSEMBLÉE

CONSTITUANTE.

AVANT la révolution et les deux années qui

Situation de la France

avant

lui servirent de prélude, la France jouissait de plusieurs genres de bonheur dont l'homme la révolution. abuse et se fatigue. On regardait, comme un fléau pour jamais aboli, les guerres civiles dont si souvent notre histoire est souillée, et qui, plus ou moins atroces, s'y reproduisent une ou deux fois par siècle, et jusqu'à dix fois dans le court intervalle dụ règne de Charles IX au règne de Henri IV, A l'exception de la révolte des Cévennes, il n'y avait eu, depuis cent cinquante ans, que de rares émeutes réprimées en quelques heu res. Le Roussillon, la Flandre, l'Artois,

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