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dans la division des esprits, à Paris; et c'est là qu'il devait accourir.

tout entière pour défendre cette indépendance, et pour repousser, sans exception, toute famille et tout prince qu'on oserait vouloir lui imposer.

Aucun projet ambitieux n'entre dans la pensée du peuple français. La volonté même du prince victorieux serait impuissante pour entraîner la nation hors des limites de sa propre défense; mais aussi pour garantir son territoire, pour maintenir sa liberté, son honneur, sa dignité, elle est prête à tous les sacrifices.

Que n'est-il permis, Sire, d'espérer encore que cet appareil de guerre, formé peut-être par les irritations de l'orgueil et par des illusions que chaque jour doit affaiblir, s'éloignera devant le besoin d'une paix nécessaire à tous les peuples de l'Europe, et qui rendrait à votre majesté sa compagne, aux Français l'héritier du trône? Mais déjà le sang a coulé; le signal des combats préparés contre l'indépendance et la liberté française, a été donné au nom du peuple qui porte au plus haut degré l'enthousiasme de l'indépendance et de la liberté. Sans doute, au nombre des communications que nous promet votre majesté, les chambres trouveront la preuve des efforts qu'elle a faits pour maintenir la paix du monde. Si tous ces efforts doivent rester inutiles, que les malheurs de la guerre retombent sur ceux qui l'auront provoquée.

La chambre des représentans n'attend que les documens qui lui sont annoncés pour concourir de tout son pouvoir aux mesures qu'exigera le succès d'une guerre aussi légitime. Il lui tarde, pour énoncer son vœu, de connaître les besoins et les ressources de l'État ; et tan

Lamarque dit avec raison, que c'étaient les jacobins que craignait l'empereur. Oui, sans

dis que votre majesté, opposant à la plus injuste aggression la valeur des armées nationales et les forces de son génie, ne cherchera dans la victoire qu'un moyen d'arriver à une paix durable, la chambre des représentans croira marcher vers le même but, en travaillant sans relâche au pacte dont le perfectionnement doit cimenter encore l'union du peuple et du trône, et fortifier aux yeux de l'Europe, par l'amélioration de nos institutions, la garantie de nos engagemens.

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Sa majesté a répondu :

« Monsieur le président et messieurs les députés de « la chambre des représentans,

« Je retrouve avec satisfaction mes propres sentimens « dans ceux que vous m'exprimez. Dans ces graves cir« constances, ma pensée est absorbée par la guerre im« minente au succès de laquelle sont attachés l'indé→ pendance et l'honneur de la France.

« Je partirai cette nuit pour me rendre à la tête de «mes armées: les mouvemens des différens corps en"nemis y rendent ma présence indispensable. Pendant « mon absence, je verrais avec plaisir qu'une com« mission nommée par chaque chambre méditât sur « nos constitutions.

« La constitution est notre point de ralliement, elle << doit être notre étoile polaire dans ces momens d'orage. « Toute discussion publique qui tendrait à diminuer « directement ou indirectement la confiance que l'on « doit avoir dans ses dispositions, serait un malheur

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doute, il les craignait, mais c'était pour la patrie. Il savait que le fanatisme de ces hommes de cœur et de main, était d'autant plus redoutable qu'il partait d'une conviction sincère. Mais la liberté, la vertu, la philoso

« pour

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l'État ;

nous nous trouverions au milieu des écueils, sans boussole et sans direction. La crise où « nous sommes engagés est forte : n'imitons pas l'exemple du Bas-Empire, qui, pressé de tous côtés par les barbares, se rendit la risée de la postérité, en s'occupant de distractions abstraites au moment où le bélier brisait les portes de la ville.

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Indépendamment des mesures législatives qu'exigent les circonstances de l'intérieur, vous jugerez peut-être utile de vous occuper des lois organiques « destinées à faire marcher la constitution. Elles peu« vent être l'objet de vos travaux publics sans avoir au" cun inconvénient.

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« Monsieur le président et messieurs les députés de la chambre des représentans, les sentimens exprimés dans votre adresse me démontrent assez l'attache<< ment de la chambre à ma personne et tout le pa"triotisme dont elle est animée. Dans toutes les affaires «<ma marche sera toujours droite et ferme. Aidez-moi « à sauver la patrie. Premier représentant du peuple, j'ai contracté l'obligation que je renouvelle, d'employer, dans des temps plus tranquilles, toutes les prérogatives de la couronne et le peu d'expérience « que j'ai acquis, à vous seconder dans l'amélioration de nos institutions. >>

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phie, la religion, que font-elles aux hommes lorsqu'elles sont souillées de sang et de boue? Le monde peut-il, doit-il reconnaître Minerve sous le masque des Euménides? Mutiler un corps politique pour le faire marcher, le brûler pour l'éclairer, le renverser pour le soutenir..... n'est-ce pas le triste résultat de la démocratie jacobine? N'est-ce pas à cet épouvantable système qu'a dû sa chute notre grande république, qui, par la plus injuste prévention, a pour ainsi dire hérité de ce qui l'a tuée, en gardant sur sa mémoire la haine et l'horreur amassées sous le régime antirépublicain de la terreur?-Oui, c'est ce régime de funeste souvenir qui a retardé d'un demi-siècle la réforme constitutionnelle de l'Europe.

En domptant cette hydre, Napoléon remporta la plus utile victoire : ce serait déshonorer son nom que de pactiser jamais avec cette faction et d'encourager ses erreurs. Ah! puissent tous les esprits éclairés et généreux de la jeunesse française, puissent tous les adeptes de la grande déesse, se répéter souvent, qu'exhumer les livrées et les exemples de la terreur, c'est servir le despotisme!....

Évoquer les noms de Robespierre, de Marat, de Saint-Just, c'est faire rétrograder, par bonds, vers les ténèbres du passé, l'humanité qui s'avance. Il faut que tout cœur d'homme et de citoyen se ferme à ces provocations funèbres. Il ne faut jamais cesser de repousser chacune de ces provocations par un concert de réprobation universelle et vigoureuse; car ce sont là (quoique bien intentionnés) les plus mortels ennemis du progrès social.

Tous ceux qui ont encore présens les forfaits qui ont souillé la France dans une autre génération, doivent les rappeler aux générations suivantes, lorsque, dans leur fougue imprudente, elles les oublient pour ne s'attacher qu'à des vérités spéculatives que professaient aussi les hommes de 93, tout en égorgeant un monde de victimes. -S'agissait-il de jurés alors que l'on jugeait et exécutait sur les degrés sanglans des prisons publiques! S'agissait-il d'idées libérales lorsque la même charrette traînait à l'échafaud les trois générations de Malesherbes! lorsque les vieillards, les enfans, les jeunes femmes, ne trouvaient plus sur la terre des Francs un seul appui pour les défendre, une seule bou

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