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féduifantes pour un jeune homme: mais il av it mûri fa tête par l'étude & la phi-. lofophic, & il fentit qu'il ne devoit pas courir après une célébrité éphémère; que le vrai talent afpire à des lauriers fur lefquels il puiffe, dans fa viciil ffe, fe repofer avec plaifir; que le moyen de laiffer une mémoire chérie, c'eft de défendre le pauvie, le foible contre les attaques perpétuelles du plus riche & da plus fort; & que tout autre ulage de fon cfprit & de fon éloquence ne lui accuc.roit ni lehime des gens de bien, ni lcfiae des malhomens, ni la haine delpotile nitériel & Ariftecraig, 2, fans lesquelles un Avocat - Général n'est pas refpcctable même à fes propres yeux ".

M. Du Paty ne tarda pas à fentir, que fous une. Adminiftration oppreflive, la violation de la Loi eft regardée comme un acte naturel de l'autorité, & le courage de la juftice comme un acte de révolte. » Lorfque le defporime Ministériel voulut arracher à la rigusur des Loix un accufé trop célèbre, & acheter par des dignités le filence de M. de la Chalotais, il prit le zèle de M. Du Paty pour la fureur de l'ambition; il essaya d'en faire fon Agent. Vains efforts! M. Da Paty eft ambitieux, mais de l'honneur & de l'eftime des gens de bien; & lui feul s'oppofe avec équité aux Lettres - Patentes qui fouftraient le Duc d'Aiguillon aux Tribunaux ordinaires; il montre dans les Re

montrances du Parlement de Bordeaux; dont il eft l'Auteur, que la nouvelle Cour des Pairs eft contraire au bien public & à la eûneté des particuliers; il fut envoyé à Pierre-Encife, d'où il ne fortit que pour un exil qui fe prolongsa. jufqu'en 1774 ".

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Le Parlement de Bordeaux, lors de la détention de M. Du Pary, en avoit célébré les talens raies, la fermeté d'ame à toute preuve, le dévouement fans réferve au Souverain, aux Leix, à la Patrie «. M. Du Pary crut que ces qualités qu'en daigneit reconnoître, en lui, ne le rendoient pas indigne d'exercer les fonction de Préfident à Mortier. En 1777 il obtint le vœu du Premier Prefident, & l'agrémen du Garde des Sceaux, pour traiter de cette charge. Les difficultés que lui fit éprouver à ce sujet une partie du Parlement de Bordeaux, fost très courses. Elles ont fait affez de bruit, & les ont donné licu, ainfi que plufieurs antres événemens de ce genre, à trop de réflexions & de difcuffions pour que l'on pnil en redouter encore les conféquences, dans le nouvel ordre de chofes qui s'ouvre en ce moment pour nous.

M. Du Paty préfidoit la Tournelle; & ces trifies & redoutables fonctions, dont l'exercice habituel a quelquefois expofé les hommes dus au danger de devenir féroces, & fouvent afibi dans les ames or dinaires les fentimens d'humanité, de refpect, de commifération naturelle que l'on

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doit à l'infortune, ces fonctions ne frent que rendre la fenfibilné plus vive & plus inquente. Il étoit l'appui des accufés; il verleit l'efpérance dans leurs ames; il les défendoit contre des Loix trop févères, & contre les piéges invifibles que l'aftuce des Juges tend fouvent à la fimplicité grøllière ; il tradnifoit dans leur Langue & mettoit à leur portée les queftions infidienfes que le cozamiun des hommes appelle les moyens d'un grand Criminalifte, & que le Sage appelle des crimes; il examinoit le delir, les accufateurs, les témoins avec l'exactitude fcrupuleafe que l'équité demande & que nos Loix ont oublié de demander; il difcutoit les probabilités, les pefoit, rejetoit celles qui étoient contre l'accufé, & la voix étoit pour lui quand l'évidence n'atteftoit pas fon crime. Qu'il eft refpectable le Magiftrat qui fait un fi noble ufage de fon pouvoir & de fes lumières ! qu'il eft à plaindre lorfqu'il eft forcé d'y renon

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M. Du Paty fut obligé de faire, à des circonftances qu'il ne pouvoit maîtrifer, le facrifice des devoirs les plus chers à fon cœur. I quitta Bordeaux, & vint s'établir à Paris. C'eft-là que, libre à regret de l'honorable joug des affaires publiques, & livré tout entier à la recherche de la vérité, fa voix éloquente s'éleva contre la Loi qui condamine à la mort le voleur domeftique

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quel que foit le degré de fon délit (1)`: mais tandis que quelques amis des hommes @royoient pouvoir reprocher à M. Du Paty de n'avoir pas ofé s'abandonner, dans une fi belle caufe, à tout l'effor de fon ame généreufe, un Arrêt du Cenfeil blamoit fon zèle, & lui ordonnoir le filence fur les matières de Légiflation..

M. Du Paty partit bientôt après pour l'Italie. Il en interrogea les diverfes Légiflations, les Philofophes, les Monumens. anciens & modernes. Il vit de près & calcula avec exactitude l'action irrélitible du Gouvernement fur les moeurs, & apporta dans fa Patrie un réfultat d'obfervations. qui fera toujours également précieux pour le Philofophe, & pour l'Amateur des Lettres & des Arts..

M. Du Paty étoit à peine arrivé dans la Capitale, que l'humanité vint- réclamer le fecours de fon éloquence & de fon courage.. La caufe des Accufés de Chaumont devint aufli-tôt la caufe de tous les Ci-toyens. L'Europe entière tourna fes regards vers M. Du Paty & vers les infortunes Clicns. Le triomphe de l'innocence, dévouée à la mort, devint enfin le triomphe du défenfeur; & le fuccès d'une réclama-tion qui, par fon éclat, devoit avoir une

(1) Lettre du 29 Septembre 1784, far Auteurs du Journal Encyclopédique..

fi grande influence fur la réforme des Loix & des Tribunaux, le confola de toutes les injuftices dont on avoit voulu punir fon zèle & fon intrépidité. C'cft par cet acte immortel de bienfaifance qu'il a terrainé une carrière dans laquelle il avoit juré de combattre toujours en faveur de la juftice & de la vérité..

L'Eloge de M. Du Pary préfente les o jets dont nous venons de parler avec tout l'intérêt dont ils font fufceptibles. Les dif férens morceaux que nous avons cités, fuffilent ронг donner une idée de l'eforit dans' lequel il a été compofé. Cet Eloge, qu'accompagnent des Notes très-philofophiques, eft l'Ouvrage d'un efprit fage & éclairé, très-propre par fon zèle pour les progrès de la taifon & de la liberté, de louer dignement le Magiftrat Philofophe qui les a fi bien défendus.

(Cet Article eft de M. G***.)

CLEOPATRE, Roman-historique. 3 Vol. in-12, avec Fig. Prix, 5 liv. br., & 5 liv. 15 f. francs de port par la Pofte. A Paris, chez Maradan, Lib. Hôtel de Chateau-Vieux, rue St-André-des-Arts.

CE Roman qui avoit donné lieu à Def préaux de dire:

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