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vient de vous être communiqué, par des expédiens qui ne préjudicient point à l'organisation et à la force de l'ensemble; certaine ment, Messieurs, ces hommes là sont rares; et je ne crains pas d'être contredit, en affirmant qu'ils forment le petit nombre parmi

nous. "

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Cependant il en existe ici plus d'un, digne de toute la confiance de l'Assemblée; et ceux-là seuls peuvent nous éclairer dans cette circonstance. "

"Or, Messieurs, dans l'examen auquel vous allez vous livrer, ou leur avis prendra, ou l'Assemblée Nationale risquera de s'arrêter à une détermination dangereuse. Dans cette alternative inevitable, ne seroit-il Pis plus simple, plus utile au bien publie, d'abandonner avee confiance. l'examen et la discussion de ces grands objets, aux hommes instruits auxquels il appartient d'en connoitre et d'y porter la lumiere, que de nous exposer, en les traitant nous-mêmes, aux conséquences irrémédiables que notre inexpérience pourroit entrainer?

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N'oublions pas, qu'une première faute de ce genre a peut-être infiniment contribué à l'embarras actuel des finances du Royaume; que si l'Assemblée Nationale eût porté avec moins de précipitation une main peu exercée sur le projet du premier emprunt, il eût peutêtre été rempli; que probablement la confiance accordée au premier, se fût étendue au second, et que par conséquent le crédit public entièrement effacé, subsisteroit encore avec assez de vigueur, pour qu'il fût simplement nécessaire de le soutenir, et non pas de le régénérer tout-à-fait. »

Convenous encore d'un point qui me

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paroît incontestable; c'est que la confection.
d'un système géneral de finance, applicable
à une grande Monarchie comme la notre,
ne sauroit être l'ouvrage de 1200 coopéra-
teurs réunis, quelque éclaires qu'on les sup-
pose. Je suis même porté à croire qu'il ne
peut être produit que par un seul homme;
que la disposition, l'enchaînement, la rela-
tion des elemens qui le composent, doivent
être prévus et calculés par une seule intel-
ligence; du moins il me paroit hors de doute
que si plusieurs y concourent, elles doivent
se concerter, se concilier, et ne rien terminer
que d'un accord unanime.

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. Mais ce rapprochement, cet accord, cette harmonie demandent du calme; ils exigent de la part de tous les Agens des méditations paisibles et profondes: eh! Messieurs, pouvons-nous les espérer dans cette les Assemblée? Pouvons-nous oublier que petites passions qui remuent les hommes ordinaires, siégent sur ces mêmes bancs avec les Législateurs de la France? que des in térêts particuliers ont mis dans l'état de guerre, des hommes estimables faits pour s'aimer; que presque toujours l'Assemblée Nationale ressemble à une vaste arène, où l'on croit voir, non pas des émules généreux qui essaient leurs talens et leurs forces, mais des gladiateurs acharnés qui cherchent à s'entre-détruire ; que la calomnie, répandant sés poisons, augmente l'aigreur des deux partis, qu'elle perpétue les defiances, qu'elle envenime les haines, et qu'au milieu de la fermentation des esprits, dans le tumulte des débats, dans l'oubli de toute dignité, l'on a vu plus d'une fois la majesté du Sénat Na

tional avilie par le scandale ou par le ridi cule.

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De dures vérités me sont échappées, Messieurs; mais si j'ai trouvé douloureux de les dire, s'il vous a paru penible de les entendre, sachons au moins en profiter, et les tourner à l'avantage de la chose publique. Reconnoissons que ce n'est pas ici qu'existe ce repos, ce calme necessaire pour saisir des idées abstraites, pour les comparer dans leurs rapports, pour les appreeier dans leurs conséquences; qu'au milieu des tempêtes qui ont assailli le vaisseau de l'Etat, c'est à la sagesse eprouvee d'un seul Pilote que le gouvernail doit être remis, et que si l'équipage imprudent permettoit an zele inexpérimenté de tous d'y porter indistinctement la main, au lieu de le soulager dans sa détresse, il tisqueroit de precipiter son naufrage.

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Je résume mon opinion et je propose: "

Qu'il soit désigné un Comité composé des Membres de l'Assemblée les plus capables et les plus instruits en matière de finance, au nombre de....... que ces Commissaires soient charges d'examiner, d'étudier, d'approfondir le projet propose par le premier Ministre des Finances; qu'apres l'avoir discute entre eux, sous tous les rapports, ils en conferent avec le Ministre lui-même; que tous les changemens, toutes les modifications qu'ils croiront utiles ou convenables d'apporter à ce projet, ne soient definitivement arrêtes qu'à la participation et de l'aven de son Auteur; et qu'enfin, lorsqu'ils seront tombés d'accord avec lui sur toutes les dispositions que renferme son travail, ils le présentent

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présentent à l'Assemblée Nationale, qui l'ap

prouvera.

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Le Comité de Douze, pris dans celui des finances, parut remplir les vues desirées, sans qu'on recourút à une nouvelle commission. Seulement plusieurs Membres demanderent d'adjoindre aux Douze, MM. Dupont, de Mirabeau et de Forbonnois, si recommandable par ses lumieres, et par ses Recherches sur l'Etat des Finances. Aucune de ces additions ne fut admise.

M. le Président a instruit l'Assemblée qu'il s'est rendu dans la soirée d'hier chez le Roi, pour présenter à sa Sanction le Déeret de la Gabelle. Sa Majesté l'a informé qu'elle répondreit incessamment.

M. Barrère de Vieuzac, Député à l'Assemblée, a fait remise de la finance de son Gffice, estimee Ecoo liv.

Un autre Membre a remis ses honoraires de Député.

MM. les Cleres de Notaires de Paris, ont envoyé une somme de 7437 1., avec un nombre de bijoux et d'effets d'or et d'argent.

M. Palissot a fait offrir à l'Assemblée la dédicace d'une nouvelle Edition des Œuvres de Voltaire.

Mais M. l'Evêque de Clermont s'y est opposé fortement, en observant qu'un Recueil de cette nature ne pouvoit décemment être accepté par les Ecclésiastiques, ni même per l'Assemblée Nationale.

M. le Marquis de Sillery l'a prévenue que l'intention de M. Palissot etoit de purger les nombreux Ecrits de M. de Voltaire, en les réduisant à 30 ou 36 volumes.

N°. 40. 3 Octobre 1789.

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M. l'Abbé Grégoire continua, cependant, à s'opposer à l'acceptation de cette dédicace avant que l'Edition eút été revue et exa

minée.

M. Boissi-d'Anglasse jugea contraire à la dignité de l'Assemblée, de recevoir des dédicaces d'ouvrages, sans examen. Mais il ne seroit point convenable d'employer un temps précieux à la censure de tous les nouveaux livres. Ainsi, l'Assemblée devoit déclarer par un Décret formel, qu'elle ne recevra plus de dédicaces à l'avenir.

D'autres Membres trouvoient un pareil Décret, contraire à l'encouragement du aux Arts et aux Sciences, et invoquèrent la question préalable. Mais l'Assemblée décida qu'il y avoit lieu à délibérer.

Pour conserver un temps précieux, l'ajournement fut demandé; on le rejeta et à une très-grande Majorité, la Motion de M. Boissy fut adoptée.

(C'est un service que l'on rend aux Lettres, et à l'indépendance des Littérateurs. Ces bassesses, connues sous le nom de dédicaces, sont l'opprobre de l'esprit humain, lorsqu'on voit les Auteurs prostituer de pareils hommages, et toujours à la Puissance. Tel qui eût dédié son Livre, il y a dix ans, à un Ministre détesté et détestable, le dédie aujourd'hui à l'Assemblée Nationale: dans six mois, il le dédieroit à l'usurpateur qui la détrôneroit. M. Palissot, il est vrai, ne pouvoit être rangé dans la classe de ces girouettes littéraires.)

M. Anson presenta ensuite le projet du Décret sur les impositions, qu'on l'avoit chargé de rédiger; projet dont les princi

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