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DE

BRUXELLES.

ALLEMAGNE.

De Vienne, le 11 Octobre.

La déroute de la grande armée Ottomane est connue aujourd'hui dans tous ses détails; le Lieutenant-Colonel Kienmayer les a apportés à S. M. I. Ils viennent d'être rendus publics. Cette action, où les Alliés ont montré la supériorité que donnent la vigilance, l'activité, et le talent si rare d'aller à propos au-devant des circonstances, a eu lieu le 22 Septembre, entre Tirgu-Kakuli et Martinestie en Walachie. Le GrandVisir Kudschak Hassan-Pacha commandoit son armée en personne. Voici le développement succinct de cet évè

nement:

Le 18 Septembre, le Prince de Cobourg apprit que le Grand-Visir étoit en marche à la tête d'une armée con idérable, et avec No. 44. 31 Octobre 1789. P

une Artillerie nombreuse pour se rendre du côté de Martinestie, en deçà de la rivière de Rimnik. Sur cette nouvelle, il expédia un Courrier au Général Sawarow, pour concerter avec lui les mouvemens de leurs Corps, et fit faire à ses troupe les dispositions nécessaires pour attaquer l'Ennemi. Le 19, le Général Sawaron arriva avec son Corps à la rivière de Sereth, qu'il passa le lendemain. Le même jour, on apprit que l'Ennemi établissoit un nouveau camp sur les hauteurs au-delà de la Rimna, et que ce camp étoit formé par les troupes de l'Hospodar Maurojini.

Le 21, le Corps Russe joignit l'armée du Prince, et se posta sur l'aile droite; à 7 heures du soir, on se mit en marche sur deux colonnes; le 22, avant le jour, on passa la Rimna, et l'armée se mit en ordre de bataille à 5 heures du matin, les Turcs postés à Tirku-Kakuli, découvrirent le Corps Russe, qui marcha vers les hauteurs; 'Ennemi, au nombre d'environ 6000 hommes, attaqua avec impétuosité le carré de l'aile droite, mais quoique avancé jusque sur les bayonnettes, il ne put point y pénétrer. Pendant cette attaque, le Major Mathiassowsky, à la tête de sa division de Hussards de l'Empereur, et de 6 escadrons de Carabiniers, de Cosaques et d'Arnautes, fondit avec tant de vélocité sur le flanc et le dos de l'Ennemi qu'il fut dérouté et mis en fuite; on le poursuivit jusque dans son camp. Le Général Sanaron gagna ensuite les hauteurs, et y rangea sa Cavalerie. Le Grand-Visir ayant appris cette affaire et les mouvemens de l'armée combinée détacha, du camp principal, plus de 18,000 hommes

de Cavalerie pour aller au secours du Corps détaché, et pour attaquer l'aile gauche des Russes. Le Prince de Cobourg, instruit de la marche de ce Corps Ennemi, avança pas redoublés pour l'empêcher d'exécuter son dessein. L'Ennemi parvint jusqu'à la division des Hussards de Barco, postes avee 6 escadrons de Carabiniers sur l'aile gauche des Russes, et l'attaqua; la Cavalerie tourna à gauche et avança avec un quarré d'Infan terie; on fondit sur l'Ennemi et on le força de plier; il revint à la charge et fut si bien reçu par la Brigade de Karaizai, qu'il fut obligé d'abandonner son dessein sur l'aile gauche des Russes. Le Corps ennemi ayant joint ceux qui avoient été chassés du petit camp, essaya d'entamer l'aile droite da Corps Russe; mais le Général Sawarow le força à se retirer avec précipitation. Après cette affaire, les Troupes Russes se mirent en ligne avec l'aile droite du Prince; on marcha ensuite, après avoir pris un peu de repos, contre l'armée principale. Toute l'Infanterie ennemie, parmi laquelle il y avoit 40,000 Janissaires, sous les ordres de l'AgaPacha, étoit devant la forêt de Kringumeilor, dans des retranchemens défendus par 28 pieces de canon; la Cavalerie étoit postée à droite et à gauche de cette forêt. L'Ennemi fit un feu violent de ses canons et attaqua le long du front; il manoeuvra ensuite pour attaquer l'armée combinée au côté gauche et au dos, mais le feu de notre artillerie et celui de mousqueterie bien fourni, l'empêcha de parvenir à son but. Le Général Karaizai, posté sur l'aile droite, chargea l'Ennemi, qui l'avoit attaqué, avec tant de vigueur, qu'il fut obligé de plier. Le

Général Sawarow, qui étoit survenu, acheva de le forcer à la retraite. Les Turcs se retirèrent dans la forêt, et le camp retranché derriere Rimnik. Il fallut l'en chasser. Pour cet effet, le Prince donna ordre d'attaquer les retranchemens de la forêt. La Cavalerie se mit devant l'Infanterie, et fondit sur les Janissaires avec tant d'impétuosité, qu'ils abandonnèrent leurs canons, et se retirerent plus avant dans la forêt; l'Infanterie suivit de près, pénétra dans les retranchemens, et força l'Ennemi de les quitter et de prendre ka fuite par la forêt: on tua un grand nombre de Janissaires, qui s'obstinoient à conserver les canons. On fit parcourir ensuite la forêt, mais l'Ennemi l'avoit abandonnée, et se sauvoit avec précipitation; on le poursuivit pour l'empêcher de s'établir dans son camp retran ché à la rivière de Rimnik: il y arriva, mais il l'abandonna aussi dans la plus grande confusion, et passa promptement la riviere, laissant derrière lui son camp, son artillerie, ses munitions, et tous les bagages. 3 à 4000 charriots chargés étoient dans la riviere, environ 50 canons et mortiers, charriots de munitions, de tonneaux de poudre, des chariots avec du riz, des cha meaux, des chevaux, des bufles, des moutons, tout y étoit comme entassé, et formoit une espèce de digue, qui arrêta le cours de l'eau. Le Grand- Visir étoit posté pendant la bataille sur une hauteur près de la forêt, et donnoit delà ses ordres; mais quand il vit notre attaque sur la forêt, il l'abandonna, pour aller gagner le camp. Arrivé au camp, il fit charger les canons à mitraille, et tirer sur ses Troupes qui fuyoient; mais voyant que se mover e prodaisoit point l'effet

des

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