Page images
PDF
EPUB

DE

BRUXELLES.

POLOGNE.

De Varsovie, le 20 Octobre 1789.

DEPUIS

EPUIS quinze jours, la Diète a été turbulente, soit parce qu'on y traitoit d'objets qui touchent à beaucoup d'intérêts privés, soit par d'autres causes qui tiennent aux circonstances extérieures. Dans la Séance du 8, il y eut une scène d'éclat. Les Auditeurs, las apparemment des débats interminables au sujet de la nomination des Brigadiers, se jetèrent, dit-on, sur le Nonce Suchodolski, et le forcèrent de quitter la Salle. On arrêta le même jour d'abandonner à la Commission de guerre, tous les détails militaires de moindre importance, et de proposer à la nomination du Roi les Sujets capables d'être Brigadiers et SousBrigadiers..

Lundi 12, il fut résolu d'augmenter
N°. 47. 14 Novembre 1789. * E

de moitié dans les Villes Royales, l'impôt mis en 1775 sur les cheminées. La Ca pitale a offert 400,000 florins pour si quotité; mais cette offre n'a point paru proportionnelle aux facultés des Habitans; on a suspendu la décision à prendre. On sait que par Villes Royales, on entend celles qui appartiennent à la République, et qui ne sont pas enclavées dans les domaines héréditaires des Nobles,

La Séance du 13 sut très-remarquable par le Discours de M. Niemcewitz, Nonce de Livonie, au sujet de cette taxe sur les Villes Royales.

[ocr errors]

"

"

"

"

[ocr errors]

"

Il est juste, dit ce Citoyen éclairé, qu'après que la Noblesse et le Clergé se " sont déja prêtés à porter le fardeau des impôts publics, la classe des Bourgeois y contribue aussi, proportionnellement à ses moyens. Il faut établir un impót sur les villes; mais l'équité et la prudence exigent qu'il soit juste, qu'il soit proportionné. Je pense, tres-illustres Etats, qu'un Citoyen ne doit contribuer aux impôts publics qu'en raison des avantages qu'il retire du Gou« vernement. La Noblesse s'est soumise à payer le dixième, c'est un zèle génereux, et qui mérite tous les éloges; mais de combien de priviléges ne jouit-elle pas? La "liberté, les prérogatives, les charges sont pour elle, et toutes ces distinctions sont refusées à ceux auxquels le sort n'a point permis de naître Gentilshommes. Les Bourgeois doivent payer pour l'armée, et nous savons que l'avancement dans cette armée

[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]

leur est refusé: je demande si cela est « juste? Je répete, tres-illustres Etats, qu'il faut montrer des ménagemens envers cette classe de nos Concitoyens; notre délicatesse même l'exige : nous imposons sur eux, sans qu'ils aient des Représentans pour se défendre. Que la prudence done. dirige nos décisions; tôt ou tard il viendra un moment où le Bourgeois se rappellera qu'il est un homme, et où il réclamera hautement ses droits, qui lui ont été ravis par tant de siècles. »

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

D'après ces réflexions, l'impôt a été modifié dans la Séance suivante.

ALLEMAGNE.

De Hambourg, le 27 octobre.

La grande escadre de Carlscrona a mis à la voile, le 14, sous les ordres du Duc de Sudermanie. Au départ du Courrier qui nous a transmis cet avis certain, on ignoroit encore la route de la flotte, et sa destination. Celle-ci ne seroit pas équivoque, si comme on le débite, la grande escadre Russe a aussi reparu dans la Baltique.

Il ne s'est passé aucun évènement récent en Finlande, où le froid se faisoit déja sentir rigoureusement. Le Brigadier de Steding a pris un poste très-avantageux près de Nyslot. Les Majors Jagerhorn, Klick et Glassentierna,

le Capitaine Landau et l'Enseigne d'Essen, qui, durant la campagne de 1788, abandonnèrent l'armée pour passer au service de Russie, ont été condamnés à perdre la vie, et à la confiscation de leurs biens.

Le Comte de Stadion, Envoyé Extraordinaire de l'Empereurà Stockholm, a pris congé, le 14, de la Reine et de la Famille Royale, pour se rendre à son nouveau poste de Ministre Impérial à la Cour de Londres.

De Vienne, le 28 Octobre.

On ne se rappelle aucune époque, où les Habitans de cette capitale aient manifesté une alégresse plus éclatante, qu'à celle de la prise de Belgrade. On promena en triomphe le portrait du Maréchal de Baudhon; toutes les maisons furent illuminées; des groupes de Ménétriers étoient répandus dans tous les quartiers. Lorsque l'Empereur, accompagné de toute sa Cour, se rendit au Te Deum, un Peuple immense se porta sur son passage, et le couvrit d'acclamations. Semendria a bientôt suivi le sort de Belgrade, comme on le verra à la fin du Rapport officiel qui a été publié le 21, et dont la substance porte:

Au moment de la reddition de Belgrade,

[ocr errors]

le nombre des Habitans s'est trouvé de 25,000, dont 7,000 hommes de garnison, y compris mille blessés. Indépendamment des 11 canons et du mortier pris dans les faubourgs, il s'est trouvé dans la place 351 canons de métal, 34 obusiers de métal, 10 canons de fer, 50 pièces pour monter des tschaïques, 6,000 quintaux de poudre, 2,500 idem de plomb, une grande quantité de boulets, et beaucoup d'ustensiles d'artillerie. On a pris aussi 20 tschaïques et 45 moindres bâtimens. La garnison Turque est partie avec ses effets en 3 divisions, les uns par eau, et les autres par terre. Elle a été escortée par 2 bataillons de Latterman, et 3 divisions de Hussards d'Esdodi, sous les ordres du Colonel Stentsch; la conduite se fera jusqu'à Tekye, vis-à-vis de vieux Orsowa, où le Commandant de cette place la recevra. Pour la sureté de l'escorte et des bâtimens de transport, on a retenu, comme étages, Achmet -Effendi, Trésorier, Jussuf-Aga, Général d'Artillerie, Ibrahim-Aga, Colonel de Janissaires, AbdiAga, Major de place, et Osman-Ceri-Baschi, un des Chefs des troupes. diatement après la reddition de la forteresse, 2,000 Ouvriers ont été occupés à enlever les cadavres, et à nettoyer la ville; on a aussi commencé sur le champàréparer les fortifications. -- L'Archevêque Grec qui a son siège à Belgrade, a obtenu la permission de retourner à son Palais dans la Raizenstadt; il a été permis aussi à tous les Grecs de se retirer dans leurs maisons. - Depuis le passage sur la Sawe et le Danube, jusqu'au 9 Octobre, nous avons eu 300 tués, dont 11 Officiers, et 759 blessés, dont 27 Officiers.

Immé

Le Maréchal de Laudhon mande en outre,

« PreviousContinue »