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DU MEXIQUE. l33

sont diflRérens, une entr'autres qui exige l'emploi du l'eu, mais elles sont peu usitées.

S. 3q. C'est donc de l'amalgamation à froid Méthode [beneficio por patio) dont il sera ici question; tunai"e.°r* nous dirons ensuite quelques mots des autres procédés. On verra combien les résultats de l'ainalgamation mexicaine diffèrent de ceux de l'amalgamation saxonne et hongroise, inventée en 17^6, laquelle est bien plus économique et plus avantageuse sous tous les rapports; mais en même tems on reconnaîtra , avec M. de Humboldt, que l'introduction de la méthode européenne est à peu près impossible au Mexique, si ce n'est dans un petit nombre de mines.

L'atelier d'amalgamation n'est autre chose qu'une grande cour pavée en dalles de pierre.

On y dépose le schlich humide sortant des arastres sans le griller (1). On le range en piles {montones), dont chacune contient de i5 à 35 quintaux. On dispose ainsi quarante ou cinquante piles très-près les unes des autres; leur réunion forme un amas circulaire de 2.0 à 3o mètres de diamètre, sur une épaisseur de 5 à 6 décimètres. Cet amas de minerai est désigné sous le nom de tourte (torta).

(1) Cpendant on fait quelquefois subir un grillage à certains minerais lorsqu'ils sont très-pyriteux. Ce grillage s'opère tantôt à l'air libre , sur des lits de bois comme à Sombrercte , tantôt dans des fourneaux à réverbère comme â Tehuiiotepec. Ces fourneaux ont 12 mètres de longueur; ils sont dépourvus de cheminée , et sont entretenus par deux feux dont les flammes tfeversent le laboratoire. Mais celte préparation chimique s'exécute très - rarement au Mexique. La quantité de minerai est si grande et le combustible si cher sur le plateau du Mexique, que le grillage devient également difficile et dispendieux.

Matières $. ^0. Les matières que l'on mêle su#cessiveemp oyees. ment au gchiïch SOnt, outre le mercure , le muriate de soude, un sulfate de fer et de cuivre (tnagistraJ) , la chaux, et des cendres végétales. Le muriate de soude que l'on emploie est d'une pureté très-inégale; souvent il est trèsmelangé de matières terreuses , aussi la proportion qu'on en mêle au schlich est-elle trèsvariable.

Le magistral se fait au moyen d'un mélange de fer sulfuré et de cuivre pyriteux grillé pendant quelques heures, et refroidi lentement. Ce grillage s'exécute dans des fourneaux à réverbère. On obtient un mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de fer. Quelquefois on ajoute du muriate de soude dans l'opération; alors il se forme du sulfate de soude et des muriates de cuivre et de fer. Dans certains endroits , on mêle au magistral des terres vitrioliques qui contiennent de l'oxyde de fer au maximum, et du sulfate de fer.

La chaux s'obtient en calcinant de la pierre calcaire tres-pure, et en l'éteignant dans l'eau. Les cendres ne servent que pour remplacer de la chaux. Cette substitution a lieu assez rarement. Marche et S- 41 • On commence d'abord par mêler le mu

durée de riate de soude au schlich, et on remue la tourte. 1 opération. _ ....'. „, .

La proportion de sel varie suivant qu il est plus
ou moins pur, et en outre, suivant la nature
des minerais , car on croit que certains minerais
en exigent davantage. La quantité de sel varie
également depuis 2. livres \ jusqu'à 20 livres par
quintal de schlich.
On laisse reposer le mélange pendantplusieur s

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jours , afin que le sel se dissolve et se répartisse également.

Le chef de l'amalgamation (on le nomme azoguero) examine ensuite si la masse métallique est trop chaude ou trop froide $ ces expressions indiquent l'état de la masse: elle est trop chaude , lorsque les métaux sont dans un état d'oxydation , et chargés naturellement, soit de muriate d'argent, soit de sulfures de cuivre et de fer qui se décomposent rapidement à l'air; elle est trop froide , lorsqu'elle contient des minerais très-rapprochés de l'état métallique , ou des sulfures de plomb et des pyrites qui se décomposent difficilement. Dans le premier cas, on refroidit la masse avec de la chaux; dans le second, on la réchauffe avec du magistral.

Ces expressions de chaud et de froid derivent de la température qu'a toujours la masse lorsqu'elle est Lien préparée , car il faut alors que, humectée et placée sur la main , elle y cause une sensation de chaleur. Cette élévation de température est due à la combinaison de l'eau avec l'acide sulfurique qui est en excès dans le sulfate.

Après quelques .jours de repos, on commence à mêler le mercure. La proportion en est déterminée par la quantité d'argent que l'on suppose contenue dans le minerai. Généralement on emploie de 6 à 8 parties de mercure pour une d'argent.

Peu de tems après le mélange du mercure, on ajoute de'nouveau à la masse du magistral, dans une proportionqui varie de 1 à 7 livres par livre de mercure employé, et qui est encore déterminée suivant la nature des minerais, ou d'après le langage des azogueros , suivant leur température.

Lorsqu'on juge que la masse ou la tourte travaille , que l'action chimique commence , ce qu'on reconnaît par la couleur plombée que prend le mercure, alors , pour augmenter le contact des substances et favoriser leur décomposition , on commence à remuer la masse en la faisant fouler soit par des hommes qui marchent pieds nus pendant des journées entières dans .ces boues métalliques , soit par des chevaux ou'mulets que l'on fait courir en cercle pendant plusieurs heures sur la tourte. Ce dernier procédé est bien plus économique, il n'a été introduit qu'en 1783.

Ce foulage de la masse métallique se répète tous les jours (1), jusqu'à ce qu'on juge que l'amalgamation est terminée. Le travail entier d'une tourte dure deux, trois , et quelquefois cinq mois (2). Les effets Sont très-différens suivant la température atmosphérique. Dans les régions très-élevées du Mexique, l'amalgamation est bien plus lente que dans celles qui sont plus basses et plus chaudes.

Tous les jours L'azoguero fait l'essai de la

(1) On ne travaille point la nuit.

(a) M. Sonneschmidt , dans l'ouvrage cité ci-dessus (§.38, dan; la note), affirme que l'amalgamation (porpatio) ne dure cqmmunément que deux mois au plus , et même qu'on l'achève quelquefois en huit jours. Il ajoute , il est vrai, qu'il faut supposer que le magistral est de bonne qualité , et que la température de l'air n'est pas trop basse. M. de Humboldt, qui rapporte cette assertion de M. Sonneschmidt , dans ses Suppiémens ( tom. V, p. 171 ) , ne paraît pas pour cela disposé à changer les résultats que nous rapportons d'après lui.

masse métallique, en en lavant une portion
dans une petite auge de bois. S'il juge que la
masse est trop chaude, il ajoute un peu de •
chaux; s'il la trouve trop froide t il ajoute un
peu de magistral; s'il croit qu'elle travaille trop,
ou trop peu, il fait interrompre ou multiplier
les foulages. Enfin, il est des cas où il trouve
que l'amalgame se forme trop vite, et où il fait
ajouter un peu de mercure, quelquefois même
du muriate de soude.

Enfin , lorsque par les essais journaliers on reconnaît que l'amalgation est complète , on enlève la masse métallique et on la jette dans des cuves de bois ou de pierres, dans lesquelles tournent des moulinets de bois garnis d'ailes verticales; ces machines sont très-bien exécutées , et ressemblent Scelles employées en Saxe pour laver les résidus de l'amalgamation ; les parties terreuses et oxydées sont emportées par un courant d'eau qui traverse les cuves , et l'amalgame reste au fond. On le recueil le, et on le presse dans des sacs pour en chasser le mercure excédent; on le place ensuite sous des cloches, où on lui fait subir une distillation qui en extrait le mercure.

§. 42- Dans tout le procédé qui vient d'être Quantité décrit, on perd généralement de 1,4 à 1,7 de derTM"cure mercure par chaque partie d'argent que l'on obtient (1). Dans le procédé de l'amalgamation saxonne, la perte en mercure n'est que de 0,2

(1) Le terme moyen serait i,55; mais il paraît qu'il serait trop faible, et qu'il est très-rare que l'on ne perde que i,4- Si on en juge d'après la quantité de mercure que l'on consomme annuellement au Mexique, et qui est de i6;O0O

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