Page images
PDF
EPUB

Séduit à cette vaine amorce,

Un bouton, qu'entourait sa verdoyante écorce,
Et dont la tige reposait

Sur le même rosier, tristement se disait

[ocr errors]

« Ah! que ne suis-je déjà Rose!

Que le sort de la Rose à mes yeux a d'appas!

» Près d'elle zéphyr se repose

» Sur son beau sein le papillon dépose

» Ses baisers délicats

» Et près de moi l'on passe, et l'on në me voit pas » Ah! que ne suis-je déjà Rose » ! sa

1

Un papillon, qui l'entendit,

Lui dit :

« A demain, pauvret : je le gage,
» Tu tiendras un autre langage!

Le lendemain

Ce fut en vain

Que des zéphyrs du voisinage
La Rose attendit l'hommage.
Il avait fui l'incarnat de son teint;
Vers le sol elle était penchée;

Et sa corolle desséchée

Sous l'haleine des vents s'envolait de son sein « Hélas! trop tôt je serai Rose,

» En la voyant, dit tout bas le bouton »!

Des vains plaisirs qui troublent la raison
Il ne hâta point la saison;
Et la triste métamorphose
S'opéra bien plus tard, dit-on.

[ocr errors][merged small]

LA FORTUNE AUX MORTELS.

Imitation du latin.

O MORTELS, contre ma puissance
Pourquoi ces plaintes et ces cris?
Je donne aux riches les soucis,
Je laisse aux pauvres l'espérance.

ÉNIGME.

Je suis une étroite maison,
Ayant toujours la porte ouverte,
Ce qui mon hôte déconcerte
Dans la boréale saison;

Il donne alors gaîment sa place
Au successeur qui le remplace;
Celui-ci deux heures plus tard
A son tour m'abandonne, part,
Et sans aucun regret me cède
A l'arrivant qui lui succède.
Ainsi de tous mes habitans,
Également tous inconstans,
Le nombre est presqu'încalculable.
Un fait pour moi très-honorable,
C'est qu'auprès de moi maint baron
Souvent par ordre a décliné son nom.

Bien des guerriers d'ailleurs, connus par leur courage,

Chez moi, de leur métier, firent l'apprentissage.

V. B. (d'Agen).

LOGOGRIPHE.

AVEC sept pieds je suis fort peu de chose,
Tantôt volant,

Tantôt marchant,

Et plus souvent encor rampant.

Otez les deux premiers je suis moindre et pour cause.
Le fanatisme anime tous mes pas;

On est damné quand on n'est pas
De l'opinion dont nous sommes :

Je dis nous, et voici pourquoi :

Nous faisons corps, mes sectateurs et moi.
Nous crions anathème à tous les autres hommes
Et pourtant je ne suis, dit un savant auteur
Que le ralliement de l'erreur.

S........

CHARADE.

'HOMME en mourant devient en proie à mon premier;
Vivant il ne doit trop compter sur mon dernier;
Dieu le veuille en tout temps garder de mon entier.

[blocks in formation]

Mots de l'ÉNIGME, du LOGOGRIPHE et de la Charade insérés

dans le dernier Numéro,

Le mot de l'Enigme est la Violette.

Celui du Logogriphe est Soie, dans lequel on trouve oie et soi.

Celui de la Charade est Vertu.

1

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

BEAUTÉS DE L'HISTOIRE DE POLOGNE, ou Précis des Événemens les plus remarquables et les plus intéressans; tirés des Annales de cette nation, avec des détails curieux sur ses moeurs et ses usages, depuis le sixième siècle jusques et compris le règne de Stanislas Auguste: ouvrage destiné à l'instruction de la jeunesse, orné de huit figures en taille-douce; par P.-J.-B. NOUGARET.1 vol. in-12. 1815. Paris, Leprieur, rue des Noyers, n.° 45.

Tous les peuples du continent ont à peu près la même origine. C'est du nord que sont sortis ces peuples belliqueux et barbares, chargés pour ainsi dire de régénérer la face de l'Europe, amollie et corrompue dans les derniers siècles de l'empire romain. De cette identité d'origine résulte une similitude frappante entre les premières annales des nations occidentales. Des guerres d'exterminátion, un courage plus qu'humain, des mœurs à la fois naïves et grossières, des superstitions étrangères, fruit de l'idolatrie mêlée aux premiers dogmes du christianisme : voilà ce que l'on trouve dans les fastes de ces eufans du nord qui, par le droit de l'épée, s'établirent et fondèrent des royaumes depuis le Tanaïs et le Niémen jusqu'aux bords de l'Éridan et du Tage. Mais, à mesure que la cìvilisation façonna les peuples modernes, elle leur donna une physionomie particulière, Des lois, des usages, des institutions modifiées suivant les climats et les localités,

classent différemment ces peuples, et dès lors l'histoire de chaque nation a sa couleur originale.

L'Histoire de la Pologue se distingue encore plus que les autres à cause de la forme élective de son gouvernement. Non-seulement les élections donnent presque toujours lieu à des querelles sanglantes, à des stratagèmes, à des intrigues dont le récit, tracé par une plume habile, ne peut manquer d'intéresser; mais encore on y voit ces grands caprices de la fortune, qui se plaît à confondre l'orgueil et la puissance en allant chercher les rois dans les conditions les plus obscures. Les Polonais se montrèrent idolâtres de la liberté dès leur origine. Tacite les représente comme des peuples féroces qui vivaient dans une extrême pauvreté, qui n'avaient ni armes, ni chevaux, ni maisons; qui n'étaient couverts que de peaux; qui n'avaient pour lit que la terre, et ne vivaient que d'herbes, à moins qu'ils ne fissent la guerre aux bêtes des forêts et qu'avec leurs flèches, dont la pointe était d'os au lieu de fer, ils n'eussent le bonheur de se procurer une nourriture plus solide. « Ces hommes barbares, ajoute-t-il, libres de crainte » et d'espérance, aiment mieux vivre de la sorte, que de » labourer des champs, que de prendre soin d'un mé ≫nage, que de s'occuper de leur fortune et de celle de >> leurs parens et de leurs voisins. Ils ne craignent point » les autres hommes, ils ne craignent pas même les » dieux, et, ce qui est bien difficile à des créatures comme » nous, ils n'ont pas besoin de faire des voeux, parce » qu'ils n'ont coutume de désirer que ce qu'ils peuvent » se procurer eux-mêmes ».

La Pologne était gouvernée souverainement par plus de cent mille nobles, un roi électif et un sénat inamovible. Le concours de ces trois autorités formait la puissance lé

« PreviousContinue »