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que dans la Pologne, l'avoine et le foin sont au plus bas prix; comme si cela pouvait intéresser beaucoup de lecteurs: la petite bière, dit-il, coûte deux liards le pot; mais aussi ce n'est que de la petite bière. Il est certains cantons où une poule ne vaut que deux sols. M. Nougaret ne nous apprend point où sont ces cantons précieux; c'est une lacune, dans son ouvrage, que ne lui pardonneront pas les gastronomes qui, après avoir lu les Beautés de l'histoire de Pologne, seraient tentés d'aller vivre dans un si bon pays.

M. Nougaret se plaît aussi à raconter qu'un abbé fit présent d'un petit chien à la princesse de Gonzague, devenue depuis reine de Pologne, en épousant Uladislas. On prétend, qu'avant qu'il fût question de cet illustre mariage, un abbé, d'assez mince apparence, demanda un jour à parler à la princesse. Ayant été admis, il lui présenta un joli petit chien qu'il avait sous son manteau; elle désira en savoir le prix.-Cinquante pistoles, lui dit-il. Cette somme parut exorbitante; on congédia l'abbé. Croyez-moi, madame, repliqua-t-il, ce petit chien n'est pas cher, et d'autant moins que vous ne me le paierez que lorsque vous serez reine. A cette condition je l'accepte, dit la princesse en riant. Il n'y avait en effet aucune apparence qu'elle fût jamais obligée d'acquitter cette dette, tous les rois de l'Europe étant alors mariés. Quelques années après, lorsqu'elle eut épousé à Paris le roi de Pologne, on lui annonça qu'un abbé demandait instamment à lui parler : << Madame, lui dit-il, votre majesté me doit cinquante pistoles, que je la supplie très-humblement de vouloir bien me faire compter. - Moi! répondit la reine. - Oui, màdame: rappelez-vous le petit chien que j'eus l'honneur de vendre à votre majesté, à condition que vous me le payeriez lorsque vous seriez reine; événement que vos charmes

ROY

et vos vertus m'avaient fait prévoir ». La reine rit beau-
coup
de cette flatterie et le fit payer d'une manière propor
tionnée à sa nouvelle et brillante fortune. Cette anecdote
paru à l'auteur, si neuve, si piquante et si instructive
pour la jeunesse, que l'auteur l'a signalée à l'artiste,
comme le sujet d'une des quatre gravures qui se trouvent
dans ce volume, et l'on est assez étonné de voir au milieu
des pages destinées à transmettre les hauts faits des fiers et
courageux Polonais, une scène de boudoir, où un abbé en
manteau court présente un carlin à une petite maîtresse,
avec cette inscription:

La flatterie heureusement récompensée.

Y.

TIMBRE

CINE

MONUMENS ANCIENS ET MODERNES DE L'HINDOUSTAN, en 150 planches, d'après MM. DANIELL, HODGES, HOLMES, SALT et différens dessinateurs indiens, décrits sous le double -rapport archéologique et pittoresque; précédés d'une Notice géographique, d'une Notice historique et d'un Discours sur la religion, la législation et les mœurs des Hindous; par M. LANGLÈS, membre de l'Institut, l'un des conservateurs de la Bibliothéque impériale, etc.; la gravure, dirigée par A. BOUDEVILLE, ancien peintre de S. M. Charles IV, roi d'Espagne (1).

PREMIER ARTicle.

PARMI le grand nombre d'ouvrages publiés par souscription et ornés de gravures, que la France a produits,

(1) On souscrit à Paris, chez A. Boudeville, rue du Colombier, no. 13, Nicolle, libraire, rue de Seine Saint-Germain', no. 12; P. Didot l'aîné; imprimeur-libraire, rue du Pont-de-Lodi, no. 6. Le prix de chaque livrai

il en existe peu de mieux conçus,. de plus attachans, d'aussi soigneusement exécutés que les monumens de l'Hindoustan. Dès la première livraison le succès comme le mérite en parurent certains et incontestables. Un orientaliste, depuis long-temps célèbre en Europe, et dont les immenses travaux nous ont familiarisés avec la connaissance de l'Orient, annonçait, dans une introduction dictée par la modestie, que mettant à profit sa bibliothéque, l'une des plus riches en livres sur l'Inde, qu'usant de la faculté de puiser dans des sources ignorées, dans les manuscrits orientaux de la bibliothéque impériale, il allait consacrer ses veilles à donner à sa patrie une description complète de l'Inde ancienne et moderne; en faire connaître l'histoire et la géographie, et enrichir la science d'un ouvrage qui n'existe pas même en Angleterre, malgré les travaux des Anglais sur cette antique et belle portion du globe. Un artiste, déjà connu par plus d'un succès, doué du rare talent d'exécuter en perfection, devait diriger la gravure des planches destinées à accompagner le texte : ainsi tout promettait que, sous le rapport de l'érudition et de l'art, les Monumens de l'Hindoustan ne laisseraient rien à désirer: on était surtout convaincu que le texte ne serait point fait ici pour des gravures, mais que les gravures n'en formeraient que l'accessoire.

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Malgré la difficulté des temps, l'état de stagnation totale auquel les événemens de la guerre, et les maux de la France, avaient réduit toutes les entreprises littéraires,

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son, composée de six planches et de deux à trois feuilles de texte, contenant les descriptions de chaque planche, est, en papier vélin in-4°. grand aigle, figures avant la lettre, de 36 fr.; id. avec la léttré, 24 fr.; papier fin in-4°. colombier, 15 fr.

ce bel ouvrage a été continué avec la même activité, et on en a déjà publié les huit premières livraisons : nous indiquerons en peu de mots les objets dont elles se composent.

1

M. Langlès suit dans ses descriptions une marche géographique; et partant de la pointe la plus méridionale du cap Comorin, Comorin, il s'avance du midi au nord, et fait alternativemeut des excursions vers la côte de Coromandel et celle de Malabar. Fidèle à cette marche, il s'occupe d'abord de la ville de Madhouréh, dont les ruines imposantes attestent encore aujourd'hui l'ancienne splendeur : ces ruines se composent des restes d'un palais, d'un tchoultri et d'une pagode, renfermés dans la forteresse. De Madhouréh M. Langlès arrive à Tanjaour, et en décrit l'antique pagode, monument le plus remarquable de toute la partie méridionale de la presqu'île par presqu'ile par l'étendue de sa base et par sa hauteur, par la multiplicité, la richesse, la variété des bas-reliefs, des statues qui en décorent la surface, et que le lord Valentia regarde comme le plus beau modèle d'édifice en forme pyramidale, qui existe dans l'Inde. La pagode de Trichinapali, posée sur la cime d'un rocher, à laquelle on parvient par deux escaliers successifs, taillés dans le roc, l'un composé de trois cents degrés et recouvert d'une belle voûte en pierre,' F'autre de deux cents marches et découvert, et qui diffère de tous les autres édifices consacrés au culte brahmanique, soit pour le style, soit pour la forme extérieure ; la pagode de Chidambaram, connue des Européens sous le nom de Chalembrom, située à neuf lieues de Pondichéri, et regardée par plusieurs savans comme le type des autres temples indiens et même de quelques temples égyptiens, viennent ensuite et excitent un égal sentiment d'admira

tion, soit par leur masse imposante, soit par la profusion de leurs sculptures.

Un espace de soixante-quinze lieues sépare la côte de Coromandel de l'ile de Seringapatnam, qui renferme la capitale de ce nom et la sépulture de la dynastie musulmane du Maissour. Cet espace est riche en points de vue plus pittoresques les uns que les autres. « J'ai cru, dit » le savant orientaliste, pouvoir choisir avec beaucoup de >> discrétion parmi ces points de vue ceux qui me pa>> raissent le mieux caractériser cette partie de l'Hindous> tan car on ne peut nier les rapports qui existent entre » les monumens d'architecture et le climat, le sol du » pays où ils sont situés, la constitution physique, les » besoins, les mœurs, les usages et même le costume des » habitans. C'est surtout quand il s'agit d'une nation for» tement attachée à toutes ses institutions, à toutes ses » habitudes, pénétrée d'horreur pour toute espèce d'em

prunt et d'innovation, que cette observation est d'une >> justesse incontestable ». Le choix de M. Langlès s'est fixé sur Rya Cotté, ou Raya Cotté, le plus inexpugnable des douze forts, qui ont mérité au canton le nom maurė de Bara-mahl, les douze postes ou stations, et les forteresses de Verdabendroug, Djag, Deo, et Varangor, d'où l'oeil jouit, d'un aspect, sauvage et imposant, et se repose tantôt sur un pays cultivé, tantôt sur des roches couvertes de bois ou de ronces. Après avoir visité les sites les plus majestueux, les lieux les mieux défendus de l'est du Maissour, on entre dans l'empire même de ce

nom.

A peu de distance nord de Seringapatnam, à l'extrémité occidendale de l'ile de ce nom, formée par le Kavéri, et dans un jardin délicieux, nommé à juste titre Lal-bagh,

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