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ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS
༡༣༡སྙ

DE L'IMPRIMERIE DE FAIN, rue de Racine, place de l'Odéon.

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N°. DCLXXIII.-Samedi 4 mars 1815.

POÉSIE.

ÉPITRE ADRESSÉE DE ROME A M. M.....E.

Oui, du cygne romain, des muses, des beaux-arts,
La douce voix t'appelle aux rives des Césars;
Ton étoile a brillé sur les bords du Permesse,
Les colombes du Pinde ont nourri ta jeunesse,
Et ton laurier jaloux de fleurir sans rivaux,
Sous leurs ailes d'albâtre agite ses rameaux.

Accomplis tes destins, enfant de l'harmonie,
Accours, viens visiter le berceau du génie;
C'est ici qu'autrefois la terre vierge encor,
Vit un Dieu lui porter les jours de l'âge d'or.
Aux champs de l'Ausonie un Dieu daigna descendre;
C'est dans ces beaux climats que le rustique Évandre
Régnait sur des bergers, quand le fils de Vénus
Vint chercher d'Albula les roseaux inconnus,
Ici, le voyageur habite avec l'histoire;

Chaque pierre l'émcut et lui parle de gloire⠀⠀⠀

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Et la poudre qu'il voit s'envoler sous ses pas

Cache quelque grandeur qu'il ne soupçonnait pas.

Mais déjà cependant s'exauce ma prière,

Ton char du Latium sillonne la poussière,
Et ton impatience a franchi ce chemin

Où se sont imprimés les pas du genre humain;

Ton âme a rayonné d'une clarté nouvelle,
Le miracle de Rome à tes yeux se révèle ;
Tu viens dans le silence et le recueillement
Lui porter le tribut de ton étonnement,
Et parmi les débris qui furent son royaume
Du Capitole altier saluer le fantôme.

Avant que ces remparts favorisés du ciel
Se fussent embellis des pompes d'Israël,
Rome avait déjà vu les enfans de la Grèce,
L'enrichir de leurs arts, de leurs chants d'allégresse;
Et le séjour des rois, des Dieux, des empereurs,
Avait servi d'asile à toutes les splendeurs.

De ce vieil univers les hautes destinées,
A la sienne long-temps semblèrent enchaînées;
Et Saturne et Jacob lái léguèrent leurs droits,
Au trône des cités elle a siégé deux fois;
Et fière des tributs de la terre et de l'onde,
A recueilli deux fois l'héritage du monde.

Promène maintenant tes regards attentifs
Sur ces travaux de Rome et des peuples captifs;
Qu'avec émotion ton âme les contemple :

Les flammes de Vesta s'allumaient dans ce temple;
Dans cette arêne, aux yeux d'un peuple destructeur,
Succombait l'éléphant près du gladiateur.

Bientôt avec fracas spus ces voûtes profondes,

...

D'immenses reservoirs laissaient tomber leurs ondes,

Er.par dareu combats, les monstres de la mer

Amusaient à leur tour les fils de Jupiter.

Les barbares du Nord de leurs créneaux gothiques,
Ont couronné ces tours, ces élégans portiques;
Cherche leurs monumens, vois dans la poudre assis,
Cet obélisque empreint d'emblêmes obscurcis ;
De ses noirs ornemens, de ses vieux caractères,
L'œil même du génie ignore les mystères;
Sur les temps écoulés fier de rester muet,
Depuis quatre mille ans il garde son secret.
L'Égypte l'admirait dans ses plaines fécondes,
Et pour l'en arracher le Nil prêta ses ondes.
De leurs derniers trésors les champs de Sésostris,
Les rives d'Abraham pleurèrent les débris.
O caprices du sort! les ombres africaines
Cédèrent leur sépulcré à des ombres romaines,
Et forcé d'obéir aux siècles inconstans,
Le tombeau s'étonna de changer d'habitans.
Toi, qui viens recueillir des pensers, des images,
A son tour le tombeau réclame tes hommages;
Ces bords sont maintenant le séjour des regrets;
La gloire pour tribut n'y veut que des cyprès,
Et le poëte, ainsi que sur les rives sombres,
I marche environné de la foule des ombres.
Ces illustres lambeaux, ces marbres éclatans,
Tous ces restes sauvés du naufrage des temps,
Sont là pour décorer des monumens funèbres.
De morts seuls en ces lieux les destins sont célèbres;
Par aucun nom rival leur nom n'est remplacé,
Rome ne prétend plus qu'au sceptre du passé ;
Et des jours disparus évoquant la mémoire,
Redemande au trépas tous ses titres de gloire.

Mais pour la consoler d'un si vaste revers,
Ses fleurs, son beau soleil, ses arbres toujours verts,
Son air voluptueux, ses ondes jaillissantes,

Lui prodiguent encor leurs pompes innocentes;
Du moins le Dieu du jour ne l'abandonne pas.
Avec ravissement viens égarer tes pas

Dans ces doctes jardins, sous cette ombre embaumée,
Asile ingénieux de la fable charmée.

Là, parmi les zéphirs, les guirlandes en fleurs,
Sur le marbre et l'airain balancent leurs couleurs ;
Près de l'antiquité là sourit la nature;

Comme pour l'entourer d'une fraîche ceinture,
Autour d'une Vénus les pampres vagabonds,
Les flexibles jasmins s'enlacent en festons.
Dans l'épaisseur des bois se cache la driade;
L'onde vient effleurer les pieds d'une naïade;
Au sein d'une Léda quelque cygne amoureux,
Se plaît à confier les gages de ses feux;

Le casque d'un guerrier sert d'asile aux colombes;
Ces contrastes charmans, ces ruines, ces tombes,
Alcion qui se plaint, Cadmus dont les replis
Quelquefois d'un autel embrassent les débris ;
Ce luxe végétal, ces colonnes hautaines,

Ces parfums, ce beau ciel, ces urnes, ces fontaines,
Pour surprendre et charmer tout vient se réunir;
Et des siècles vainqueur, le Dieu du souvenir,
Planant sur les tombeaux, les temples, les portiques,
Enchante à nos regards ces jardins poétiques.

Par M. AL. S....T.

LE DÉPART DU PALADIN.

Élégie présentée au concours des Jeux Floraux.

Gravi saucia curâ,

Vulnus alit venis, et cæco carpitur igni...

EN. L. IV.

TOUT reposait ainsi qu'une blanche vestale
L'humble reine des nuits, de ses paisibles feux

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