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mer, ramenés à Tunis sur des mulets. Mahmoud les ayant ren➡ coutrés aux portes de la ville leur a sur-le-champ fait trancher la tête.

Reconnu souverain de Tunis, Mahmoud, pour assurer sa puis→ sance, a donné sa fille au chef d'un parti très-puissant sous l'ancienne dynastie ; il a promis en même temps la main de sa sœur à Jussuf Koggia Sappatapa, qu'il a nommé son premier ministre. Cet homme féroce a signalé son début dans l'exercice du pouvoir par le supplice de Mariano Stinka, l'un des chefs du précédent gouvernement, et d'un médecin renégat nommé Mahmet.

Enhardi par ces coups d'autorité, le nouveau ministre venait de former le projet de chasser l'usurpateur du trône qu'il voulait usurper à son tour le 22 janvier, il est sorti du sérail dans tout l'appareil d'un souverain, se montrant au peuple et aux soldats, et leur jetant de l'argent pour les gagner à sa cause. Le nouveau bey, averti de ses complots, l'a fait arrêter à son retour au sérail par le chef des mamelucks, qui l'a saisi fortement par la barbe ; mais le ministre, s'étant emparé de son poignard, lui a porté un coup mortel cependant, malgré sa vigoureuse résistance, sanglant et demi-mort, il a été contraint de céder au nombre. Mahmoud l'ayant fait amener devant lui, après lui avoir reproché son ingratitude et sa perfidie, l'a fait mettre à mort en sa présence : le peuple furieux a traîné dans toute la ville le cadavre du traître Jussuf: ses partisans ont été arrêtés, et la paix a été rétablie.

PIÈCES OFFICIELLES ET ACTES DU GOUVERNEMENT. Ordonnance du Roi qui nomme un intendant-général des arts et des monumens publics, et détermine les attributions de

cet intendant.

LOUIS, PAN LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE, etc. A tous ceux qui ces présentes verront, salut.

Nous étant fait rendre compte de l'état et du régime des beaux-arts en France, nous avons reconnu que cette importante portion de l'industrie et de la gloire nationales n'était point surveillee et dirigée d'une manière propre

à exciter le talent des artistes et à maintenir les principes du bon goût: des projets conçus par un artiste étaient modifiés, dénaturés même par un second, et exécutés par un troisième; de telle sorte que les monumens étaient élevés et construits par de nombreux collaborateurs, sans avoir eu un seul auteur: de plus, les encouragemens du talent, subordonnés à un système de flatterie, étaient prodigués aux artistes, et ne servaient ni aux progrès ni à la gloire des arts: enfin les richesses que les circonstances ont déplacées ou entassées demeuraient sans emploi, et nul n'avait pour objet de s'occuper à donner, soit aux anciens, soit aux nouveaux ouvrages, une destination noble et utile.

Considérant que cet état de choses, s'il se prolongeait, tendrait à dégrader les beaux-arts, à décourager les artistes, et voulant prévenir ces fâcheuses conséquences, nous avous jugé convenable de séparer, dans un règlement organique, le régime de la partie des beaux-arts qu'on peut appeler morale, de l'administration de l'autre partie de ces arts qu'on appelle matérielle et d'en ramener toutefois les fonctions diverses à un centre unique où abouti ront tous les projets, et d'où partira aussi la proposition de toutes les vues d'amélioration, d'encouragement et d'enbellissement.

A ces causes, et sur le rapport de notre ministre sécrétaire d'état an département de l'intérieur,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. Ier. Il sera nommé un intendant général des arts et des monumens publics, qui remplira ses fonctions près de notre ministre secrétaire d'état au département de l'intérieur.

2. Cet intendant donnera son avis sur les ouvrages à entreprendre, et sur ceux qui sont déjà commencés, dans le cas où ils pourraient subir des modifications.

I proposera pour tous les arts (peinture, sculpture, architecture et gravure), les projets d'amélioration et d'encouragement qui lui paraîtraient nécessaires ou convenables.

Il sera chargé de recueillir les plans d'enbellissemens publics, de les coordonner, et d'en préparer l'exécution selon l'ordre le plus convenable à l'interêt général et à celui des arts, de telle sorte qu'aucun des projets que le Gouvernement voudra faire exécuter ailleurs que dans les maisons royales, ne puisse être entrepris sans avoir été soumis à son examen.

Il veillera sur ce qui a rapport à la conservation et à la restauration des monumens et des ouvrages d'art.

Enfin il indiquera comment on pourrait appliquer à des destinations utiles ou honorables les onvrages déjà exécutés qui sont sans emploi, et ceux qui pourront être exécutés à l'avenir.

3. Toutes les fois qu'il le jugera convenable, l'intendant-général entrera an conseil des bâtimens civils, etabli près de notre ministre de l'intérieur : dans ce cas, il y prendra la présidence; les plans y seront discutés en sa présence, et il ne les remettra à notre ministre pour nous être présentés, quand il y aura lieu, qu'après avoir été approuvés par lui.

4. Les fonctions de l'intendant-général des arts et des monumens publics sont distinctes de celles du directeur-général des travaux de Paris : ce dernier continuera d'être chargé, ainsi qu'il l'a été jusqu'à ce jour, de la direction, surveillance et conduite des travaux, sous le rapport de la construction proprement dite, et après que les plans auront été revus et discutés au conseil des bâtimens (même ceux des édifices actuellement en construction) en présence de l'intendant-général des arts et des monu

mens publics, et approuvés par lui, ainsi qu'il est dit dans l'article pré

cédent.

5. Le directeur-général des travaux de Paris restera chargé de la partie financière ou administrative, qui demeurera réglée ainsi qu'elle l'est actuellement.

6. Le sieur Quatremère de Quincy, membre de la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut, est nommé intendant-général des arts et des monumens publics: il jouira, en cette qualité, d'un traitement de 25,000 fr.

7. Notre ministre sécrétaire-d'état de l'intérieur est chargé de l'exécution de la présente ordonnance, qui sera insérée an Bulletin des lois.

Donné à Paris, au château des Tuileries, le 28 janvier de l'an de grâce 1815, et de notre règne le a0".

Signé, LOUIS.

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Études sur le beau dans les arts; par Joseph Droz. Un vol. in-8°. Prix, 4 fr. 25 c., et 5 fr. 25 c. franc de port. Chez Renouard, libraire, rue SaintAndré-des-Arcs, no, 55.

Relation circonstanciée de la campagne de Russie en 1812, ornée des plans de la bataille de la Moskwa, du combat de Malo-Jaroslavetz, et d'un état sommaire des forces de l'armée française pendant cette campagne; par Eugène Labaume, chef d'escadron, chevalier de la légion-d'honneur et de la couronne de fer.-Troisième édition, revue et corrigée d'après les renseignemens les plus authentiques. Prix, 6 fr., et 7 fr. 50 c. franc de port. Paris, chez C. L. F. Panckoucke, imprimeur-libraire, éditeur do Dic tionnaire des Sciences médicales, rue et hôtel Serpente, no 16, et Magimel, rue Dauphine, no. 9.

Histoire du Dix-Huit Brumaire, on suite de l'Histoire de Buonaparte, avec des pièces justificatives; par M. Gallais, auteur du Dix-Huit Fructidor, du Censeur des Journaux et de l'Appel à la Postérité. Troisième partie; vol. in-8°. de 336 pages. Prix, 5 ft., et 6 fr. franc de port. La preniièreet la seconde parties formant chacune un volume de 250 pages, se vendent séparément 3 fr., et 4 fr. 50 cent. franc de port. Chez L.-G. Michaud, imprimeur du roi, rue des Bons-Enfans, no. 34.

Le prix de la souscription au Mercure de France est de 15 fr. pour trois mois, 29 fr. pour six mois, et 56 fr. pour l'année.

On ne peut souscrire que du premier de chaque mois.- En cas de réclamation, on est prié de joindre une des dernières adresses imprimées ou d'indiquer le numéro de la quittance. -Les souscriptions, lettres, livres, gravures, musique, etc. doivent être adressés, franc de port, au directeur du Mercure de France, rue de Grétry, no. 5. Aucune annonce ne sera faite avant que cette formalité ait été observée.

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N°. DCLXXIV.-Samedi 11 mars 1815.

POÉSIE.

DESCRIPTION DE FONTBELLE, (en 180g).

BELLE Nymphe du Thuel, recevez mon hommage;
Vous seule embellissez mon domaine charmant ;
Mes arbres si touffus vous doivent leur ombrage,
Mes prés leur rajeunissement.

L'art n'a point subjugué votre onde libre et pure;
Point de luxe, point de parure,

Nulle cascade, nul jet d'eau;

Vous vous abandonnez à votre doux niveau,

Vous devez tout à la nature.

Ici le long de mes sentiers,

Que bordent en tout sens mille et mille fraisiers,
On voit briller aux yeux votre eau vive et limpide ;
Et là dans des sillons légèrement creusés,

Cédant à la main qui vous guide,
Vous venez apporter votre tribut liquide,
A mes plants, vainement au soleil exposés.
Ainsi, grâces à vous, dans mon riant asile,
L'été n'est qu'un printemps; tout plaît, tout est fertile,
Et l'air est plus pur et plus frais :

Mes lilas, mes jasmins, mes roses, mes millets,
Mes melons savoureux, mes framboises vermeilles,
Les fruits de mon jardin, les muscats de mes treilles,
Tout ressent vos bienfaits : c'est à vous que je dois
Tout ce peuple d'oiseaux qui charment mes oreilles
De leur mélodieuse voix.

Sur vos bords souvent j'aperçois

Mon coq environné de ses poules fécondes,

Et plus loin, mes canards qui sillonnent vos ondes.
Mais oublirai-je, dans mes chants,

Mes légumes si beaux, si frais, si nourrissans?
Ces trésors si communs faut-il qu'on les méprise
Parce qu'ils coûtent peu de frais?

Un poëte fameux, dans ses jardins anglais,
Du faux goût de Paris caressant la sottise,
Dédaigna de chanter les choux et les navets,
On l'avertit de sa méprise (1).

Je ne l'imite point, mes navets et mes choux,
Mes pois si délicats, mes salsifis si doux,
Mon persil et mes chicorées,

Seront toujours pour moi des plantes révérées ;
La Grèce les chanta, l'Égypte en fit des dieux.
Mon jardinier laborieux

Sans cesse les cultive, et souvent les arrose;

Il préfère un ognon à la plus belle rose,

Ce qu'on mange est toujours ce qu'il soigne le mieux.
Je lui disais un jour, cette source abondante
Fut jadis la plus belle et la plus tendre amante.
Ses vœux étaient remplis, son hymen était prêt,
Quand la mort lui ravit l'amant qu'elle adorait.
Dès lors dans sa douleur profonde,
Pâle, désespérée, elle renonce au monde ;

(1) Allusion à l'excellente plaisanterie de mon frère contre le Poëme des Jardins, intitulée : Le Chou et le Navet.

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