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pourra » a sa raison d'être aussi bien pour l'Etat que pour l'individu. Nous ferons résolument notre devoir, quelque modeste qu'il soit.

Les phrases creuses et les formules vides ne nous imposent pas. La noblesse de l'effort. et l'effet atteint sont deux éléments qui ne sont que trop fréquemment disproportionnés dans la vie réelle, surtout là où les intérêts entrent en conflit. Nous avons la conscience nette qu'en ne violentant pas le temps, en ne brusquant pas les choses, nous ne travaillons que plus sûrement pour une de ces oeuvres durables qu'enregistrera l'opinion publique comme une conquête en apparence facile, simplement parce qu'elle arrive à son époque. Nous savons que les progrès sont d'autant plus solides dans la vie des peuples qu'ils ont été chèrement achetés. L'expérience nous enseigne que toute unification internationale est un stimulant particulièrement puissant pour des réformes d'ordre intérieur. Nous avons donc confiance en l'avenir et nous sommes certains que si l'entente aboutit maintenant dans les conditions restreintes indiquées, l'impulsion vivifiante sera donnée, l'idée se développera en marchant, crescet eundo, les accords se multiplieront après avoir été préparés par de futures réunions dont la convocation est dès maintenant réclamée, tant elles semblent désirables, si ce n'est indispensables.

Le mouvement industriel moderne est essentiellement international; les forces productrices, l'application des moyens de production, la répartition des produits ne s'arrêtent nulle part aux frontières nationales. L'isolement d'un pays n'est plus possible. Tout conduit dès lors, par la logique sévère des principes, vers des stipulations internationales envisagées encore en 1855 comme de « vains désirs», mais nécessaires aujourd'hui pour établir une certaine unité dans les grandes affaires communes. Ce mouvement arrivera, ces jours-ci, nous l'espérons fermement, à un point de repère qui marquera et dans l'histoire du droit international et dans les annales de l'humanité.

Messieurs, le 6 juillet dernier, une Conférence diplomatique a terminé les travaux d'une revision sérieuse de la Convention de Genève de 1864 et a réussi à améliorer notablement le sort des blessés et malades dans les armées en campagne. Puissiez-vous réussir, à votre tour, à transformer les résolutions de l'année passée en réalités, à modifier par un arrangement entre pays la situation sanitaire et sociale de ceux que la guerre industrielle, souvent aussi impitoyable que la guerre armée, a blessés et affaiblis par l'excès des fatigues et l'insalubrité du travail, car ils ont besoin de ménagements et d'un traitement qui, grâce au repos et aux précautions hygiéniques, raffermisse leur santé physique et morale et par là celle de leurs proches.

En souhaitant pleine réussite à la codification des règles humanitaires destinées à adoucir le sort d'une partie des victimes des combats économiques et à servir ainsi, en une certaine mesure, à la pacification sociale et à la solidarité entre les nations et les hommes, je déclare la Conférence ouverte. (Applaudissements).

Son Exc. M. Révoil, Ambassadeur de France, prend la parole en ces termes :

Messieurs,

Au nom des Délégués des Etats participants à la Conférence, j'adresse

au Gouvernement fédéral nos plus sincères remerciements pour la bienvenue que vient de nous souhaiter en termes si cordiaux M. le Conseiller fédéral Deucher.

Je crois répondre aux sentiments unanimes de mes Collègues en donnant notre plus complète adhésion aux idées à la fois si généreuses et si sensées que le Chef éminent du Département fédéral du Commerce, de l'Industrie et de l'Agriculture a exprimées avec une conviction qu'il puise dans sa longue expérience et dans son ardente foi démocratique. Tous, Messieurs, nous sommes ici animés du même désir d'apporter la sanction d'un engagement réciproque à un premier ensemble de mesures efficaces et pratiques concernant la protection du travail.

Ce sera l'honneur des Etats ici représentés d'avoir, à l'aurore de ce siècle, publiquement témoigné de leur solidarité dans l'accomplissement du devoir social qui s'impose au-dessus de tous aux peuples et à leurs Gouvernements.

Rendons hommage aux nobles esprits, aux nations éprises de justice et de progrès qui ont pris à cet égard les premières initiatives, et parmi elles saluons notre hôte, la Suisse, toujours à l'avant-garde dans la lutte pour l'amélioration morale et matérielle de la condition humaine. Messieurs, je vous propose de désigner par acclamation comme Président de notre Conference M. Emile Frey, ancien Conseiller fédéral. (Applaudissements).

Son Exc. M. de Bülow, Ministre d'Allemagne, appuie chaleureusement la proposition de M. l'Ambassadeur de France d'appeler à la Présidence de la Conférence M. Emile Frey.

M. le Conseiller fédéral Deucher invite M. Frey à venir occuper le fauteuil de la Présidence.

Présidence de M. Emile Frey.

Le Président s'exprime ainsi :

Messieurs,

Je suis profondément reconnaissant à Son Exc. M. l'Ambassadeur de France d'avoir bien voulu me proposer pour la Présidence, et à vous, Messieurs, de l'insigne honneur que vous m'avez fait en ratifiant cette proposition. Tous mes efforts tendront à justifier votre confiance, mais je me rends parfaitement compte que je n'y parviendrai qu'avec l'aide de votre indulgence.

Nous sommes appelés à transformer les résultats des délibérations de la Conférence de 1905 en des instruments diplomatiques. Le but ultérieur que nous avons en vue est d'arriver à une solution satisfaisante de la question de la protection ouvrière, convaincus que nous sommes que cette question ne pourra être résolue définitivement que par la voie d'une série d'ententes entre les Gouvernements des Etats industriels. Ces ententes constitueront une œuvre de sagesse gouvernementale et de paix sociale qui fera honneur à notre siècle.

En formant les vœux les plus ardents pour que les travaux de notre Conférence soient couronnés de succès, j'ai l'honneur de déclarer la séance ouverte. (Applaudissements).

Le Président propose de constituer provisoirement le Bureau de la manière suivante:

M. le Dr Otto Rieser, Secrétaire de la Division de l'Industrie au Département fédéral du Commerce, de l'Industrie et de l'Agriculture, et M. Paul Dinichert, Secrétaire-adjoint du Département politique fédéral, Secrétaires; M. Charles Vogt et M. le Prof. Ernest Röthlisberger, Secrétaires-traducteurs.

Cette proposition est approuvée, puis il est procédé à l'appel nominal de MM. les Délégués.

Sont présents:

POUR L'ALLEMAGNE :

Son Exc. M. le Chambellan et Conseiller intime actuel Alfred de Bülow, Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire à Berne. M. Caspar, Directeur à l'Office de l'Intérieur de l'Empire.

M. Frick, Conseiller intime supérieur de gouvernement et Conseiller rapporteur au Ministère prussien du Commerce et de l'Industrie. M. Eckardt, Conseiller de légation actuel et Conseiller rapporteur à l'Office des Affaires étrangères de l'Empire.

POUR L'AUTRICHE ET LA HONGRIE:

Son Exc. M. le Baron Heidler de Egeregg et Syrgenstein, Conseiller intime actuel, Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire d'Autriche-Hongrie à Berne.

POUR L'AUTRICHE:

M. le Dr Franz Müller, Conseiller ministériel au Ministère I. R. du Commerce.

POUR LA HONGRIE:

M. Nicolas Gerster, Inspecteur supérieur d'industrie Royal hongrois.

POUR LA BElgique :

Son Exc. M. Maurice Michotte de Welle, Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire à Berne.

M. Jean Dubois, Directeur général de l'Office du Travail au Ministère de l'Industrie et du Travail.

Adjoint à la Délégation comme Délégué technique: M. Edmond Fabri, Inspecteur principal du travail.

POUR LE DANEMARK:

M. Henri Vedel, Chef de bureau au Ministère de l'Intérieur.

POUR L'ESPAGNE :

M. Bernardo Almeida y Herreros, Chargé d'Affaires à Berne.

POUR LA FRANCE;

Son Exc. M. Paul Révoil, Ambassadeur à Berne.

M. Arthur Fontaine, Directeur du Travail au Ministère du Commerce, de l'Industrie et du Travail.

Secrétaire de la Délégation: M. le Baron de Villiers Terrage, chargé des fonctions de premier Secrétaire de l'Ambassade.

Secrétaire-adjoint: M. Picquenard, Rédacteur en Chef du Bulletin de l'Office du Travail.

POUR LA GRANDE-BRETAGNE:

M. Herbert Samuel, Membre du Parlement, Sous-Secrétaire d'Etat parlementaire au Ministère de l'Intérieur.

M. Malcolm Delevingne, du Ministère de l'Intérieur.

Secrétaire de la Délégation: M. Victor Wellesley, du Ministère des Affaires étrangères.

POUR L'ITALIE :

Son Exc. M. le Comte Roberto Magliano di Villar San Marco,
Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire à Berne.
M. le Prof. Giovanni Montemartini, Directeur de l'Office du Travail
près le Ministère Royal de l'Agriculture et du Commerce.

POUR LE LUXEMBOURG :

M. Henri Neuman, Conseiller d'Etat.

POUR LES Pays-Bas :

M. le Chambellan Comte de Rechteren Limpury Almelo, MinistreRésident à Berne.

M. le Dr L. H. W. Regout, Membre de la Première Chambre des Etats, Généraux.

POUR LE PORTUGAL:

Son Exc. M. Alberto d'Oliveira, Envoyé extraordinaire et Ministre plénipotentiaire à Berne.

POUR LA SUEDE :

M. Alfred de Lagerheim, ancien Ministre des Affaires étrangères, Directeur général et Chef du Collège Royal de Commerce.

POUR LA SUISSE :

M. Emile Frey, ancien Conseiller fédéral.

M. le Dr Franz Kaufmann, Chef de la Division de l'Industrie au Département fédéral du Commerce, de l'Industrie et de l'Agriculture.

M. Adrien Lachenal, ancien Conseiller fédéral, Député au Conseil des Etats.

M. Joseph Antoine Schobinger, Conseiller national.

M. Henri Scherrer, Conseiller national.

M. John Syz, Président de l'Association suisse des filateurs, tisserands et retordeurs.

Son Exc. M. le Baron Heidler annonce que M. Emile Homann, Conseiller ministériel au Ministère I. R. de l'Agriculture, ne viendra que si des questions intéressant son ressort sont discutées par la Conférence.

Le Président rappelle que les documents suivants ont été distri

bués:

1° Note-circulaire du Conseil fédéral aux Gouvernements intéressés, du 14 juin 1906, avec un projet de Convention internationale sur l'interdiction du travail de nuit des femmes employées dans l'industrie;

20 Note-circulaire du Conseil fédéral aux Gouvernements intéressés, du 4 septembre 1906, avec un Projet de Règlement pour les délibérations de la Conférence;

3o La liste provisoire des Délégations;

4o Un plan de la salle avec indication des sièges.

Le Président fait donner lecture du Projet de Réglement suivant : (voir ci-dessus page 32).

Son Exc. M. Révoil propose, pour l'article 1er, la rédaction ainsi modifiée:

« La Conférence est formée de tous les Délégués munis de pouvoirs des Etats participants.

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