Ces peuples souverains détronés par les rois ! Rendaient à l'homme enfin le premier de ses droits, HYMNE. POUR LA FÊTE DE LA RÉVOLUTION, 14 juillet 1790. Il est venu le jour où depuis une année, Français, offrons à Dieu l'hymne patriotique; Mêlons à nos sermens des chants pleins de fierté: Courons sur le lieu même, autrefois despotique, Où naquit notre liberté. Gravons sur les débris de ces tours formidables Le récit du combat, les exploits des vainqueurs, Les lois de notre empire et les noms respectables De nos premiers législateurs. Dieu du peuple et des rois, des cités, des campa gnes, De Luther, de Calvin, des enfans d'Israël, Ici sont rassemblés sous ton regard immense D'un mortel isolé, connaissant la faiblesse, Rappelons-nous ces temps où des tyrans sinistres Du peuple assujéti foulaient aux pieds les droits: Ces temps si près de nous, où d'infâmes ministres Trompaient les peuples et les rois. Des brigands féodaux les rejetons gothiques Princes, nobles, prélats, nageaient dans l'opulence; En de pieux cachots, l'oisiveté stupide, L'injustice des rois, toujours si bien servie, Ils n'existeront plus ces abus innombrables! Ils n'existeront plus ces monumens coupables! Dix ans sont écoulés, nos vaisseaux, rois de l'onde, Pour fonder sa puissance ont traversé les mers; Elle vient maintenant des bords du NouveauMonde Régner sur l'antique univers. De nos champs renommés elle aborde la rive; Au milieu des périls, Lafayette est son guide: La mère des vertus, des talens, du génie, La Liberté réside au sein de nos remparts; Nous verrons désormais, ainsi que dans Athènes, Chez un peuple sensible et de la gloire épris, Socrate et Périclès, Sophocle et Démosthènes, Orner le superbe Paris. 、Soleil qui, parcourant ta route accoutumée, Feu pur, œil éternel, ame et ressort du monde, Puisse-tu des Français admirer la splendeur ! Puisse-tu ne rien voir dans ta course féconde, Qui soit égal à leur grandeur ! Malheur au despotisme! et que l'Europe entière, Que des siècles trompés le long crime s'expie! Rebelle à la divinité. CHÉNIER. |