Qui, sans partager leurs crimes,
Prenez part à leurs fureurs ;
De vos maux quelle est la source?
Vos oremus, vos répons :
Changez-les donc en gargousse
Pour en charger nos canons.

AUX SOCIÉTÉS POPULAIRES.

Vigilantes sentinelles,
Mères de la liberté,

Vous deviendrez éternelles
En gardant votre unité;
De la Newa jusqu'au Tibre
Renversez les préjugés :
C'est lorsque le peuple est libre
Que tous les rois sont jugés.

COURET.

LE CHANT DES VICTOIRES.

CHANT.

Fuyant ses villes consternées,
L'Ibère, orgueilleux et jaloux,
A vu s'abaisser devant nous
Les deux sommets des Pyrénées.
Ses tyrans, ses inquisiteurs,

Dans Madrid vont payer leurs crimes :
D'injustes sacrificateurs

Deviendront de justes victimes.

CHOEUR.

Gloire au peuple français ! il sait venger ses droits: Vive la république, et périssent les rois !

CHANT.

De Brutus éveillons la cendre;
O Gracques! sortez du cercueil :
La liberté dans Rome en deuil,
Du haut des Alpes va descendre.
Disparaissez, prêtres impurs;
Fuyez, impuissantes cohortes :
Camille n'est plus dans vos murs
Et les Gaulois sont à vos portes.

CHOEUR.

Gloire au peuple français ! il sait venger ses droits; Vive la république, et périssent les rois.

CHANT.

Avare et perfide Angleterre.
La mer gémit sous tes vaisseaux:
Tes voiles pèsent sur les eaux;
Tes forfaits pèsent sur la terre.
Tandis que nos vaillans efforts
Brisent ton trident despotique,
Vois l'abondance vers nos ports
Accourir des champs d'Amérique.

CHOEUR.

Gloire au peuple français ! il sait venger ses droits; Vive la république, et périssent les rois !

CHANT.

Lève-toi, sors des mers profondes,
Cadavre fumant du Vengeur (1)!
Toi qui vis le Français vainqueur
Des Anglais, des feux et des ondes.
D'où partent ces cris déchirans?

(1) Le vaisseau français le vengeur, attaqué par trois vaisseaux anglais, en force deux à la retraite, mais il perd sa mâture, et, percé de toutes parts, il fait eau à fond de cale. Les braves qui le montent ne cherchent point à sauver leur vie, et, par une résolution dont l'antiquité n'offre point d'exemple, ils lâchent leur bordée et s'abiment dans les flots, aux sons d'une musique guerrière, et aux cris mille fois répétés de: Vive la république ! vive la liberté de la France. (Combat du 13 prairial an 2. )

Quelles sont ces voix magnanimes?
Les voix des braves expirans,

Qui chantent du fond des abîmes :

CHOEUR.

Gloire au peuple français ! il sait venger ses droits; Vive la république, et périssent les rois!

CHANT.

Fleurus, champs dignes de mémoire,
Monument d'un triple succès,

Fleurus, champs amis des Français,
Semés trois fois par la victoire.
Fleurus, que ton nom soit chanté
Du Tage au Rhin, du Var au Tibre;
Sur ton rivage ensanglanté

Il est écrit: L'Europe est libre!

CHOEUR.

Gloire au peuple français! il sait venger ses droits; Vive la république, et périssent les rois.

CHANT.

Ostende, reçois nos cohortes;
Namur, courbe toi devant nous;
Oudenarde et Gand, rendez-vous;
Charleroy, Mons, ouvrez vos portes.
Bruxelles, devant tes regards
La liberté va luire encore :
Plaintive Liége, en tes remparts
Revois le drapeau tricolore i

CHOEUR.

Gloire au peuple français ! il sait venger ses droits; Vive la république, et périssent les rois.

CHANT.

Rois conjurés, lâches esclaves,
Vils ennemis du genre humain,
Vous avez fui le glaive en main,
Vous avez fui devant nos braves:
Et de votre sang détesté,
Abreuvant ses vastes racines,
Le chêne de la liberté

S'élève aux cieux sur vos ruines.

CHOEUR.

Gloire au peuple français ! il sait venger ses droits; Vive la république, et périssent les rois !

CHANT.

Dans nos cités, dans nos campagnes,
Du peuple on entend les concerts:
L'écho des fleuves et des mers
Répond à l'écho des montagnes;
Tout répéte ces noms touchans :
Victoire, liberté, patrie!
L'Europe se mêle à nos chants,
Le genre humain se lève et crie :

CHOEUR.

Gloire au peuple français ! il sait venger ses droits; Vive la république, et périssent les rois !

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