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Il a paru, le puissant météore

Qui doit armer tout un peuple en courroux.
Si l'aigle est mort, sa foudre reste encore,
Consolez-vous.

Consolez-vous, la foudre est suspendue;
Le peuple enfin va ressaisir ses droits :
Déjà l'éclair a sillonné la nue,

Et sa lueur épouvante les rois!

Armons-nous donc, et qu'enfin l'on arbore
Le drapeau saint qui doit nous unir tous :
Si l'aigle est mort, sa foudre reste encore,
Consolez-vous.

Consolez-vous! leur pouvoir déplorable
Va voir tomber ses ignobles haillons,
Et de juillet le soleil secourable

Nous cache encor de lumineux rayons.
L'heure a sonné!... Peuple, voici l'aurore,
Lâches tyrans tombez à nos genoux !

Si l'aigle est mort, sa foudre reste encore, (bis.)
Consolez-vous. (bis.)

UN SOUS-OFFICIER.

CHANT COMMÉMORATIF.

Voici venir l'anniversaire
Des martyrs de la liberté.
Un crêpe sombre et funéraire
Flotte sur la grande cité.

Ah! pleurons, pleurons sur la France
Veuve de cœurs ardens et forts;
Pleurons sur notre indépendance;
Heureux les morts!

Au cri plaintif de la patrie,
Ils ont couru sur les canons;
Et d'une couronne flétrie
Dispersé les sanglans fleurons.
Mourans, au sein de la victoire,
Si la foudre broya leurs corps,
Ils eurent un rêve de gloire :
Heureux les morts!

Mais ils reposent près du Louvre,
Ceux qui surent chasser les rois,
L'humble gazon qui les recouvre
Bien haut nous parle de nos droits.
Lå, brille un lambeau tricolore
Témoin de leurs nobles efforts.

Il attend la nouvelle aurore
Heureux les morts!

Il est encor d'autres victimes
Dont le fer déchira le cœur;
D'autres qui, du fond des abîmes,
Elèvent un cri de douleur.
Aux lieux où la justice expire,
La haine amasse ses trésors.
La vengeance naît du martyre:
Heureux les morts!

OLIVIER LEGALL.

LAFAYETTE EN AMÉRIQUE,

AIR: A soixante ans il ne faut pas remettre.

Républicains, quel cortége s'avance?
Un vieux guerrier débarque parmi nous.
Vient-il d'un roi vous jurer l'alliance?
- Il a des rois allumé le courroux.

- Est-il puissant?

Seul il franchit les ondes.

Qu'a-t-il donc fait? Il a brisé des fers.

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Gloire immortelle à l'homme des deux mondes!

Jours de triomphe, éclairez l'univers!

Européen, partout sur ce rivage

Qui retentit de joyeuses clameurs,

Tu vois règner, saus trouble et sans servage,
La paix, les lois, le travail et les mœurs.
Des opprimés ces bords sont le refuge :

La tyrannie a peuplé nos déserts.

L'homme et ses droits ont ici Dieu pour juge.
Jours de triomphe; éclairez l'univers!

Mais, que de sang nous coûta ce bien-être?

Nous succombions: Lafayette accourut,
Montra la France, eut Washington pour maître,
Lutta, vainquit, et l'Anglais disparut.
Pour son pays, pour la liberté sainte,

Il a depuis grandi dans les revers.
Des fers d'Ölmutz nous effaçons l'empreinte.
Jours de triomphe, éclairez l'univers !

Ce vieil ami, que tant d'ivresse accueille,
Par un héros ce héros adopté,

Bénit jadis, à sa première feuille,

L'arbre naissant de notre liberté.
Mais, aujourd'hui que l'arbre et son feuillage
Bravent en paix la foudre et ses hivers,
Il vient s'asseoir sous son fertile ombrage.
Jours de triomphe, éclairez l'univers !

Autour de lui, vois nos chefs, vois nos sages,
Nos vieux soldats, se rappelant ses traits;
Vois tout un peuple et ses tribus sauvages
A son nom seul sortant de leurs forêts.
L'arbre sacré, sur ce concours immense,
Forme un abri de rameaux toujours verts:
Les vents au loin porteront sa semence.
Jours de triomphe, éclairez l'univers !

L'Européen, que frappent ces paroles,
Servit des rois, suivit des conquérans :
Un peuple esclave encensait ces idoles;
Un peuple libre a des honneurs plus grands.
Hélas! dit-il, et son œil sur les ondes
Semble chercher des bords lointains et chers:
Que la vertu rapproche les deux mondes!
Jours de triomphe, éclairez l'univers!

BÉRANGER.

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