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Je suis fort simple en mœurs, en caractère;
Aussi chez moi fait-on maigre repas.
J'ai des enfans comme il ne s'en voit guère
Et des écus comme il ne s'en voit pas.
Quoique économe, il est incontestable
Que je suis grand et généreux pour tous;
J'offre la main de l'air le plus aimable:
Et de quoi diable enfin vous plaignez-vous?

Depuis trois ans, pour la chose publique,
J'ai chaque jour montré mon dévoûment:
Vous le savez, au trône de Belgique
J'ai su placer ma fille adroitement;
De Nicolas, contre un peuple rebelle,
J'ai de mon mieux protégé le courroux,
Le cinq pour cent est au haut de l'échelle :
Et de quoi diable enfin vous plaignez-vous?

Cessez enfin, excellens prolétaires,
De murulurer contre mes douces lois :
Si vous portez le fardeau des misères,
Jn jour aussi Jésus porta sa croix.
Pour le moment vous avez de l'ouvrage
Et vous pouvez manger la soupe au choux,
amais, je crois, vous n'eûtes davantage :
t de quoi diable enfin vous plaignez-vous?

A L'ARMÉE.

AIR: Soldat t'en souviens-tu?

Vous souvient-il de notre vieille armée,
Disait tout haut un soldat d'autrefois,
A la phalange imprudemment armée
Pour imposer des abus et des rois?
Vous souvient-il de notre ancienne gloire?
Vous souvient-il de nos nombreux succès ?
Imitez nous courez à la victoire ;
Mais sur le peuple, ah! ne tirez jamais.

Vous souvient-il des bordes étrangères
Se repliant sous les murs de Berlin?
Vous souvient du jour où vos vieux frères
Virent croûler les voûtes du Kremlin?
Vous souvient-il de la fière Ibérie
Se prosternant devant le nom français?
Imitez rous mourez pour la patrie;
Mais sur le peuple, ah! ne tirez jamais.

Vous souvient-il, quand l'ingrate fortune
Par des revers absorbait nos soldats,
Du noble cri que poussa l'infortune :
La garde meurl, elle ne se rend pas!

Dans nos foyers, les yeux baignés de larmes, La rage au cœur, nous rentrâmes en pa3x. Loin des combats suspendez donc vos armes; Mais sur le peuple, ah! ne tirez jamais.

Vous souvient-il de cette belle aurore
Qui se leva pour éclairer trois jours?
Dans l'avenir trois beaux jours sont encore
Pour renverser les abus et les cours.
Vous souvient-il des lâches impostures
Dont on berça les crédules Français ?
Jeunes soldats, tirez sur les parjures;
Mais sur le peuple, ah! ne tirez jamais.

A nos neveux, sous le chaume paisible,
Vous montrerez votre sabre rouillé,
En leur disant que, toujours invincible,
Du sang français il ne fut pas souillé ;
Vous leur direz, en quittant leur demeure:
"A vos drapeaux, fidèles désormais,
>> Courez enfans! du combat sonne l'heure ;
» Mais sur le peuple, ah! ne tirez jamais. »

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LE BONNET DE LA REPUBLIQUE,

AIR: Quand secouerai-je la poussière
Qui ternit tes nobles couleurs?

Français, les rois sont en famille;
Leurs canons sont braqués sur nous :
Ils menacent de leur courroux
Le vieux drapeau de la Bastille.
Relevons-nous avec fierté
Pour briser une ligue altière !
Couronnons la sainte bannière
Du bonnet de la liberté !

Entendez résonner l'enclume:
Nos maîtres nous forgent des fers;
Mais, pour engloutir les pervers,
Voyez l'Etna qui se rallume.
Ils ont cru le lion dompté,
Il va redresser sa crinière....
Couronnons la sainte bannière
Du bonnet de la liberté !

Une lâche diplomatie

A genoux marchande la paix;

Elle traîne l'honneur français
Dans la fauge de l'infamie.
Du système emphilipesté,
Pour clore l'ignoble carrière,
Conronnons la sainte bannière
Du bonnet de la liberté.

Au despotisme qui conspire
Montrons l'oriflamme éclatant!
Montrons-lui le drapeau-géant
Chargé des lauriers de l'empire.
En proclamant l'égalité,
Arborons-le sur la frontière :
Couronnons la sainte bannière
Du bonnet de la liberté !

Ce coq, qui souffre qu'on l'enchaîne,
N'est pas celui de nos aïeux;
Ce n'est pas l'oiseau glorieux
Qui fit trembler l'aigle romaine!
Il rampe sous la royauté

Couvert de boue et de poussière!....
Couronnons la sainte bannière
Du bonnet de la liberté !

Lorsqu'en sa course fugitive,
Le temps emportera les rois,
Nous irons, armés de nos droits,
Crier à l'Europe captive:

a Peuples! paix et fraternité!

» Nous vous apportons la lumière!... » Couronnons la sainte bannière

Du bonnet de la liberté !

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