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fit qu'engager une fusillade tout le long de l'Adige avec les postes de l'ennemi, sur la rive opposée, pour l'occuper en le menaçant d'un second passage.

Pendant cette journée, l'aile droite de l'armée autrichienne, sous les ordres du général de cavalerie comte de Bellegarde, fut seule opposée aux attaques des Françaís; mais cette aile droite était la principale partie de l'armée elle était forte de quarante-deux bataillons, et de vingt-quatre escadrons; elle était chargée de défendre la position retranchée de Caldiero.

Le prince de Rosenberg, qui couvrait le flanc droit, en était à peu près détaché pour assurer et entretenir la communication avec le corps posté dans le Tyrol méridional : le centre, sous les ordres du comte d'Argenteau, consistant en vingt-deux bataillons de grenadiers, seize bataillons de fusiliers et vingt-quatre escadrons, était resté au camp de San-Gregorio, par les motifs que nous avons exposés, et n'avait pu prendre part à ces premiers combats : il

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en était de même de l'aile gauche, formée de onze bataillons et six escadrons, campée auprès de Bevilaqua, et tenue en échec, ainsi que le centre, par les vives démonstrations du général Verdier sur le Bas-Adige.

M. l'archiduc, informé des événemens de la journée du 29 octobre, de la prise des villages de Ca-del-Ara, de Stra et de Caldiero, et de l'audacieuse reconnaissance que le maréchal Masséna avait poussée jusques au milieu des retranchemens, ne douta plus qu'il ne fût décidé à lui livrer bataille avec toutes ses forces; il ne pouvait la recevoir dans une plus belle position, qui lui offrît plus de chances pour reprendre l'offensive, si les Français échouaient comme il devait l'espérer, et qui, si les succès étaient balancés, couvrît mieux sa retraite et l'évacuation de l'ancien état vénitien, devenue nécessaire et déjà résolue: il fit marcher le corps du centre sur Caldiero, et se rendit lui-même à San Bonifacio, un peu en arrière de la posilion retranchée.

Rien de plus imposant que l'aspect de

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cette position, en venant du côté de Vérone; la colline de Colognola, légèrement découpée par quelques arêtes, et par des vallons peu profonds, s'élèvait en amphithéâtre, dont les gradins, soutenus par des murs, et plantés d'arbres et de vignes, présentaient à chaque pas une ligne naturellement fortifiée, et des obstacles successifs. La crête de la colline se relevait en plusieurs sommets, dont le plus élevé était couronné par les maisons de Colognola-Alta. On avait saisi tous les points favorables pour la construction de redoutes, et l'établissement de batteries qui se flanquaient réciproquement, et dont les feux se répandaient jusques au fond des ravins. Tous ces ouvrages étaient liés; ils s'étendaient jusqu'à l'Adige, dont le cours fléchissant de l'ouest à l'est, au-dessous de Vérone, resserrait et fortifiait la gauche de la position: on n'apercevait aucun saillant, aucun mamelon, qui ne fût garnis d'artillerie, aucun point accessible qui ne fût barré par des retranchemens fraisés, palissadés, couverts de chevaux de frise et d'abatis; enfin

aucun intervalle qui ne fût occupé par lés troupes et hérissé de baïonnettes.

Le maréchal Masséna qui connaissait bien ce terrain, sur lequel il avait déjà glorieusement combattu, ne voulait aborder l'ennemi de front, qu'après avoir tourné ses ouvrages et l'avoir ébranlé sur sa gauche pour menacer ses derrières : voici quelles furent ses premières dispositions. La division Verdier (aile droite), forte d'environ dix mille hommes, reçut l'ordre de passer l'Adige devant Persago, à la pointe du jour, sur des bateaux qu'on avait rassemblés à Véronette; d'enlever l'extrémité gauche de la ligne autrichienne, et de se porter sur la digue de l'Adige qui était son point de retraite. Le général Pully, avec sa division de cavalerie, placée en avant d'Oppéano, devait suivre et seconder ce mouvement; les divisions Gardane, Molitor, Duhesme, Partonneaux et Espagne, eurent ordre de se réunir en avant de V ago; elles étaient destinées à attaquer le centre de l'ennemi; le maréchal se réservait de les placer, et d'indiquer les points

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d'attaque, selon les circonstances et les manoeuvres de l'ennemi. Le général Mermet, avec une brigade de dragons, marchait par le chemin de Santa-Croce, pour éclairer l'aile droite, appuyer la division Verdier et établir les premières communications avec elle. Quant à l'aile gauche, la division du général Serras restait opposée au corps du Trentin et à celui de M. de Rosenberg. Elle gardait les débouchés du Monte-Baldo, et se prolongeait jusqu'à l'Adige, pour assurer les derrières de l'armée française et couvrir les ponts de Vérone. Le but de ces dispositions était d'enfoncer le centre de l'armée autrichienne, et d'isoler la masse des retranchemens de Colognola. Le plein succès de ce plan de bataille eût été de couper la retraite à l'ennemi et dele jeter dans les marais d'Arcole.

L'archiduc Charles, certain que l'appui de sa droite, les retranchemens de Colognola, étaient impénétrables, et jugeant bien que Masséna ferait les plus grands efforts vers la plaine et contre sa gauche, ne se borna pas à une défense passive, et se prépara à sou

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