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sages principes, dont le maintien est nécessaire pour le salut des nations, et dont la civilisation ne demande pas l'abandon, mais l'application modérée avec plus de discernement et avec une plus large équité.

Temple, Londres, 4 octobre 1875.

INTRODUCTION DE LA DEUXIÈME ÉDITION

La première édition de cet ouvrage a été publiée en 1863, à une époque où la guerre civile divisait les États de l'Union de l'Amérique du Nord. Cette guerre a soulevé entre les États-Unis d'Amérique et les puissances maritimes de l'Europe plusieurs questions compliquées de droit public, qui depuis ont été réglées par des négociations amiables. La guerre a eu pour résultat le maintien de la souveraineté de l'Union sur la totalité du territoire, sur lequel l'autorité du gouvernement fédéral s'étendait précédemment. Depuis cette époque, la paix du continent européen a été troublée par quatre guerres, dont chacune a été suivie d'un démembrement de puissances souveraines et d'un remaniement politique de territoires. En 1864, les armées alliées de la Prusse et de l'Autriche ont envahi les duchés de Sleswig et de Holstein, pendant que le Danemark bloquait les ports prussiens de la Baltique. Le dénouement de cette lutte inégale a contraint le roi de Danemark à renoncer à tous ses droits de souveraineté sur le duché de Lauenbourg et sur les duchés de Sleswig et de Holstein en faveur du roi de Prusse et de l'empereur d'Autriche. En 1866, l'Italie a déclaré la guerre à l'Autriche, à qui la Prusse l'a faite en même temps; et par suite l'Autriche a renoncé à sa souveraineté sur le royaume lombard-vénitien et s'est, avec ses provinces allemandes, retirée de la Confédération Germanique. En 1870, les armées du royaume d'Italie, nouvellement établi, ont occupé les États de Eglise, qui, malgré

la protestation du gouvernement papal, ont été annexés à la monarchie italienne par décret du roi d'Italie du 2 octobre 1870. Dans la même année, une guerre engagée entre la France et la Prusse a eu pour conséquence la renonciation par la première de ces puissances, aux termes du traité de Francfort du 10 mai 1871, de tous ses droits sur une grande partie de la Lorraine et sur la totalité de l'Alsace en faveur de l'Empire d'Allemagne. On voit ainsi que les dix dernières années ont été, dans l'histoire des guerres européennes, une époque très féconde en événements; et bien que ces guerres aient été accompagnées des désastres accoutumés, le mode de faire la guerre s'est en quelque sorte amélioré, et la période a été marquée par trois actes internationaux, auxquels tous les États de l'Europe ont accédé, ayant pour objet de concilier jusqu'à un certain point les nécessités de la guerre avec les lois de l'humanité. Nous voulons parler des conventions de Genève de 1864 et de 1868, et de la déclaration de Saint Pétersbourg de 1868.

C'était le vœu formel des puissances qui ont pris part au Congrès de Paris de 1856, que les États entre lesquels s'élèverait quelque dissentiment sérieux auraient recours, aulant que les circonstances le permettraient, à la médiation d'une puissance amie, avant d'en appeler aux armes. Ce vœu a reçu une satisfaction partielle dans la guerre entre le Danemark, d'une part, et l'Autriche et la Prusse, de l'autre, en 1864; en effet le grief qui servait de prétexte ostensible à la guerre était de nature à être réglé par une médiation amiable; il a été exposé dans une note du 16 janvier 1864, par laquelle l'Autriche et la Prusse de concert enjoignaient au Danemark d'abroger la constitution commune au Danemark et au Sleswig et sanctionnée par le roi de Danemark le 18 novembre 1863, comme étant incompatible avec les dispositions des traités conclus par le Danemark avec les deux puissances en 1852. Une armée austro-prussienne étant entrée dans le duché de Sleswig dans l'intention de forcer les Danois à l'évacuer et ayant

envahi une grande partie du Jutland, une tentative fut faite par la France, la Grande-Bretagne, la Russie et la Suède d'amener un arrangement amiable entre les parties contractantes; mais les conférences de Londres, qui avaient été entamées dans ce but le 20 avril 1864, se terminèrent le 22 juin sans résultat satisfaisant; alors furent reprises les hostilités, qui avaient été suspendues pendant la médiation. La guerre eut pour résultat final que, par le traité de Vienne du 30 octobre 1864, le roi de Danemark renonça à tous ses droits sur les duchés de Sleswig et de Helstein et sur celui de Lauenbourg en faveur du roi de Prusse et de l'empereur d'Autriche et s'engagea à reconnaître les arrangements, de quelque nature qu'ils fussent, que les deux puissances prendraient relativement à ces duchés. Par le traité de Gastein du 14 août 1865, la Prusse et l'Autriche convinrent de mettre un terme à leur domination commune sur les territoires cédés, la Prusse se chargeant d'administrer le duché de Sleswig et l'Autriche celui de Holstein; de plus, l'Autriche cédait à la Prusse tous ses droits sur le Lauenbourg. Plus tard, par le traité de Prague du 23 août 1866, l'Autriche renonça en faveur de la Prusse à tous ses droits acquits sur les duchés de Holstein et de Sleswig, qui furent incorporés dans la monarchie prussienne par lettres patentes du roi de Prusse du 12 janvier 1867.

La guerre qui suivit immédiatement est celle qui éclata entre l'Autriche et l'Italie en 1866; elle entraîna la réunion du royaume Lombard-Vénitien aux États du Roi d'Italie. Par un traité signé à Vienne le 24 août 1866, l'Empereur d'Autriche céda le royaume Lombard-Vénitien à l'Empereur des Français, qui l'accepta; mais les commissaires français n'en devaient être mis en possession que lorsque la paix aurait été signée entre l'Autriche et l'Italie. La paix fut signée à Vienne le 3 octobre 1866, et l'Empereur d'Autriche, par l'article 3 du traité de paix, consentit expressément à la réunion du royaume Lombard-Vénitien au royaume d'Italie. Alors les commissaires français furent Tw. - II.

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