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la droite à Immenstadt. Les Autrichiens, retirés à Reutte, ne pouvaient dès lors songer à se jeter ni à droite, ni à gauche, sans s'exposer à rencontrer des forces françaises qui leur barreraient le passage.

Aussi Lecourbe et Molitor purent attaquer sans crainte Feldkirch, qu'ils enlevèrent, le 13, au général Jellachich, qui se retira à Bludenz. Dès lors, les instructions de Moreau étaient remplies: le corps du prince de Reuss, chassé de Feldkirch et de Füssen, n'était plus dangereux pour la ligne d'opérations de l'armée du Rhin; et les communications avec l'armée d'Italie étaient rétablies par Coire. Les troupes de Lecourbe se préparèrent donc à prendre le repos qui leur était nécessaire, après les marches pénibles et les rudes combats qu'elles avaient dû supporter, et avant d'en finir avec le prince de Reuss, que l'armistice allait sauver de revers plus grands encore.

La division Gudin, installée dans ses positions, ne devait pas faire de mouvement de longtemps. Aussi le conseil de guerre de cette division fut-il convoqué au quartier général de Steingaden, pour juger une affaire dans laquelle se trouvaient compromis plusieurs personnages importants.

Le chef de brigade Pajol, désigné pour présider ce conseil de guerre, étant tombé malade à Unter-Pinzwang, l'adjudant général Delotz, chef d'état-major de Gudin, dut demander, le 15 juillet, à Lecourbe, qu'un autre chef de brigade fût appelé à le remplacer (1); et Pajol ne quitta pas son régiment.

Pendant que ces événements se produisaient dans le Voralberg et dans les Grisons, Moreau et Kray étaient restés à s'observer: le premier, sur l'Isar; le second, sur l'Inn. Quelques engagements partiels avaient eu lieu à l'extrême gauche, près du Danube; mais rien de sérieux n'avait été entrepris, ni d'un côté, ni de l'autre. On attendait des nouvelles officielles d'Italie.

Bientôt Bonaparte fit connaître qu'il avait suspendu les hostilités, et il prescrivit à Moreau d'agir de même, afin d'arriver à la conclusion définitive de la paix. En conséquence, un armistice fut signé, le 15 juillet, à Parsdorf, entre Moreau et Kray.

D'après les stipulations de cet armistice, les hostilités furent

(1) Voir Pièces justificatives, no 8.

suspendues en Allemagne, en Suisse, dans le Tyrol et dans les Grisons; elles ne pourraient être reprises que douze jours après avis donné de la rupture. Les deux armées devaient se retirer chacune derrière une ligne de démarcation qui, partant de Balzers dans les Grisons, longeait le Tyrol, courait entre l'Isar et l'Inn, à peu près à égale distance de ces deux rivières, venait tomber à Vilshofen sur le Danube, remontait ce fleuve jusqu'à l'embouchure de l'Altmühl, suivait l'Altmühl, la Rednitz et le Mayn jusqu'à Mayence. Les places d'Ulm, d'Ingolstadt et de Philippsburg, encore au pouvoir des Autrichiens, restaient bloquées; mais elles recevraient, tous les quinze jours, des vivres pour les garnisons.

Dès que Lecourbe eut connaissance de l'armistice, il disposa les troupes à ses ordres en arrière de la ligne de démarcation: la 1re division (Molitor), du lac de Côme, où elle donnait la main à l'armée d'Italie, jusqu'à Feldkirch, par Splugen et Coire; la 2o (Gudin), depuis le haut Lech jusqu'à Ettal; et la 3o (Montrichard), de Benedictbeuern à Wolfratshausen.

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Ces mouvements furent terminés le 19 juillet. A cette date, la division Gudin était installée dans les positions suivantes : La brigade Laval (36° de ligne, un bataillon de la 10° légère et deux escadrons du 8° hussards), à Immenstadt, poussant des détachements vers Feldkirch, vers le haut Iller et vers Füssen; la brigade Puthod: les deux bataillons de grenadiers réunis et la 94° de ligne, à Füssen et à Vils; le 6o hussards, à Buchingen, entre Füssen et Steingaden; la brigade Nansouty (38 de ligne, 11o dragons, 23° de cavalerie), à Raitenbuch, Amergau et Ettal; elle se liait par Murnau à la division Montrichard.

Jusqu'à la fin de juillet, ces trois brigades de Gudin conservèrent à peu près les mêmes cantonnements; Pajol resta, avec son régiment, à Buchingen.

Le 21 juillet, les bataillons de grenadiers réunis furent dissous, et les compagnies qui les composaient rejoignirent leurs corps respectifs; le 24, un bataillon de la 10° légère passa à la division Molitor; le 27, le 8 hussards fut envoyé à la division Montrichard.

1800

III

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Négociations de paix à Paris. Cantonnements de l'armée du Rhin. La brigade Nansouty est envoyée sur le haut Danube. Pajol et le 6e hussards sont à Löffingen, le 18 août. L'armistice est dénoncé le 28.

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Pajol et son régiment à Andechs.

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Nansouty se porte vers le Lech. Armistice de Hohenlinden (20 septembre). — Pajol est venu, avec son régiment, à Habach, et compte à la division Gudin. Moreau fait rentrer ses troupes dans leurs anciens cantonneLe Ge hussards retourne, avec la brigade Nansouty, sur le haut Danube. — Pajol l'installe à Bahlingen, dans les premiers jours d'octobre. Congrès de Lunéville. La brigade Nansouty s'établit à Memmingen, le 21 novembre. - Plan de campagne de Moreau.

ments.

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Reprise des hostilités.

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Rôle de l'aile

droite et son partage en deux fractions. Le 6o hussards fait partie de la division Molitor, et s'établit à Nesselwang, le 1er décembre. Répartition de ce régiment dans les trois brigades de la division. Dispositions de Molitor pour couvrir le Tyrol. Victoire de Hohenlinden (3 décembre). — Moreau poursuit vigoureusement l'armée autrichienne. Organisation nouvelle de la division Molitor. Pajol commande la brigade du centre. Il s'installe à Murnau, le 20 décembre. Déroute complète de l'armée autrichienne. Armistice de Steyer (25 décembre). Cantonnements de l'aile droite de l'armée de Moreau. Le commandement de Pajol est supprimé le 31 décembre, et cet officier supérieur ne commande plus que son régiment.

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Quelques jours après la signature de l'armistice de Parsdorf, le général de Saint-Julien, aide de camp de l'empereur d'Autriche, arrivait à Paris et remettait au Premier Consul, de la part de son souverain, une lettre qui répondait aux propositions de paix précédemment faites et qui paraissait devoir mettre un terme à la guerre.

Le comte de Saint-Julien, bien qu'il n'eût pas, en réalité, de pleins pouvoirs, se hâta de négocier, et signa, le 27 juillet, avec le ministre Talleyrand, des préliminaires qui stipulaient: 1o que la paix serait faite d'après les bases arrêtées à Campo-Formio ; 2° que les indemnités assurées alors à l'Autriche seraient prises

en Italie et non en Allemagne ; 3° que les armées resteraient dans leurs positions respectives jusqu'au traité définitif.

En raison de cette tendance prononcée à la paix, Moreau avait réparti son armée dans des cantonnements où elle pût subsister, sans cesser de garder les positions importantes qu'elle avait conquises. La cavalerie, plus difficile à installer, à cause de la pénurie des fourrages, fut renvoyée en partie sur le haut Danube. Ainsi, deux régiments de la division Gudin, le 11o dragons et le 23 de cavalerie, se trouvèrent, le 8 août, à Donaueschingen et environs; mais l'infanterie de cette même division (36, 38, 94 de ligne et 10° légère) resta à Leutkirch, Weissenbach, Nesselwang et Rettenberg; le 8 hussards demeura à Immenstadt; et Pajol s'installa à Kaufbeuern, avec le 6 hussards, qu'il avait amené de Buchingen, par Steingaden, Lechbrück et Bidingen.

Les deux autres divisions de l'aile droite avaient aussi modifié ou changé leurs positions. Ainsi, celle de Montrichard avait quitté les bords du Lech et s'était placée la droite à Sigmaringen, le centre à Waldsee et la gauche à Memmingen; la division Molitor avait étendu sa droite à Splugen, sa gauche à Radolphzell, conservant son centre à Isny.

Bientôt le 6 hussards reçut l'ordre de se porter aussi vers le haut Danube, où il formerait, avec le 11 dragons et le 23o de cavalerie, une brigade de réserve, sous le commandement du général Nansouty.

Pajol, à la tête de son régiment, quitta donc Kaufbeuern, le 10 août, et se rendit, par Memmingen, Wurzach, Pfullendorf, Stockach et Geisingen, à Löffingen, où il arriva le 18.

Sur ces entrefaites, le général de Saint-Julien était retourné à Vienne, emportant les préliminaires du traité de paix qu'il avait signés à Paris, un peu précipitamment. L'empereur d'Autriche refusa de les ratifier et disgracia l'imprudent négociateur. A cette nouvelle, Bonaparte, justement irrité, se prépara à reprendre les hostilités. Il prescrivit à l'armée gallo-batave, que commandait Augereau, de se placer sur la Lahn, afin d'y relever l'aile gauche de l'armée du Rhin, qui devait rejoindre Moreau en toute hâte ; il forma ensuite deux armées de réserve: l'une, sous les ordres de Macdonald, occuperait le Tyrol et le Voral

berg, afin de laisser à l'aile droite de l'armée du Rhin la liberté de ses mouvements; l'autre, commandée par Murat, se réunirait à Amiens pour renforcer ensuite l'armée d'Italie.

Toutes ces dispositions achevées, le Premier Consul fit dénoncer l'armistice le 28 août. Par suite, les hostilités devaient recommencer, en Allemagne, le 10 septembre. Moreau prit toutes ses mesures en conséquence. Les divisions de l'aile droite reçurent immédiatement l'ordre de se masser: la 1re (Molitor), sur Immenstadt, pour garder le haut Iller, jusqu'à l'arrivée, à Steg, de l'armée de réserve de Macdonald, qui lui permettrait d'appuyer vers Füssen; la 2o (Gudin), sur Füssen et Murnau, pour garder les débouchés de Reutte et de Partenkirchen; enfin, la 3 (Montrichard), entre Tolz et Benedictbeuern, pour surveiller le défilé de Mittenwald et celui de Tegernsee.

La cavalerie de Nansouty quitta donc en toute hâte le haut Danube pour venir se replacer sur le Lech. Les trois régiments qui la composaient (6° hussards, 11° dragons et 23° de cavalerie) se mirent en marche le 1er septembre, par Geisingen, Stockach, Memmingen, Mindelheim, et arrivèrent à Landsberg le 8. De Landsberg, ils furent dirigés sur l'Ammer-See et s'installèrent à Diessen, le 9.

Quelques jours après, les trois régiments furent répartis dans les villages environnants, parce que l'ouverture des hostilités se trouva retardée, sur la demande de l'empereur d'Autriche; le 6 hussards fut placé à Andechs.

L'empereur d'Autriche, prévoyant bien que, sur son refus de ratifier les préliminaires de paix signés par Saint-Julien, la guerre recommencerait, s'était rendu au milieu de son armée pour juger, par lui-même, de la situation et des espérances de succès qu'on pouvait concevoir. Il ne la trouva pas dans des conditions satisfaisantes, et il en retira le commandement au général Kray, pour le donner au jeune archiduc Jean; puis il fit demander au général Moreau, dans les premiers jours de septembre, de prolonger encore l'armistice. Moreau en référa à Bonaparte, et consentit seulement à ne pas reprendre les hostilités avant l'arrivée de sa réponse. Le Premier Consul fit connaître de Paris, par le télégraphe, que l'armée du Rhin devait immédiatement marcher en avant, si l'on ne ratifiait pas les préli

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