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1809

II

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- CapitulaSituation

Part que Pajol prend à

Trois corps d'armée de l'archiduc Charles marchent à la rencontre de Davout, qui a quitté Ratisbonne. La division Montbrun, dont fait partie la brigade Pajol, couvre le flanc gauche des colonnes de Davout. Bataille de Thann (19 avril). - Combat de Dinzling, livré par la cavalerie de Montbrun; rôle important de la brigade Pajol dans cette affaire. Napoléon marche sur Landshut (20 avril). — Davout pousse l'ennemi jusqu'à Eckmühl; Pajol est posté à Abbach. tion de Ratisbonne et jonction de Bellegarde avec le prince Charles. dangereuse de Pajol. Bataille d'Eckmühl (22 avril). cette bataille, en défendant le défilé d'Abbach. La victoire d'Eckmühl ouvre la route de Ratisbonne. Pajol marche sur cette ville par la chaussée qui longe la rive droite du Danube. Bataille de Ratisbonne (23 avril). Après de nombreux combats, Montbrun et Pajol entrent dans Ratisbonne par la porte d'Abbach. -Pajol est nommé par l'Empereur commandant de la Légion d'honneur (23 avril). - L'archiduc Charles est rejeté sur la rive gauche du Danube. - Davout et Montbrun, lancés à sa poursuite, le refoulent en Bohême. — Napoléon marche sur Vienne avec le reste de l'armée. L'archiduc Charles a pris position à Cham, le 25 avril. Il est définitivement rejeté en Bohême par Davout, qui revient à Straubing et passe sur la rive droite du Danube. — Montbrun reste provisoirement à Cham avec la brigade Pajol, qui a de fréquents engagements avec l'arrière-garde ennemie. Montbrun rejoint Davout à Passau, par la route de Regen. - Davout suit le mouvement de l'armée française sur Vienne; il arrive à Lintz, le 6 mai, et à Saint-Polten, le 10. La brigade Pajol est lancée à Mautern, vis-à-vis de Krems. Napoléon entre dans Vienne, le 12 mai. Le général Montbrun quitte le 3 corps. - Pajol, chargé de surveiller le Danube de Krems à Vienne, dispose ses avant-postes sur la rive droite de ce fleuve. - Pajol est, encore une fois, seul commandant de la cavalerie légère du 3o corps (13 mai).

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Napoléon voulait concentrer ses forces à Abensberg, afin de les opposer à celles que l'archiduc Charles rassemblait non loin de cette ville. Il était à présumer qu'une grande bataille aurait lieu, sous peu de jours, sur ce point; mais on ne pouvait prévoir que l'armée autrichienne se partagerait en deux masses: l'une restant au sud d'Abensberg, l'autre se portant au nord vers Ratisbonne. Cette manœuvre, qui cependant fut exécutée,

divisait les forces de l'ennemi, au moment où nous réunissions les nôtres.

Davout mit son corps d'armée en mouvement le 19 de grand matin, afin d'être avant le soir aux environs d'Abensberg. Il l'avait partagé en trois colonnes : la première, composée des équipages, du train d'artillerie, des cuirassiers et d'un bataillon du 30° de ligne, fut dirigée sur la chaussée longeant le Danube, par Abbach et Ober-Saal; la deuxième, formée des divisions Morand et Saint-Hilaire, partit de Grass et suivit la route de Hohen-Gebraching, Peissing, Teugen et Fecking; la troisième, comprenant les divisions Gudin et Friant, sortit de Burgweinting et prit par Weillohe, Saalhaupt et Ober-Fecking.

La marche de ces trois colonnes, habilement dirigées, était couverte, à l'extrême gauche, par une colonne légère, aux ordres de Montbrun, formée des brigades de cavalerie Pajol et Jacquinot, ainsi que de deux bataillons du 7° léger. Réunie entièrement à Egglofsheim, dans la nuit du 18 au 19, cette quatrième colonne devait se porter, par Luckenpoint, sur Dinzling; elle avait pour mission principale de surveiller les débouchés de la grosse Laaber et d'empêcher que l'ennemi, déjà engagé sur la chaussée d'Eckmühl à Ratisbonne, ne tentât de tourner les queues des colonnes en marche.

L'archiduc Charles avait aussi mis ses troupes en mouvement de bonne heure, dans l'ordre prescrit la veille. Sa colonne de gauche, forte d'environ 19,000 hommes, débouchait de Thann au moment où la division Saint-Hilaire arrivait à Teugen, et lorsque déjà les divisions Morand et Gudin avaient dépassé Mittel-Fecking et Sailbach, d'où elles allaient bientôt gagner Abensberg, par Buchhofen et Arnhofen.

Davout mit tout de suite hors de cause ces deux divisions, en hâtant leur marche, qui devait assurer sa jonction avec Oudinot et les Bavarois; puis, avec ses deux autres divisions, il résolut de tenir tête à l'ennemi. Il prescrivit donc à Saint-Hilaire de s'arrêter à Teugen, de déployer sa division sur les hauteurs en avant de ce village, et d'attaquer les forces autrichiennes qui se présenteraient à lui, quel que fût leur nombre. Il suspendit également la marche de la division Friant, un peu retardée par les mauvais chemins et qui paraissait seulement entre Saalhaupt

et Teugen; il la plaça en échelons derrière Teugen, à la gauche de la division Saint-Hilaire.

Dès neuf heures, cette dernière division était engagée avec la tête du corps de Hohenzollern, qu'elle repoussait en désordre. Lorsque la division Friant entra en lutte, le 3 corps autrichien était tout entier en ligne et parvenait à arrêter les progrès de Saint-Hilaire, qui, s'il n'eût été secouru, se serait trouvé compromis. Dans ces conditions nouvelles, le combat, dirigé par le maréchal Dayout en personne, tourna complétement à notre avantage: l'ennemi fut rejeté bien au-delà du champ de bataille, où campèrent les régiments qui l'avaient conquis.

Pendant ce temps, une lutte bien plus inégale était engagée à notre extrême gauche, entre la colonne de Montbrun et celle de Rosenberg. De ce côté, Montbrun qui avait quitté, à la pointe du jour, ses cantonnements d'Egglofsheim, rencontra l'ennemi entre Luckenpoint et Dinzling, vers onze heures du matin. Lest voltigeurs du 7o léger et plusieurs escadrons déployés en éclaireurs engagèrent un feu très-vif avec les tirailleurs autrichiens, qui couvraient un déploiement assez considérable d'infanterie et de cavalerie vers les hauteurs s'étendant, à l'ouest de la route, entre Luckenpoint et Dinzling. Montbrun, jugeant promptement que Rosenberg cherchait à le couper de la division Friant, voulut à tout prix conquérir les hauteurs qui formaient le point d'appui de sa droite. Il y envoya deux compagnies, qui barrèrent le chemin à un régiment entier. Le général ennemi tenait à occuper ces positions, qui le plaçaient sur l'aile gauche de Friant et en travers de l'aile droite de Montbrun; il fit mettre en batterie, à la pointe du bois, six pièces de canon, dont le feu n'arrêta point le 7° léger, porté en entier au secours de ses deux compagnies. Ce régiment parvint à s'établir solidement, se disposant à soutenir toutes les attaques qui seraient dirigées contre lui par la cavalerie ennemie, déjà mise en mouvement, mais surveillée par le général Pajol, à la tête de toute sa brigade. En effet, les chevau-légers Vincent et les hussards Stipsiz chargerent à diverses reprises sans succès: ils furent ramenés, chaque fois, soit par le 5 hussards, soit par le 7°, soit par le 11° chasseurs, que Pajol précipitait sur eux au moment opportun. Furieux de ne pouvoir enfoncer une troupe dont la faiblesse

numérique ne lui échappait pas, Rosenberg fit avancer de nouveaux régiments. Le 7° léger s'élança sur le premier qui se présenta et lui enleva 700 prisonniers. Les charges de la cavalerie de Pajol redoublèrent de vigueur et maltraitèrent beaucoup les troupes ennemies exposées au choc.

Ce combat, engagé à onze heures du matin, durait encore à quatre heures de l'après-midi. Montbrun vit qu'il allait manquer de munitions et qu'il serait, à la fin, écrasé par le nombre sans cesse croissant des ennemis, et sous le feu de dix-huit pièces d'artillerie mises en batterie; il ordonna la retraite sur Peissing, par le chemin du bois. Elle s'exécuta en bon ordre, par échelons, avec l'appui du 15° léger et de la brigade de cuirassiers du général Guiton, que le maréchal avait envoyés à la rencontre de sa cavalerie légère. Arrivé à Peissing sans encombre, Montbrun se plaça à l'extrême gauche de la division Friant, dont il augmenta la force. Cette journée fit le plus grand honneur au général Montbrun, qui eut un cheval tué sous lui; à Pajol, qui reçut une forte contusion, et à leurs troupes, dont les pertes ne s'élevèrent pas au-dessus de 200 hommes, tandis que les Autrichiens avaient eu plus de 500 tués et blessés et le double de prisonniers. Nos blessés avaient été transportés à Peissing, d'où ils furent évacués sur Abensberg.

Ces résultats étaient vraiment prodigieux: la cavalerie légère avait tenu en échec, pendant cinq heures, le corps presque entier de Rosenberg, dont l'action fut complétement paralysée. Si ce corps, au lieu de batailler entre Dinzling et Luckenpoint, se fût développé un peu plus à gauche, il se serait trouvé en face de l'aile gauche de Friant, déjà très-sérieusement engagée avec la colonne de Hohenzollern, et eût pu changer le résultat de la journée.

La bataille fut donc très-brillante pour le corps de Davout, qui réussit à faire sa jonction avec la portion principale de l'armée française, réunie à Abensberg, et qui, par le seul effort de deux de ses divisions, contint l'armée de l'archiduc Charles.

La division Montbrun contribua, pour une belle part, avec la brigade Pajol, au succès du 19 avril: cette cavalerie eut affaire à huit régiments d'infanterie et se vit plusieurs fois entourée de toutes parts.

Sur la rive gauche du Danube, Kollowrath, à la tête d'une colonne d'attaque forte de dix bataillons et de douze escadrons, marchait, par Eitelbrunn et Schwaighausen, vers les hauteurs de Karrer, qu'il trouva abandonnées. Surpris de cette circonstance, il se porta en avant, et arriva sans obstacle jusqu'à Stadtam-Hof, que le 65° de ligne défendit avec vigueur. A ce moment, Kollowrath entendit tonner le canon de Teugen, et fit tous ses efforts pour passer, à travers Ratisbonne, sur la rive droite. Heureusement pour Davout et Montbrun, la garnison tint bon jusqu'au lendemain.

Le duc de Danzig, dans le but de faciliter la jonction avec le 3 corps et afin de déborder la droite de l'archiduc Louis, avait porté les Bavarois en avant, repoussé les troupes du général Thiery, éparpillées entre Kirchdorf et Arnhofen, et s'était emparé d'Offenstetten, malgré l'héroïque résistance des dragons de Levenehr.

Le général Oudinot, parti d'Augsburg la veille, entrait le 19 avril à Pfaffenhofen, après avoir culbuté un faible corps autrichien aux ordres du major Schleiber.

Napoléon voulut profiter des avantages remportés par ses troupes il réunit, le 20 au matin, les divisions Gudin et Morand, à peine arrivées à Arnhofen, sous le commandement du duc de Montebello; puis, se plaçant lui-même à la tête de ce nouveau corps, des Wurtembergeois, des divisions bavaroises Deroi et du prince royal, il se porta, avec ces 50,000 hommes, y compris les cuirassiers de Saint-Sulpice, sur Rohr, dont il s'empara, forçant l'archiduc Louis à se retirer à Pfaffenhausen.

L'Empereur immobilisa Davout dans les positions où il s'était arrêté la veille et lui prescrivit de contenir les corps de Hohenzollern, Rosenberg et Lichtenstein, afin de les empêcher d'inquiéter les opérations que l'aile droite de l'armée française allait exécuter sur Landshut. Davout fit donc attaquer, le 20 au matin, l'arrière-garde de Vukassowich, postée près de Hausen et soutenue par un corps occupant Dietenhofen. L'ennemi ne tint pas, et fut rejeté à Leierndorf, au-delà de Päring. Le soir, les divisions Friant et Saint-Hilaire se retrouvaient dans leurs mêmes positions; le quartier général de Davout était toujours à Teugen. La cavalerie de Pajol, qui formait seule la division Montbrun

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