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Saint-Polten, qui deviendrait un magasin central de l'armée. Le 10, la cavalerie de Pajol, qui formait toujours à elle seule la division Montbrun, était lancée à Mautern et vis-à-vis de Krems. Elle releva, sur ces points, la cavalerie du général Savary, qui prit le chemin de Vienne. La division Friant s'installa à Gross-Pöchlarn, et la division Gudin, à Saint-Polten.

Le pont de Krems ayant été brûlé par les Autrichiens, Montbrun lança, le 11 mai, quelques reconnaissances vers Tulln. Le mauvais état des chemins ne leur permit pas de s'avancer trèsloin; elles apprirent cependant des habitants que toutes les forces autrichiennes, soit de la rive droite, soit de la rive gauche, se dirigeaient sur Vienne. Montbrun, qui voulait être fixé à cet égard, fit, le 12 au matin, un simulacre de passage du Danube. Après que notre artillerie eût tiré une trentaine de coups de canon, 5 à 6,000 ennemis, qu'on disait installés au camp de Rohrendorf, se montrèrent sur la rive gauche.

Le 10, Napoléon s'était présenté, avec la plus grande partie de ses forces, devant Vienne, qui capitula le 12 au soir. Par suite, il devenait urgent de rapprocher les corps restés en arrière, soit pour résister aux tentatives de l'archiduc Charles, soit pour prendre ultérieurement contre lui une offensive vigoureuse. Montbrun reçut l'ordre d'envoyer à Schönbrunn les brigades Pajol et Piré; mais, sur l'observation que sa division se composait seulement de la brigade Pajol, diminuée du 11° chasseurs, laissé à Cham, cet ordre fut révoqué. La cavalerie légère du 3° corps, maintenue dans ses cantonnements vis-à-vis de Krems, reçut deux pièces de canon, et ses deux bataillons du 13o léger, rappelés à Saint-Polten, furent remplacés par le 7° léger, de la division Gudin. Ce régiment occupa Mautern, et les 5° et 7° hussards furent rapprochés du Danube, avec mission de surveiller ce fleuve de Krems à Vienne.

L'étendue du terrain à garder était hors de proportion avec l'effectif des régiments. On annonçait, il est vrai, des renforts pour le 5 hussards; et le 11° chasseurs, qui avait quitté Cham, devait bientôt rejoindre. Mais il n'en fallait pas moins parer, dès l'abord, aux exigences du service, avec des régiments affaiblis, en hommes et en chevaux, par les combats, les marches rapides et la mauvaise nourriture. Le général Pajol s'en plaignit, sans

cependant négliger d'exécuter les ordres donnés. Il ne cessait, par ses reconnaissances multipliées, d'inquiéter l'ennemi, qui paraissait être toujours, sur la rive gauche, en même nombre et dans les mêmes positions.

Le 13 mai, l'Empereur, craignant quelques tentatives sur Vienne de la part de l'armée autrichienne d'Italie, qui reculait devant le prince Eugène, enleva le général Montbrun au maréchal Davout, et le plaça en reconnaissance avec deux brigades à Brück, plusieurs marches au-delà de Neustadt, sur la route d'Italie.

A partir du 14 mai, le général Pajol eut le commandement de la cavalerie légère du 3o corps, réduite, il est vrai, à son unique brigade. En réalité, depuis la bataille de Thann (19 avril) jusqu'au départ de Cham (3 mai), la division Montbrun n'avait compté, en dehors des régiments de Pajol, que le 12o chasseurs.

1809

Les communications de l'armée

- La brigade Pajol disséminée

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Construction de ponts à Nussdorf et à Ebersdorf. française sont couvertes par le corps de Davout. sur la rive droite du Danube, de Saint-Johann à Traismauer et Klosterneuburg. — Emplacements des troupes autrichiennes qui occupent la rive gauche, en face de Pajol. Tentatives fréquentes de débarquement à Krems et environs. La cavalerie de Pajol, renforcée d'infanterie et d'artillerie, repousse partout l'ennemi. Pajol organise la défense du poste de Mautern. — Mouvements chez les Autrichiens, vers le 20 mai. Le pont d'Ebersdorf est terminé, et la grande armée française se transporte en partie sur la rive gauche. Bataille d'Essling (21 et 22 mai). — L'armée, coupée de la rive droite par la rupture des ponts, est forcée de rentrer dans l'île Lobau. - Davout est resté sur la rive droite. Pajol s'établit à Nussdorf (23 mai). - La brigade Pajol est chargée de surveiller le Danube de Tulln à Vienne. L'ennemi s'établit dans les îles du Danube, où il élève des batteries. La brigade Pajol portée en hâte à Mautern, au secours des Wurtembergeois. Davout est envoyé à Presburg, avec deux de ses divisions d'infanterie. reste dans ses positions entre Tulln et Vienne. - La brigade Pajol est rappelée autour de Vienne et de Schönbrunn, le 13 juin. L'Empereur passe, à Vienne, une grande revue, à laquelle assiste la brigade Pajol. Cette brigade est ensuite envoyée à Ebersdorf, par Laxenburg. — Réunion des brigades Pajol et Jacquinot pour former la division Montbrun. Construction de magnifiques ponts à Ebersdorf. Travaux considérables dans l'île Lobau. Nouvelles dispositions pour franchir le Danube.

Pajol

Napoléon, entré dans Vienne le 13 mai au matin, avait fait immédiatement chercher les points où l'on pourrait établir des ponts sur le Danube, afin de se porter promptement à la rencontre de l'archiduc Charles. En 1805, un hasard heureux nous avait conservé les ponts de Vienne; cette fois, Nordmann les avait détruits en se retirant, et il fallait en construire d'autres. Deux points furent spécialement désignés, dès l'abord : Nussdorf et Ebersdorf. Au premier de ces villages, on avait déjà établi un pont en 1805; seulement ce point était bien près des Autrichiens, dont les avant-postes couronnaient le Bisamberg.

A Ebersdorf, le Danube était très-rapide, mais il se divisait en plusieurs bras, et l'île Lobau offrait un réduit sûr, où l'armée, en cas d'insuccès, serait à l'abri des coups de l'ennemi. Il fut décidé que l'on tenterait le passage sur ces deux points. Lannes devait établir le pont à Nussdorf; Masséna, à Ebersdorf.

Les Autrichiens étaient répandus sur la rive gauche, de Mölk au Bisamberg. Le corps du général Hiller avait pris position à Saint-Veit et Hagenbrunn; Nordmann, qui avait rejoint après la prise de Vienne, était en avant-garde du côté de cette ville, à Iedlersdorf-am-Spitz, Stadlau, Aspern, Essling et Enzersdorf; enfin les généraux Schusteck et Radetzki étaient à Krems et Stockerau, avec mission de surveiller le haut Danube et d'envoyer des partis, par la rive gauche, jusqu'à la hauteur de Mölk. Dans cette situation, Hiller donnait la main à l'archiduc Charles, qui avait marché de Zwettel sur Neupölla, Horn, Wetzdorf et Gollersdorf, où il arriva le 14 mai. Il gardait, vis-à-vis de Vienne et des débouchés que Napoléon faisait établir, une attitude très-menaçante.

Ces dispositions de l'ennemi permettaient de supposer que l'archiduc Charles tenterait de franchir le Danube et de couper les communications de l'armée française. Aussi le corps de Davout, laissé en arrière, avait-il été placé de façon à parer, dès l'abord, à toute éventualité. Le quartier général et deux divisions se trouvaient à Saint-Polten; une autre division occupait Mölk, et la cavalerie légère était répartie sur les bords du Danube, depuis Mölk jusqu'à Klosterneuburg. Le 3° corps pouvait donc se porter facilement, en une journée, soit sur Krems, soit sur Vienne, selon la nécessité. Morand fortifiait le poste de Mölk, et Pajol s'établissait solidement à Gottweig, où il avait installé son quartier général.

Pajol prit, le 13 au soir, après le départ de Montbrun, le commandement de la cavalerie légère du 3° corps, réduite pour le moment à deux régiments, le 5° et le 7° hussards. Le 5° hussards était cantonné sur les bords du Danube, de Saint-Johann à Traismauer, où commençaient les postes du 7° hussards, disséminé lui-même jusqu'à Klosterneuburg. Cette brigade se développait ainsi sur plus de vingt-cinq lieues, disposition d'autant plus fâcheuse, que l'effectif des régiments était peu élevé.

Pajol redoubla de vigilance, afin de ne pas se laisser surprendre il observa attentivement les rassemblements de bateaux qui se faisaient à Krems et à Stein. Il remarqua des mouvements assez considérables dans le camp de Rohrendorf et une forte augmentation dans le nombre des feux allumés à Pettendorf, vis-à-vis de Tulln, et à Stockerau. C'était le moment où les généraux Schusteck et Radetzki prenaient possession des emplacements que leur avait assignés le général Hiller.

Pajol fit part au maréchal Davout de ses appréhensions au sujet d'un débarquement prochain; l'ennemi, d'ailleurs, ne prenait pas la peine de dissimuler ses préparatifs (').

Serait-ce, de la part des Autrichiens, un mouvement offensif très-décidé, ou bien une simple diversion pour donner à Napoléon des craintes sur sa ligne de communications? C'est ce qu'on ne pouvait encore savoir au juste, faute de connaître exactement la force des troupes ennemies qui occupaient la rive gauche. Davout crut cependant devoir prendre des précautions : il ordonna d'abord à tous les détachements du 5° et du 7° hussards qui n'étaient pas avec Pajol, notamment à celui qui occupait Lilienfeld, sur la route de Brück, de le rejoindre immédiatement; en même temps, il recommandait à Pajol de surveiller Dürrenstein, où l'on signalait un parc d'artillerie; de faire reconnaître, autant que possible, les embouchures de la Krems et de la Kamp, rivières dangereuses si elles portaient bateaux; enfin il lui demandait des renseignements précis sur la route de Mautern à Klosterneuburg, sur la Traisen, depuis Herzogenburg jusqu'à son embouchure.

Davout se tenait donc prêt à secourir sa cavalerie légère, qu'il savait seule exposée en ce moment; car l'ennemi n'était plus signalé en force du côté de Mölk, où quelques centaines d'hommes, transportés sur la rive gauche, avaient pu s'avancer jusqu'à Klein sans rencontrer les Autrichiens. Heureusement pour Pajol, Lannes avait détaché de Nussdorf la division Demont, qui prit poste à Klosterneuburg, le 14 mai, appuyant ainsi la droite de notre cavalerie légère.

Le 15 au soir, l'armée de l'archiduc Charles s'installait entre

(') Voir Pièces justificatives, no 54.

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