La Situation des forêts de la Réunion au premier janvier 1914, par M. A.-J. BONNET. 249 Du calcul de la possibilité des sapinières jardinées, par M. HATT.... Les Livres, par M. J. MADELIN... Jurisprudence, par M. CH. GUYоT... Chronique forestière..... Bulletin du commerce des bois... Mercuriales des produits forestiers... PARIS BERGER-LEVRAULT, ÉDITEURS 5-7, RUE DES BEAUX-ARTS, 5-7 254 258 260 266 273 277 280 REVUE DES EAUX ET FORÊTS, 5-7, rue des Beaux-Arts, PARIS CONDITIONS D'ABONNEMENT : France et colonies françaises, avec l'Annuaire des Eaux et Forêts, 18 fr.; sans l'Annuaire, 15 fr. 20 fr. Pour la publicité, s'adresser à M. Albert DAUTEL, 19, Boulevard du Montparnasse, Paris (VIe) LA SITUATION DES FORÊTS DE LA RÉUNION AU PREMIER JANVIER 1914 La surface de la Colonie de la Réunion est de 251. 160 hectares, dont la plus grande partie fut concédée à partir de 1720, époque à laquelle l'île, couverte de forêts, jouissant d'un climat délicieux, fut nommée la perle de la mer des Indes. De cette antique et riche Sylve, il ne reste guère aujourd'hui que 90.000 hectares, se répartissant comme suit: En raison de l'absence de cadastre, de plans et de limites précises, les surfaces ci-dessus ne sont que très approximatives. Les surfaces. domaniales boisées diminuent sans cesse par suite des empiétements des riverains. Sauf de très rares exceptions, les bois particuliers sont à peu près ruinés; ce ne sont que des terrains envahis par les morts bois qu'on défriche en partie par intermittences et qu'on abandonne quand le sol est ruiné. Les 30.000 hectares rocheux et improductifs comprennent : 1o Les pentes d'encaissement des ravines non concédées qui ont servi de bornes aux concessions primitives où seule l'exploitabilité physique (enlèvement des bois morts) peut et doit être appliquée ; 2o Les pentes d'encaissement des cirques souvent inaccessibles et dont la déclivité est supérieure à 1000/0; 3o Les terrains rocheux situés au-dessus de 2000 mètres d'altitude, limite de la végétation ligneuse utilisable. Dans ce qui va suivre nous ne nous occuperons que des 35.000 hectares domaniaux et boisés. (53 ANNÉE). 15 AVRIL 1914. XII. - 17 Forêts domaniales. Situation. Forêts du littoral. Sur le bord de la mer, la Colonie possède une zone de 80 mètres de largeur. La totalité de cette zone (.600 hectares) est loin d'être boisée ; une partie est louée aux particuliers à raison de 20 fr. par an; une autre partie se compose de falaises et de laves improductives. Le reste, environ 600 hectares, est reboisé, artificiellement au moyen d'une essence importée en 1763 dans la Colonie, le filao (Casuarina equisetifolia). En plus de ces 600 hectares, la Colonie a racheté sur le littoral: 1o 1.000 hectares de sables mouvants situés à l'Etang-Salé, reboisés vers 1874 au moyen du filao; 2o 200 hectares environ situés sur la plaine aride de la Pointe des Galets, reboisés en 1889, partie en filao, partie en Bois Noir (Diospyros Meladina), de mauvaise venue, dont l'aménagement est impossible, et qu'il ne faut pas espérer réaliser avant longtemps. - Forêts d'altitude moyenne. Elles se composent du massif, dit de Saint-Philippe, situé au sud de l'île, et d'une superficie d'environ 10.000 hectares compris entre les pas géométriques et 800 mètres d'altitude. Forêts des Hauts Plateaux. Elles se composent de massifs (dont le principal est celui de Bebourg) disséminés sur les hauteurs entre 800 et 2.000 mètres d'altitude. Leur surface totale est d'environ 23.000 hectares. Le Tamarin des hauts (Acacia Heterophylla) est l'essence précieuse et dominante des peuplements. Les Etat actuel des peuplements des forêts domaniales. forêts du littoral produisent presque uniquement du filao, l'un des meilleurs bois de chauffage connus, dont la vente rémunératrice est assurée par les nombreuses usines sucrières. Le filao se prête d'une façon parfaite au traitement en taillis simple qui se régénère par rejets de souches. Il reste des traces d'un aménagement en ce sens, commencé vers 1895, dans la forêt de l'Etang Salé. Pour des causes diverses, depuis 1902, l'aménagement, pourtant facile, n'a pas été continué et a même presque complètement disparu, de sorte qu'aujourd'hui il faut reboiser plusieurs centaines d'hectares de cette forêt. Les peuplements de filao des pas géométriques ne sont guère en meilleur état; ils sont presque chaque année partiellement la proie des incendies, particulièrement en 1913, où la période de sécheresse fut d'une durée anormale sur la côte ouest. Rendement des forêts domaniales. Il semble à première vue que les 35.000 hectares boisés appartenant à la Colonie devraient constituer une source de revenus très appréciable, en admettant même un rendement insignifiant à l'hectare (soit 2 mètres cubes, chiffre évidemment trop faible). Aucune statistique ne permet de se rendre compte du rendement effectif en volume; toutefois, on peut l'estimer à environ 10.000 mètres cubes, d'une valeur de 60.0000 francs se répartissant comme suit pour 1913: 600 mètres cubes, délivrés sur pied gratuitement aux services publics et aux particuliers; 200 mètres cubes de bois morts, travaillés à la part (au tiers généralement) pour entretien des bâtiments. 200 mètres cubes de bois morts, exploités dans les mêmes conditions, dont la part du pays fut vendue par adjudication. 9.000 mètres cubes vendus debout comme chauffage par adjudication, dont 5.000 mètres cubes non renouvelables dans l'avenir, provenant en 1913 de l'exploitation de forêts particulières créées à moitié fruit par la Colonie. Ainsi donc, le rendement annuel, qui devrait être de 70.000 mètres cubes au minimum, est de 5.000 mètres cubes. Cet écart, qui pourrait paraître invraisemblable en raison de son énormité, s'explique par le défaut de voies de communication dans les hauts ; et le mauvais état des peuplements du littoral consécutif à des exploitations abusives pratiquées depuis 1902 sans tenir aucun compte des règles culturales. Forêts d'altitude moyenne. Le massif de Saint-Philippe constitue le seul échantillon de la forêt primitive. Par suite de son éloignement des centres de consommation et de l'absence de voies ferrées à proximité, il fut en partie à l'abri des exploitations abusives et des spoliations. On se contente, depuis 1913, d'en extraire les bois morts pré cieux. Aucun aménagement ne fut tenté et nous estimons que pour le moment il n'y a pas lieu de le faire. Si, ultérieurement, ce travail devait être entrepris nous croyons que la méthode du jardinage par volume après précomptage des chablis serait à employer. Ce massif renferme les dernières essences précieuses du pays dont le |