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Vu l'avis du ministre de l'Instruction publique, en date du 25 juillet 1914: La section des travaux publics, de l'agriculture, du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes, du travail et de la prévoyance sociale du Conseil d'État entendues,

Décrète :

ARTICLE PREMIER. — La Société nationale d'Agriculture de France prendra à l'avenir le titre d'Académie d'Agriculture de France.

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Le ministre de l'Agriculture est chargé de l'exécution du présent

Fait à Paris, le 23 février 1915.

R. POINCARÉ

Par le Président de la République :
Le ministre de l'Agriculture,
FERNAND DAVID

DÉCRET DU 23 FÉVRIER 1915

RELATIF A L'ORGANISATION DE L'ACADÉMIE D'AGRICULTURE

DE FRANCE

Le Président de la République française,

Sur le rapport du ministre de l'Agriculture,

Vu la demande en date du 11 février 1914, par laquelle la Société natiouale d'Agriculture de France sollicite des modifications dans l'organisation qui lui a été donnée par divers décrets antérieurs ;

Vu les décrets des 23 août 1878, 27 février 1879 et 5 juin 1880 et l'arrêté du 17 mars 1848, relatifs à l'organisation de la Société ;

Vu le décret en date de ce jour, rendu en Conseil d'Etat, aux termes duquel la Société nationale d'Agriculture de France prend dorénavant le titre d'Académie d'Agriculture de France,

Décrète :

ARTICLE PREMIER.

modifiés comme suit :

Les articles 5, 6, 7 du décret du 23 août 1878 sont

ART. 5. — L'Académie d'agriculture de France est composée :

Du ministre de l'Agriculture, président d'honneur ;

De soixante-douze membres titulaires;

De quinze membres étrangers;

De vingt membres non résidants;

De cent cinquante correspondants pour la France, l'Algérie et les Colonies françaises;

Et de cinquante correspondants étrangers.

L'Académie correspond directement ou sous le couvert du ministre, président d'honneur, avec les associations scientifiques ou agricoles, nationales ou étrangères,qui s'occupent d'agriculture et dont les travaux lui semblent dignes d'attention.

ART. 6. – L'Académie d'Agriculture de France est constituée en deux divisions et neuf sections entre lesquelles les membres titulaires sont répartis comme il suit :

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6e section.

Economie, statistique, législation agricoles, huit membres.

2o DIVISION. Sciences appliquées à l'agriculture
(Vingt-sept membres.)

Sciences physico-chimiques agricoles, huit membres.... 7° section. Histoire naturelle agricole, huit membres...

8 section. Génie rural, six membres.....

9o section. Hors eadres, cinq membres..

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Nombre total des membres titulaires..

12

8

7

10

8

8

72

Dans chacune des quatre premières sections de la 1re division, les membres titulaires devront être choisis, pour moitié au moins, parmi les agriculteurs s'occupant par eux-mêmes de la science agricole représentée par la section.

Les membres étrangers et les correspondants restent répartis entre les différentes sections de l'Académie comme ils l'étaient dans la Société nationale d'Agriculture de France.

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Les élections des membres titulaires et étrangers et des corresdants se feront conformément aux dispositions édictées par l'article 3 de l'arrêté du 16 mars 1848 susvisé.

Celles des membres hors cadre et des membres non résidants se feront sur le rapport d'une commission composée des officiers de l'Académie et des doyens de chaque section.

Comme mesure transitoire, les associés nationaux actuels, y compris les membres hors cadre, resteront dans les sections auxquelles ils appartiennent, au titre de membres titulaires ; mais, jusqu'à ce que le nombre des membres titulaires soit ramené à l'effectif prévu ci-dessus, il ne sera procédé à une élection dans une section que pour deux vacances.

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Les dispositions de l'article premier du décret du 5 juin 1880 sont modifiées comme il suit :

La présence de trente-sept membres titulaires est nécessaire pour la validité de toutes les élections, ainsi que pour celle des votes qui terminent les délibérations sur les questions posées par le Gouvernement, ou, dans les autres cas lorsque la présence de ces trente-sept membres titulaires est réclamée par cinq membres titulaires présents.

ART. 3. Sont et demeurent abrogées toutes les dispositions des décrets, ordonnances, arrêtés et règlements antérieurs, en ce qu'elles ont de contraire au présent décret.

ART, 4. Le ministre de l'Agriculture est chargé de l'exécution du présent décret.

Fait à Paris, le 23 février 1915.

R. POINCARÉ,

Par le Président de la République,

Le Ministre de l'Agriculture,
FERNAND DAVID.

LE SERVICE FORESTIER
PENDANT ET APRÈS LA GUERRE

Pendant la guerre les Agents et Préposés des Eaux et Forêts sont à l'armée,exception faite de ceux que n'appellent pas les règlements militaires et de quelques agents nécessaires au ministre de l'Agriculture.

C'est donc à ce moment, en raison de l'état de guerre, que l'insuffisance du personnel des agents et des préposés se fait sentir dans notre administration.

Peut-on, dans ces conditions, faire abstraction de l'état de guerre et chercher à gérer, comme par le passé, avec un personnel très restreint, les forêts domaniales ainsi que toutes les forêts soumises au régime forestier? Doit-on, au contraire, sans préjuger de la durée probable des hostilités, prendre des mesures spéciales afin de faire assurer normalement l'exploitation des forêts des communes par leurs propriétaires, au fur et à mesure des disponibilités et des besoins sous le contrôle du service forestier? Nous n'avons pas à nous prononcer sur ce sujet. Cette question cependant mérite de retenir l'attention.

A l'heure actuelle toutes les forces actives du pays doivent converger vers la défense nationale et ce serait un crime de les en détourner; toutes les autres forces disponibles doivent tendre à maintenir la vie économique du pays ainsi qu'à préparer les matériaux nécessaires aux armées. Les forêts, quelles que soient les difficultés du moment, doivent être exploitées pour fournir aux populations et aux armées le bois de chauffage nécessaire; elles doivent alimenter nos scieries et nos chantiers pour fournir à l'autorité militaire ainsi qu'aux entrepreneurs civils les charpentes et tous les matériaux dont ils ont un besoin urgent. C'est aux forestiers non mobilisés et, à leur défaut,aux représentants des communes que les soldats mobilisés et les populations demandent sans formalités, et presque n'importe où, les coupes affouagères pour les familles et les autres coupes pour la vie économique du pays et les besoins de l'armée.

Après la guerre les forestiers, rendus à leur profession comme les autres au fur et à mesure de la démobilisation, rentreront à leurs tes. Mais, hélas! combien manqueront à l'appel.

pos

La situation, bien qu'améliorée par la cessation des hostilités, continuera quelques années à être précaire. Pendant la crise économique qui suivra la victoire, les forestiers et les forêts n'auront pas d'autre róle à jouer que de subvenir le plus simplement possible, avec leurs propres ressources, aux besoins des populations.

C'est pendant cette période de recueillement où le pays épuisé reprendra vie que nous verrons notre belle jeunesse sortir des Ecoles et apporter au corps forestier la sève vivifiante des nouveaux jours.

15 mai 1915.

A. FRON.

LA FORÊT ET LA
ET LA « KULTUR »

Commentant dans la Revue des Deux-Mondes le livre du prince de Bülow sur la Politique allemande, M. Victor Bérard1 attribue la survivance de la sauvagerie primitive et du régime fédératif chez nos implacables ennemis à la persistance de la forêt sur leur sol. « L'Allemagne est une forêt, écrivait Mme de Staël en 1810. » La Gaule, traversée par les voies romaines, couvertes de cultures et de vignes, était déjà policée et régie par les institutions du peuple-roi, que les Germains étaient restés dans leurs marécages impénétrables les sauvages grossiers que décrit Tacite, «< sans pitié pour le vaincu, sans foi envers la femme, l'enfant et le faible, sans respect pour la foi jurée 2 ». Le groupement local par famille, par clan, par peuplade, dans une clairière ou en ilot (gau), sous l'autorité d'un chef guerrier (kriegsherr) a longtemps subsisté. « C'est au XIXe siècle seulement que les chemins de fer, les canaux, la culture intensive de la pomme de terre et de la betterave transformèrent l'Allemagne prussienne comme les chemins de pierre, les ponts, la vigne et le blé avaient transformé la Gaule romaine 3. >>

Sans doute, il serait exagéré de prétendre, en thèse générale, que les habitants des pays forestiers sont plus disposés aux crimes et aux atrocités que ceux des régions déboisées. Nos départements les plus boisés sont précisément ceux où la criminalité est la moins élevée. Mais il est certain que le défaut de voies de communication a rendu longtemps l'Allemagne impénétrable aux idées et aux coutumes qu'a propagées ailleurs la civilisation latine. Ni les efforts des moines qui introduisirent en Germanie l'art du labourage avec le christianisme, ni ceux des souverains, admirateurs du droit romain, comme l'empereur Frédéric II, ou engoués de littérature française comme Frédéric le Grand, ni l'influence des philosophes ou des poètes qui appréciaient la clarté et le charme de nos écrivains, comme Leibnitz, Goethe et Vieland, ne parvinrent à faire disparaître les instincts barbares des Allemands. Ceux-ci sont restés les hommes des bois et des marais, cantonnés dans leurs gaus, attachés à leurs coutumes ancestrales, conservant intactes la férocité et la cruauté des premiers âges. Qui pourrait en douter en voyant les procédés de dévastation systématique et de frénésie brutale qui sont appliqués avec une rigueur toute scientifique par les chefs comme par les plus humbles soldats? Pillages, assassinats, massacres de femmes sans défense et d'enfants innocents, destruction de monuments et d'habitations privées, ce ne sont que des réminiscences de l'antique barbarie sous le voile de la Kultur. Au milieu des ruines accumulées, celle-ci promène, sous un ciel chargé de clartés sanglantes, sa torche incendiaire, attirant sur le nom allemand l'exécration universelle. PAUL BUFFAULT.

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L'Eternelle Allemagne, Revue des Deux-Mondes du 1er février 1915.
Victor Duruy.

3. V. Bérard, loc. cit.

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