De 280.5 .M7 876 NEUVIÈME MILLE Tous droits de traduction, de reproduction Mais en littérature, en art - sauf quelques exceptions, et la peinture mise à part quelle médiocrité, ou plutôt, quelle platitude! Naturalisme effaré, manque de fantaisie, peur du rêve. En politique? Velléités, romanesque, défaut d'information, confusion après 1865 surtout. Les mœurs? Puérilité, préjugés; et avec cela, nulle sévérité, qui du moins aurait eu grand air; peu de mépris: pauvre mélange. D'une façon générale, imitation de ce qui fut, timidité d'esprit.... Au milieu de ces couleurs indigentes, un homme cependant se détache avec l'éclat d'une ciselure, ou mieux, un gentilhomme : le duc de Morny. Un homme du XVIIIe siècle, en tous cas. Fils, petit-fils d'aristocrates, issu du plus pur sang de France (nous parlons ici d'une descendance réelle, et non pas régulière), le duc de Morny avait reçu par hérédité, de même qu'on lui avait transmis par éducation toutes les traditions d'avant 1789. Merveilleusement poli et raffiné, il n'avait point l'âme naïve. Une émotion pour lui n'était pas une raison. Il aimait tout ce qui était net, dédaigneusement net, l'excès en tout le faisait rire. Combien Stendhal l'eût approuvé, lui qui écrivait : « L'exagération et le vague, mes deux bêtes d'aversion! » N'oublions pas non plus qu'en vrai chef, l'inventeur de l'Empire libéral savait dire aussi, et sans doute penser, non sans une audace bien dangereuse: « Il ne sert à rien, en politique, de rester à l'abri de sa tranchée : il est plus utile de porter celle-ci en avant. » Enfin, outre sa bravoure et ses grandes manières, ce dandy charmait par un certain ton qui ne fut qu'à lui. Tacite écrivit, à propos du célèbre et mystérieux Pétrone, ces mots que nous traduisons : « Ses actions comme ses paroles vous avaient on ne sait quel air de laisser-aller, de négligence, et n'en plaisaient que davantage : on appelait cela de la simplicité. » Tel était Pétrone, tel fut Morny Morny, prince français. |