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Charles d'Orléans. Poésies complètes, éd. Ch. d'Héricault, 1874, Paris, Lemerre; Choix des œuvres, éd. Séché, Paris, Michaud ; Rondeaux choisis, раг Jean Marc Bernard, 1913, Paris, Sansot.

C. Beaufils. Etude sur la vie et les poésies de Charles d'Or leans, 1861, Paris, A. Durand.

R. L. Stevenson. Charles d'Orléans, dans Familiar Studies of Men and Books, 1882.

P. Champion La Vie de Charles d'Orléans, 1911, Paris, Champion.

François Villon. Ed. L. Moland, 1879, Paris, Garnier; éd. P. Jannet, 1884, Paris, Fasquelle; Œuvres, Le Jargon et le Jobelin, éd. Aug. Vitu, 1884, Paris, Ollendorff. éd. A. Longnon, 1892, Paris, Lemerre; éd. A. Secne, 1910, Paris, Michaud; Œuvres, éd. Flammarion, Paris, 1911; Œuvres, éd. Louis Thuasne, 1923, Paris, Auguste Picard.

Sainte-Beuve. Causeries du lundi, XIV, Paris, Garnier. Theophile Gautier. Les Grotesques, 1844, nouv. éd., Paris, Charpentier.

A. Campaux. François Villon, sa vie et ses œuvres, 1859, Paris, Durand.

R. L. Stevenson. François Villon, dans Familiar Studies of Men and Books, 1882.

L. Schoene. Le Jargon et le Jobelin de François Villon, 1888, Paris, Lemerre.

G. Paris. François Villon, 1901, Paris, Hachette.

Jul. de Marthold. Le Jargon de François Villon, argot du XV siecle, 1908, Paris, Daragon.

P. Champion. François Villon, sa vie et son temps, 1914, Paris, Champion.

Arthur Symons. Figures of several centuries, 1916, London Heinemann.

Les genres qui étaient en faveur au XIII° siècle passent donc au second plan au XIV. La mode en est alors et jusqu'à la fin du XVe siècle, à la ballade, 1 dont l'envoi » ne semble point avoir été employé

1 La ballade, d'abord sans envoi, est divisée en trois couplets généralement de huit (octosyllabes), ou dix vers (décasyllabes). Le dernier vers de la première strophe en forme le refrain. L'envoi, de quatre, cinq ou sept vers qui se termine par le même refrain débute ordinairement par le mot Prince. La formule en est: Couplets: a b a bbc C; envoi, b b c C. (Voir page 28, la ballade de Charles d'Orléans).

Voir, Ch. Asselineau, Le livre des ballades, publié par A. Lemerre. Le chant royal était composé de cinq strophes de onze vers et d'un envoi de cinq, chaque strophe ou couplet étant disposé selon la formule a babccdded E, ce dernier vers formant le refrain. L'envoi dded E.

1

Le rondeau, dont la forme primitive fut le rondet oa rondel, déjà employé au XIII siècle par Adam de la Halle, était, au IIV siècle, composé de huit décasyllabes sur deux rimes, selon le dispositif (qui n'est du reste pas le seul): AB | aA | abAB. (Voir le rondeau de Machaut, page 21). Au XV siècle, il était divisé

avant Eustache Deschamps, au Chant royal, au rondeau et au lai, limité à douze strophes. Le poète ne manie plus les vers à son gré, le nombre n'en est plus subordonné à son souffle, la disposition n'en suit plus simplement sa fantaisie. Il a désormais devant lui un cadre bien défini à remplir et son art est d'autant plus grand qu'il sait le remplir avec plus d'habileté. La liberté dans le rythme, manifeste dans les chansons, tend en conséquence à disparaître. On va se livrer à un méticuleux travail d'adresse qui fait perdre à l'inspiration tout ce que le métier gagne en importance. La poésie se fige dans ces formes fixes qui vont faire loi jusqu'à la Renaissance. Pourtant quelques personnalités ont une tendance à s'affirmer. On lit avec plaisir des poèmes où il y a de la grâce, de la couleur, parfois même un accent de vérité. C'est là un progrès sur la poésie courtoise toute pure. Mais d'autre part, on se passionne pour le Roman de la Rose. Faux-Semblant, Bel-Accueil, Dangier, toutes les abstractions et toutes les allégories souvent fades de Guillaume de Lorris et de Jean de Meung envahissent les œuvres lyriques. On aura toutes les peines du monde à s'en débarrasser.

Il se fait cependant à cette époque une première tentative de Renaissance. On entre directement en contact avec l'antiquité. On étudie des manuscrits latins. et italiens. Bersuire traduit Tite-Live vers 1350 et Nicolas Oresme, Aristote en 1380. La langue s'enrichit de mots nouveaux. La science commence à se vulgariser par les Bibles, les Bestiaires, les Volucraires, les Lapidaires, et les poètes ne manquent pas d'en

en trois strophes sur deux rimes, la première strophe comptant quatre vers, la deuxième trois ou quatre, la troisième cinq, six ou huit, selon que le refrain en était simple ou double, dans l'ordre: ABba abbaA (B). Voir page 28, le ronababA (BAB).

ου ABAB

abA(B)
abA(B)

deau de Charles d'Orléans, Le temps a laissé son manteau ». Au XVI siècle, le rondeau se composait de treize vers de huit ou de dix syllabes, disposés en trois strophes de cinq, trois et cinq vers chacune. Le début du premier vers étant répété (sans toutefois rimer) après le huitième et le treizième vers: ala bbal a a b+début de ala a b ba+début de al. (Voir page 172, le rondeau de Voiture).

Le lat, ordinairement de douze ou treize couplets de douze à trente-six vers était composé en vers de sept, cinq et trois syllabes sur deux rimes, la dernière strophe répétant les combinaisons de la première

faire étalage. Mais les misères du temps viennent entraver les progrès de l'humanisme et le XIV et le XV siècles ne sont après tout qu'une période de transition lente entre le moyen âge et la Renaissance.

Au XIV siècle les bons poètes sont rares. Le Champenois Guillaume de Machaut (1290(?)-1377), secrétaire du vieux roi aveugle Jean de Bohême qui périt glorieusement à Crécy (1346), mérite d'être placé parmi les premiers. Il lui arriva une aventure romanesque. En 1362, une jeune fille, Perronne d'Armentières, s'éprit de lui sans l'avoir jamais vu et lui adressa des vers passionnés. Ils commencèrent une correspondance amoureuse, puis ils se rencontrèrent. Comme Machaut était vieux, il y eut peut-être désillusion pour la demoiselle, mais le poète se laissa accaparer par elle pendant un certain temps. Elle voulut qu'il fixât l'histoire de leurs amours. Ce fut le Voir dit (1363). Machaut y chante sa passion avec élégance et il a même parfois une certaine originalité dans l'expression. On ne saurait, par exemple, refuser de la séduction à son rondeau :

1

Blanche com lys, plus que rose vermeille,
Resplendissant com rubis d'Oriant,
En remirant vo biauté non pareille,
Blanche com lys, plus que rose vermeille,
Suy si ravis que mes cuers toudis veille
Afin que serve à loy de fin amant,

Blanche com lys, plus que rose vermeille,
Resplendissant com rubis d'Oriant.

Mais c'est à Machaut que l'on doit l'emploi des rimes léonines, croisées, rétrogrades, etc.., qui tiendront bientôt lieu d'inspiration. Il lance ainsi, aux dépens de la poésie même, la mode de la recherche à outrance. qui aboutira aux élucubrations savantes des Rhétoriqueurs.

Chez Froissart (1337-1410 (?)) le chroniqueur a fait oublier le poète. Il fut pour son époque un grand voyageur. En 1361, il est en Angleterre à la cour

1 On suppose que c'est la lecture du Dit de la Fontaine amoureuse de Machaut qui suggéra à Chaucer l'emploi de l'histoire de Ceyx et d'Alcyone dans son Livre de la Duchesse (1369). Enfin son Dit du Vergier se retrouve au début de ce délicieux poème qui serait l'œuvre d'une femme: The Flower and the Leaf (vers 1450).

d'Edouard II, où la reine Philippe de Hainaut l'attache à sa personne. En 1364 il est de nouveau en France, l'année suivante en Ecosse, l'année d'après il accompagne le Prince Noir à Bordeaux; en 1368 il fait partie avec Chaucer de la suite du duc de Clarence qui va se marier en Italie. En 1369, il est revenu à Valenciennes, sa ville natale; en 1373 il obtient une cure près de Mons et donne la dernière main au premier livre de ses Chroniques. De 1348 à 1386, il voyage en France. En 1387, il rédige son second livre des Chroniques. En 1388, il est à Orthez, à la cour de Gaston Phébus, comte de Foix. Après de nouveaux voyages en France et en Zélande, de 1389 à 1394, dans l'intervalle desquels il trouve cependant le moyen de composer le 3e livre de ses Chroniques, on le retrouve en Angleterre en 1394 où il est allé offrir au roi Richard un exemplaire de son œuvre poétique. En 1395 il est de retour en France où il passe la fin de sa vie à terminer son œuvre de chroniqueur.

Il fut toute sa vie un poète. Il débuta par L'Epinette amoureuse, écrite en décasyllabes, où il raconte ses premières amours. Sa passion n'ayant pas été récompensée, il en conçut dépit et peine et il ne l'avait pas oublié quand, plus tard, il rima Le, Buisson de Jeunesse. L'abus de l'allégorie nuit un peu à la beauté de ses poèmes riches en vers chatoyants, harmonieux et frais, ainsi que le montre la ballade de la Margherite, extraite de son troisième recueil : Le Paradis d'Amour.1

Sus toutes flours tient on la rose à belle,
Et, en après, je croi, la violette.

La flour de lys est belle, et la perselle ;
La flour de glay est plaisans et parfette ;
Et li pluisour aiment moult l'anquelie;
Le pyonier, le muget, la soussie,
Cascune flour a par li sa merite.
Mès je vous di, tant que pour ma partie :
Sus toutes flours j'aimme la Margherite.

Car en tous temps, plueve, gresille ou gelle,
Soit la saisons ou fresce, ou laide, ou nette,
Ceste flour est gracieuse et nouvelle,

1 Chaucer, dans son Livre de la Duchesse (1369) a fait des em. prunts an Paradis d'Amour de Froissart.

Douce et plaisans, blancete et vermillette;
Close est à point, ouverte et espanie;
Jà n'i sera morte ne apalie.

Toute bonté est dedens li escripte,

Et pour un tant, quant bien g'i estudie:
Sus toutes flours j'aimme la Margherite.

Mès trop grant duel me croist et renouvelle
Quant me souvient de la douce flourette ;
Car enclose est dedens une tourelle,
S'a une haie au devant de li fette,
Qui nuit et jour m'empeche et contrarie;
Mès s'Amours voelt estre de mon aye
Jà pour creniel, pour tour ne pour garite
Je ne lairai qu'à occoision ne die :

Sus toutes flours j'aimme la Margherite.

Eustache Deschamps (1345?-1405?), écuyer et huissier d'armes des rois Charles V et Charles VI, natif de la Champagne, fut l'élève de cet autre Champenois Machaut. Il n'aima guère les Anglais,' car, au cours de la guerre, ils lui brûlèrent la maison qu'il possédait à Vertus.

Comme Machaut, dont il essaya de s'assurer la succession auprès de Perronne d'Armentières en lui adressant des vers, il composa des rondeaux, mais il se distingua surtout dans la ballade.

Il n'est peut-être pas un grand lyrique, ses plaintes incessantes fatiguent à la longue et il aimait trop peu les femmes pour être heureusement inspiré par l'amour, mais en revanche, ceux de ces poèmes qui ont trait à des faits d'actualité nous sont précieux par les détails qu'il nous y donne sur les mœurs de son temps qui sont en butte à sa verve satirique de mécontent. Comme à Victor Hugo, qui sut se servir de «< faitsdivers» pour composer des chefs-d'œuvre, les événements dont il était témoin lui servaient de prétexte pour composer ses ballades, (nous en avons près de 1200) parmi lesquelles celle qui lui fut inspirée par la mort de Bertrand du Guesclin est la plus remarquable:

Estoc d'oneur et arbres de vaillance,
Cuer de lyon esprins de hardement,

1 Il adressa cependant une ballade à Chaucer qu'il appelle Grant translateur, noble Geffroy Chaucier pour le féliciter de sa traduction en anglais du Roman de la Rose.

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