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avec des sentiments paternels, nos respectueuses représentations, et de faire une réponse qui, donnant l'espoir de voir le bien renaître, procure une véritable consolation s ·NOUS TOUS qui sommes désolés à l'excès, et affligés au-delà de toute expression. ( S. Bernard. ep. 170. Ad domin. Papam Eugen.)

Depuis la chute du tyran, ces paroles peuvent et doivent maintenant vous être adressées, Sire, vous, fils aîné de l'Église catholique, et protecteur né de l'Église gallicane: qu'elles vivent éternellement dans votre âme, ces paroles saintes! ou plutôt donnez-leur une vie plus réelle, une existence effective, celle de l'exécution.

Mais il est temps de mettre sous les yeux de Votre Majesté l'accomplissement entier de la sinistre prédiction de M. l'évêque de S.-Pol, déjà citée. S'il est affligeant et scandaleux de voir et d'entendre Pierre dans le vestibule du palais du prince des prêtres, et d'être témoin de sa faute, il est consolant néanmoins, il est édifiant de le suivre, de sortir avec lui dans la cour, d'entendre ses sanglots, et de voir couler ses pleurs. Oublions donc, s'il se peut, que la main pontificale de Pie VII a signé le concordat, et la proscription de nos princes, et la spoliation de l'Église gallicane; oublions qu'elle 7..

a opéré la destitution de nos évêques légitimes, le bouleversement de leurs diocèses, l'intrusion de leurs siéges, et placé enfin la couronne de S.-Louis sur la tête de Buonaparte : voyons-le plutôt prisonnier dans son palais, assailli par les satellites du tyran même qu'il a couronné, et lisant avec amertume, au pied de la croix, cette mémorable lettre du prélat français: Qu'elles seront amères, très Saint Père, les larmes que versera votre Sainteté, à la vue du tableau fidèle des maux de notre Eglise!

que

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En effet, dès le commencement du mois de mai 1802, après que le concordat et ses articles organiques eurent été proclamés à Paris, et le souverain Pontife en fut instruit, de vifs regrets, précurseurs des remords, s'élevèrent aussitôt dans le coeur de sa Sainteté. Elle se hâta d'assembler un consistoire le 24 mai 1802; et dans son allocution secrète (à laquelle il fallait plutôt donner la plus solennelle publicité) le pape déclara à ses frères, les cardinaux de l'Église romaine, qu'il avait été trompé par le chef du gouvernement français ; et que le concordat, tel qu'on l'avait mis à exécution, non-seulement entravait le culte catholique dans l'exercice de ses principales et plus importantes fonctions, mais encore attaquait de front la doctrine même de l'Evangile.

Que fit alors le souverain Pontife pour la défense de la foi et de la doctrine évangélique déjà violées? écrivit-il aux évêques légitimes. de France qui l'avaient averti du piége qu'on lui tendait, pour rendre justice à la pureté de leur zèle, et à la vérité de leur prédiction? ordonna -t-il aux évêques concordataires de cesser leurs fonctions dans l'exercice d'un culte auquel on avait associé le parjure, le schisme et l'hérésie? Pensa-t-il comme S.-Hilaire, (lib. cont. Auxent.) qu'il valait mieux prier et chanter les louanges de Dieu, dans les montagnes et les forêts, et les prisons et les abîmes, que dans l'enceinte des temples ouverts et consacrés à la corruption de l'Evangile et de la foi? Parla-t-il à l'oppresseur de l'Eglise, avec la fermeté d'un S. Ambroise, Pimpératrice Justine; d'un Grégoire IX, au , roi de Sicile; d'un S.-Gelase I, à l'empereur Anastase; et lui a-t-il dit, comme eux? Auguste empereur, quoique vous présidiez au genre humain, vous courbez néanmoins la tête devant les pontifes, ministres des choses divines. ( S. Gelas. ep.8.) Nous avertissons sérieusement l'otre Majesté de rendre justice à l'Eglise, et de pourvoir par là à sa réputation et à son salut. (Greg. IX, ad Fred. Sic.reg.) Non, sans doute, l'inépuisable

à

et funes e tolérance de Pie VII se contenta de gémir à Rome, et de réclamer, par des notes confidentielles, à Paris, auprès d'un gouvernement qui méprisait déjà ouvertement et les notes, et les réclamations, et l'autorité du souverain Pontife: mais, hélas! cette première expérience fut perdue pour la cause de la justice et de l'Église : et sa Sainteté, aussi persévérante, et pour ainsi dire endurcie dans la patience, la mansuétude, la longanimité, que ses astucieux ennemis l'étaient dans le crime. et la trahison, non- seulement maintint en France l'église concordataire, où la foi et la doctrine de l'Évangile étaient attaquées de front, mais encore elle osa conclure, quinze mois après, le 16 septembre 1803, un second concordat, de la même nature, et sous la garantie de la même puissance, en faveur de la république d'Italie. Jamais charitable et pieuse témérité ne fut portée plus loin, ni ne fut plus indignement récompensée par ceux qu'elle voulait servir.

En effet, dès que Buonaparte eut extorqué de la religieuse faiblesse de Pie VII tout ce、 qu'il jugeait nécessaire à l'établissement et au maintien de son usurpation, savoir, l'anéantissement de l'Église gallicane, la sanction đu vol sacrilege de tous ses biens, la destitution de

tous ses évêques, l'établissement de son église concordataire, l'institution canonique de ses évêques constitutionnels, son catéchisme impérial, et son couronnement sacrilége, à la face du monde chrétien, il chercha tous les moyens d'anéantir l'autorité du pape et de s'emparer de ses états: peu à peu les troupes françaises, sous différents prétextes, se répandirent dans les états du souverain Pontife; et, le 2 février 1808, elles fondirent tout-àcoup sur la ville de Rome, s'en emparèrent, et tinrent notre S.- Père le pape, Pie VII, comme prisonnier dans son palais. Mais apprenons, SIRE, de sa bouche apostolique les circonstances et les prétextes de cet attentat: voilà comme sa Sainteté les raconte ellemême dans une lettre circulaire à tous les cardinaux, en date du 5 février 1808, trois jours après l'envahissement de sa capitale.

PIE VII AUX CARDINAUX.

Très cher et vénérable frère et fils en J. C.,

Il n'est ni de nos soins particuliers, ni de notre sollicitude apostolique, ni de notre devoir, ni de notre conscience, ni de notre honorable et inviolable souveraineté et autorité de rappeler le souvenir des longues vicissitudes, des persécutions, des exils et

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