Page images
PDF
EPUB

attaqué même dans l'exercice de son autorité. spirituelle par un usurpateur impie, dont l'excommunication leur était connue, que faisaient tous les évêques concordataires de France en faveur de l'Evangile violé, de l'Eglise opprimée, de la foi catholique attaquée, et de la liberté même enlevée à leur auguste chef? Se sont-ils écriés comme Bossuet : Quoique le chef du gouvernement, tout potentat qu'il est, protège d'autres maximes que celles de l'Évangile et du Souverain Pontife, nous n'en crierons que plus fort en faveur de la saine doctrine? Non: ils abandonnèrent, pour la plupart, ou du moins parurent abandonner le Souverain Pontife, pour suivre et servir l'usurpateur (1). Ils s'étaient, au nombre d'environ quatrevingts archevêques et évêques, rassemblés par l'ordre du ministre de tous les cultes, catholique, protestant, juif, etc.. pour former à Paris un prétendu concile national, sans que le Pape y fût ni appelé, ni représenté : et, au lieu du chef de l'Eglise, ils avaient à leur tête et pour ame de ce conciliabule, monseigneur Bigot, grand-prêtre et régulateur de tous les cultes

(1) Ceux qui s'y refusèrent avec le plus de fermeté, et sur lesquels Buonaparte avait compté le plus, furent renfermés à Vincennes M. l'évêque de Troyes fut du nombre,

religieux. Ce servile esclave du plus absolu des tyrans, rassembla clandestinement chez lui, le 27 juillet 1811, plusieurs pères du concile concordataire, et leur annonça, de la part de Napoléon, qu'il fallait qu'ils décrétassent les articles suivants :

1o. Le concile national est compétent pour statuer sur l'institution des évêques, en cas de nécessité.

2o. Une députation de six évêques étant envoyée au pape, si Sa Sainteté refuse de confirmer le décret proposé par le concile, le concile déclare qu'il y a nécessité; et, dans ce

cas,

il sera pris, par le concile, d'accord avec sa Majesté Impériale, des mesures à l'effet de pourvoir à la nomination, institution et consécration des évêques, conformément aux canons et aux usages antérieurs au concordat.

En effet, les très obéissants pères du concile en prirent connaissance, les discutèrent à huis clos, parce que l'iniquité fuit la lumière, et rendirent, quelques jours après, le décret suivant:

Art. 1. Conformément à l'esprit des canons, les archevêchés et évêchés ne pourront rester vacants plus d'un an, pour tout délai : dans cet espace de temps, la nomination, l'institution et la consécration doivent avoir lieu.

Art. 2. L'Empereur sera supplié de continuer à nommer aux siéges vacants, conformément aux concordats, et les nommés par l'Empereur s'adresseront à sa Sainteté pour avoir l'institution canonique.

Art. 3. Dans les six mois qui suivront la notification faite au pape de ladite nomination, par les voies d'usage, le pape donnera l'institution canonique, conformément aux concordats.

Art. 4. Les six mois étant expirés sans que le pape ait accordé l'institution de l'évêque nommé, le métropolitain, et, à son défaut, le plus ancien évêque de la province ecclésiastique procédera à l'institution canonique du nouvel évèque; et s'il s'agissait d'instituer le métropolitain, le plus ancien évêque en ferait l'institution.

Art. 5. Le présent décret sera soumis à l'approbation de N. S. P. le pape; et, à cet effet, sa Majesté Impériale sera suppliée de permettre qu'une députation de six évêques se rende auprès de Sa Sainteté, pour la prier de confirmer un décret, qui seul peut mettre fin aux maux des églises de France et du royaume d'Italie. Outre ce décret, injurieux et menaçant dans sa forme, schismatique dans ses conséquences, les vénérables pères de cette nouvelle Église,

[ocr errors]

le 19 août 1811, écrivirent la lettre suivante au Souverain Pontife:

<< Très Saint Père,

» Les circonstances et les motifs qui ont déterminé Sa Majesté l'Empereurà convoquer un concile national, sont connus de Votre Sainteté. Vivement touchée des maux qui résultent et pour la religion et pour l'ordre public, de la vacance d'un grand nombre d'églises, Sa Majesté a cherché les moyens d'y remédier. C'est dans cette vue, qu'après avoir consulté quelques évêques appelés à Paris, elle a permis que quatre d'entre eux se rendissent auprès de Votre Sainteté, pour lui exposer la situation, les besoins et les vœux de tout le clergé et de tous les fidèles de son empire. La convocation d'un concile national est une nouvelle preuve du zèle de l'Empereur pour les intérêts de la religion catholique, et de son respect pour les formes canoniques. ( Quel mensonge! quel blaspheme! Vous savez bien, évéques prévaricateurs, que ce n'est nullement pour la religion catholique, mais uniquement pour lui que votre Empereur travaille, ou plutôt qu'il intrigue par le ministère de ses espions envoyés au Souverain Pontife: vous savez bien qu'un concile ne peut

non

étre canonique, si le chef de l'Eglise en est exclus: vous savez bien qu'il est lâche, déshonorant, infâme pour un évêque, d'aller faire des propositions humiliantes et trompeuses au père commun des fidèles, lorsqu'il est retenu dans les fers d'un tyran; et privé non-seulement de la liberté, mais de l'exercice même de la puissance spirituelle que J.-C. lui a donnée pour gouverner son église. Vous savez bien que votre devoir était, d'aller trouver cet illustre et saint captif de la part du tyran, mais de forcer le tyran même, par vos résistances et l'autorité sacrée dont vous êtes revêtu, à vous rendre, ainsi qu'à toute l'Eglise, le chef que J.-C. lui a donne, ainsi qu'à vous, dans le successeur de Pierre: dites-nous donc enfin si c'est par respect pour les formes canoniques qu'il chasse le Pape de sa chaire pontificale, qu'il le prive des cardinaux, ses conseillers, ses pieux collaborateurs; qu'il l'empêche de correspondre avec toute la chrétienté pour l'administration spirituelle de l'Eglise, et qu'il tient en exil cinquante ou soixante prélats italiens, dérobés à leurs diocèses et à leurs troupeaux qui les réclament en vain ?)

» Il était de notre devoir, très St. Père, de seconder les vues d'un souverain qui a signalé

[ocr errors]
« PreviousContinue »