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» réconciliation ?... L'organisation des cultes » est dans l'Église, ce que le dix-huit brumaire » est dans l'état; ce n'est le triomphe d'aucun `» parti, mais la réunion de tous les partis dans » l'esprit de la république et de l'Église. »

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Ainsi les constitutionnels, schismatiques, hérétiques, excommuniés, sont confondus par le concordat en 1802, avec les catholiques, comme la fusion de tous les partis s'est opérée au 18 brumaire: ainsi les ecclésiastiques orthodoxes qui ont rejeté la constitution civile du clergé, frappée d'anathème par Pie VI, formaient un parti assimilé au parti des intrus; et le souverain Pontife Pie VI, n'était lui-même qu'un chef de parti. Quelle impiété ! quel blasphême ! mais poursuivons le gouvernement français, en vertu du concordat, veut donc, comme nous venons de le voir, que les prêtres excommuniés soient chargés des fonctions pastorales; et non seulement il n'exige aucune rétractation de leurs erreurs sacriléges, mais encore il ne permet pas qu'ils en fassent; telle est la lettre du ministre des cultes au préfet de la Somme, du 14 mai 1802. « Avec votre lettre » du dix du courant, j'ai reçu, citoyen préfet, » les pièces qui constatent la rétractation pu» blique faite par Claude de la Cour, prêtre » marié, et l'anathème dont il frappe son ma

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»riage. Cette démarche est un véritable scan» dale... Les prêtres qui administrent la pa»roisse, ou l'église dans laquelle De la Cour » a fait sa rétractation solennelle, auraient dû >> veiller à ce que pareil scandale n'eût pas lieu; » et vous les avez justement rendus respon»sables de tout événement pareil. >>

Et voilà ce qu'on appelle rétablir le culte et la religion catholique par le concordat!

Voyons maintenant la doctrine du LÉGAT à latere, sur l'usurpation des biens d'autrui.

« Le cardinal-légat (Caprara), dit M. Cam» bacérès, appelé archevêque de Rouen, aux » ecclésiastiques de ce diocèse, nous a transmis » une décision sur les biens nationaux, qu'il > importe de vous communiquer..... Son Emi» nence veut, sans aucune distinction, que les » prêtres, interrogés par les acquéreurs de » biens nationaux, leur répondent qu'ils peu» vent légitimement retenir la possession de ces » biens. »

Voici la décision telle qu'elle a été généralement publiée par plusieurs évêques concordataires :

« Les ecclésiastiques requis par les possesseurs des biens (laïques) nationaux, de » déclarer s'ils les peuvent retenir, sont obligés » de répondre, afin que la paix publique et

» l'ordre social ne soient point troublés, que » personne ne peut s'opposer aux lois exis» tantes, rendues par le gouvernement souve» rain, relativement à ces biens; et qu'en con» séquence ils peuvent légitimement retenir la » possession de ces mêmes biens. »

« Nous sommes informés, dit M. P. F., bien» aimé évéque concordataire de Metz, que >> plusieurs d'entre vous, nos chers coopéra»teurs, se permettent de troubler les cons>>ciences des acquéreurs des biens nationaux; et cependant nous vous avons transmis, » dans le rescrit du légat à latere ( Caprara), » la règle de conduite que vous aviez à tenir. ss

>> ......

Mr. C. L. Rousseau, évêque concordataire de Coutances, répond en ces termes à un acquéreur délicat qui le consulte. — (3 pluv. an II.)

« Je suis, Monsieur, édifié de la délicatesse » de votre conscience, et je m'empresse de la » tranquilliser.

» Le Souverain-Pontife a déclaré que les ac» quéreurs de biens nationaux en étaient déten❝teurs légitimes: ainsi on peut les posséder >> religieusement, sans aucune inquiétude. »

Voilà donc, par cette décision du cardinal Caprara, portée au nom de N. T. S. P. Pie VII, le septième et le dixième commandement de

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Dieu supprimés, anéantis; et la voix qui a tonné du haut du mont Sinaï, et qui a dit aux hommes, vous ne déroberez point, vous ne convoiterez point, vous ne retiendrez point le bien d'autrui, n'est plus qu'une voix mensongère et trompeuse.

Du Catéchisme concordataire.

Conformément à l'article 39 des articles organiques, Buonaparte, par un décret du 4 avril 1806, proclame un catéchisme qu'il a fait composer pour être enseigné dans toute l'Eglise concordataire de France, et auquel le cardinal Caprara a donné son approbation.

Ainsi, quoique J.-C. ait dit aux apôtres, allez, et enseignez l'Évangile à toute la terre, ce ne sont point les évêques, en France, c'est l'empereur lui-même qui rédige et publie les livres de doctrine et de morale chrétienne, pour l'instruction de la jeunesse : et ses intérêts, sans doute, y seront mieux servis ceux que la religion.

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Mais, avant d'entendre les leçons de ce nouvel apôtre de la foi, sur les bords de la Seine, au milieu de son clergé de Paris, écoutons-le sur les rives du Nil, au milieu des musulmans : « Il n'y a qu'un Dieu, qui n'a ni fils, ni as» socié dans son royaume, disait-il dans sa

» proclamation aux habitants de l'Égypte : » les Français adorent l'Etre-suprême, et » honorent le Prophète Mahomet et son saint » Alcoran......... Les Français sont de vrais » Musulmans; il n'y a pas long-temps qu'ils » ont marché à Rome, et renversé le trône » du Pape, qui excitait les chrétiens contre » les disciples de l'Islamisme. »

LEÇON XIV.

D. Qu'est-ce que l'Eglise catholique? R. « C'est l'assemblée ou la société des fidèles » répandus par toute la terre. »

Or, les luthériens, les calvinistes, et tous les protestants appellent leurs églises la société des fidèles. Donc, ils appartiennent à l'Eglise catholique, telle qu'elle est définie dans le catéchisme concordataire du diocèse de Paris et de toute la France.

Mais suivant la définition de l'Eglise, dans les anciens catéchismes de France, les protestants ne pouvaient pas même prétendre y appartenir. La voici :

« L'Eglise est la société des fidèles réunis par » la profession d'une même foi, et la partici»pation aux mêmes sacrements, sous l'autorité » des pasteurs légitimes dont le chef visible est » le Pape. »

Concordat.

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