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Depuis le jour mémorable où, comme Saul, sur le chemin de Damas, Clovis, frappé tout coup à Tolbiac, d'un invincible rayon de la grâce, voua sa personne et sa monarchie à la foi de J.-C., jusqu'au jour trois fois heureux où VOTRE MAJESTÉ reprend les rênes de cette même monarchie, quelle étonnante révolution s'est opérée! Que les temps sont changés! Ce n'est plus le trône qui, prêt à périr, invoque la religion du Christ, et lui demande une victoire miraculeuse sur ses ennemis; c'est la religion qui demande au trône la faveur d'une victoire juste et légitime contre l'impiété qui la persécute, l'asservit, la dépouille, et ne veut lui rendre ni sa doctrine pure, ni ses droits divins, ni ses autels. La lenteur de la justice qu'elle sollicite, n'a pas encore éteint en elle l'espérance de l'obtenir; et, quoique des jours, des mois, des ans se soient écoulés déjà sans la réintégrer dans ses droits, le triomphe qu'elle procura jadis au pieux fondateur de votre trône, les autels qu'elle a fait ériger à SaintLouis, le vœu qu'elle a reçu de Louis XIII, le testament et le martyre de Louis XVI, le titre de fils aîné de l'Église, que porte Votre MAJESTÉ, et la pieuse alliance de l'autel et du trône, qui remonte, pour la monarchie française, presque jusqu'au berceau du christia

nisme, tout annonce, tout assure que la religion catholique et l'Église de France n'auront pas vainement imploré vos secours pour leur gloire et pour le salut même de Votre Majesté. L'esprit saint a établi dans l'Église les évêques pour nous gouverner. Malheur, disent les canons apostoliques, à quiconque méconnaît leur puissance, et n'obéit point à leur voix ! Ils sont nos chefs et nos guides dans le sentier de la foi, tant que le pape ne les a point justement et canoniquement retranchés de sa communion: et VOTRE MAJESTÉ n'ignore pas que depuis plus de douze ans, ils ont pesé le concordat au poids du sanctuaire, et proclamé contre lui la tradition apostolique, la doctrine immuable de l'Église, et tous les principes conservateurs des droits sacrés de votre couronne, et des droits encore plus sacrés de leur épiscopat divin. Leur ouvrage est un flambeau qu'ils ont allumé pour éclairer leurs prêtres et leurs troupeaux fidèles dans les routes ténébreuses du schisme et de l'hérésie où l'on cherche depuis long-temps à les égarer! Malheur à nous, malheur à nos guides mêmes, s'ils ne l'avaient allumé, ce flambeau céleste, que pour en étouffer ensuite la lumière, et le placer, suivant l'expression de l'Evangile, non sur un candelabre, mais sous un boisseau ! C'est un glaive dont ils se sont armés eux

mêmes, et qu'ils ont mis dans nos mains pour combattre les usurpateurs de leurs siéges, les loups dévorateurs de leurs brebis, les sacriléges dilapidateurs des trésors de la foi. Malheur à nous, malheur à nos guides mêmes, si nous craignons les uns et les autres d'en user au moment décisif du combat; et si, rangés en bataille devant l'ennemi, nous cachons les armes victorieuses dont nous l'avons menacé de loin ! N'est-il pas à craindre que Dieu ne dise aux princes, aux prêtres, aux prélats,'aux lévites, aux simples fidèles mêmes, que sa providence a ramenés dans leur patrie : « Pourquoi ne dé>>ployez-vous pas effectivement en France, » pour ma doctrine et mes autels, le même zèle » brûlant qu'en exil vous avez professé par vos » paroles, par vos promesses, par vos protesta» tions et vos écrits immortels? Comme Pierre, » dans la maison du prince des prêtres, le cou» rage et la foi vous abandonnent-ils, lorsqu'il » faut réaliser vos promesses, et défendre ma » cause par des actions et des faits? Ce n'est » point assez d'avoir parlé :

» La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère?»

Non, non ce n'est point ainsi qu'en ont usé S. Athanase et S. Hilaire, qui, comme nous, SIRE, avaient à combattre des ennemis nom

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breux, soutenus d'un Souverain-Pontife qui, pour le bien de la paix, disait-il aussi, excommuniait le S. évêque d'Alexandrie, protégeait l'hérésie d'Arius, et gagnait ainsi les bonnes grâces d'un empereur. Ils ont combattu pour la vérité, contre le successeur même du prince des apôtres; et leur indomptable résistance est enfin parvenue à chasser l'Arianisme de l'Eglise, et à rendre l'Église à son chef, et son chef à la foi. Le moment est venu de parler et d'agir ouvertement en France pour la cause de la religion: toutes les considérations humaines doivent se taire et disparaître : l'homme du monde et de la cour peut quelquefois vendre son silence et son inactivité dans la cause des intérêts du siècle; mais dans la cause du ciel et des autels, l'homme du sanctuaire ne le peut jamais, parce que, dit l'Evangile, il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes; et tout chrétien qui s'est déjà montré le généreux défenseur de l'autel et du trône, doit en quelque sorte appeler aujourd'hui ses actions à l'appui de sa doctrine, et braver dans sa patrie, comme il l'a fait en exil, et la critique et la censure, et la persécution des novateurs et des impies.

En composant et publiant mon adresse aux deux chambres, je ne me suis pas dissimulé, SIRE, combien la doctrine pure de l'Église, et

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les principes de nos illustres évêques, en faveur de la double religion de l'autel et du trône choqueraient les auteurs et les acteurs de la révolution, qui n'ont point encore cessé d'écrire, de gouverner, de combattre pour l'anéantissement du culte catholique et du trône de nos rois. Comme l'eau frémit et bouillonne au seul contact du fer brûlant ou des charbons ardents qu'on y plonge, le seul mot de justice ou de légitimité, de morale ou de restitution à César, de ce qui appartient César, et à Dieu, de ce qui appartient à Dieu, fait également murmurer et frémir d'indignation, et de frayeur peut-être, cette foule innombrable de novateurs qui, rassasiés d'emplois, de richesses, de dignités usurpées, couvrent aujourd'hui du beau nom d'IDÉES LIBÉRALES, leur doctrine pernicieuse, et leurs intrigues et leurs complots.

Et comment n'aurais-je pas excité contre moi la clameur générale, lorsqu'à travers les décombres de notre antique et puissante monarchie, je suis arrivé dans le palais immense de de la révolution, où les factieux, les régicides, les parjures occupaient les plus magnifiques appartements, les places les plus éminentes et les plus lucratives, et que j'ai eu le courage de publier, de dire hautement que notre souverain

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