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prières, de services spirituels et divins: « si, » muettes devant la loi menaçaute et souve» raine, les réclamations des anciens proprié»taires vivants, ne se font point entendre, » il est d'autres réclamations écrites au fond » des tombeaux, sur le front des morts, lisez» les ou plutôt écoutez les cris plaintifs des » membres de l'Église souffrante, des ombres » de nos ancêtres, de ces ames qui, si l'Évan» gilen'est pas une imposture, la foi catholique » une erreur, le symbole des apôtres un men» songe, languissent dans cet affreux séjour, » des peines expiatoires, redoutable creuset » des justes, que la main de Dieu même a » suspendu entre le ciel et l'enfer, à la porte » de l'éternité: Rendez-nous, disent-elles, ren» dez-nous les dons faits au Seigneur, nos » deniers sacrés, la subsistance des Saints » la chose de Dieu, que nous avons offerte à » són Église en échange de ses secours spiri

tuels; c'est en quelque sorte la rançon de »nos souffrances dans ces horribles lieux: » de quel droit, chrétiens barbares, de quel » droit vos mains, cupides et sacriléges, re» tiennent-elles le prix de notre délivrance, » et la rédemption de la captivité des morts? » songez que ce qu'on donne à Dieu, n'ap» partient point aux hommes, et que notre

» pacte avec le ciel ne peut être légitimement » rompu par aucune puissance de la terre. » Nos biens, ou le prix spirituel de nos biens, » voilà ce que nous demandons; voilà ce que » la justice divine réclamera pour nous, au »jour du jugement; songez-y: et, s'il existe » encore dans vos cœurs chrétiens, la moin» dré étincelle d'une charité compatissante » et sensible aux maux de l'Église souffrante » de J.-C., n'oubliez pas qu'enrichis par nos » fondations usurpées, chaque moment de »jouissance et de plaisir que vous tirez de » nos dépouilles, nous coûte peut-être plus » de mille années de supplices et de tour»ments affreux,»

Enfin, il est plus que jamais nécessaire d'annoncer aux Français abusés, que, suivant la tradition constante de l'Église, la doctrine des saints pères, (S. Gelas. I. ep. 8 ) des conciles généreux, (Conc. Const. c. 23) et de l'Église gallicane en particulier, les Souverains Pontifes de Rome n'ont aucun pouvoir sur le temporel des rois ; que, par conséquent, notre très saint Père le Pape Pie VII n'a pu légitimement proclamer l'usurpateur Buonaparte, comme souverain du royaume de France, au préjudice des Bourbons; qu'en plaçant la couronne de Louis XVIII sur la tête du tyran, il s'est rendu cou

pable envers Dieu, envers le Prince, envers le peuple (Recl. p. 227), et qu'il n'a pu validement dégager les Français de la fidélité qu'ils devaient et qu'ils doivent, en vertu de la loi de Dieu, à l'auguste famille des Bourbons, leurs souverains légitimes (Recl. p. 232).

D'après tant d'erreurs, tant de fautes, tant d'usurpations, tant de malheurs, tant de parjures enfantés par une funeste convention mère elle-même de l'église concordataire, il n'est donc point étonnant, Sire, que nos évêques ligitimes, inébranlablement fidèles à Dieu et au Roi, aient refusé de concourir à cette oeuvre d'iniquité, et à l'envahissement sacrilége de votre trône et de leurs églises : la providence leur a donné la grâce de prévoir ce que n'a point prévu le souverain Pontife; ou plutôt, connaissant mieux que Sa Sainteté, les temps, les lieux, la marche, et les hommes de la révolution, ils ont vu que l'église constitutionnelle de 1790, fondue pour ainsi dire dans l'église concordataire de 1801, allait consolider et faire triompher le schisme, dit l'évê

que

de St. Pol, et introduire l'abomination de la désolation dans le lieu saint. La prudence, la sagesse, la discipline constante de l'Église, la doctrine des Saints Pères, et les canons des conciles, archives sacrées des droits ina

lienables de l'épiscopat, voulaient donc qu'avant de traiter avec le chef perfide du gouvernement français, notre saint Père le Pape Pie VII consultât les évêques légitimes de France sur les moyens d'y rétablir la religion, le culte et la foi catholique, et cette paternelle confiance leur était d'autant plus justement due, que Sa Sainteté n'ignorait pas qu'ils avaient déjà, par leurs lumières et leur courage, sauvé la France des horreurs du schisme; et qu'infatigables athlètes, ils avaient toujours glorieusement combattu, et combattaient encore en exil, dans les fers, sur les échafauds, et, comme dit le grand apôtre, au milieu de toute espèce de périls, dans les villes, dans les campagnes, dans les déserts, parmi les impies, les incrédules, les athées, et surtout les apostats et les faux frères. (2 Corint. c. 11. I.)

Mais, loin d'en user ainsi, le Souverain Pontife, égaré sans doute par des conseillers trompeurs ou trompés, a prétendu, par un acte arbitraire de sa volonté, supérieur à sa puissance (S. Bernard de Cons. t. 3. c. 4. Pius VI. Litt. Ap. 1791. Greg. X.- Paul III. Bull. indict. conc.), chasser de leurs siéges ces illustres confesseurs et martyrs de la foi bouleverser cent cinquante évêchés, et anéantir l'Église gallicane, pour y substituer l'église

Concordat.

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concordataire, et complaire au tyran. C'est pourquoi, ces généreux défenseurs de l'autel et du trône, voyant la grandeur du péril dont notre religion sainte était menacée, et voulant, dans des circonstances aussi critiques, ne rien omettre de ce qu'ils devaient à leurs diocèses, à l'Église gallicane, au saint siége luimême, et à l'Église catholique toute entière, ont solennellement réclamé et protesté contre le concordat, et l'établissement de l'Église concordataire, et contre toutes les bulles, vraiement subreptices, qui ont précédé, accompagné, et suivi l'exécution de ce traité malheureux, illégitime et funeste. (Recl. P. 125.) Mais, en déposant aux pieds de Sa Sainteté, leurs réclamations canoniques, ils ont versé sur des erreurs et des torts graves, mais involontaires, le baume adoucissant d'une respectueuse et fraternelle commisération. Non, vous n'avez pas encore compris, se sont-ils écriés, avec S. Athanase, vous n'avez pas compris qu'il y va maintenant de la perte du christianisme. (Ep. ad omn. orth. epis.) Voyez, ó Père commun, jusqu'à quel point votre religion a été surprise... L'apparence du bien vous a trompe... Mais maintenant que le zèle se lève, et qu'il déploie toute son énergie! que Dieu vous inspire d'accueillir,

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