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DE L'IMPRIMERIE DE LACHEVARDIERE,

RUE DU COLOMBIER, N° 30.

DE

LA CONVENTION

NATIONALE,

OU

ANALYSE COMPLÈTE DES SÉANCES,

AVEC LES NOMS DE TOUS LES MEMBRES, PÉTITIONNAIRES OU PERSONNAGES
QUI ONT FIGURÉ DANS CETTE ASSEMBLÉE,

PRÉCÉDÉE D'UNE INTRODUCTION.

TOME PREMIER.

PARIS,

A. BOSSANGE, rue cassettE, No 22;

BAUDOUIN FRÈRES,

RUE DE VAUGIRARD, No 17.

1828.

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INTRODUCTION

HISTORIQUE

AUX DÉBATS DE LA CONVENTION NATIONALE.

La révolution française, dont la première cause fut l'imperfection des institutions politiques, et leur désaccord avec la situation morale de la société, n'a jamais eu de combats plus terribles, plus décisifs à livrer que pendant le règne de la Convention nationale. Sous les assemblées précédentes elle avait rencontré de grands obstacles intérieurs: deux ordres jadis puissants par le privilége dont ils étaient sortis, avaient entraîné et compromis la royauté dans leur querelle : il avait fallu triompher des intrigues de cour, soutenir la lutte des intérêts blessés, résister aux clameurs du fanatisme; mais alors les premiers artisans de la révolution n'avaient point encore trahi sa cause, ni tourné leurs armes contre elle; d'abandon en abandon, elle n'était point encore échue aux dernières classes du peuple; le torrent de l'émigration n'inondait point les frontières, et la patrie n'avait pas à soutenir le choc de l'Europe. Ces dangers immenses s'étaient accumulés au moment où se réunit la Convention nationale.

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La révolution, à cette époque, avait perdu son caractère primitif. Quoique trois années à peine eussent passé sur elle, on était loin de ce temps d'espérance où la réformation politique, sollicitée par les hautes classes, exigée par les parlements, désirée même par le trône, s'annonçait comme d'un accomplissement facile. Aux jours où la nécessité des circonstances suscita la Convention nationale, d'affreux nuages environnaient l'horizon; au lieu d'une nation qui marche avec ordre et calme vers les réformes sociales, on ne voyait plus qu'une société livrée à la confusion, ébranlée dans ses bases; qu'un peuple exaspéré, nourri dans le trouble, soupçonneux jusqu'à l'injustice, vindicatif jusqu'à la cruauté, prêt à tout oser, et opposant à d'imminents périls le courage du désespoir. Toutes les passions étaient déchaînées, tous les fanatismes abandonnés sans frein à eux-mêmes tous les éléments du corps social confondus et dissous. Des rangs du peuple, chargé désormais de sauver le pays, avait surgi une multitude d'hommes sans éducation, bruts comme la nature doués seulement d'une effrayante énergie. De là ce choc de passions sauvages, des traits sublimes de caractère et de vertu, des folies atroces ou ridicules. La société était, pour ainsi dire, travaillée d'une fièvre ardente, et présentait à l'Europe saisie de surprise et d'effroi, le plus nouveau, le plus formidable des spectacles.

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