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augmenté, les papes en ajoutèrent de nouveaux sous la direction d'un chef qui présidait: ainsi serait venu le nom de cardinal ou de principal, qui était le plus digne d'entre eux.

De toute façon, je veux mettre en relief qu'on peut concevoir des monuments ecclésiastiques des églises principales, que les prêtres les plus distingués ont été revêtus du titre de cardinal jusqu'au moment où ce titre a été réservé seulement à ceux dont se composait le Sacré Collège, qui, avec le pape, constitue précisément le Saint-Siège. A la dénomination de cardinal ils ajoutérent ensuite celle de l'église ou du titre dont aujourd'hui ils prennent la possession.

L'importance et la dignité des cardinaux changèrent par effet des vicissitudes de la papauté. Le cardinal Bellarmino dit que dans le temps les cardinaux étaient considérés inférieurs aux évêques. Mais après les choses subirent des variations et les cardinaux commencérent à prendre le pas sur les évêques, d'abord, parce qu'ils devinrent les seuls conseillers du pontife, au contraire de ce qui était arrivé jusqu'au vi° siècle, où le pape réunissait les Conciles nationaux composés des évêques de l'Italie pour traiter les affaires fondamentales de l'Église; ensuite, parce qu'ils acquirent une grande autorité et suprématie, lorsque les seuls cardinaux purent élire

le pape et avoir ainsi exclusivement la probabilité d'arriver à la papautė.

Pour faire bien saisir la portée et l'origine des titres, il faut remonter aux premiers siècles de l'Église, car c'est à peu près à l'époque des Apôtres que les titres ecclésiastiques sont mentionnés à Rome.

Dès les débuts de la prédication apostolique, les premiers fidèles se réunissaient en des églises établies dans leurs propres demeures. Telle est l'origine des églises de Rome qui, du nom de leurs propriétaires et fondateurs, prenaient leur titre ou dénomination. C'est ainsi que l'endroit où s'assemblaient les chrétiens dans la maison de Pudens, s'appela Titulus Pudentis.

D'autres églises ont pris également le nom ou le titre de leurs fondateurs ou fondatrices, tels que Lucina, Vestina, Praxède, Byzance, Pammachius, Pasteur, Clément, Nicomède, etc. A ces titres, qu'on pouvait considérer comme formant les paroisses de Rome, étaient attachés, outre les prêtres, des ministres inférieurs.

Les quatorze régions de Rome se partageaient en vingt-cinq paroisses ou titres, dans lesquels les prêtres administraient les sacrements et pourvoyaient aux besoins spirituels des fidèles; il y avait en même temps sept régions ecclésiastiques auxquelles étaient préposés des diacres

ayant le ministère spécial de s'occuper des besoins matériels du peuple chrétien. Ces diacres soignaient le trésor de l'Église, s'occupaient des besoins des croyants, des veuves et des orphelins. C'est de là que les diaconies sont nées.

Au commencement du Ive siècle, le nombre des titres et paroisses était toujours de vingt-cinq, mais, vers la fin du même siècle, il monta au chiffre de vingt-huit. Les diaconies ne furent portées au nombre de quatorze, correspondant aux quatorze régions d'Auguste, que vers le XIIe siècle.

L'origine des titres ou paroisses de Rome a donné lieu, ainsi qu'on a pu aisément le comprendre, à l'institution des cardinaux. Le pontife, en effet, tant en sa qualité d'évêque de Rome, que comme pasteur suprême de l'Église, devait s'entourer de conseillers fidèles et prudents, choisis parmi le clergé de Rome. Rien, par conséquent, de plus naturel que le pape ait appelé à prendre part aux affaires de l'Église les sept évêques suburbicaires qui sont comme les suffragants de sa métropole, les prêtres titulaires des grandes basiliques ou églises formant paroisse et les diacres, qui, par leur expérience dans les affaires, pouvaient spécialement venir en aide au pape pour l'administration des biens de l'Église.

C'est ainsi que se formèrent les différents ordres dans la hiérarchie des cardinaux qui,

comme on le sait, sont répartis en cardinaux évêques ayant un des six sièges suburbicaires (sept autrefois, les sièges de Porto et de Santa Rufina ayant été réunis), en cardinaux prêtres, recevant le titre d'une des anciennes églises titulaires ou paroissiales de Rome, et en cardinaux diacres, qui prennent possession d'une ancienne diaconie.

Donc les cardinaux, comme conseillers du pape, suivent le sort de celui-ci pour ce qui a trait à l'universalité. La dénomination de cardinal de Sainte Église Romaine n'est que le titre, leur mission étant universelle; en effet, ils appartiennent à tous les pays.

Le nombre des cardinaux n'a jamais été fixe. On sait que Jean XXII, ayant été invité, en 1331, à nommer deux cardinaux français il répondit qu'il ne devait y avoir que vingt cardinaux, dont dix-sept étaient français et que pourtant il ne pouvait en nommer qu'un seul.

En 1352, après la mort de Clément VI, les cardinaux décidèrent que leur nombre ne pourrait pas surpasser celui de vingt. Mais Urbain VI, comme nous venons de le voir à la partie historique, ne tint pas compte de cette décision.

Les papes Pie II, Sixte IV et Alexandre VI augmentèrent chacun à son grẻ le nombre des cardinaux.

Lẻon X, élu en 1513, fut le premier et le seul qui, se passant de tous égards, créa trente et un cardinaux dans une seule fois. Sous son pontificat le nombre des cardinaux vivants arriva jusqu'à soixante-cinq.

L'exemple fut suivi par Paul III, qui en nomma soixante-onze. Pour mettre une règle, Paul IV publia une bulle par laquelle le nombre des cardinaux ne pouvait pas aller au delà de quarante. Mais Pie IV, son successeur immédiat, en 1556, en nomma quarante-six. Ensuite Sixte V par une bulle en porta le nombre à soixante-dix. Ce chiffre a toujours été depuis la règle cons

tante.

La résidence des cardinaux auprès du pape est obligatoire, et ils ne peuvent s'absenter sans sa permission. Pourtant le Concile de Trente a décidé que les cardinaux évêques puissent résider dans leur diocèse, la présence de tous les cardinaux n'étant pas nécessaire où demeure le pape.

Il tombe maintenant à propos, afin de remplir ma tâche, de connaître les origines des papes et les nationalités connues des cardinaux, attendu qu'on arrivera ainsi à s'expliquer très facilement la raison de la prépondérance constante des papes italiens.

Dans les deux premiers siècles, des papes ou évêques de Rome, au nombre de quinze, dont le

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