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THE NEW YORK

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ASTON, LINOX AND TEDEN FOUNDATIONS

AVANT-PROPOS.

LES infortunes qui accablent la ville libre de Cracovie ont déterminé récemment des habitants notables de cette ville et de son territoire, à chercher au dehors un appui contre l'injustice et la violence des trois puissances qui avaient accepté de l'Europe la mission de protéger cet État. Ils ont, dans une adresse en date d'octobre 1839, fait appel aux gouvernements de France et d'Angleterre, comme parties et garants des stipulations de 1815, qui les concernent.

Frappé moi-même par la persécution qui s'exerce sur les habitants de Cracovie, où depuis quelques années je dirigeais un institut d'éducation; forcé, il y a peu de mois, de quitter cette ville, et arrivé dans un pays jouissant de la liberté de la presse, j'ai cru devoir appuyer la démarche de mes concitoyens par la publication d'un Mémoire appuyé de documents officiels, qui exposent le tableau des souffrances cruelles et de l'état anormal de cette ville libre.

On y verra comment Cracovie, créée, par le concert des puissances réunies au congrès de Vienne, État libre, indépendant, et strictement neutre, et dotée alors d'une constitution, partie intégrante du traité général de 1815, s'est vue dépouillée de ce droit par les trois puissances limitrophes appelées par ce traité même à la protéger; comment après une première organisation émanant de ces puissances, et déjà peu en harmonie avec l'ensemble des institutions garanties au nouvel État, Cracovie subit en 1820 une première, et en 1827 une seconde et plus grave intervention des Cours protectrices dans ses affaires intérieures; comment, après avoir vu violer sa neutralité par une occupation militaire temporaire en 1831, elle sevit imposer une nouvelle constitution et organisation en 1833; comment, bientôt après, au mépris des engagements si récents et si spontanés de ses Protecteurs, et sans aucune provocation de sa part, presque toutes les libertés et garanties qu'on lui avait laissées, lui furent enlevées une à une; comment enfin, condamnée à une nouvelle occupation militaire en 1836, elle continue à gémir sous l'empire d'une désorganisation complète de ses autorités constitutionnelles, sous un chaos de statuts et de règlements contradictoires, sous le joug tyran

nique d'une police étrangère et sans contrôle, sous un ensemble de maux enfin qu'on se figurera, en apprenant que dans un pays, auquel, par un reste de respect illusoire pour les traités, on laisse devant l'Europe le nom et certaines formes d'une république, des commissions spéciales composées d'étrangers jugent, et la police bâtonne les citoyens.

Cet exposé tend à justifier les demandes suivantes, exprimées dans l'adresse des habitants de Cracovie.

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« 1°. Que la France s'entende avec la Grande-Bretagne pour exiger une révision fondamentale des conditions qui fixent l'existence de l'État de Cracovie, tant pour l'intérieur que pour ses rapports avec ses voisins; qu'une commission (ou conférence) soit désignée à cet effet par l'Autriche, la France, la Grande-Bretagne, la Prusse et la Russie; -que ces cinq puissances arrêtent de concert, ainsi qu'elles le firent en 1815, et d'une manière définitive, les bases fondamentales de son organisation intérieure, et les mettent d'accord avec les règlements organiques postérieurs, par lesquels sa Constitution originaire a été modifiée, quoique cette Constitution, insérée textuellement dans l'acte général du congrès de Vienne, eût dû rester intacte autant que les autres stipulations du même traité.

«2°. Que des délégués de la ville libre de Cracovie soient admis, avec voix consultative, aux délibérations de cette Conférence.

« 3°. Que la Conférence arrête les mesures destinées à procurer aux habitants de Cracovie, dans leurs rapports commerciaux et dans toutes leurs communications avec les territoires avoisinants, les bénéfices qui leur furent assurés par le traité de Vienne (articles VI-XIV).

«4°. Que les institutions fondamentales destinées à régler l'existence de Cracovie, ayant une fois reçu la sanction des cinq puissances, toute réforme ultérieure s'accomplisse désormais d'après le mode tracé d'avance à cet effet, c'est-à-dire, par l'action régu lière des pouvoirs constitutionnels du pays.

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«< 5°. Que les autorités du pays, constituées d'après les institutions ainsi renouvelées, soient désormais libres de toute influence étrangère avouée, et n'aient à répondre de leurs actes que devant les pouvoirs que la loi désignera à cet effet.

« 6o. Enfin que pour obvier à l'avenir à la nécessité de réclamations pareilles à celle-ci, ainsi que pour surveiller l'effet des mesures que nous venons de proposer, les gouvernements de France et d'Angleterre entre

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