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n'est que d'un cinquième de degré ; l'eau du lac ayant 16o Réaumur, celle du Rhône était de 16o,2.

Le médecin devra profiter de chaque occasion pour faire comprendre à chacun l'importance de la plus minutieuse propreté, et dans les visites sanitaires, qui ont lieu chaque semaine, il n'oubliera pas d'inspecter la troupe à ce point de vue.

(A suivre.)

DE L'ÉCONOMIE DES FORCES ET DE LA DISCIPLINE DU FEU

Par le major-général Bestagno. (Fin.)

La discipline du feu est donc, comme j'ai essayé de le démontrer précédemment, une condition sine qua non de la supériorité des armes se chargeant par la culasse sur celles se chargeant par la bouche.

Ce furent les grandes difficultés que l'on prévoyait devoir rencontrer pour discipliner le feu, qui firent mettre en doute l'utilité des fusils à chargement par la culasse comme arme de guerre capable d'être confiée aux soldats et qui en suspendirent l'adoption pendant de longues années; l'on prévoyait déjà l'énorme consommation de munitions et la difficulté de réapprovisionner suffisamment les troupes sur le champ de bataille.

Mais maintenant que nous sommes entrés pour ainsi dire forcément dans le nouvel ordre d'idées, il est nécessaire de mettre tous nos soins å obtenir de ces armes tous les avantages que l'on peut en retirer lorsque leur feu est bien réglé et discipliné.

Pour cela il est indispensable que chacun de nous se pénètre tellement de la nécessité d'économiser les munitions que cela devienne pour lui comme une seconde nature; il faut que cette idée pénètre tous les rangs de l'armée et surtout le simple soldat, qui alors règlera la rapidité de son feu selon la distance de l'ennemi.

L'efficacité du tir rasant des fusils à chargement par la culasse ne commence qu'à 500 mètres, à des distances plus grandes on ne doit lancer que quelques balles, ajustées par les meilleurs tireurs sur de l'infanterie et de la cavalerie en colonnes profondes, ou sur des batteries en position.

La moindre inégalité du terrain diminue encore notablement l'espace dangereux et masque les troupes ennemies.

L'efficacité du feu dépend donc de l'art que l'on met à s'en servir à propos et selon les circonstances, mais quelles que soient ces dernières, il faut toujours le régler selon la distance de l'ennemi.

Dans la dernière guerre on a usé de toutes les espèces de feux, feux au commandement, de salve ou de rang, lents ou accélérés ; feux individuels avec un nombre de cartouches limité, ou accélérés à volonté. Chacun de ces systèmes a trouvé des défenseurs parmi les officiers qui ont traité cette matière. Les uns inclinent pour le feu au commandement, les uns veulent donner aux soldats la latitude d'en user à volonté, d'autres veulent que l'on limite le nombre des cartouches. Tout cela prouve qu'il n'est pas possible d'établir des règles fixes, vu l'infinie variété des conditions dans lesquelles chacun peut se trouver à la guerre; le meilleur système sera donc de laisser à l'appréciation du

commandant et des officiers d'user d'un mode ou de l'autre, suivant qu'il le juge le plus convenable dans le cas particulier.

Nous trouvons une justification de ce principe dans la diversité d'opinion qui s'est manifestée à ce sujet, car ceux qui soutiennent une espèce de feu plutôt que l'autre sont tous des officiers distingués el capables, qui se basent sur des faits pratiques tirés de leur expérience personnelle de la dernière guerre.

Il y a de grandes différences de vues entre les divers auteurs allemands, sur les moyens à employer pour discipliner le feu, sur son emploi, sur la distance à laquelle il convient de l'ouvrir, sur l'utilité des salves d'ensemble, dont les uns vantent l'effet puissant tandis que d'autres les condamnent absolument non-seulement comme inefficaces, mais comme n'ayant aucune utilité pratique dans l'ardeur du combat. Ces questions ont été traitées entre autres par Fellenbach, Verdy du Vernois, Bogulawski et Dahlen.

La grande divergence qui règne entre l'opinion de ces auteurs prouve qu'ayant été placés dans des circonstances variées ils ont dù user de leur feu de différentes façons, et comme il n'est pas possible d'établir d'une manière certaine quels sont les meilleurs et les plus efficaces, puisqu'il s'agit d'appréciations sur des faits variables et relatifs qui ne peuvent pas être fixés d'avance, il vaut mieux s'en rapporter au jugement du commandant.

L'important est une scrupuleuse observation de la discipline du feu. A cet effet ont doit maintenir dans la troupe le calme et le sang-froid qui permet au moment d'ouvrir le feu d'user suivant les besoins tantôt du feu à volonté, tantôt du feu au commandement. Quelle que soit l'espèce de feu que l'on emploie, tous peuvent être efficaces pourvu qu'ils soient exécutés avec discernement, bien et à propos et si l'on se conforme aux principes généraux suivants :

Le feu en marchant est de nul effet et ne sert qu'à gaspiller les munitions; la tirerie désordonnée contre un ennemi invisible ou imaginaire exécutée hors de portée et sans viser est preuve de peur qui cherche à se distraire et à s'étourdir par le bruit, comme ce voyageur de nuit qui chante, siffle et fait du tapage parce qu'il se figure voir un assassin dans toutes les ombres projetées sur la route par les buissons

voisins.

Dans l'ordre ouvert, le signal de commencer le feu n'oblige pas tout le monde à décharger son arme mais ceux-là seulement qui voient l'ennemi à portée.

Le seul moyen de forcer l'adversaire à la retraite est de le dominer par son feu, puis, lorsqu'il est suffisamment ébranlé, de l'attaquer résolùment à la baïonnette.

Avec un feu bien dirigé, bien discipliné et partant de positions convenables on obtient des effets considérables que l'on complète par des attaques à la baïonnette qui achèvent le succès décisif préparé par le feu, et qui seules eussent été impossibles.

Je ne saurais comment mieux terminer cette courte étude qu'en citant un passage extrait du Coup d'œil tactique rétrospectif sur 1866 qui s'adapte parfaitement à notre sujet :

«Dans le combat, le chef même le plus calme et le plus courageux

a soin de se masquer derrière un arbre ou un pli du sol et de là avec sa lunette il observe les effets du tir accéléré ou du feu des chasseurs.

S'exposer sans nécessité serait pour lui un acte de vaine bravade. Le commandant d'une troupe à mieux à faire que de s'exposer å être tué inutilement. Il ne lui est pas permis de disposer de sa vie, si ce n'est dans un but déterminé comme par exemple lorsque pour redonner du cœur à des soldats effrayés il se montre à découvert, calme, exposé au feu, ou bien lorsqu'il va au feu pour la première fois et s'expose pendant quelques minutes aux projectiles pour voir quel effet produit sur ses nerfs le sifflement des balles.

Son devoir est de rester toujours attentif avec sa lunette et s'il découvre un point sur lequel il convient de concentrer le feu plutôt que sur un autre, il donnera l'ordre oblique à droite sur le bataillon ou autres indications de même nature.

à 500 pas

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Lorsqu'il croit le moment de l'attaque venu, il en avertit la troupe en criant en avant, pas de course, hurra! et alors il s'élance en avant sans hésitation. >>

J'ai l'intime persuasion que ce que je viens d'exposer aura convaincu tous mes lecteurs que l'économie des forces et de la discipline du feu sont les deux principaux et les deux plus importants facteurs de la guerre, sans lesquels il est impossible de vaincre.

BIBLIOGRAPHIE.

Pajol, par le général de division comte PAJOL, Son fils aîné. 3 volumes et 1 atlas.Paris, Firmin Didot et J. Dumaine.

Le bel ouvrage dû au noble sentiment d'amour et de respect filial d'un homme distingué pour le père qui a illustré son nom, n'est que la suite de la noble tâche que M. le comte Pajol s'est imposée de populariser toujours plus le nom d'une des plus pures figures de l'épopée napoléonienne. Si Pajol n'a peut-être pas un nom aussi populaire que quelques-uns de ses contemporains qui ne lui étaient pas supérieurs en intelligence et ne le valaient pas comme caractère, il a trouvé dans son fils un digne appréciateur de son mérite. Sculpteur distingué, M. le comte Pajol a fait la statue de son père qui décore une place de Besançon, sa ville natale. Aujourd'hui, après de longues et sérieuses recherches il publie son histoire, travail consciencieux et instructif, où l'on suit avec intérêt toutes les campagnes auxquelles Pajol a pris part. Engagé volontaire en 1792, officier en 1792 à l'armée de Sambre et Meuse, il fut bientôt distingué par Kleber qui en fit son aide de camp. L'auteur s'étend peut-être un peu plus que le raison sur les opérations de la campagne de 1797 qui ont immortalisé le nom de l'armée de Sambre et Meuse, et où Pajol, en suite de sa position, n'a pu jouer qu'un rôle assez effacé, mais nous comprenons son désir de retracer une des plus belles pages de l'histoire de l'illustre Kleber, qui par sa gloire et par les services rendus n'a pas peu contribué à resserrer les liens qui unissaient l'Alsace à la France. Après le départ de Kleber, Pajol passa dans la cavalerie, arme pour laquelle il avait montré un goût et une aptitude spéciale. Nous le voyons dans tout le cours de sa carrière militaire faire preuve d'une activité infatigable, d'une grande sollicitude pour le bien-être de ses subordonnés, d'une vigilance incessante et d'une bravoure à toute épreuve. Napoléon en 1813 en voyant les talents qu'il déployait pour couvrir et éclairer l'armée disait de lui: «< Pajol sait non-seulement bien se battre, mais ne point dormir, se bien garder et n'être jamais surpris »; et en 1814 après qu'une manœuvre

hardie de ce général eut décidé la victoire de Montereau il s'écriait : « Il n'y a plus que Pajol, dans mes généraux, pour savoir mener de la cavalerie. »

Il allait être nommé maréchal, lorsque la chute de l'empire le fit rentrer dans la vie privée. Gouverneur de Paris après la révolution de 1830 il conserva ce poste jusqu'en 1842, et pendant cette période agitée, il sut par sa fermeté bienveillante maintenir l'ordre dans la grande cité. Il mourut unanimément regretté. Sa carrière militaire peut se résumer ainsi : 40 années de services, 23 campagnes, 8 blessures, 7 actions d'éclat et 12 chevaux tués sous lui.

On comprendra aisément que le récit d'une aussi belle vie présente un grand intérêt, mais il faut avoir lu l'ouvrage pour voir quel travail et quelle persévérance il a fallu à l'auteur pour réunir tous les détails et les pièces justificatives qui, sans jamais embarrasser l'exposition, donnent une grande valeur à cet ouvrage et lui assurent une place honorable dans toutes les bibliothèques d'histoire militaire.

Zwei- oder dreigliederig. Eine reglementarische Studie von W. von SCHERFF, Major im Generalstabe. Berlin. A Bath.

Cette étude du major Scherff partant du point de vue que c'est à tort que l'armée allemande a conservé le double mode de formation, celui sur deux et celui sur trois rangs, et posant en principe que l'un des deux doit être éliminé, a été écrite dans le but de soutenir la formation sur trois rangs. La brochure est divisée en deux parties principales, dans la première l'auteur analyse la composition de l'armée et dans la seconde il examine les formations de combat.

L'unité la plus faible de l'armée est la file, dont la profondeur dépend de l'armement; l'auteur trouve déjà sous ce point de vue un argument en faveur des trois rangs en ce qu'une file de trois hommes constituant un groupe de combat peut se former en figure fermée faisant face de tous côtés, ce qui est impossible à une file de deux hommes. Au-dessus de la file vient la section, unité de marche; l'expérience a prouvé que le front le plus convenable de la section était de quatre files, or à trois rangs la section peut se confondre avec l'escouade administrative, tandis que les 8 hommes qui la composeraient si elle n'avait que deux rangs, ne formeraient pas un groupe assez nombreux, et il faudrait introduire ce rouage de plus. Au-dessus de la section viennent le peloton dont la force dépend du nombre d'officiers dont on peut disposer, puis la compagnie qui est l'unité tactique, dont la force et l'organisation sont indépendantes de la formation sur deux ou trois rangs.

Dans son examen des formations à rangs serrés, partant de l'idée qu'il faut donner à l'homme dans le rang la place qui lui est nécessaire et utile, mais non de plus, l'auteur s'adonne à une longue série de calculs comparatifs pour démontrer l'espace occupé par une compagnie en prenant successivement les diverses formations prescrites par le règlement prussien. Nous ne le suivrons pas sur ce terrain un peu spécial, mais nous attirons l'attention des officiers de notre armée sur ce mode de raisonnement bien propre à corriger dans l'esprit de plusieurs, les fausses idées qu'ont pu y faire naître notre tendance à faire dans les manœuvres représenter à une troupe un effectif beaucoup supérieur.

Le major Scherff insiste à plusieurs reprises sur la nécessité de fixer dans le règlement l'espace affecté à chaque homme, il voudrait fixer cet espace à 128 centimètres, tandis que la troupe marchant à rangs doublés a une distance de 144 centimètres de file à file, distance qu'il trouve trop forte, mais par-dessus tout if tient à ce que l'espace soit fixé afin de ne rien laisser au hasard et à l'arbi· traire.

Une idée nouvelle émise par l'auteur serait une formation en ligne ouverte, c'est-à-dire avec un intervalle de 24 centimètres de coude à coude. Cette nouvelle forme qui est celle de la chaîne la plus serrée, diminuerait le danger du feu

ennemi; l'homme serait à son aise pour tirer, ensorte qu'une troupe sur trois rangs en ligne ouverte, lors même que le troisième rang ne pourrait pas tirer, fournirait plus de touchés que si elle était placée serrée sur deux rangs.

En somme l'auteur voit dans la formation sur trois rangs les avantages suivants : Possibilité de mieux masser et condenser les troupes tout en laissant à l'individu l'espace convenable, et de donner par contre plus d'aisance au soldat lorsque la condensation n'est pas nécessaire, plus d'élasticité pour se prêter à l'application du règlement et par là possibilité de le maintenir plus rigoureusement et de parer de cette façon à l'arbitraire.

Une fois sérieusement engagée la troupe combattra toujours sur un rang; l'auteur voit un grand avantage à ce que chaque chef de groupe puisse avoir en réserve deux rangs pour renforcer celui qui est au feu; il aura ses hommes bien mieux en main s'ils sont échelonnés en profondeur que s'ils sont étendus en largeur. On évitera aussi le danger d'amener du désordre en renforçant la chaîne avec des troupes d'autres corps. Le chef de groupe formé sur trois rangs peut diriger et exercer un véritable commandement, tandis que sur deux rangs il n'est qu'un surveillant. L'objectif sera à la vérité plus restreint mais le résultat plus assuré.

En terminant l'auteur examine l'idée d'organiser le désordre inévitable avec le mode actuel de combat et de dresser les homines à se reformer aux ordres du premier officier qu'il rencontre; il croit que ce n'est pas impossible mais qu'il vaut mieux éviter le désordre en suivant ses propositions que de l'organiser.

Le major Scherff nous a-t-il convaincu et amené à son opinion? nous ne saurions l'affirmer, nous avons admiré sa profonde connaissance du mécanisme de l'armée, l'aisance avec laquelle il traite son sujet, l'habilité avec laquelle il présente ses arguments, mais malgré ses arguments il ne nous semble pas que tous les avantages indiqués, et des avantages aussi capitaux puissent dépendre d'une simple formation réglementaire. Le règlement est fait pour les hommes et non pas les hommes pour le règlement. Le zèle et l'intelligence des officiers et des instructeurs feront plus pour créer une bonne armée que la meilleure réglementa– tion du monde.

NOUVELLES ET CHRONIQUE.

Le Département militaire fédéral a adressé les circulaires suivantes :

Berne, le 2 mars 1874.

L'introduction générale des bouches à feu se chargeant par la culasse et des affûts en tôle, ainsi que le remplacement successif du bois par le fer dans le reste du matériel d'artillerie exigent absolument que les ouvriers sur fer chargés de l'entretien du matériel de vos batteries et compagnies de position reçoivent à cet effet une instruction spéciale et soignée.

Afin de donner cette instruction aux serruriers des batteries et des compagnies de position et de les mettre ainsi en mesure d'exécuter les travaux qui leur incomberont pendant leur service, le Département militaire fédéral a décidé d'organiser de nouveau cette année un cours spécial pour les serruriers des batteries et des compagnies de position.

Ce cours aura lieu pendant la seconde moitié de l'école de recrues d'artillerie de campagne no 1 à Thoune et l'instruction y sera donnée dans les langues allemande et française.

En conséquence, tous les recrues serruriers des batteries et des compagnies de position, de langues allemande et française, seront envoyés à l'école de recrues I qui aura lieu à Thoune du 16 mai au 28 juin. Pendant la première moitié de

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