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Il n'y a qu'un petit nombre de bêtes de choix destinées à la reproduction, ou bien celles qui ont été refusées par la commission, que l'on garde jusqu'à 4 ou 5 ans. A cet àge il y aurait plus de preneurs, puisque l'on aurait la concurrence des marchands, mais l'entretien des chevaux pendant une année de plus entraînerait de telles perturbations économiques, exigerait une telle augmentation de capital et de frais d'entretien, de tels agrandissements dans les bâtiments, que la plupart des éleveurs seraient forcés de renoncer à cette industrie. Quant aux prix nous donnons comme exemple le calcul suivant, présenté par un éleveur à la société hippique de la Prusse orientale, dans sa réunion du 27 mai 1872.

I. La production d'un poulain coûtera à un petit éleveur: 4. Prix du saut . . .

2. Intérêt et amortissement du capital représenté par la différence de valeur entre une jument poulinière et un cheval de travail ordinaire; cette différence, estimée à fr. 375, donne un intérêt de . Amortissement 8 1 %. .

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3. Perte de travail de la jument portante, annuellement fr. 75, dont à déduire le quart pour la quatrième année où la jument ne prend pas, reste . .

4. Nourriture et soins du poulain jusqu'au 1er sep

tembre.

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Fr.

11 25

Fr.

18 75

34 25

56 25

32 50

150

A ces dépenses effectives il faut ajouter les chances de pertes. a) Tous les 4 ans la jument ne prend pas, il faut donc répartir les frais indiqués sous nos 1 et 2 sur les 3 années restantes.

b) Tous les 6 ans en moyenne le poulain périt avant le 1er septembre, on répartira donc le coût du poulain fr. 150 sur les 5 années restantes, 150: 5

nous aurons

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c) Tous les 5 ans le poulain n'a qu'une valeur de fr. 75; si l'on compte qu'il vaut ordinairement fr. 262 50 (70 thalers), cela donne une perte de fr. 187 50 à répartir sur les 4 autres années, soit . .

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Réunissant ces deux sommes, nous trouvons que le poulain revient au producteur à fr. 247 85. En vendant au prix ordinaire de fr. 262 50 c. (70 tahlers), l'éleveur fait donc un bénéfice de fr. 14 65 par poulain.

II. Si le petit éleveur veut garder son poulain pour le vendre à la remonte, il lui coûtera :

4. Prix du poulain comme ci-dessus

2. Nourriture et entretien dans le premier hiver.

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Fr. 247 25

93 75 75

112 50

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A ce chiffre il faut encore ajouter pour les risques à courir: 4. On perd dans la règle un cheval sur douze, ce qui porte, en prenant la moyenne des deux valeurs 247,25 et 528,50, la valeur de la perte à fr. 388 20 divisé par 11 donne.

2. Un cheval sur cinq ne peut être vendu que comme cheval de travail, au prix de fr. 262 50, tandis que les chevaux de selle valent fr. 637 50, perte fr. 375 divisé par 4 donne.

3. Intérêt de fr. 262 50 (valeur du poulain) pendant 21, ans.

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Fr.

35 30

93 75

32 80

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Le cheval de 3 ans coûte donc à l'éleveur fr. 690 35. Il faut déduire de ce chiffre pour les petits éleveurs la somme de fr. 75, représentant la valeur du travail par le poulain, qui déjà depuis l'âge de deux ans peut rendre des services, ce qui abaisse le coût à fr. 615 35.

III. Pour les gros propriétaires qui achètent des poulains au prix de fr. 262 50 et qui les soignent mieux et ne leur demandent aucun travail, le compte se présentera comme suit:

1. Coût du cheval de 3 ans, comme ci-dessus 2. Augmentation des frais d'entretien .

3. Bénéfice du marchand de poulains

4. Perte du travail.

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Total.

Fr.

615 35

75

14 65

75

Fr. 780

IV. Si le gros propriétaire élève le produit de ses juments qu'il ne fait pas travailler, le calcul se présentera sous cette forme:

1. L'entretien de l'étalon fait revenir le prix du saut à

2. Entretien annuel de la jument

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3

3. Intérêt 5 % et amortissement 8 1, % de la valeur de la jument calculée à fr. 1875 donnent 93,75156,25=

4. Frais d'entretien du poulain . .

A cela il faut ajouter les chances de perte: Un poulain sur six crève avant d'être sevré; la perte est donc de . fr. 468: 5 = On perd un cheval sur douze jusqu'à l'âge de 3 ans, perte de . . 795: 14 =

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Un cheval sur huit a une moins value de fr. 564, ce qui constitue une perte de . . . . 5647=

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Tout homme qui connaît la partie trouvera que le calcul ci-dessus n'a rien d'exagéré, qu'il reste plutôt en dessous de la réalité. Si un éleveur voulait économiser sur les frais de nourriture et d'entretien, le bénéfice serait plus que compensé par l'augmentation des pertes, la moindre qualité des produits et l'usure plus prompte des poulinières. Un petit éleveur peut plus facilement y trouver son compte. Un gros propriétaire qui travaille dans les conditions du calcul no IV

ne peut s'en tirer qu'à la condition de trouver chaque année parmi ses produits quelques chevaux de luxe d'une grande valeur. Les prix de transport par chemin de fer s'élèvent:

De Gumbinnen à Berlin, à.

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Fr. 370

-

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En Hanovre et dans l'Oldenburg, les éleveurs gardent en général leurs poulains jusqu'à quatre ans. Avant de les amener au marché on les prépare pour la vente, on les soigne comme des plantes de serre chaude, on emploie toute espèce de nourriture pour les engraisser de façon à leur donner un air de prospérité, des formes arrondies et un poil luisant. Ils entrent en général dans le commerce. Ce qui n'est pas vendu chez les éleveurs est amené aux marchés de Aurich et d'Oldenburg, qui se tiennent dans les premiers mois de l'année et qui attirent toujours une grande affluence de marchands et d'amateurs.

Les prix sont soumis à de grandes variations, ils haussent ou baissent selon les oscillations de l'offre et de la demande.

Nous avons déjà indiqué plus haut les prix qui ont été payés par la 5me commission de remonte.

Ad D. Peut-on se procurer en nombre suffisant des chevaux adultes ayant posé récemment, ou serait-il préférable d'acquérir des poulains que l'on élèverait dans un dépôt de remonte?

Il serait évidemment bien plus commode de pouvoir se procurer des chevaux faits qui auraient acquis tout leur développement et pourraient être employés immédiatement, mais j'ai pu me convaincre et je crois l'avoir prouvé dans le cours de ce travail, que cela est impossible si l'on ne veut pas payer des prix exhorbitants ou accepter des produits de qualité inférieure.

L'armée autrichienne a encore pour principe de n'acheter que des chevaux faits dont on peut entreprendre immédiatement le dressage. Eh bien, malgré le grand nombre de chevaux que produit ce pays, les commissions d'achat sont dans l'impossibilité de remplir leur mandat, on se plaint beaucoup de la qualité des chevaux de l'armée et une partie des escadrons est montée sur des poulains.

Dans la cavalerie allemande on a dès longtemps renoncé à cette utopie.

La cavalerie bavaroise a renoncé depuis deux ans à se servir de chevaux du pays, elle achète dans la Prusse orientale des chevaux de 3 ans et les garde pendant une année dans les dépôts de Krasselfingen et de Furstenfeld.

Le grand-duché de Baden tire ses remontes des dépôts prussiens, le Wurtemberg est décidé à suivre son exemple.

Si nous nous décidions à faire nos achats dans la Prusse orientale, dans le Hanovre ou l'Oldenburg, nous devrions nous efforcer d'acheter le plus possible de bons chevaux de 4 ans, mais cela présenterait des difficultés et nous serions obligés de nous contenter dans la plupart des cas de chevaux de 3 ans, robustes et bien développés. Il serait en tous cas très avantageux, sinon indispensable, de garder les uns et les autres pendant une année dans un dépôt de remonte.

Ad E. Dans cette dernière alternative, fournir un projet détaillé pour l'établissement dudit dépôt.

Je ne donnerai ici que quelques indications sans entrer dans les détails que je suis prêt à développer plus tard si on le désire.

La Confédération possède à Thoune l'Almend, la Rosswaid et la Kalberwaid, d'une contenance de 600 arpents; cent cinquante à cent quatre-vingt bêtes à cornes y trouvent leur entretien pendant l'été. Elle possède en outre le domaine de la Muhlematt, acheté depuis quelques années, consistant en 60 arpents de prés, et environ 400 poses de champ acquis l'année dernière de la commune de Thoune pour la place de tir. De nouveaux achats ont été fait dans les derniers temps où du moins sont sur le point de se conclure. En fait d'écuries il y a un beau bâtiment d'exploitation agricole sur la Muhlematt, l'écurie du Polygone, les étables de l'Allmend et de la Rosswaid et un hangar sur la Kalberwaid.

Il n'y aurait donc qu'à prendre une décision et avec des frais minimes un beau dépôt de remonte se trouverait créé.

Il n'y aurait pas besoin pour cela d'un personnel spécial. Le colonel de la cavalerie aurait tout naturellement la surveillance et l'inspection du dépôt; le service en serait fait par le corps des instructeurs de cavalerie. On pourrait aussi si l'on voulait l'adjoindre à la régie..

Mode de fourniture des chevaux aux recrues.

La cavalerie est formée de deux éléments, le cheval et le cavalier, agissant harmoniquement dans une action commune. Nous nous permettons de mettre le cheval en première ligne, c'est lui qui fait de l'homme un cavalier, il est donc la base de la cavalerie.

Une cavalerie bien montée peut être détestable, mais jamais une cavalerie mal montée ne sera bonne. Un mauvais cheval annule toutes les qualités du cavalier. Après avoir esquissé les moyens de produire de bons chevaux, examinons les causes qui entravent le recrutement. Actuellement la principale est à coup sûr la difficulté de se prouver de bons chevaux.

En outre bien des jeunes gens sont retenus par les dépenses considérables qu'entraîne le corps de la cavalerie. Beaucoup de Cantons ont été forcés de se charger d'une part de ces dépenses. Argovie qui a deux compagnies de dragons d'élite avec sept ans de service et une de réserve avec trois ans paie une indemnité d'entretien de 70 francs par an, soit en tout fr. 700.

Lucerne a deux compagnies, une d'élite et une de réserve. On sert huit ans dans la première et quatre dans la seconde. Ce Canton pafe une indemnité annuelle de 80 francs, en tout fr. 960. D'après les dispositions de la nouvelle loi militaire, le Département doit fournir les chevaux aux recrues.

Schwitz qui a une compagnie de guides d'élite et une demi compagnie de réserve, paie également une indemnité annuelle de soixante et dix francs.

Les Grisons fournissent une compagnie de guides d'élite et une demicompagnie de réserve; la durée totale du service est de douze ans, chaque cavalier perçoit une indemnité annuelle de cent francs, soit

en tout douze cents francs. On lui paie en outre une bonification de deux francs par jour pour tout service durant moins de trois semaines; passé ce terme elle tombe à un franc.

Bâle-Ville fournit également une compagnie de guides d'élite et une demi-compagnie de réserve. Les hommes de l'élite reçoivent une indemnité annuelle de cent cinquante francs, pour ceux de la réserve elle n'est que de soixante et dix francs. Pendant le service effectif officiers et troupe reçoivent en outre une haute paie de deux francs par jour, qui ne peut cependant pas dépasser la somme de soixante francs pour le même service.

Berne qui voyait ses compagnies de dragons se fondre, propose de payer aux recrues une fois pour toutes le 35 % du prix d'achat du cheval.

Il ne faut pas oublier que lors du recrutement on a moins à faire avec la recrue elle-même, qu'avec son père. Les jeunes gens ont en général assez le goût pour la cavalerie. La difficilité est de décider le père à faire l'achat d'un cheval, dépense souvent considérable et à laquelle il se résout avec d'autant plus de peine qu'il craint toujours d'être trompé par les marchands.

Dans les propositions que je vais présenter j'admets que la centralisation militaire ne se fera pas longtemps attendre. La conséquence nécessaire en sera que la Confédération devra se charger de la fourniture de l'équipement et du matériel militaire. Si la centralisation doit apporter des perfectionnements à notre arme, la Confédération ne peut pas faire pour pour elle moins que les Cantons. Quant à ceux de ces derniers qui jusqu'à présent n'ont fait aucun sacrifice, ils devront bien s'y résoudre s'ils veulent maintenir leurs compagnies au complet. Du reste mes propositions peuvent aussi en principe s'appliquer aux Cantons.

Laissant de côté la subvention la plus élevée, celle de cent cinquante francs par ans que Bâle-Ville paie à ses guides, je prendrai pour base de mes calculs celles des Grisons, de 100 francs par an, et je négligerai en outre la haute paie de deux francs par jour de ser

vice.

Je calculerai la durée du cheval, non point à neuf ans comme en Prusse, mais seulement à sept, ce qui répond mieux à nos conditions économiques. C'est du reste aussi la durée du service dans l'élite.

J'attache la plus grande importance à ce que l'indemnité ne soit pas payée au cavalier par petites sommes dont il fait peu de cas et qu'il emploie rarement au profit de son arme, mais lui soit livrée en une seule fois lorsqu'il entre dans le corps et s'engage ainsi à servir la Confédération pendant 7 ans dans l'élite, et cela non pas sous forme d'une somme d'argent, mais en lui fournissant un cheval à certaines conditions.

Si à son entrée au service la recrue, ou plutôt son père, n'avait qu'à venir dans le dépôt et y choisir parmi un nombre considérable de chevaux reconnus propres au service, celui qui répondrait le mieux à ses besoins ou même à son goût, le recrutement serait facilité, car nombre de jeunes gens intelligents mais peu fortunés pourraient entrer dans le corps, le niveau intellectuel de la compagnie serait

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