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tique, a été plus encore excitée que satisfaite par l'arrivée d'un courrier de Paris, qui apporta avant-hier (2 juillet) des lettres assez fraiches de date et assez rassurantes, mais conçues dans des termes si généraux, que l'avis qu'une des premières maisons de commerce a reçu par la même occasion des projets hostiles des Français sur Rome, n'en est pas moins vraisemblable. Le cardinal Consalvi était attendu à Paris d'un moment à l'autre, et le prélat Spina se flattait qu'il y serait bien reçu. Ce qui est hors de doute, c'est que le sort de l'État ecclésiastique dépend du développement des négociations actuelles entre la France et les puissances principales de l'Europe, et que Bonaparte n'épargnera pas le Pape, qu'autant qu'il sera de son intérêt de ménager le chef de la religion catholique, et d'affecter une certaine fidélité au traité de Tolentino.

En attendant, son beau-frère, le général en chef Murat, très ingénieux en fait de pourvoir aux besoins toujours renaissants de son armée, a profité habilement de l'ordre qu'il a reçu de se rendre à Cremone avec le gros de son armée, pour signer avec le prélat Caleppi une convention, par laquelle il s'oblige d'évacuer Ancône et de ne laisser dans tout l'État ecclésiastique que quinze cents hommes, à condition que le Pape, outre l'entretien. de ces quinze cents hommes, paie aux Français quatre mille écus par mois. Quel que puisse être l'avantage que la Chambre apostolique tirera d'un pareil traité, dont l'exécution dépend entièrement de la bonne foi des Français, et par lequel la durée du paiement des quatre mille écus par mois n'est pas fixée, il n'en est pas moins vrai que les Français se préparent effectivement. à évacuer Ancône, et qu'un courrier français (apparemment pour toucher sans délai les quatre mille écus pour le premier mois) arriva un de ces jours passés de plein jour à Rome, pour y annoncer avec bruit une pareille nouvelle. L'approche de cinq cents Polonais', qui sont arrivés à Pesaro où ils se permettent toute sorte de violence, a refroidi de beaucoup la joie qu'on avait à Rome de l'évacuation d'Ancône, et seulement ceux qui aiment toujours à se flatter, fondent leur espérance de voir bientôt réunie la ville de Pesaro à l'Etat ecclésiastique, sur ce que ce

1 Ils appartenaient au corps polonais qui était en Italie au service de la France.

corps de Polonais y a ôté le drapeau cisalpin pour y substituer le drapeau français. On assure aussi que M. Cacault revient ici sous peu de jours, et on augure bien de son retour.

Quoiqu'il en soit, son absence n'a pas retardé le cours ordinaire des prétentions journalières des Français, qui ont réitéré avant-hier (2 juillet) auprès du cardinal Doria les instances les plus efficaces, pour que le Pape donne son agrément au transport à Livourne des statues de la villa Albani, actuellement séquestrées dans les magasins de la Chambre apostolique. Sur quoi, j'ai moi aussi réitéré à mon tour les protestations les plus solennelles, pour empêcher une violence si criante contre une personne attachée au service de la cour impériale et royale, et d'une manière d'autant plus ferme, que le prince Albani m'a assuré plusieurs fois de l'intérêt particulier que Sa Majesté daigne prendre à ce que soient sauvés les débris de sa fortune.

Dans des circonstances pareilles, qui abreuvent journellement de chagrin l'âme du Saint-Père, d'ailleurs très sensible, Sa Sainteté ne cesse pas d'édifier ses sujets par les marques publiques qu'il donne presque tous les jours de sa dévotion. Après avoir édifié, lundi passé (29 juin), le peuple immense qui était à Saint-Pierre par sa ferveur en célébrant la messe, le Pape édifia les spectateurs encore davantage par la modestie avec laquelle il répondit à la protestation que le fiscal de la Chambre apostolique fit, comme de coutume, contre le roi de Naples, qui depuis plusieurs années se dispense de présenter la haquenée; ce qui jadis avait lieu avec une grande formalité le jour de Saint-Pierre. Sa Sainteté, en acceptant pourtant la protestation comme d'usage du fiscal, ajouta qu'elle ne pouvait qu'attribuer aux circonstances du temps cette omission de la part du roi de Naples, et jamais aux sentiments personnels de Sa Majesté, qui, même dans ces derniers temps, a rendu des services si essentiels au Saint-Siège. Cette modération du Saint-Père ne lui gagnera pourtant pas l'amitié de la cour de Naples, très indisposée contre lui, surtout à cause que personne n'a été envoyé de la part du Pape à Palerme, pour y remercier le roi de tout ce que ses troupes ont fait pour délivrer Rome; et Sa Sainteté de son côté est aussi trop chagrinée, et de tout ce que les ministres de S. M. Sicilienne se permettent toujours à Benevento contre les véritables

droits du souverain territorial, et plus encore des entraves qu'on cherche toujours de mettre dans les Deux-Siciles à l'autorité du chef de l'Église, pour qu'elle puisse être intimement persuadée de tout ce que la prudence lui a suggéré à l'occasion que je viens de marquer...

(Arch. de Vienne).

592. Cacault à Caleppi.

Florence, 15 messidor an IX (4 juillet 1801).

Nous apprenons, Mgr, par le Moniteur du 4 de ce mois de messidor (23 juin) que le 3 dudit messidor « S. Em. le cardinal Consalvi est arrivé à Paris; qu'il a obtenu dans la soirée du même jour son audience de réception au palais du gouvernement. Le Premier Consul s'est pendant fort longtemps entretenu avec lui... Je juge que ce peu de mots sur la gazette officielle indique ce que j'ai toujours cru. Tout va bien et finira bien. Totus tuus.

(Arch. du Vatican).

PARTIE XIII

NÉGOCIATIONS DE CONSALVI

Consalvi, arrivé tard le 20 juin, est sondé le lendemain matin par Bernier. Au lieu d'être invité à l'audience ordinaire du corps diplomatique, il est reçu le soir avec apparat en audience privée et se montre en costume de cardinal, Le Premier Consul lui dit qu'il consent à présenter encore un projet de concordat, mais qu'il exige une réponse définitive dans les cinq jours. Visites de Consalvi à Talleyrand, aux consuls, au roi d'Etrurie.

Les objections du cardinal contre le projet VI sont recueillies par Bernier et examinées par d'Hauterive. Le 26 juin un septième projet, semblable au sixième, est soumis à Consalvi, qui, pressé par le temps, rédige dans la nuit un contre-projet, semblable à celui de Rome.

Talleyrand porte ce travail à la Malmaison : il est d'avis de le rejeter et de reproduire comme ultimatum le nouveau projet VII. —Le même jour, il part pour les eaux, laissant à d'Hauterive des instructions sévères sur la négociation religieuse. L'intérim du ministère est confié à Caillard.

Ouverture du concile des constitutionnels.

Le Premier Consul, prévoyant la perte de l'Egypte et préoccupé de trouver des moyens de compensation pour traiter avec l'Angleterre, les cherche dans l'occupation du Portugal et dans le sort du roi du Piémont. Il oblige M. de SaintMarsan à quitter Paris. — Départ du roi d'Etrurie pour Florence.

Le 2 juillet, Consalvi se rend à la Malmaison. Le Premier Consul déclare ne pas céder sur les principaux points de dissentiment, et refuse tout recours à Rome. Cependant, il finit par renvoyer le cardinal s'entendre avec Bernier. - Conférence du 3 entre Bernier et les prélats romains. Le contre-projet de Consalvi est retouché en commun, puis adressé par l'abbé à Bonaparte avec un rapport favorable.

Maladie du général à la Malmaison. - Il ne reçoit Bernier que le 7 juillet. Tout en écartant plusieurs des demandes de Consalvi, il en admet quelques-unes. Lettre qu'il écrit à Talleyrand à ce sujet.

De nouveaux amendements proposés par Consalvi, sont repoussés par le Premier Consul: il fait notifier verbalement par Bernier qu'il ne recevra plus aucune note des négociateurs romains; qu'il les met en demeure d'accepter ou de rompre. - Dernières concessions du cardinal,consignées dans une troisième version de son contre-projet. Bernier, à qui l'absence de Talleyrand donne plus de latitude, prend part à cette rédaction et conseille de l'approuver. Il semble persuadé du succès.

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Paris, 1er messidor an IX (20 juin 1801), 10 h. 1/2 du soir.

Le cardinal secrétaire arrive à l'instant. Il est extrêmement fatigué. Demain matin, de fort bonne heure, j'irai le voir et préparer tout pour un succès aussi prompt que décisif.

Il m'a chargé de vous demander quand il pourra vous voir, ainsi que le Consul, et s'il paraîtra avec un costume analogue à son état ou en habit particulier. Je serais allé moi-même vous faire cette demande; mais l'heure est trop avancée. Je vous supplie de vouloir bien me faire, demain matin, deux mots de réponse.

(Aff. étr., Rome, vol. 931).

Bernier à Spina.

Paris, 20 juin 1801.

Je me réjouis avec vous de l'arrivée de Son Eminence. Je conçois quelle doit être sa fatigue. J'irai demain matin lui présenter mes hommages. Nous conférerons ensemble sur le but de son voyage, et je lui ferai part de ce qu'on m'aura dit sur son costume et les visites qu'il devra faire. Puisse le Ciel conduire tout à bien! Je le désire; je l'espère de sa Providence et de sa bonté.

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Tutto il nodo della difficoltà nella trattativa degli affari di Francia consiste in sapere, se si tratta di buona, o di mala fede. Ma chi può mai indovinarlo? Per una parte interessa troppo la nazione francese di ristabilirvi la religione; ma per l'altra ha

1 Cette pièce porte en tête « Istruzioni fatte dall' Emo Antonelli per il sig. cardinale segretario di stato, nel momento della sua missione a Parigi.» (Voir les Mém. de Consalvi, t. I, p. 340). Comme elle a été retrouvée trop tard pour être insérée à la suite du bref conférant des pouvoirs à Consalvi (pièce no 516), il a paru qu'elle serait placée ici plus utilement que dans l'Appendice.

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